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Données mondiales sur les ressources des plantations forestières

Dans le numéro précédent de Ressources génétiques forestières (n° 28), nous avons informé nos lecteurs au sujet de l’évolution du Programme d’évaluation mondiale des ressources forestières FRA 2000. Le rapport principal est maintenant disponible. Il contient des informations actualisées, avec comme année de référence l’année 2000, sur les ressources forestières par région du monde, y compris la description de la géographie, la situation écologique, l’état des forêts en termes de couverture forestière, de volume et de biomasse; la gestion des forêts, le niveau de protection en termes d’aires juridiquement protégées et l’évaluation des tendances dans les changements survenus dans le couvert forestier. Il contient également 13 chapitres thématiques, un certain nombre d’entre eux intéressants en ce qui concerne les ressources génétiques forestières. Il y a notamment des chapitres sur les plantations, la diversité biologique et les cartes écologiques mondiales[28].

Le texte ci-après portera essentiellement sur certaines conclusions concernant les plantations forestières[29].

Superficies des plantations forestières par région, espèces et plantations annuelles[30]

Les plantations forestières couvraient 187 millions d’hectares en 2000, dont 62 % en Asie. La superficie des plantations forestières a enregistré une augmentation sensible par rapport à l’estimation de 124 millions d'hectares faite en 1995. Le taux de plantation annuel serait de 4,5 millions d’hectares au niveau mondial, l’Asie et l’Amérique du Sud représentant 89%. Le tableau 1 et les figures 1, 2 et 3 détaillent les taux de plantation annuels et les superficies des plantations par région et par groupe d’espèces.

Tableau 1. Taux de plantation annuel des nouvelles plantations et superficies des plantations par région et par groupe d’espèces en 2000

Région

Superficie totale

Taux de plantation annuel

Superficies plantées (milliers d’hectares) par groupe d’espèces

000 ha

000 ha/an

Acacia

Eucalyptus

Hévéa

Tectona

Autres feuillus

Pins

Autres conifères

Non spécifié

Afrique

8.036

194

345

1.799

573

207

902

1.648

578

1.985

Asie

115.847

3.500

7.964

10.994

9.058

5.409

31.556

15.532

19.968

15.365

Europe

32.015

5

-

-

-

-

15

-

-

32.000

Amérique Nord/centrale

17.533

234

-

198

52

76

383

15.440

88

1.297

Océanie

3.201

50

8

33

20

7

101

73

10

2.948

Amérique du Sud

10.455

509

-

4.836

183

18

599

4.699

98

23

Total monde

187.086

4.493

8.317

17.860

9.885

5.716

33.556

37.391

20.743

53.618


Figure 1. Répartition des superficies des plantations forestières par région.

Les dix principaux pays en fonction de la superficie totale sont les suivants: Chine, 24%; Inde, 17%; Russie, 9%; Etats-Unis, 9%; Japon, 6%; Indonésie, 5%; Brésil, 3%; Thaïlande, 3%; Ukraine, 2% et Iran, 1%.

Figure 2. Répartition des superficies annuelles des nouvelles plantations.

Le taux mondial des nouvelles plantations est estimé à 4,5 millions d’ha/an, l’Asie (79%) et l’Amérique du Sud (11%) représentant 90%.

Les espèces feuillues représentent 40% des ressources mondiales de plantations forestières, les conifères, 31% et les espèces non spécifiées, 29%. Pour ce qui est de la composition par genre, Pinus (20 pour cent) et Eucalyptus (10 pour cent) continuent de dominer dans le monde, bien que la diversité globale des espèces plantées soit en augmentation par rapport à 1990. Il y a des différences dans les principales espèces entre les régions (voir aussi Figure 4 à Figure 8). En Asie, les feuillus représentent 57% dont Eucalyptus, Hevea, Acacia, Tectona sont les principaux genres. Les conifères comptent pour 30% des espèces principalement de Pinus. En Amérique du Nord et centrale, les espèces de Pinus couvrent 88% de la superficie plantée.

Figure 3. Répartition des superficies des plantations par espèce

En Amérique du Sud, les feuillus représentent 52%, dont Eucalyptus est le principal genre. Les conifères représentent 45% dont Pinus est le principal genre.

En Afrique, les feuillus représentent 47%, principalement Eucalyptus, Hevea, Acacia et Tectona. Les conifères représentent 28%, dont Pinus est le groupe principal.

En Océanie, la répartition des espèces n’est généralement pas indiquée.

Tendances mondiales concernant les espèces, 1980-2000

Les tendances concernant les espèces d’après FRA 1980, FRA 1990 et FRA 200[31] sont illustrées ci-dessous par des graphiques par région comme le montrent les figures 4 à 8 (Source: FAO 1981, FAO 1990, FAO 2001a)[32]. Les graphiques (non à l’échelle) illustrent la croissance relative dans la région pendant la période à l’examen et montrent les tendances dans les genres et les espèces utilisés.

Figure 4. Superficie des plantations en Afrique par groupe d’espèces (1980-2000).

Figure 5. Superficie des plantations en Asie par groupe d’espèces (1980-2000).

Figure 6. Superficie des plantations en Amérique du Nord et centrale par groupe d’espèces (1980-2000).

Figure 7. Superficie des plantations en Amérique du Sud par groupe d’espèces (1980-2000).

Figure 8. Superficie des plantations en Océanie par groupe d’espèces (1980-2000)

Objectif et propriété dans le cadre du patrimoine mondial des plantations forestières

L’objectif et la propriété des plantations forestières varient sensiblement d’une région à l’autre. Les plantations industrielles fournissent la matière première pour la transformation du bois à des fins commerciales, y compris le bois de construction, les panneaux dérivés du bois et les meubles, et le bois à pâte pour le papier. A l’opposé, les plantations non industrielles ont pour objectifs la fourniture de bois de feu, la conservation des sols et des eaux, la protection contre les vents, la conservation de la diversité biologique et d’autres objectifs non commerciaux. Dans de nombreux pays, en particulier dans le monde en développement, l’objectif final des plantations n’est pas défini clairement dès le départ. Dans certains cas, des ressources en arbres précieux sont établies qui répondent par hasard aux besoins futurs. Néanmoins, dans d’autres, le manque de planification peut expliquer les plantations qui ont peu de valeur commerciale et un faible potentiel pour l’utilisation locale. Le tableau 2 détaille les superficies des plantations à l’échelon régional, par objectif et type de propriété pour le patrimoine mondial de plantations forestières.

Tableau 2. Superficies des plantations des régions par objectif et par type de propriété (en milliers d’hectares)

Région

Superficie totale

Objectif industriel (000) ha

Objectif non industriel (000) ha

Objectif non spécifié

Public

Privé

Autres

Non spécifié

Total partiel

Public

Privé

Autres

Non spécifié

Total partiel

Afrique

8.036

1.770

1.161

51

410

3.392

2.035

297

611

330

3.273

1.371

Asie

115.847

25.798

5.973

27.032

-

58.803

17.177

17.268

9.145

72

43.662

13.381

Europe

32.015

-

-

-

569

569

9

6

-

-

15

31.431

Amérique du nord et centrale

17.533

1.446

15.172

118

39

16.775

362

58

16

35

471

287

Océanie

3.201

151

14

-

24

189

2

3

-

19

24

2.987

Amérique du Sud

10.455

1.061

3.557

-

4.827

9.445

251

528

-

225

1.004

6

Total monde

187.086

30.226

25.876

27.202

5.871

89.175

19.836

18.161

9.772

680

48.449

49 463

Source: FAO 2001a (FRA 2000) (étant arrondis, les chiffres peuvent ne pas correspondre)
Au niveau mondial, 48% des plantations forestières ont une utilisation finale industrielle; 26% non industrielle (bois de feu, conservation des sols et des eaux, autres); et 26% ne sont pas spécifiés, comme le montre la figure 9. Pour les ressources en plantations industrielles, la Chine, l’Inde et les Etats-Unis l’emportent, tandis que pour les ressources en plantations non industrielles, ce sont la Chine, l’Inde, la Thaïlande et l’Indonésie qui dominent;

Figure 9. Répartition des plantations par utilisation finale

La propriété des plantations forestières est répartie comme suit: publique, 27%; privée, 24%; autre, 20% et non spécifiée, 29%.

Les plantations industrielles sont pour 34% propriété publique, 29% propriété privée et 37% autre ou non spécifiée. Quant aux plantations non industrielles, 41% appartiennent à l’Etat, 37% a des particuliers et 22% d’un autre type de propriété ou non spécifié.

Impact du patrimoine de plantations forestières

Les plantations forestières sont de plus en plus capables de répondre partiellement à la demande qui pèse sur les forêts naturelles pour ce qui concerne le bois et les fibres pour des utilisations industrielles. Selon FRA 2000, la superficie totale des plantations forestières ne représente que 5% du couvert forestier mondial et le patrimoine de plantations forestières industrielles moins de 3%.

Figure 10. Superficie des plantations et des forêts naturelles

A titre indicatif seulement, on a estimé que les plantations forestières ont fourni en l’an 2000 environ 35% du bois rond mondial, et l’on prévoit une augmentation jusqu’à 44% d’ici à 2020 (ABARE & Jaakko Pöyry, 1999). Si les zones écologiques les plus appropriées sont visées et si des principes de gestion durable des forêts sont appliqués, les plantations forestières peuvent remplacer avantageusement les forêts naturelles pour la fourniture de matière première. Dans plusieurs pays, le bois industriel provenant de plantations a remplacé en quantités importantes le bois provenant de forêts naturelles.

En Nouvelle-Zélande, les plantations forestières ont couvert 99% des besoins de bois rond industriel du pays en 1997; le chiffre correspondant au Chili était de 84%, au Brésil, de 62% et en Zambie et au Zimbabwe, de 50% chacun. D’autres sources indiquent une tendance similaire[33]. Cette substitution par des plantations forestières peut aider à réduire la pression de l’exploitation forestière sur les forêts naturelles dans les zones dans lesquelles la récolte non durable du bois est une cause importante de dégradation des forêts et où les chemins d’exploitation facilitent l’accès qui peut conduire à la déforestation.

Les plantations forestières fournissent également d’autres produits forestiers non ligneux, provenant des arbres plantés ou d’autres éléments de l’écosystème qu’elles aident à créer. Elles contribuent aux avantages environnementaux, sociaux et économiques. On les utilise pour combattre la désertification, préserver la biodiversité, absorber le carbone pour neutraliser les émissions de carbone, protéger les valeurs des sols et des eaux, remettre en état les terres épuisées par d’autres utilisations du sol, créer des emplois ruraux, et si elles sont bien planifiées, diversifier le paysage rural.

En outre, on plante de plus en plus d’arbres pour soutenir des systèmes de production agricole, les moyens d’existence des communautés, réduire la pauvreté et assurer la sécurité alimentaire. Les communautés et les investisseurs dans de petites exploitations agricoles, y compris les agriculteurs individuels, plantent des arbres comme brise-vent, jardins privés, parcelles boisées et divers types de systèmes agro-forestiers pour fournir du bois, des produits forestiers non ligneux, du bois de feu, du fourrage et des abris. Les programmes mis en oeuvre par les petits planteurs au titre de divers types de contrat stipulés avec des entreprises qui transforment le bois peuvent également constituer des sources valables de fourniture de bois. Les investisseurs dans de petites exploitations agricoles produisent une partie de plus en plus grande d’espèces de bois de placage décoratif, en particulier de teck, dans le cadre de ces programmes.

Conclusions

Les plantations forestières couvraient 187 millions d’hectares en l’an 2000, dont 62% en Asie. La superficie des plantations forestières a augmenté sensiblement par rapport à l’estimation de 1995 qui était de 124 millions d’hectares. Le nouveau taux de plantation annuel mentionné est de 4,5 millions d’hectares au niveau mondial, l’Asie et l’Amérique du Sud représentant 89%. On estime que 3 millions d’hectares ont été plantés avec succès. Au niveau mondial, la moitié des plantations forestières sont utilisées à des fins industrielles; un quart à des fins non industrielles et un autre quart n’est pas spécifié. Les plantations forestières sont pour 27% propriété publique; 24% propriété privée; 20% d’un autre type et 29% non spécifié. A l’échelon mondial, Eucalypts et Acacias sont les principaux genres à croissance rapide et à courte rotation. Les pins et autres espèces de conifères sont les principales espèces utiles à rotation moyenne, principalement dans les zones tempérées et boréales.

Les bases de l’évaluation mondiale des ressources forestières et la fiablité des données ont sensiblement varié entre FRA 1980, FRA 1990 et FRA 2000. Les espèces non spécifiées ont diminué, passant de 81% en 1980, à 58% en 1990 et à 34% en 2000. Les feuillus ont augmenté, passant de 12% en 1980 à 36% en 1990 et à 40% en 2000. Les conifères ont progressé, passant de 4% en 1980 à 6% en 1990 et à 31% en 2000. En 2000, il restait 26% d’objectifs non spécifiés, mais l’objectif industriel a augmenté, passant de 39% en 1980, et 36% en 1990 à 48% en 2000, avec un accroissement sensible durant la dernière décennie. Il y a eu une diminution correspondante dans les plantations forestières à objectif non industriel.

Les plantations forestières sont de plus en plus capables de répondre partiellement à la demande qui pèse sur les forêts naturelles pour ce qui concerne le bois et les fibres pour des utilisations industrielles. Quoiqu’elles ne représentent que 5% de la couverture forestière mondiale, on a estimé qu’en l’an 2000 les plantations forestières ont fourni environ 35% du bois rond mondial, et l’on prévoit une augmentation jusqu’à 44% d’ici à 2020. Dans plusieurs pays, la production des plantations forestières assure déjà la majeure partie de l’offre de bois industriel.

Références:

ABARE & Jaakko Pöyry 1999. Global outlook for plantations. ABARE research report 99.9, Canberra, Australia, 107 pp.

Carle, J., Del Lungo, A. and Vuorinen, P.. 2001. Preliminary Analysis of Forest Plantation Development 1980-2000. Proceedings of the ANPA-IUFRO-Dalarna University International Conference on Nursery Production and Stand Establishemnt of Broad-Leaves, Rome, 7-10 May 2001

FAO 1981. Projet d’évaluation des ressources forestières tropicales (FRA 1980) FAO, Rome, Italie.

FAO 1995. Forest resources assessment 1990, Tropical forest plantation resources. (FRA 1990) FAO Forestry Paper 128. FAO, Rome, Italy.

FAO 2000. The global outlook for future wood supplies from forest plantations. Brown, C., FAO Working Paper GFPOS/WP/03. FAO, Rome, Italy. 129 pp.

FAO, 2001a. Global forest resources assessment 2000(FRA 2000). Main report. FAO Forestry Paper 140 (sous presse) http://www.fao.org/forestry/fo/fra/index.jsp FAO, Rome.

FAO. 2001b. Non-forest tree Plantations. Report based on the work of W. Killmann. Forest Plantation Thematic Papers. Forest Resources Development service, Forest Resources Division. FAO, Rome. (non publié)

Sedjo, R.A. 2001. The role of forest plantations in the world’s future timber supply. The Forestry Chronicle Vol 77. No. 2: 221-225.


[28] Le rapport principal FRA 2000 et les cartes écologiques mondiales se trouvent à: http://www.fao.org/forestry/fo/fra/index.jsp; une copie papier est sous presse (FAO, 2001).
[29] Dans FRA 2000, on a utilisé la définition suivante des plantations: peuplements forestiers établis par plantation et/ou semis dans le processus de boisement ou de reboisement. Il s’agit soit d’espèces introduites (tous les peuplements plantés), soit de peuplements d’espèces indigènes sous gestion intensive, qui répondent aux critères suivants: une ou deux espèces par plantation, classe équienne, espacement régulier.
[30] Pour assurer la cohérence entre pays, FRA 2000 a préparé des directives et des questionnaires pour la collecte de statistiques sur les plantations forestières qui ont été envoyés à chaque pays. Les réponses ont été incomplètes; cela explique les superficies relativement grandes pour lesquelles on ne spécifie pas les espèces, ni l’objectif ni la propriété.
[31] Les statistiques FRA 2000 par pays sur les plantations peuvent différer de celles figurant dans des publications précédentes de la FAO (FAO 1981 (FRA 1980) et FAO 1995 (FRA 1990)), en partie à cause de changements dans les définitions. Ainsi, les plantations non forestières tels que caoutchouc, palmier à huile et cocotier n’étaient pas prises en compte auparavant en tant que plantations forestières, mais sont incluses dans les données sur les plantations de FRA 2000. Malgré ces différences, la comparaison des résultats de FRA de chaque décennie permet d’analyser certaines tendances, y compris les taux de plantation, les groupes d’espèces, les superficies et les objectifs (utilisation finale).
[32] Pour plus de détails concernant les hypothèses de comparaison, veuillez vous reporter à FRA 2000.
[33] FAO. 2000. The global outlook for future wood supplies from forest plantations et Sedjo, R. A. 2001. The role of forest plantations in the world’s future timber supply.

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