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Avant-propos

La FAO a rassemblé et publié des données statistiques et autres études relatives au bois de feu et au charbon de bois dans son Annuaire des produits forestiers. Dans le cadre de son Programme sur l'énergie dérivée du bois, l'Organisation ne cesse de revoir et de moderniser son système d'information sur le bois-énergie, ce qui a conduit notamment à l'adoption d'une terminologie harmonisée en dendroénergie applicable à la récolte, au stockage, à l'interprétation, à l'analyse et à la présentation de données relatives à la production, à la consommation et à la commercialisation des combustibles dérivés de la biomasse.

La réalisation d'études sur des sujets tels que "Le rôle de l'énergie ligneuse en Amérique latine" et autres thèmes analogues pour d'autres régions et pays a permis de réviser et d'actualiser de manière systématique les données existantes relatives aux combustibles dérivés du bois. L'analyse de ces informations a permis de donner une idée plus claire de l'importance de la dendroénergie pour le secteur des forêts et de l'énergie et de formuler un diagnostic sur les systèmes d'information nationaux, régionaux et internationaux. Ces études ont permis d'imaginer des mesures susceptibles de contribuer à pallier les insuffisances observées dans les principales bases de données sur le bois-énergie.

Les problèmes décelés sont nombreux et très divers. L'absence d'un guide (et d'une méthodologie) a conduit à des difficultés et des retards dans la vérification des données existantes et l'obtention de données nouvelles.

Ce processus d'obtention et de vérification des données et des faits démontre une fois encore combien sont lentes, laborieuses et coûteuses les études sur la consommation et l'approvisionnement de ces sources d'énergie. Elles exigent de disposer d'un personnel convenablement formé et préparé, ressource rare dans la plupart des pays.

Le Guide recommande des méthodes simples pour vérifier rapidement les données existantes, combler des lacunes de la chaîne d'information et mener par la suite les études plus sûres.

Davantage de données plus fiables sur l'énergie dérivée de la biomasse contribuera : a) à déterminer plus clairement comment, où et combien de combustible ligneux on utilise dans les différents pays et régions ; b) à décrire dans des termes plus appropriés la contribution des forêts, des terrains à usage forestier et des arbres au secteur de l'énergie ; c) à évaluer les effets écologiques de la production et de l'utilisation des combustibles ligneux ; d) à cerner les principaux problèmes affectant la formulation et l'adoption des politiques appropriées en matière de dendroénergie ; et e) à planifier la mise au point de systèmes bioénergétiques plus durables, élément important pour le développement des forêts.

Nous sommes convaincus qu'une utilisation plus durable des biocombustibles peut non seulement avoir un effet positif sur l'environnement, mais aussi contribuer à assurer un meilleur approvisionnement alimentaire et à générer des emplois et des revenus dans les pays en développement. Des informations et un système de données sûrs est le premier pas dans cette direction.

Nous remercions vivement le Programme de partenariat Commission européenne/FAO sur la gestion durable des forêts qui a pris en charge les frais de production de ce Guide.

Wulf Killmann
Directeur
Division des produits forestiers
Département des forêts
FAO

Remerciements

Le Guide pour les études sur la demande, l'offre et l'approvisionnement en combustibles ligneux a été réalisé par la Sous-Division de l'exploitation et de la commercialisation des produits forestiers (FOPH).

Le document a été rédigé par la docteure Teresita Arias Chalico avec la collaboration de l'ingénieur Enrique Riegelhaupt et la supervision, les conseils et le soutien personnel de Miguel Ángel Trossero, forestier principal (Énergie dérivée du bois) du Département des forêts de la FAO.

Beaucoup de personnes ont également apporté d'importantes et nombreuses contributions et ont prêté leur aide et leur expérience personnelle dans la réalisation du document final. On peut citer, parmi les personnes qui méritent une mention spéciale, les suivantes : Marco Perri (FOP), qui a contribué à l'édition finale, à la correction des épreuves et à la mise en page finale du document et Rudi Drigo (FOPH), Johan Lejeune (FONS) et Thirong Patrick So (FONS), qui ont communiqué de nombreuses remarques techniques sur les diverses ébauches préparées tout au long d'une année de travail.

Nous exprimons également notre profonde gratitude à M. A. Thiam pour sa contribution dans la phase initiale de préparation du premier document, qui a été un important jalon dans la préparation de la présente version du Guide.

Nous voulons également remercier tous les participants à l'atelier sur l'information sur le bois-énergie en Amérique latine organisé à Buenos Aires (Argentine) du 26 au 28 novembre 2001 et à la Consultation d'experts sur la "Terminologie Unifiée en dendroénergie" (Unified Wood Energy Terminology) qui a eu lieu à Rome (Italie) les 3 et 4 octobre 2001, pour leurs remarques qui ont permis d'affiner divers détails de ce document.

La FAO exprime en outre sa sincère gratitude à la Commission européenne pour le soutien financier qu'elle a apportée (par le biais de son volet "dendroénergie") aux projets régionaux GCP/RAF/354/EC et GCP/RLA/133/EC.

Abréviations, sigles et symboles

CB

Charbon de bois

RPH

Recensement de population et d'habitat

MCS

Mètre cube solide

cv

Coefficient de variation

D

Diamètre de l'arbre

DHP

Diamètre à hauteur de poitrine (ou à hauteur d'homme)

e

Erreur probable

FAO

Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture

FMCN

Fondo Mexicano para la Conservación de la Naturaleza (fonds mexicain pour la conservation de la nature)

G

Surface terrière d'un ensemble d'arbres

GPL

Gaz de pétrole liquéfié

H

Hauteur (d'un arbre)

HBH

Humidité en base humide (par référence à l'état vert)

HBS

Humidité en base sèche (par référence à l'état anhydre)

Hd

Hauteur dominante (hauteur des arbres dominants)

IBAMA

Instituto Brasileiro do Meio Ambiente e dos Recursos Naturais Renovaveis (institut brésilien de l'environnement et des ressources naturelles renouvelables)

AMA

Accroissement moyen annuel

BF

Bois de feu (syn. : bois de chauffe)

LEAP

Long Range Energy Alternatives Planning System (système de planification des énergies de remplacement à long terme)

n

Taille d'échantillon corrigée pour population finie

N

Nombre d'unités qui composent un univers

no

Taille de l'échantillon

OLADE

Organisation latino-américaine de l'énergie

PC

Pouvoir calorifique

PCI

Pouvoir calorifique inférieur

PCS

Pouvoir calorifique supérieur

PFNL

Produits forestiers non ligneux

PNUD

Programme des Nations Unies pour le développement

PROAFT

Programa de Acción Tropical Forestal (association de la sphère civile)

PV

Poids à l'état vert

s

Écart type d'échantillonnage

s2

Variance de l'échantillonnage

SEI

Institut de Stockholm pour l'environnement

SI

Système international d'unités

SIG

Système d'information géographique

TUD

Terminologie unifiée en matière de dendroénergie

"t"

Coefficient "t" de Student

TI

Tellus Institute

tMS

Tonne de matière sèche

VC

Volume cylindrique

VA

Volume apparent

VR

Volume réel

UE

Unité d'échantillonnage

UWET

Unified Wood Energy Terminology. Voir TUD (Terminologie unifiée en matière de dendroénergie)

Unités et équivalences

Ha = hectare = 10 000 m2

J = joule = 0,239 cal

kcal = kilocalorie = 4,18 kJ

kg = kilogramme = 1000 grammes

ºC = degré Celsius = (ºF - 32) • 5 / 9 où ºF = degré Fahrenheit

m2 = mètre carré = 0,0001 ha

m3 = mètre cube (solide) = volume de bois solide

Mt = mégatonne = millions de tonnes

t = tonne métrique = 1000 kg

st = stère = volume apparent de bois empilé (0,3 a 0,7 m3)

Résumé

Nous voulons que cette publication serve, en premier lieu, de matériau de référence pour poser et résoudre des problèmes liés à la révision, la vérification, l'obtention, la compilation, l'analyse, l'interprétation et la présentation d'informations relatives à la demande, l'offre et l'approvisionnement en biocombustibles, en distinguant fondamentalement deux niveaux d'analyse : les études rapides et les études détaillées.

En second lieu, ce guide propose une base méthodologique uniforme pour que les données obtenues soient comparables et cohérentes, à différentes échelles et pour différents secteurs d'utilisateurs, de producteurs et de fournisseurs de combustibles ligneux, ou dendrocombustibles.

Nous espérons que cette méthodologie permettra de formuler des diagnostics de la situation dendroénergétique d'un secteur, d'une zone géographique donnée et/ou d'un pays qui répondent aux besoins d'information de l'ensemble des groupes intéressés et qui contribuent à la mise au point de mesures efficaces et pertinentes pour : a) perfectionner au maximum l'exploitation des systèmes dendroénergétiques, b) permettre le développement de la planification du secteur, c) les utiliser comme instruments de décision dans l'élaboration des politiques, des stratégies et/ou des programmes relatifs au bois-énergie.

Faisant suite au chapitre 1, qui enferme l'introduction, l'exposition des raisons d'être et la présentation des étapes les plus importantes du Guide, le chapitre 2, axé sur la description des variables principales à analyser dans les études sur la consommation, la commercialisation et la production de combustibles dérivés du bois, suit le schéma adopté dans la Terminologie unifiée en matière de dendroénergie (TUD/UWET). On fournit, pour chaque variable, sa définition, un ordre d'importance ou une idée de son utilité, des observations sur les techniques et la facilité d'obtention des données qui y sont relatives, y compris les matériels et les moyens nécessaires, et on adresse une série de recommandations au lecteur (ou à l'usager) de ce guide pour qu'il l'emploie avec profit.

Au chapitre 3, on décrit le plan d'échantillonnage grâce auquel on obtient les données des variables utiles pour un groupe de petite taille choisi de manière aléatoire pour ensuite faire des déductions sur le comportement de ces variables dans l'univers étudié, c'est-à-dire dans la zone géographique sur laquelle porte l'étude.

Au chapitre 4, on présente les schémas pour la conception des diverses étapes de l'étude en s'attardant plus particulièrement sur les points relatifs au relevé des données sur le terrain, à leur traitement et analyse et à la rédaction du rapport final.

Enfin, on décrit au chapitre 5 les différentes modalités de présentation des informations obtenues afin de faire ressortir les aspects significatifs de la demande, de l'offre et de l'approvisionnement en bois-énergie, de décrire les flux physiques et économiques dans ce domaine et de formuler les diagnostics de la situation dendroénergétique qui ont été initialement prévus.

Nous pensons que cette publication présente un intérêt particulier pour qui possède une certaine connaissance et une expérience préalable dans la conduite d'enquêtes et de diagnostics en matière de dendroénergie.

Chapitre 1.
Introduction

1.1 L'importance de l'utilisation du bois à des fins énergétiques

Suite à la crise pétrolière de 1974, on a engagé dans le monde entier un processus de plus en plus marqué de recherche et d'analyse sur l'utilisation de la biomasse à des fins énergétiques. À mesure que se multipliaient les études consacrées à ce sujet, l'importance que la question revêtait devenait évidente au plan mondial, notamment à cause :

• du grand nombre de personnes qui dépendent totalement ou en partie des combustibles ligneux comme source d'énergie : plus de la moitié de la population mondiale a en effet pour unique ou principale source d'énergie les dendrocombustibles, ou combustibles dérivés du bois ;

• de la grande variété d'utilisations énergétiques finales : outre son utilisation pour la cuisson des aliments et le chauffage domestique, le bois joue un rôle essentiel dans un grand nombre d'activités de production artisanale et industrielle et dans le secteur des services ;

• de l'importance économique et sociale que revêt son utilisation : en cas d'utilisation commerciale du bois, il y a création d'emploi et de revenus substantiels pour des populations ayant des revenus modestes ; quand c'est une utilisation non commerciale qui prédomine, elle satisfait les besoins essentiels des populations les plus démunies ;

• de sa qualité d'énergie renouvelable écologiquement viable : gérées correctement, les ressources de biomasse sont entièrement renouvelables et elles réduisent au minimum les émissions de gaz à effet de serre ;

• de leur impact sur la préservation des ressources forestières : bien que cet impact soit négatif dans certains cas, quand les volumes de bois exploités sont supérieurs à la capacité des ressources disponibles, il y a de nombreux exemples de situations où, au contraire, l'utilisation de la biomasse ligneuse a été à l'origine de diverses formes d'exploitation durable des ressources forestières ;

• de sa qualité de source d'énergie disponible localement : cette caractéristique en fait l'une des sources d'énergie les plus accessibles aux populations et les plus équitables qui soient et la distingue nettement des hydrocarbures ou de l'énergie nucléaire. La dendroénergie étant une énergie propre, elle est prometteuse s'agissant d'atténuer les changements climatiques induits par une utilisation excessive des combustibles fossiles.

1.2 Pourquoi ce guide ?

L'obtention de données, qu'elles soient originales ou qu'elles proviennent de sources secondaires, constitue l'étape la plus longue, contraignante et coûteuse des études sur la consommation et l'approvisionnement en combustibles forestiers. Il est donc extrêmement important que les études soient programmées correctement si on veut obtenir des données suffisamment précises et nombreuses pour répondre aux objectifs de l'étude proposée. Si les données sont précises mais insuffisantes en nombre, on pourra toujours les compléter à une étape ultérieure. Si, en revanche, elles sont inexactes (c'est-à-dire qu'elles contiennent des erreurs importantes), il sera impossible d'obtenir des résultats fiables et utiles.

Compte tenu que les procédés d'obtention d'informations et de données, outre qu'ils sont coûteux, exigent d'avoir un personnel convenablement formé, ressource rare dans la plupart des pays en développement, on fournira dans le présent Guide des recommandations relatives à l'application de méthodes simples et rapides pour : a) vérifier les données existantes et/ou combler les lacunes dans la chaîne d'information étudiée et pour b) approfondir par la suite les études grâce à des procédés plus élaborés et plus sûrs.

Bien qu'ils constituent une des sources d'énergie les plus importantes dans les pays en développement, les combustibles dérivés du bois sont aussi la plus méconnue d'entre elles. Peu et mal représentés dans les statistiques nationales, confinés en marge de l'économie structurée, victimes de l'absence d'un cadre juridique et réglementaire approprié, généralement absents des politiques d'investissement et de développement, ils sont les "parents pauvres" du paysage énergétique, forestier, rural et industriel dans ces pays.

On avance souvent que, si les décideurs, les responsables politiques et même les investisseurs les omettent, c'est parce qu'il n'existe aucune base d'informations complète, actualisée et réaliste qui soit consacrée à ces énergies. La méconnaissance de ces questions serait donc la cause (ou la justification) de l'inertie des organismes gouvernants et de l'absence d'initiative privée.

En effet, même si on peut trouver, dans de nombreux pays, des informations quant à la production, la disponibilité et l'utilisation des combustibles ligneux au plan national, celles-ci sont malheureusement, généralement, fragmentaires, non comparables ou peu précises. Nombre d'études de cas apportent des informations précieuses, mais elles se cantonnent dans leur application à l'analyse d'une localité ou d'un secteur et il est fréquent que les informations recueillies ne permettent pas de faire de comparaisons du fait qu'elles ont été obtenues par des méthodes différentes. En outre, les statistiques officielles établies à partir de relevés incomplets ou inexacts masquent souvent, plus qu'elles ne mettent en valeur, l'importance réelle de cette source d'énergie.

Par ailleurs, les organisations non gouvernementales et les institutions scientifiques et éducatives qui oeuvrent dans le domaine de la protection de l'environnement et de l'amélioration des conditions de vie des consommateurs ou des producteurs et qui s'intéressent aux combustibles ligneux ont du mal à orienter leur action par manque d'informations. Ces organisations aspirent à disposer de méthodes de diagnostic simples et efficaces qui leur permettent d'évaluer la situation réelle en matière d'utilisation de ces combustibles et le potentiel qu'ils recèlent.

1. En effet, les informations sur les combustibles ligneux sont importantes pour diverses raisons :

2. Elles permettent de connaître les dimensions réelles de l'utilisation des combustibles ligneux.

3. Elles permettent de comprendre le fonctionnement des systèmes dendroénergétiques.

4. Elles aident à déterminer les contributions du secteur forestier à l'approvisionnement en énergie des personnes et à la création d'emplois et de revenus, ainsi qu'à analyser les débouchés possibles, les perspectives d'avenir et les tendances dans ce domaine.

5. Elles contribuent à préciser dans quelle proportion les combustibles ligneux participent au bilan énergétique.

6. Elles permettent de planifier de manière appropriée le secteur dendroénergétique et de mettre en place des politiques, des stratégies et des programmes à la faveur d'une connaissance approfondie de la situation.

7. Enfin, elles contribuent à dresser un inventaire des projets d'investissement nécessaires pour développer le secteur dendroénergétique.

Un travail a déjà été mené sur le sujet par différents chercheurs et organisations. On peut citer, parmi les ouvrages les plus connus, les suivants :

1. Diagnostico Microrregional da Oferta e Demanda de Produtos Florestais (FAO, 1990) ;

2. Woodfuel Surveys (FAO, 1982) ;

3. Guia para Levantamento do Consumo e Fluxo de Produtos Florestais (Zakia et al., 1992) ;

4. Principios Basicos de Estatística utilizados no Levantamento do Consumo e Fluxo de Produtos Florestais (Zakia, 1992) ;

5. Biomass Energy. Methodologies for Data Collection, Analysis and Use. FAO (Opiro et al., 2000) ;

6. Metodología OLADE para la Elaboración de Balances Energéticos (OLADE, 1995).

1.3 Les objectifs du Guide

Le premier objectif du présent document est de proposer un outil simple et flexible pour poser et résoudre les problèmes ayant trait à la révision, la vérification, l'obtention, la compilation, l'analyse, l'interprétation et la présentation d'informations relatives à la demande, à l'offre et à l'approvisionnement en combustibles ligneux. Du fait de l'immense diversité des situations en matière de demande, d'offre et d'approvisionnement, il n'est guère possible de fournir un mode d'emploi "étape par étape". C'est pourquoi nous présentons dans le présent ouvrage des critères de base et des recommandations générales visant à recueillir, recouper et traiter les informations nécessaires, en distinguant deux niveaux d'analyse :

• les études rapides et les études détaillées.

En second lieu, nous voulons proposer une base méthodologique uniforme pour que les résultats obtenus soient comparables et cohérents et ce, à diverses échelles et pour différents secteurs d'utilisateurs, de producteurs et de fournisseurs de combustibles ligneux.

L'objectif final est la formulation de diagnostics de la situation dendroénergétique d'un secteur, d'une zone géographique donnée et/ou d'un pays qui satisfassent les besoins en information de tous les groupes intéressés, en établissant quelles sont les actions efficaces et pertinentes à envisager pour : a) optimiser l'exploitation des systèmes dendroénergétiques, b) permettre le développement de schémas de planification dans le secteur et c) les utiliser comme instruments de décision dans l'élaboration des politiques, des stratégies et/ou des programmes dendroénergétiques.

Il y a un objectif complémentaire : que les informations obtenues sur les combustibles ligneux soient utilisables à des fins de planification énergétique grâce au programme LEAP (planification des énergies de remplacement à long terme ; SEI et TI, 2000).

1.4 Les étapes d'une étude

Très souvent, les services forestiers et les ministères chargés de l'énergie sont placés devant la nécessité d'établir un diagnostic de la demande, de l'offre et de l'approvisionnement en combustibles ligneux afin de pouvoir planifier judicieusement l'exploitation des ressources disponibles dans leur pays. Dans d'autres cas, il s'agit de savoir comment gérer mieux et plus efficacement les ressources forestières existantes. Parfois aussi, surgissent des possibilités d'investissement dans le secteur, auquel cas il est nécessaire de connaître en détail la production, le commerce et la consommation des différents intervenants pour garantir de nouveaux investissements dans le secteur. C'est pour tous ces motifs fondamentaux - et pour bien d'autres qu'il est superflu de développer ici - qu'il est nécessaire de pouvoir disposer d'informations et de données fiables sur cet important secteur.

Si on veut aboutir à un diagnostic de la demande, de l'offre et de l'approvisionnement en combustibles ligneux, il faut suivre une série logique d'étapes indispensables, quelle que soit l'échelle à laquelle on mène l'étude. Les questions fondamentales à se poser à chaque étape sont les suivantes :

• Dans quel but et où réaliser l'étude ?

• Quel degré de détail retiendra-t-on pour l'étude ?

• Quels sont les aspects ou les variables à vérifier et/ou à étudier ?

• Comment obtenir et vérifier les informations ?

• Comment les enregistrer et les traiter ?

• Comment présenter les résultats ?

• Comment établir le diagnostic final ?

1.4.1 Les objectifs du diagnostic ou de l'étude

La question relative au "but" correspond à la formulation des objectifs de l'étude, qui devront être clairs, concis, réalisables et prendre en compte les besoins de tous les groupes intéressés.

Ces besoins peuvent être très différents selon les cas et selon les personnes qui seront confrontées à la question. Les planificateurs et les décideurs seront davantage intéressés par les dimensions physiques et économiques de l'utilisation des combustibles ligneux, par leur poids dans le contexte énergétique national, par la quantification de l'utilisation des ressources forestières à des fins énergétiques, ou encore par leur rôle dans les activités de production, l'emploi ou les revenus. Les consommateurs seront, quant à eux, intéressés par la disponibilité locale des ressources, par les formules d'utilisation plus efficaces ou plus économiques, ou encore par le contrôle des prix dans le cas des combustibles commerciaux. Les écologistes, enfin, porteront leur attention sur les effets de l'exploitation de ces énergies sur l'environnement.

Tous ces intérêts sont légitimes et on doit en tenir compte, s'agissant de définir les objectifs, dès le départ, pour inciter ces différents groupes à coopérer à l'obtention d'informations, pour faire en sorte que les résultats obtenus soient plus utiles et pour faciliter l'application des recommandations en la matière.

Il est fondamental de comprendre qu'il faut réviser les objectifs de l'étude à chacune des étapes du travail pour veiller à ce que les décisions à adopter et les activités à réaliser soient pertinentes et cohérentes avec les objectifs de départ.

1.4.2 Le cadre du diagnostic ou de l'étude

Se poser la question "où" équivaut à délimiter les champs géographique et sectoriel du diagnostic, c'est-à-dire à cerner sa portée spatiale et les groupes d'utilisateurs, de producteurs et de distributeurs qui seront analysés. La réponse à cette question est essentielle car, d'une part, elle indique le volume de travail à réaliser et, d'autre part, elle permet d'extrapoler à partir des résultats du diagnostic avec le degré de précision souhaité.

Le "où" fait partie du "dans quel but" et il est impératif de vérifier sa concordance avec les objectifs fixés. Par exemple, si l'objectif est de connaître le modèle de consommation et d'approvisionnement d'une branche industrielle importante, la région étudiée doit être celle où cette activité a lieu et non l'ensemble de la province ou du pays.

Très souvent, il est seulement nécessaire de vérifier si une valeur (ou un groupe de valeurs) déjà relevée est exacte ou pas. Dans ces cas-là, on peut se contenter d'une étude rapide et ainsi économiser du temps et de l'argent.

Études rapides ou études détaillées ?

En prenant comme point de départ les objectifs de l'étude qu'on se propose, il faudra décider de son degré de détail, qui déterminera en grande partie le volume des ressources nécessaires pour la mener à bien.

À ce sujet, il est fréquent qu'on établisse une dichotomie entre : a) les études rapides, qui puisent dans des informations existantes et qui sont d'envergure nationale et peu détaillées et b) des études plus longues et complexes, visant la création d'informations primaires, de portée locale ou micro-régionale et très fouillées. Cette dichotomie prête à confusion, car :

• Un degré poussé de détail n'est pas forcément synonyme de portée réduite ou de création d'informations primaires. On peut, par exemple, réaliser de manière extrêmement détaillée et à partir d'informations provenant de sources secondaires une étude sur la branche d'activité de portée nationale qu'est le séchage du café, pour peu qu'existe dans le pays étudié un Institut du café qui reçoit des rapports détaillés sur les activités des entreprises de la branche.

• Un faible degré de détail n'implique pas forcément une portée géographique étendue ni le recours exclusif à des informations secondaires. Par exemple, une étude basée sur des méthodes de "diagnostic rural rapide" appliquée à des localités où on souhaite obtenir des informations générales et qualitatives sur la pénétration1, l'utilisation et l'approvisionnement en bois de feu fournira une caractérisation préliminaire, non détaillée, locale et reposant sur des données originales.

En bref, il y a trois facteurs en jeu : le niveau de détail souhaité, les sources d'information à utiliser et la couverture géographique ou sectorielle de l'étude. Les différentes combinaisons de ces trois facteurs donneront lieu à différentes sortes d'études. Dans le présent Guide, nous parlerons des lignes générales à suivre pour réaliser des études rapides et des études détaillées, quelle que soient leur portée et les sources d'information utilisées.

Les études rapides

Lorsqu'on dispose de maigres ressources financières et humaines et de peu de temps, il faut opter pour une étude rapide et peu détaillée, quelle que soit sa portée. Dans ce cas, il sera généralement impossible de procéder à de coûteux relevés sur le terrain, mais on pourra toujours recourir à des relevés simplifiés, pour lesquels on fait appel à des informateurs qualifiés, on étudie de petits échantillons ou on évalue seulement quelques variables très significatives (pénétration, consommation, mode d'approvisionnement et autres variables spécifiques définies dans les objectifs de l'étude).

Les études détaillées

Les études plus détaillées sont nécessaires, mais il faudra, pour les réaliser, déterminer soigneusement la valeur des ressources disponibles et le coût de l'étude.

Sachant que l'obtention de données sur le terrain est généralement onéreuse et qu'elle exige énormément de temps et de personnel spécialement préparé, il est nécessaire de procéder à une recherche complète de toute l'information disponible en puisant à toutes les sources d'information et en usant de tous les instruments de collecte, de traitement, d'analyse et de présentation des données, tant secondaires que primaires, déjà existantes.

Nous verrons plus loin et plus en détail, pour chaque variable, les techniques d'obtention des informations par niveau d'approximation choisi (chapitre 2).

1.4.3 La révision des informations existantes

Après avoir défini les objectifs et le champ de l'étude, il est essentiel de procéder à un passage en revue des informations existantes, qui peuvent être documentaires et/ou provenir d'informateurs qualifiés. On peut citer, parmi les aspects à prendre en compte dans cette révision les suivants : étendue géographique de l'utilisation et de l'existence de combustibles ligneux, caractéristiques des consommateurs et des producteurs importants, zones cruciales d'approvisionnement et modèles d'utilisation.

La révision sera aussi utile pour prendre connaissance des études antérieures et pour les mettre en regard avec les objectifs de l'étude, afin d'éviter de réaliser un travail déjà entrepris auparavant et donc de créer des doublons et afin de cerner les "lacunes en matière d'information" qui exigent une attention plus particulière.

Au moment de réaliser une révision, on devra prêter une attention particulière aux variables ou aspects pris en compte dans chacune des études précédentes, afin d'évaluer leur pertinence et leur faculté explicative. Par exemple, si une étude sur la consommation domestique de combustibles ne prend pas en compte le type de foyer ou de fourneau utilisé - alors qu'il en existe plusieurs -, les résultats obtenus ne permettront pas d'expliquer les différences apparaissant entre les consommations spécifiques.

Il est très important de veiller à ce que la révision soit critique et de porter une attention toute particulière aux méthodologies employées, ce qui implique d'évaluer chacune des informations issues d'études précédentes et d'en pondérer le sens et la portée. Par exemple, une étude précédente où on aura déterminé la consommation familiale de bois de chauffe par des mesures directes dans une localité ou une collectivité données aura beaucoup plus de valeur qu'une étude basée sur des estimations indirectes ou sur des déclarations, même si elle est menée à l'échelle régionale ou nationale.

Une fois la révision des informations secondaires achevée, il est conseillé de revoir et/ou de redéfinir les objectifs et la portée de l'étude, car il est possible que certaines des questions de départ aient déjà trouvé une réponse, ou encore parce que certains des objectifs retenus au cours de la phase préliminaire pourraient se révéler inaccessibles ou sans intérêt. On peut citer comme exemple à ce sujet un cas réel : on a réalisé une coûteuse étude sur le terrain pour évaluer la consommation de bois dans l'industrie salinière, pour découvrir en définitive que cette technologie avait été abandonnée dans les années précédentes et que la consommation était devenue insignifiante dans ce domaine. On aurait pu obtenir cette information rapidement et à un moindre coût en consultant quelques informateurs qualifiés, comme par exemple des fournisseurs et des grossistes dans le secteur du sel.

1.4.4 Caractérisation préliminaire du champ d'étude

En se basant sur les informations existantes, il faut réaliser une description succincte des secteurs et des zones géographiques à étudier. Il faut délimiter, pour chaque secteur, les variables générales, c'est-à-dire celles qui définissent les dimensions du secteur, sa distribution spatiale et sa variation temporelle. On obtiendra ces variables générales principalement à partir d'informations issues de recensements, qui devront être vérifiées et complétées par des informateurs qualifiés.

La connaissance de la taille de chaque secteur et de sa distribution géographique est également fondamentale pour une conception judicieuse de la méthodologie qu'on emploiera pour obtenir des informations primaires. Ces éléments sont par ailleurs les attributs de chaque secteur, qui délimiteront l'univers auquel on pourra extrapoler les résultats des échantillonnages. Ce sujet sera traité en détail dans la partie relative aux "variables générales", au chapitre 2.

Il est essentiel de définir la taille du secteur, sa distribution spatiale et son modèle de variation temporelle si on veut pouvoir utiliser des outils de planification comme le système LEAP.

1.4.5 La sélection des variables pertinentes

C'est là une des étapes les plus importantes et les plus difficiles dans une étude : il faut savoir quoi mesurer, quoi observer, quoi enregistrer. Il s'agit de définir l'utilité des variables à étudier, afin de retenir toutes celles qui sont importantes et laisser de côté celles qui sont peu significatives.

Si les intérêts des utilisateurs sur lesquels porte l'étude ont été bien représentés dans la définition des objectifs, le choix des variables qui fourniront les informations intéressantes ne devrait pas présenter de difficultés. Pourtant, il est parfois difficile de trancher entre ce qui est important et ce qui est secondaire. La tendance à intégrer plus de variables qu'il n'en faut pour cerner et expliquer les principaux problèmes et/ou potentialités ou, plus grave encore, à intégrer des variables qui ne seront jamais analysées ou qui ne pourront être mesurées est un défaut commun à beaucoup d'études.

Par exemple, un questionnaire portant sur la consommation domestique rurale en bois de feu comprenait des questions sur l'âge de la maîtresse de maison et sur son niveau d'instruction (données très significatives), à côté d'autres questions relatives au petit élevage (poules, cochons, etc.), qui n'ont que peu de rapports avec la consommation de bois de feu, et d'une question sur "l'efficacité du foyer ou fourneau", qui n'est pas pertinente puisqu'une maîtresse de maison ne peut y répondre.

Il existe un grand nombre de variables ayant trait à la demande, à l'offre et à l'approvisionnement en combustibles ligneux. Nous les analyserons en détail au chapitre 2, où nous examinerons leur pertinence, leur utilité et les façons d'en obtenir des données. Nous n'avons pas la prétention de donner dans ce chapitre des recettes, mais plutôt des bases pour que, dans chaque projet, on sélectionne les variables indispensables, ainsi que d'autres variables revêtant un intérêt particulier compte tenu des objectifs spécifiques du projet.

1.4.6 La conception de l'échantillonnage

Bon nombre des données d'origine seront obtenues par échantillonnage. La définition de leur intensité et de la distribution des unités de l'échantillon est l'objet de la conception de l'échantillonnage. Il faut, pour décider quel sera le volume de données nécessaires, se reporter à la théorie de l'échantillonnage et fixer au préalable la marge d'erreur admissible. Pour veiller à ce que leur qualité soit acceptable, il est fondamental d'appliquer des techniques correctes d'obtention des données. Mais il faut toujours tâcher de maintenir un équilibre entre qualité et quantité des données, en fonction du temps et des ressources disponibles. Nous analyserons ces deux aspects en détail au chapitre 3.

1.4.7 Obtention et vérification des données

Compte tenu que les procédés d'obtention d'informations et de données, outre leur coût important, exigent de disposer d'un personnel spécialement formé, ressource rare dans la plupart des pays en développement, nous souhaitons fournir grâce à ce Guide des recommandations pratiques relatives à l'application de méthodes simples et rapides en vue d'obtenir des données quantitatives, car c'est grâce à ces données qu'on peut affiner les diagnostics et mieux apprécier les différents aspects des problèmes liés à l'usage des combustibles ligneux et le potentiel que recèlent ces sources d'énergie. Ceci ne revient nullement à mésestimer les méthodes qui fournissent des données qualitatives, comme celles de "diagnostic rapide" ou de "diagnostic participatif", qui sont très utiles pour connaître les opinions, les perceptions ou les modèles généraux d'utilisation, de production et d'approvisionnement en combustibles ligneux.

Dans le chapitre 2, nous préciserons les techniques et les méthodes d'obtention de données et nous verrons comment constituer les équipes et se doter du matériel nécessaire, qu'on peut presque toujours se procurer facilement et à un coût modique.

1.4.8 Traitement et analyse des données

L'étape du traitement des données est fastidieuse et on risque, faute d'y mettre suffisamment d'application, de gâcher la qualité des informations obtenues. C'est au cours de cette étape qu'il faut revenir aux objectifs fixés, de sorte de bien cibler l'analyse et d'éviter ainsi de créer une multitude de tableaux ou de graphiques sans rapport direct avec ces objectifs.

Pour les besoins de ce Guide, nous partons du principe que les groupes de travail ont à leur disposition au minimum un microordinateur et les fonctions élémentaires de la suite logicielle MS-Office. Compte tenu de son ample diffusion et de sa facilité d'utilisation pour les informations quantitatives, nous proposons d'utiliser le logiciel MS-Excel pour la saisie, le traitement et l'analyse des données. Nous verrons plus en détail au chapitre 4 les procédés recommandés en la matière.

En outre, une fois que l'information de base sera réunie, on pourra utiliser des outils de planification tels que le système LEAP (importation et exportation de données avec MS-Excel), disponible sous forme de logiciel pour microordinateur.

1.4.9 La présentation des résultats et des conclusions

Les résultats doivent restituer de façon précise, complète et concise les données obtenues, qu'elles proviennent de sources primaires ou secondaires, et spécifier leur taux d'erreur (de mesure ou d'échantillonnage) et leur couverture géographique et sectorielle.

Dans le présent Guide, on considère que, parmi les résultats de l'étude, devra figurer une présentation comprenant la description des bilans de l'offre et de la demande (dans les cas où ces deux aspects seront analysés) et des flux physiques et économiques des combustibles ligneux (dans les cas où il y a approvisionnement commercial), tel qu'il est indiqué au chapitre 5. Dans bien des cas, ces objectifs pourront ne pas figurer dans l'étude ou être considérés comme non réalisables, par exemple quand on ne dispose pas de suffisamment d'informations sur la disponibilité.

Les conclusions doivent se référer de façon directe et non équivoque aux objectifs de l'étude et découler de façon claire des données présentées. Si les données donnent lieu à des conclusions n'ayant pas trait directement aux objectifs de l'étude, il est préférable de présenter ces conclusions à part.

Nous verrons au chapitre 4 les recommandations à suivre pour présenter les résultats et préparer le rapport final.

1 Aussi appelée saturation. Voir la définition en page 51.

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