La FVR est une zoonose très grave et importante. Les pays à risque devraient prendre toutes les mesures possibles pour empêcher lentrée et/ou lapparition de la maladie. Comme avec toutes les maladies animales graves, un programme complet de quarantaine doit être envisagé comme première ligne de défense. Cependant, aucune donnée répertoriée ne montre à ce jour que la FVR a été véhiculée par des déplacements danimaux dun pays ou dune région à lautre. Le déplacement des animaux na pas été associé à de nouveaux foyers de la maladie en Afrique, comme cela a été le cas pour la dermatose nodulaire et de nombreuses autres maladies animales. On a suggéré que la FVR serait entrée en Egypte par le biais de chameaux en provenance du Soudan; si le contraire ne peut pas être prouvé, le niveau très réduit et faible de virémie chez les chameaux, avec un voyage de 12 à 14 jours, rend cela extrêmement improbable. Le déplacement des vecteurs dans les courants dair est un moyen bien répertorié et prouvé de la dissémination dinsectes ravageurs des plantes et de paludisme. Les mouvements des animaux devraient être suivis de près lorsque les animaux sont importés de zones épizootiques connues, et cela devrait avoir lieu uniquement pendant des périodes interépizootiques clairement validées. Les mouvements dinsectes vecteurs dans les courants dair de basse altitude sont incontrôlables et la vigilance est de mise pour suivre les introductions possibles de FVR dans les zones sensibles considérées à haut risque.
Le potentiel des pays dans différentes régions du monde de mettre en uvre des stratégies efficaces pour la FVR varie considérablement.
Il est virtuellement impossible dempêcher que des foyers de FVR ne se vérifient dans les régions dAfrique déjà touchées par le passé. Il est improbable que les contrôles des mouvements de bétail jouent un rôle dans la propagation de la FVR dans les zones enzootiques/épizootiques de lAfrique. Cela est même probablement le cas là où il ny a pas de cycles endémiques dinfection (comme en Egypte). Il est improbable que les programmes de vaccination massive continue du bétail pendant les périodes interépidémiques constituent une proposition économiquement viable. Cependant, il faut prendre en considération la vaccination de routine des animaux de qualité supérieure.
Cela ne signifie pas que rien ne peut être fait. Au contraire, laccent doit être déplacé sur les programmes dalerte précoce (Chapitre 5) pour détecter les premières preuves dune épidémie probable et sur les programmes de réaction rapide (Chapitre 6) afin de pouvoir faire avorter les foyers de la maladie chez le bétail et la population, ou au moins datténuer leurs effets.
De nombreux pays dAfrique subsaharienne se lancent dans des programmes de développement de lélevage et de lagriculture, par le biais desquels ils créent aussi les conditions pour la génération dimmenses populations de moustiques. Cela se produit lorsque les pays introduisent des périmètres améliorés de conservation/utilisation de leau ou opèrent des modifications dans les systèmes de rivières pour permettre plus dirrigation. Les pays devraient être conscients du risque accru de foyers de FVR suite à la création de ces nouveaux habitats extensifs pour les moustiques. Cela a été le cas du périmètre de la Gézireh au Soudan et du barrage du fleuve Sénégal au Sénégal. Il est probable quune activité cryptique de FVR de faible niveau a été présente pour des générations dans ces zones, et quelle samplifie dans des proportions épizootiques si des populations de bétail sensibles sont introduites.
Il existe un important commerce traditionnel du bétail entre les pays de la corne de lAfrique et les pays du Proche-Orient. Un défi majeur consiste à gérer le risque dexpansion de la FVR lié à de telles expéditions de bétail. Les pays importateurs doivent recevoir les assurances de sécurité adéquates en ce qui concerne la FVR, tandis que le commerce de bétail, qui est vital pour les moyens dexistence des pasteurs dans les deux régions, est maintenu autant que possible.
Une planification conjointe et la mise en uvre de programmes par les autorités de santé animale à la fois dans les pays exportateurs et importateurs pourraient y parvenir. Une Consultation dexperts FAO/ PNUD sur lévaluation et la réduction des risques de transmission de la FVR lors des échanges commerciaux entre la corne de lAfrique et la péninsule arabique sest tenue du 15 au 16 mai 2001. La réunion a proposé un cadre daction qui prévoit des activités à entreprendre à la fois par les pays exportateurs et importateurs pendant les périodes dépizooties de FVR, de conditions préépizootiques de FVR et entre les épizooties. Les propositions sont résumées dans le tableau cidessous, préparé par la Consultation dexperts.
Niveau du risque de FVR |
Activité dans le pays exportateur |
Activité dans le pays importateur |
ÉLEVÉ |
Définir létendue de linfection. Assurer un suivi longitudinal de linfection chez les populations de bétail (à savoir surveillance clinique, isolement du virus/anticorps IgM) Déterminer le point auquel lactivité du virus est revenue à des niveaux préépizootiques |
Cesser toutes les importations de bétail en provenance
des régions affectées |
POTENTIELLEMENT |
Accroître le niveau de suivi dans les zones
épizootiques de FVR connues, telles que les plaines dinondation,
par une surveillance clinique des avortements chez le bétail, de maladie
chez les humains et de sérologie chez le bétail |
Accroître la vigilance dans les ports
dentrée |
FAIBLE |
Suivre les troupeaux sentinelles dans les zones à haut
risque (plaines dinondation, etc.) |
Prélèvement régulier déchantillons au hasard sur les animaux destinés à la vente pour les anticorps IgM |
DIRECTIVES RECOMMANDÉES PAR LOIE POUR LIMPORTATION DE RUMINANTS DOMESTIQUES ET SAUVAGES EN PROVENANCE DE PAYS INFECTÉS En cas dimportation en provenance de pays infectés, les administrations vétérinaires devraient requérir pour les ruminants domestiques et sauvages la présentation dun certificat vétérinaire attestant que: 1. les animaux vaccinés
2. les animaux non vaccinés
(Extrait du Code zoosanitaire international de lOIE, 10e édition, 2001, Article 2.1.8.7.) |
La FVR pourrait être introduite dans des pays dautres régions par des déplacements aériens dinsectes vecteurs ou par limportation de ruminants sauvages ou domestiques en provenance de pays infectés, bien que cela ne puisse se produire que si limportation se déroule pendant la courte période dincubation de la maladie. Ladoption des directives recommandées du Code zoosanitaire international de lOIE pour ce type dimportations devrait empêcher cela (voir lencadré p. 29).
Un autre mécanisme possible est de transporter les moustiques ou les personnes infectés par la FVR par des vols internationaux. Ils peuvent sortir des pays endémiques de FVR en lespace de quelques heures. Bien quil existe de nombreux exemples de létablissement de maladies transmises par des vecteurs (par exemple le paludisme) par la fuite dinsectes infectés dans les zones proches des aéroports internationaux, des normes internationales existent pour la désinfection des avions et les programmes déradication des insectes dans les aéroports, qui sont conçues pour empêcher lentrée du virus de la FVR et dautres maladies transmises par des insectes vecteurs. Les personnes infectées par le virus de la FVR peuvent présenter une virémie suffisante pour infecter de nouveau des moustiques piqueurs, si bien quil est théoriquement possible pour un passager aérien débarquant dintroduire la maladie dans un nouveau pays. Par conséquent, la coopération est requise entre les ministères de la santé pour assurer que les procédures correctes de quarantaine humaine soient mises en uvre pour les passagers arrivant dans les aéroports internationaux. Ces procédures prévoient lidentification, lisolement et lhospitalisation de toute personne qui présente des symptômes caractéristiques de la FVR ou de toute autre fièvre hémorragique grave. Les personnes arrivant de pays endémiques devraient également être averties quelles doivent rapidement chercher une assistance médicale si elles tombent malades dans la semaine suivant leur arrivée.