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Evaluation des
écosystèmes en
début de millénaire

H. Simons

Henk Simons est écologiste
et collabore à l'Evaluation des
écosystèmes en début de millénaire.
Il travaille au Bureau pour l'évaluation
de l'environnement, National Institute
for Public Health and the
Environment (RIVM) (Pays-Bas).

Les écosystèmes du monde - exploitations agricoles, forêts, herbages, fleuves et océans - tendent à n'occuper qu'une place modeste dans la planification du développement. Pourtant les écosystèmes sont le plus grand fournisseur d'eau du monde, la principale entreprise de production alimentaire de la plupart des pays, la source d'énergie primordiale d'un tiers de la population de la planète et l'ultime "dispositif de sécurité" pour un grand nombre des individus les plus pauvres de l'univers. Mal aménagés, il peuvent causer des catastrophes comme les maladies, les inondations et les glissements de terrain et mettre en danger les moyens d'existence des populations locales. L'état des écosystèmes d'un pays n'est pas moins important pour son développement que celui de ses systèmes éducatifs ou économiques.

UNE ÉVALUATION INTÉGRÉE ET À MULTIPLES NIVEAUX

L'Evaluation des écosystèmes en début de millénaire, mise en œuvre depuis avril 2001, est un processus de la durée de quatre ans qui a pour objectif de contribuer à l'amélioration de la gestion des écosystèmes naturels et aménagés de la planète. Elle fournira aux décideurs et au grand public des informations scientifiques importantes sur l'état des écosystèmes, les conséquences attendues de leur évolution et un choix de solutions possibles. L'évaluation est réalisée grâce à un partenariat d'organisations intergouvernementales et non gouvernementales, y compris le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), la FAO, l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), le Centre international d'aménagement des ressources bioaquatiques (ICLARM) et l'Institut mondial pour les ressources (WRI). Elle est dirigée par une commission représentant les usagers de l'Evaluation des écosystèmes en début de millénaire.

L'évaluation fournira à un large éventail d'initiatives nationales et internationales une base scientifique pour affronter les enjeux de l'environnement et du développement, et pour montrer aux décideurs les liens qui unissent des domaines comme le climat, la biodiversité, l'eau douce, les océans et les forêts. La Convention sur la diversité biologique, la Convention de lutte contre la désertification des Nations Unires, la Convention de Ramsar relative aux zones humides d'importance internationale, particulièrement comme habitats de la sauvagine ont entériné son établissement en tant que processus d'évaluation conjointe visant à satisfaire certains de leurs besoins d'information.

La plupart des décisions portant sur le développement des écosystèmes et l'amélioration du bien-être humain étant prises aux niveaux national et communautaire, l'évaluation incorporera un certain nombre d'évaluations connexes réalisées aux niveaux local, du bassin versant, national et régional. A ce jour, des évaluations sous-mondiales ont été approuvées pour la Norvège, la Chine occidentale, l'Afrique australe, l'Amérique centrale, l'Inde, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et la Suède.

LES ÉCOSYSTÈMES FORESTIERS ET LA BIODIVERSITÉ

La biodiversité est la caractéristique qui permet à de nombreux écosystèmes de fournir des biens et services de manière durable (bien que des écosystèmes dominés ou formés par une seule espèce peuvent aussi être aménagés durablement) et, en tant que telle, c'est l'un des éléments clés de l'évaluation.

En ce qui concerne les écosystèmes forestiers, l'évaluation fournira un aperçu de la superficie et des tendances actuelles des forêts et de leur évolution à l'aide des meilleures informations disponibles (l'Evaluation des ressources forestières mondiales 2000 de la FAO et d'autres sources). Elle examinera la façon dont les forêts sont modifiées et la mesure dans laquelle ces modifications sont réversibles; les principales incertitudes ou lacunes dans les connaissances actuelles; l'état et les tendances de la diversité biologique des forêts; et la demande et l'offre de services procurés par les forêts comme le bois d'œuvre, le bois de feu, les produits forestiers non ligneux, l'eau et le tourisme. En outre, l'évaluation passera en revue les synergies, compromis et conflits qui se produisent dans la fourniture de ces services. Enfin, les retombées de ces facteurs sur d'autres écosystèmes seront analysées.

L'évaluation identifiera ensuite les politiques et stratégies susceptibles de promouvoir l'amélioration de la gestion des forêts, la meilleure conservation de leur biodiversité et, simultanément, le bien-être humain. Ce processus comportera l'évaluation de stratégies comme les approches intégrées de la conservation et du développement, l'aménagement des aires protégées, l'aménagement des forêts à assise communautaire et les politiques d'ajustement structurel. Des scénarios plausibles seront dressés, décrivant les futures options de l'offre et de la demande de services forestiers, leurs impacts sur la forêt et d'autres écosystèmes et leurs répercussions sur le bien-être humain.

FAO COMMUNITY FORESTRY UNIT/R. FAIDUTTI

FAO COMMUNITY FORESTRY UNIT/R. FAIDUTTI

PROCESSUS ET ARRANGEMENTS INSTITUTIONNELS

L'Evaluation des écosystèmes en début de millénaire se réalise par l'intermédiaire de quatre groupes de travail d'experts qui étudient les conditions et tendances, les scénarios, les solutions possibles et les évaluations à l'échelle sous-mondiale. Chaque groupe de travail est présidé conjointement par des scientifiques renommés issus de la communauté des sciences naturelles et sociales et venus de pays industrialisés et en développement. Au cours de la première année, le travail portera sur la mise au point d'un jeu homogène de méthodologies permettant de réaliser l'évaluation à différents niveaux. Tous les résultats de l'évaluation feront l'objet d'une révision approfondie. Des scientifiques, des organes du gouvernement, des industriels et la société civile désigneront des réviseurs appartenant au monde entier.

L'évaluation sera étroitement coordonnée avec d'autres évaluations mondiales des écosystèmes, y compris les Perspectives mondiales en matière d'environnement (PNUE), l'Evaluation globale des eaux internationales, les travaux du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat et l'Evaluation des ressources forestières mondiales de la FAO. Bien que l'évaluation inclura de nouvelles analyses, il ne s'agit pas d'un projet de recherche. Au contraire, c'est un mécanisme qui permettra d'utiliser les résultats de la recherche et du suivi pour satisfaire les besoins des décideurs. L'évaluation travaillera en contact étroit avec des programmes de recherche comme le Programme international géosphère-biosphère, le Programme international sur les dimensions humaines du changement planétaire, et avec des initiatives de suivi, y compris le Réseau de recherches écologiques à longue échéance et le Système mondial d'observation.

Les organisations suivantes fourniront à l'évaluation un appui administratif, logistique et technique: le PNUE; le Centre international d'aménagement des ressources bioaquatiques (ICLARM); le PNUE-Centre mondial de surveillance de la conservation; le Comité scientifique chargé des problèmes de l'environnement (SCOPE) du Conseil international des unions scientifiques (CIUS); le National Institute for Public Health and the Environment (RIVM), Pays-Bas; l'Institute for Economic Growth (IEG); l'Institut mondial pour les ressources (WRI); et le Meridian Institute. Pour ce processus de quatre ans, le budget de base de l'évaluation sera compris entre 21 et 30 millions de dollars EU.

L'Evaluation des écosystèmes en début de millénaire produira une série de volumes édités et de rapports techniques contenant les conclusions scientifiques des évaluations mondiales et sous-mondiales. En outre, une série de résumés, à l'intention d'auditoires particuliers, seront produits et des séances d'orientation et des ateliers seront organisés pour communiquer les résultats aux usagers. Le grand public sera atteint par l'intermédiaire d'Internet. L'évaluation établira de nouveaux réseaux d'experts, mettra au point et diffusera des méthodes, outils et données et renforcera les compétences d'individus et d'institutions entreprenant des évaluations intégrées des écosystèmes.

Pour plus d'informations, consulter le site web de l'Evaluation des écosystèmes en début de millénaire à l'adresse suivante: www.millenniumassessment.org


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