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Développement de l'aquaculture commerciale durable au Sud du Sahara
1Un résumé de la Consultation technique FAO sur les cadres juridiques et les instruments de politique économique pour l'aquaculture commerciale durable en Afrique subsaharienne, Arusha, République Unie de Tanzanie, 4-7 décembre 2001.
En réponse aux points discutés au cours de la Onzième session du Comité pour les pêches continentales d'Afrique (CPCA), tenue au Nigeria en octobre 2000, concernant le développement de l'aquaculture commerciale durable en Afrique ainsi que son rôle important dans la réalisation de la sécurité alimentaire et dans la réduction de la pauvreté rurale, une Consultation technique sur les cadres juridiques et les instruments de politique économique pour l'aquaculture commerciale durable en Afrique subsaharienne s'est tenue en décembre 2001, à l'invitation du Gouvernement de Tanzanie.
Au cours de cette Consultation technique, des délégués de 16 pays subsahariens ont discuté des documents présentés par la FAO et divers observateurs, concernant statut et potentiel de l'aquaculture commerciale, marchés et commerce, cadres de politique générale et procédure de développement de l'aquaculture commerciale durable en Afrique subsaharienne.
Statut et potentiel de l'aquaculture commerciale en Afrique subsaharienne
En général, les principaux intrants indispensables au développement de l'aquaculture commerciale sont aliments, capital et juvéniles. Le renforcement de la capacité en technologie des aliments aquacoles et en nutrition des poissons est nécessaire et le développement d'entreprises commerciales aquacoles apparaît être intimement lié à la santé du secteur agricole commercial dans son ensemble.
Quelques-unes des stratégies identifiées qui pourraient être adoptées par les gouvernements pour éliminer les principales contraintes actuellement présentes dans le secteur sont les suivantes:
- Renforcer la capacité à tous les niveaux.
- Conduire des recherches sur le secteur de l'aquaculture commerciale.
- Se concentrer sur quelques espèces ayant un potentiel de commercialisation et des marchés bien établis (principalement tilapia, poisson-chat, perche du Nil et crevettes).
- Définir des cadres juridiques attrayants et un climat favorable pour les investisseurs, y compris une simplification des procédures réglementaires, l'établissement de Zones de promotion de l'exportation et l'utilisation d'autres incitations économiques telles qu'exemption de taxes et moratoires.
- Promouvoir une approche équilibrée à l'évaluation de l'impact environnemental.
- Assurer la complémentarité des interactions entre le développement de l'aquaculture de subsistance/à petite échelle et celle au niveau commercial.
- Promouvoir la formation d'associations d'aquaculteurs.
- Établir la collaboration et l'échange d'informations à l'échelle régionale.
- Relier la planification stratégique du développement de l'aquaculture aux autres secteurs de l'économie.
Marchés et commerce des produits de l'aquaculture commerciale
Les marchés de la région sont en général considérés comme étant importants, bien que les taxes à l'importation puissent être une sérieuse contrainte. La façon dont l'on perçoit négativement le poisson originaire d'Afrique et la faible acceptation qui y est associée sur les marchés étrangers constitue une contrainte au développement de l'aquaculture commerciale dans la région. Il est donc de première importance que les problèmes de sécurité et de qualité soient bien traités et que les standards de sécurité des aliments des pays importateurs soient respectés. De plus, l'on considère comme indispensable au succès de l'aquaculture commerciale le développement de noms de commodités et de marques reconnus au niveau international.
Politiques générales pour la promotion de l'aquaculture commerciale durable
L'on considère que le facteur le plus critique pour la promotion et le développement de l'aquaculture commerciale est l'existence de politiques habilitantes. Elles permettent d'augmenter la confiance des investisseurs en réduisant les risques et les coûts. Elles peuvent être soit générales, soit spécifiquement orientées vers le secteur aquacole. Les politiques générales incluent, par exemple, une gouvernance améliorée, des mesures garantissant une plus grande stabilité politique, des droits à la propriété bien garantis et un faible degré de corruption. Les politiques sectorielles incluent le développement de cadres appropriés, juridique, réglementaire et administratif, des stratégies de commercialisation et l'encouragement aux associations pionnières. Il fut également noté que d'autres facteurs sont importants pour l'émergence et/ou le développement de l'aquaculture commerciale, comme: des services de vulgarisation efficients; le rôle du gouvernement dans la mise en place de politiques, d'une législation et de règlements spécifiques à l'aquaculture; le support institutionnel; et des lois de propriété de la terre appropriées.
Stratégies atténuant les principales contraintes
Parmi les contraintes principales pour le développement de l'aquaculture commerciale en Afrique subsaharienne, il faut mentionner un accès difficile au capital
et tous les problèmes qui y sont liés, comme l'absence fréquente de garantie, des taux d'intérêt élevés, la sensation que des investissements en aquaculture sont très risqués, et l'ignorance des emprunteurs éventuels concernant la procédure d'obtention de prêts.
Cadres juridiques
Il est nécessaire d'avoir des régimes juridiques pratiques qui incluent une loi spécifique à l'aquaculture traitant des facteurs essentiels à la mise en œuvre des opérations d'aquaculture commerciale durable, tels que permis d'exploitation aquacole, droits à la terre et à l'eau, et questions environnementales. Cependant, vu que les conditions et les expériences dans la région sont extrêmement variables, il n'existe pas de modèle globalement valable pour le développement et la mise en œuvre d'une législation appropriée.
Les conclusions de la Consultation technique ont été les suivantes:
- En Afrique subsaharienne, le potentiel de l'aquaculture commerciale économiquement viable et durable est important et elle s'y développe lentement.
- La plupart des pays de l'Afrique subsaharienne ont la volonté de mettre en place des politiques permettant à l'aquaculture commerciale de se développer; quelques pays ont déjà développé de telles politiques, ou sont en train de le faire.
- Actuellement, les fermes aquacoles les plus viables sont celles qui produisent des crevettes, des tilapias ou des poissons-chats; ces trois espèces devraient être à la base de toute aquaculture commerciale, du moins pour le moment.
- La viabilité économique et environnementale requiert une adaptation prudente de la technologie aux conditions locales, ce qui ne peut se réaliser qu'en des circonstances favorables.
- Aquacultures commerciales à petite et à grande échelle contribuent toutes deux à la sécurité alimentaire et à la croissance économique.
- Il est urgent que l'aquaculture commerciale se développe en Afrique subsaharienne.
- Ce développement de l'aquaculture commerciale y est freiné par:
- Un manque de capital;
- Une pénurie en ressources humaines qualifiées;
- Des approvisionnements instables en intrants tels que matériel d'empoissonnement et aliments de bonne qualité; et
- Absence d'une planification stratégique associant l'aquaculture aux autres secteurs de l'économie.
- Des politiques habilitantes sont essentielles pour lancer et/ou développer l'aquaculture commerciale en Afrique subsaharienne.
- Les restrictions limitant l'aide gouvernementale, imposées par les accords d'ajustement structurel signés par plusieurs gouvernements de la région avec des institutions financières internationales (par ex. le Fonds monétaire international, FMI), empêchent souvent la mise en place de ces politiques habilitantes.
Recommandations
La Consultation a proposé les recommandations suivantes, à mettre en œuvre aux niveaux national, régional et International :
- Au niveau national, les pays devraient étudier le potentiel de l'aquaculture commerciale des points de vue technique et économique, si cela n'a pas encore été fait. S'il y a du potentiel, des politiques devraient être développées et mises en œuvre. Leur cadre politique devrait inclure un cadre juridique, une stratégie pour le renforcement de la capacité et une stratégie pour augmenter l'accès aux sources de capital.
- Au niveau régional, les pays devraient promouvoir le renforcement conjoint de la capacité, encourager le commerce régional des produits aquacoles africains, promouvoir ces produits sur les marchés internationaux et protéger dans les forums internationaux les droits des gouvernements de l'Afrique subsaharienne à stimuler l'émergence et la croissance de l'aquaculture commerciale.
- Au niveau international, il a été recommandé que la FAO, en collaboration avec d'autres organisations intergouvernementales, des organisations non gouvernementales appropriées et les gouvernements intéressés, lance des études en vue de:
- Établir quelle contribution l'aquaculture commerciale à petite et à grande échelles apportera à la sécurité alimentaire et à la croissance économique en Afrique subsaharienne;
- Identifier la contribution qu'apportera un cadre politique habilitant au développement de l'aquaculture commerciale; et
- Spécifier jusqu'à quel point un tel cadre politique habilitant est compatible avec des politiques macro-économiques générales, et en particulier avec les conditions politiques imposées par le FMI et la Banque mondiale.
De plus, une conférence à deux niveaux sur l'aquaculture commerciale en Afrique subsaharienne devrait être organisée. La première partie de cette conférence poursuivrait les travaux de la présente Consultation. La seconde partie consisterait en une réunion politique au haut niveau qui devrait confirmer l'importance et le rôle de l'aquaculture commerciale en Afrique subsaharienne et qui devrait rechercher l'assistance de donateurs internationaux pour le développement des politiques nécessaires, le renforcement de la capacité et l'amélioration de l'accès des entrepreneurs aquacoles aux services financiers.
Note: Le rapport de la Consultation technique sur les cadres juridiques et les instruments de politique économique pour l'aquaculture commerciale durable en Afrique subsaharienne, Arusha, République Unie de Tanzanie, 4-7 décembre 2001, sera publié sur le site Web de la FAO ww.fao.org. Il peut aussi être obtenu au Service de la planification et du développement (FIPP) de la FAO, Rome, Italie. Pour de plus amples informations, veuillez contacter par e-mail Dr Nathanael [email protected]