En décembre 1997, FAO organisa la Consultation technique sur les politiques à adopter pour une crevetticulture durable, à Bangkok, Thaïlande. Cette "Consultation de Bangkok" permit aux délégués et observateurs de 12 pays d'Asie et des Amériques de se rencontrer, représentant environ 90 pour cent de la production mondiale de crevettes d'élevage et incluant les principaux pays consommateurs. Y participèrent également des observateurs de cinq organisations intergouvernementales et de quatre organisations internationales non gouvernementales. La Consultation nota que la réalisation d'une crevetticulture durable dépend d'une politique gouvernementale et de l'existence d'une réglementation efficientes, ainsi que de la coopération du secteur de la crevetticulture pour l'utilisation de technologies fiables, en cours de planification, de développement et d'opération. Dans cette optique, la Consultation recommanda que la FAO organise des réunions d'experts en vue d'élaborer de bonnes pratiques de gestion pour la crevetticulture (le rapport de la Consultation mentionne "meilleures pratiques"; le terme "bonne pratique de gestion" (GMP) a été adopté par la FAO pour la présente consultation), ainsi que les éléments désirables des instruments juridiques et réglementaires pour l'aquaculture côtière.
Le Consortium formé du Réseau de centres aquacoles en Asie-Pacifique (NACA), de la Banque mondiale (WB), du Fonds mondial pour la nature (WWF) et de la FAO, met en œuvre un programme pour la crevetticulture et l'environnement. Les principaux objectifs en sont d'identifier de meilleures pratiques de gestion pour la crevetticulture, pour diverses conditions environnementales, économiques et sociales et d'évaluer les avantages et désavantages pour les fermiers qui adoptent ces pratiques, soit individuellement, soit en coordination avec d'autres fermiers. Ces informations devraient assister les gouvernements et le secteur privé à développer des stratégies d'aide et des mesures d'assistance spécifiques pour aider les fermiers à surmonter les contraintes qui les empêchent actuellement d'adopter de meilleures pratiques de gestion. De telles stratégies peuvent inclure l'adoption de codes de pratiques, l'amélioration des services de vulgarisation, des incitations économiques et autres. Le Programme du Consortium consiste principalement en une série d'études de cas couvrant toutes les principales régions productrices de crevettes.
Directives et codes de pratiques pour la crevetticulture ont été développés, ou sont en voie de l'être, dans un certain nombre de pays (par ex. Australie, Bélize, Équateur, Inde, Malaisie, Sri Lanka et Thaïlande). Au niveau international, un code a été élaboré par la Global Aquaculture Alliance (GAA) qui devrait former la base d'un futur programme d'éco-étiquetage. Des directives sont aussi en préparation pour la production de crevettes organiquement élevées.
La gestion des maladies des crevettes est une préoccupation particulière. FAO a assisté plusieurs pays membres dans ce domaine et s'est engagé dans l'étude des stratégies de gestion des principales maladies présentes en crevetticulture, l'une des revues thématiques du Programme du Consortium. En coopération avec plusieurs autres agences et organisations, FAO met actuellement en œuvre un nombre de programmes visant à développer de Bonnes pratiques de gestion (GMP) pour la gestion de la santé des crevettes en Asie et dans les Amériques.
Le Bureau légal de la FAO prépare en ce moment une enquête comparative des lois et règlements nationaux appliqués à la crevetticulture. Le but de cette enquête est d'examiner et comparer ces législations nationales, et en particulier celles concernant les impacts de la crevetticulture sur l'environnement ainsi que les mesures applicables au développement d'installations d'élevage, les contrôles continus en cours d'opération, les exigences du point de vue juridique s'appliquant en cas de cessation des activités et les aspects du contrôle de l'application de la législation concernée. Ces informations devraient permettre d'identifier de bonnes dispositions légales et institutionnelles ainsi que les contraintes actuelles empêchant les pays de les adopter.
Selon les recommandations de la Consultation de Bangkok et en appui aux activités décrites ci-dessus, FAO et le Gouvernement d'Australie ont organisé une Consultation d'experts du 4 au 7 décembre 2000. Ses objectifs étaient les suivants:
- Servir de forum international reconnu pour discuter des aspects principaux concernant la promotion de pratiques de crevetticulture durable, ainsi que des instruments institutionnels et juridiques les concernant.
- Continuer à faciliter le processus de mise en place d'un consensus parmi les principaux acteurs concernés par le développement et la gestion de la crevetticulture.
- Identifier/déterminer les voies, ainsi que les avantages et limitations spécifiques, par lesquelles développer et mettre en œuvre de Bonnes pratiques de gestion (GMP) et de Bonnes dispositions juridiques et institutionnelles (GLIA) permettant d'améliorer les pratiques de gestion en crevetticulture, aussi bien au niveau de la ferme qu'à celui des institutions.
La Consultation d'experts devait arriver à produire les résultats suivants:
- Un ensemble de GMP généralement applicables en crevetticulture au niveau de la ferme dans le monde entier.
- Des directives pour le développement et la mise en œuvre de GMP spécifiques à des situations données, au niveau national ou subnational; de telles directives s'adresseraient, inter alia, à l'identification des problèmes liés à ces situations spécifiques, à la méthodologie d'analyse des avantages et désavantages des GMP, à la participation des intéressés, etc.
- Une analyse des contraintes concernant l'adoption des GMP et comment les surmonter, y compris les stratégies pour assister les fermiers et leurs organisations à utiliser de meilleures pratiques de gestion.
- Un ensemble de GLIA généralement applicables en crevetticulture au niveau de la ferme dans le monde entier.
- Des directives pour le développement et la mise en œuvre de GLIA spécifiques au niveau national, tenant compte des conditions juridiques et institutionnelles spécifiques au pays.
- Une analyse des contraintes concernant l'adoption de GLIA et comment les surmonter, y compris les stratégies pour aider à la mise en œuvre de bonnes dispositions juridiques et institutionnelles.
Trois documents de travail ont été préparés par la FAO pour la Consultation, respectivement intitulés:
- "Principes d'opération pour une crevetticulture durable".
- "Proposition de directives pour le développement et la mise en œuvre de GMP spécifiques au niveau national ou subnational".
- "Bonnes dispositions juridiques et institutionnelles pour la crevetticulture".
Ces documents de travail ont servi de documents de référence aux Groupes de travail de la Consultation. Ils ont été ensuite discutés et complétés par les participants au cours de chacune des sessions des Groupes de travail. D'autres documents ont été présentés par des délégués.
L'un des résultats escomptés de la Consultation d'experts était un ensemble de GMP "génériques" applicables au niveau de la ferme dans le monde entier. Mais, au cours de la préparation de la Consultation et de sa tenue même, les participants furent d'avis que le terme "Principes d'opération" pour une crevetticulture durable devrait être préféré, parce que les GMP impliquent des pratiques bien précises au niveau de la ferme même. Des GMP étant toujours très spécifiques à un environnement, un site et un système cultural particuliers, l'utilisation du terme générique "Principes d'opération" fut considérée plus appropriée.
La Consultation d'experts a adopté les recommandations suivantes:
- Suite à cette réunion, il faudrait initier un processus de consultations.
- Ce processus devrait initialement inclure la finalisation du rapport de la Consultation, y compris la révision des rapports des Groupes de travail, tenant compte des points soulevés au cours des discussions en séances plénières et, en particulier, s'assurant de la conformité aux et des liens entre objectifs, des principes d'opération à la ferme et en dehors et des GLIA.
- Il faudrait ensuite rassembler des exemples de GMP et identifier des mécanismes permettant de les mettre en œuvre. L'on recommanda:
- L'identification d'autres GMP et GLIA pour la mise en œuvre des principes d'opération, sur la base des études de cas et d'autre matériel, par le Consortium WB/NACA/WWF/FAO.
- L'estimation quantitative et qualitative des coûts et bénéfices de la mise en œuvre de GMP/Principes d'opération. Des analyses financières et économiques ont été recommandées, comparant les meilleures pratiques aux plus mauvaises. Ces analyses devraient prendre en compte la possibilité d'application des GMP à différents niveaux, du générique à celui de la ferme.
- L'identification de critères de performance permettant de contrôler l'efficacité des principes d'opération, des GMP et des GLIA, tenant compte de la nécessité d'avoir un contrôle efficient du point de vue coût et basée sur un nombre limité d'indicateurs.
- Une attention spéciale à l'identification de GMP et de GLIA permettant l'adaptation du grand nombre de fermes existantes et la mobilisation de l'aide technique et financière nécessaire.
- La FAO et d'autres agences devraient produire et diffuser des informations sur le développement et la mise en œuvre de GMP et GLIA.
- Le Consortium WB/NACA/WWF/FAO devrait rassembler les informations sur les pratiques de gestion identifiées ci-dessus, utilisant largement celles obtenues des études de cas du Consortium et celles d'autres sources.
- Au cours du processus de développement des GMP, l'établissement de liens et l'échange d'expériences sont fortement recommandés, avec les associations de fermiers, les gouvernements, les institutions académiques et de recherche, les associations professionnelles, les ONG et autres organisations ayant de l'expérience et des idées sur le sujet.
- Un document devrait être préparé sur les objectifs et les principes d'opération, ainsi que sur les dispositions juridiques et institutionnelles nécessaires pour assister à leur mise en œuvre. Il devrait être présenté à un forum intergouvernemental pour y être adopté. La Consultation demande à la FAO d'encourager ce processus.
- Deux points devraient être considérés en particulier au cours du processus de développement et de mise en œuvre des GMP: (a) les associations de fermiers ont un rôle particulièrement important dans le développement et la mise en œuvre des GMP, surtout s'il s'agit de petits fermiers; et (b) pour ce développement et cette mise en œuvre, dialogue et coopération sont nécessaires entre associations de fermiers, organisations gouvernementales, associations d'exportateurs de produits de la mer et autres acteurs intéressés. A cet égard, la consultation fit les recommandations suivantes:
- Préparation d'une étude sur les associations de fermiers, identifiant les facteurs responsables de leur succès, de manière à définir des directives pratiques pour le développement et l'opération d'associations de fermiers efficientes.
- Encouragements pour des réunions d'associations de fermiers pour y étudier et développer des GMP en coopération avec les agences gouvernementales intéressées, là où nécessaire.
- Encouragements pour un dialogue et une coopération entre associations de fermiers, organisations gouvernementales, associations d'exportateurs de produits de la mer et autres acteurs intéressés dans le développement et la mise en œuvre de GMP.
- Un travail en réseau plus efficient pour les associations de crevetticulteurs. Un réseau régional regroupant ces associations pourrait être particulièrement utile en Asie. La Consultation a demandé à NACA d'assister à l'organisation d'une réunion des crevetticulteurs d'Asie. Son agenda devrait être décidé par les associations elles-mêmes.
- La Consultation recommanda en outre que les mesures suivantes soient prises afin d'encourager le développement et la mise en œuvre de GMP et de GLIA pour la crevetticulture:
- Préparation d'une étude rassemblant les expériences positives et négatives rencontrées dans la gestion de groupes de fermes et de nouveaux domaines. Un tel document pourrait montrer comment les organiser au mieux..
- Préparation d'une évaluation de l'utilisation potentielle des principes d'opération comme base de décision pour investisseurs et clients, ce qui encouragerait les investissements dans des fermes appliquant de bonnes pratiques de gestion.
- Élaboration des meilleures pratiques de consultation et de coopération entre fermiers et gouvernements aux différents niveaux (i.e. niveaux central, provincial et local) pour le développement et la mise en œuvre des GMP et des GLIA.
- Orientation de l'assistance financière et technique vers l'aide au développement et à la mise en œuvre des GMP et des GLIA, tout en donnant une attention particulière aux petits fermiers et aux associations de fermiers.
- Évaluation des Codes de conduite existants et des plans de mise en œuvre en vue de juger de leur application universelle.
Le rapport complet de cette consultation est publiée sous le titre "FAO/Department of Agriculture, Fisheries and Forestry of Australia. Report of the FAO/Government of Australia Expert Consultation on Good Management Practices and Good Legal and Institutional Arrangements for Sustainable Shrimp Culture. Brisbane, Australia, 4-7 December 2000.". Il s'agit du FAO Fisheries Report no. 659 publié par la FAO à Rome en 2001 (70 pages). Pour une copie, veuillez contacter par e-mail:[email protected]