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LE MATÉRIEL FORESTIER DE REPRODUCTION23

par
Marcus Robbins4

INTRODUCTION

Le matériel forestier de reproduction (ou matériel génétique) joue un rôle vital en foresterie. Qu'il soit sexué ou asexué - semences, pollens ou boutures, le matériel forestier de reproduction est le moyen qui permet aux générations précédentes d'arbres et de forêts de produire les générations futures grâce à la régénération naturelle ou artificielle. Il constitue également d'une part le moyen par lequel leur qualité et leur quantité peuvent être maintenues ou améliorées, et d'autre part, la source clé de la biodiversité. La demande de semences, etc., augmente de façon directement proportionnelle avec les programmes de régénération dans le monde. Dans de tels programmes, il est essentiel de démarrer avec le bon matériel de reproduction et de l'utiliser de façon correcte. Cet article examine quelques points et développements essentiels et sert d'introduction au nouveau site Internet de la FAO5 concernant le matériel forestier de reproduction. Ce dernier fournira un cadre pour l'obtention de plus amples informations sur cet important sujet.

SELECTION

Espèces et provenances: En assumant que les objectifs de la régénération d'arbres sont clairs et les utilisations finales connues, la première étape dans l'acquisition d'un matériel génétique approprié est la sélection d'espèces et de provenances qui conviennent. L'approche, la stratégie et les méthodes utilisées dépendront de la connaissance des habitats naturels des espèces potentielles et des essais existants. Partout dans le monde, des pays continuent d'être impliqués dans des études vitales taxonomiques, biologiques et sylviculturales d'espèces et de provenances. De nombreuses études collaborent dans des réseaux à un niveau national, éco-régional, régional et international (par exemple le Programme européen pour les ressources génétiques forestières (EUFORGEN) de l'Institut international des ressources phytogénétiques, la Commission internationale du peuplier (CIP), le Réseau international sur le neem (INN) et le Réseau informel pour le Leucaena (LEUCNET)). La littérature augmente de façon notable sur les espèces individuelles, que ce soit de succinctes fiches de données ou des monographies détaillées (par exemple, celles produites par l'Institut de recherche forestière/CSIRO; le Centre agronomique tropical de recherche et d'enseignement supérieur (CATIE); le Centre de recherche en agroforesterie (ICRAF); le Centre DANIDA de semences forestières (DFSC) et l'Institut forestier d'Oxford (OFI)). Un bon exemple de compilation très utile concernant de telles informations est le Compendium forestier mondial de CAB international (voir CABI dans la bibliographie). Cependant, les essais spécifiques au site confirmant les choix des espèces et des provenances, continuent d'être nécessaires et sont en place.

Les types de matériel: les semences restent le matériel forestier de reproduction de choix. Mais une utilisation importante est également faite du matériel végétatif car de nombreuses espèces tropicales ne produisent que rarement des semences ou sont difficiles à stocker, et par conséquent, les moyens végétatifs restent les seules façons de les propager. Actuellement, les techniques de micropropagation nécessitant des matériels spécialisés, sont développées afin d'appuyer l'amélioration génétique. Le tableau 1 ci-dessous résume les méthodes actuelles et les différents types de matériel.

Tableau 1: Matériel forestier de reproduction clé - types et propagation

CLASSIFICATION ET TERMINOLOGIE
DES TYPES CLES DE MATERIEL FORESTIER DE REPRODUCTION ET DE PROPAGATION

TYPES DE
REPRODUCTION

PROCESSUS INITIAUX

TYPES DE MATERIEL

ETAPES DE DEVELOPPEMENT OU ACTIVITES

ETAPE FINALE

CROISSANCE NATURELLE ET DEVELOPPEMENT

Croissance naturelle et développement des arbres
(c'est-à-dire reproduction interne)

Croissance méristématique>
Différentiation des tissus

Feuilles,
Tiges,
Pousses,
Racines,
Fleurs, etc.

Croissance >
Elongation >
Maturation >
Sénescence >
Mort

Arbre mature (à partir duquel le matériel forestier de reproduction est produit)

UTILISATION DE PRODUITS ET PROCESSUS DE REPRODUCTION SEXUELLE

Régénération naturelle

Floraison >
Pollinisation >
Fertilisation >
Fructification >

Pollen +
Ovule >
Embryon >
Semence

Dissémination >
Germination >
Etablissement naturel

Plant

Semis artificiel direct

Comme ci-dessus

Comme ci-dessus

Collection
Enrobage des semences
Semis / Ensemencement

Plant

Multiplication et régénération artificielle

Floraison (induite) >
Pollinisation (artificielle) >
Fertilisation >
Fructification

Pollen +
Ovule >
Embryon >
Semence

Récolte de semences >
Germination en pépinière>
(Transplantation) >
(Dessouchage)
Plantation

Plant
(Stump)
Jeune arbre

UTILISATION DES PRODUITS ET PROCESSUS DE REPRODUCTION ASEXUEE (VEGETATIVE)

Re-croissance naturelle de plantes existantes

Différentiation >
Croissance des organes végétatifs

Racine, drageon,
Tubercule, etc.

Elongation >
Croissance de la pousse

Pousses

Re-croissance induite artificiellement de plantes existantes

Bouture (recépage) de la tige

Stump d'arbre

Recépage du stump>
Croissance de la pousse

Nouvelles tiges ou branches

Elagage (étêtage) de la couronne

Tronc étêté

Pousses étêtées

Couronne Re-germée

Régénération naturelle de plantes séparées

Développement des parties végétatives

Feuilles,
Pousses,
ou Plantules

Abscission >
Enracinement >
Dissémination >
Etablissement

Plantules racinées

Macro-propagation
(Arbre parent = ortet Descendance= ramet,
les ramets issus du même ortet forment un clone)

Bouture de pousse

Bouture

Plantation >
Enracinement >
(Transplantation)

Boutures racinées
(ramet)

Pousse / bourgeon et Bouture du porte-greffe et préparation

Greffon ou
bourgeon +
Porte-greffe

Greffe/Ecussonnage >
Fusion des tissus >
Croissance

Arbre greffé
Branche greffée

Marcottage de branche

Marcotte

Enracinement >
Séparation>
Plantation

Plante marcottée

Micro-propagation en laboratoire (in-vitro)

Séparation des fascicles
(conifères)

Fascicle

Enracinement >
Plantation

Ramets racinés

Excision de tissu végétal (issu du tissu méristématique)

Explant

Formation de cal > Traitement>
Enracinement /Levée >
Développement
(= Organogenèse)

Plantule
(in-vitro)

Formation de cal/Suspension cellulaire
Traitement >
Embryons somatiques >
Développement embryonnaire
(= Embryogenèse somatique)

Plantule
(in-vitro)

Comme ci-dessus+Enrobage artificiel>
Semences somatiques (artificielles)
Semis >
Germination (comme les semences ci-dessus)

Plantule

ACQUISITION

Une fois que les espèces, provenances et types appropriés ont été déterminés, l'acquisition peut se faire en s'assurant que la qualité (génétique, physique, physiologique) ainsi que la quantité sont appropriées. Il existe de nombreuses étapes et beaucoup de facteurs à considérer, particulièrement si les collectes sont entreprises directement plutôt qu'achetées à un vendeur.

La collecte nécessite que la gestion, la logistique et la biologie de la reproduction soient considérées. Les estimations de la productivité des semences et du moment optimal de collecte sont constamment améliorées car des études sur les espèces fournissent des données, mais il ne s'agit toujours pas d'une science exacte. Les récoltes de semences à partir de grands arbres forestiers continuent d'attirer le côté créatif des personnes travaillant sur les semences et de nombreuses techniques ont été inventées dans un effort de développement des méthodes pour grimper aux arbres qui soient efficaces, rentables et par-dessus tout, sans danger. Les méthodes les plus réussies utilisent les techniques et les équipements d'alpinisme (voir les brochures du DFSC pour avoir des exemples).

Les fournisseurs de semences: le nombre de fournisseurs commerciaux est en augmentation, et bien que beaucoup d'entre eux aient une bonne réputation, la qualité devrait toujours être vérifiée sur des reçus. Plusieurs institutions de recherche ou de développement peuvent fournir du matériel de haute qualité, mais d'habitude, en faibles quantités. Des répertoires de fournisseurs de semences sont disponibles pour guider l'acheteur, comme ceux produits par l'ICRAF (Kindt, R. et al.). Tout matériel reproductif, spécialement le matériel en transfert sur le marché international, devrait être accompagné par des certificats reconnus de qualité génétique et de qualité physique, comme ceux créés par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l'Association internationale d'essais de semences (ISTA). Les certificats phytosanitaires sont obligatoires afin d'assurer le contrôle des nuisibles et des maladies. Un autre document en passe de devenir obligatoire et qui complète la documentation sur la qualité génétique et physiologique des semences, est l'Accord de transfert de matériel (ATM) mentionné ci-dessous.

Manipulation et analyse: cette partie de l'acquisition est critique pour le maintien de la qualité du matériel reproductif. Les activités incluent la réception du matériel au centre des opérations, traitements, essais, stockage, traitement, distribution et de documentation. Une revue complète des questions courantes peut être trouvée dans Edwards (1999).

Le stockage: Les cultures de semences d'arbres étant irrégulières, les besoins de récolte doivent être maximisés durant les bonnes années de semences. La capacité au stockage des semences est traditionnellement classée en deux types. Les semences orthodoxes sont mieux stockées quand elles sont séchées et gardées au frais. Les semences récalcitrantes ont besoin, quant à elles, d'être conservées humides et peuvent ne pas supporter le froid durant le stockage. Une recherche récente indique que ces types constituent les deux extrêmes d'un spectre et que dans la pratique, il existe de nombreux types intermédiaires. Il existe un important travail en collaboration pour améliorer la capacité au stockage des semences les plus récalcitrantes, comme celui, par exemple, réalisé par les Jardins botaniques royaux de Kew et le projet du DFSC-IPGRI sur la manipulation et le stockage des semences d'arbres forestiers tropicaux. L'utilisation de températures ultra-basses pour le stockage (cryopréservation) est en cours de développement pour le matériel de reproduction spécialisé.

Les essais: une bonne connaissance de la qualité physique, physiologique et phytosanitaire des semences est importante pour surveiller la collecte, le traitement, le stockage, la distribution, et pour décider des techniques de propagation dans les pépinières. Les laboratoires de semences (ainsi que les installations de stockage) forment la partie centrale de beaucoup de nouveaux centres dédiés aux semences qui sont établis au niveau national. Les règles et réglementations sont disponibles et elles sont basées sur l'expérience acquise en matière de semences agricoles. Elles sont utilisées pour certifier la qualité des semences. L'ISTA est la source principale d'informations sur les analyses de semences (voir par exemple, Gordon, A.G. et al. 1991).

Le groupe de recherche sur «la physiologie et la technologie des semences» de l'Union internationale des instituts de recherche forestière (IUFRO) fournit une aide efficace en matière d'échange d'informations sur la physiologie des semences d'arbres forestiers et le développement de technologies des semences en matière de reforestation et le reboisement. Voir IUFRO dans la bibliographie.

PROPAGATION

Pépinière: la pépinière constitue de loin la méthode de propagation de nouvelles plantes la plus commune - les semences sont mises à germer afin de fournir des plants et de jeunes plantes qui sont alors plantés sur le terrain. Les informations concernant ces techniques pour de nombreuses espèces sont riches et sont décrites dans les nombreux manuels sur le développement de pépinières. En ce qui concerne la production commerciale, des systèmes de plantes en conteneurs continuent d'être développés. L'importance des microsymbiotes est maintenant bien reconnue.

Régénération sur le terrain: il existe de nombreux exemples où les forêts (ou les matériels de reproduction) sont régénérées ou propagées sur le terrain en dehors des pépinières. La régénération naturelle - de nombreux systèmes sylviculturaux ont été développés pour aider la régénération des forêts tempérées et tropicales. Ils sont affinés au fur et à mesure que l'écologie de reproduction est mieux comprise. Toutefois, comme cela est fréquemment souligné au cours des forums de conservation et de foresterie, bien que les connaissances soient suffisantes pour assurer une gestion réussie, elles doivent cependant être mises en pratique. Les critères et indicateurs de gestion forestière (c'est-à-dire ceux produits par le Centre de recherche forestière internationale, CIFOR) peuvent aider à surveiller les effets des interventions d'aménagement, afin de les améliorer au cours du temps. Un semis direct est parfois approprié et pratiqué pour des cas spéciaux - les DFSC examinent actuellement de telles expériences. La propagation végétative - le matériel végétatif (par exemple, les boutures) peut être directement planté sur le terrain afin de constituer des plantations, des arbres individuels ou des systèmes agroforestiers. Il existe des travaux détaillés concernant l'amélioration de ces méthodes (voir par exemple Longman 1993). Une technique, qui a récemment reçu toute l'attention, est la bio-ingénierie grâce à laquelle des plantes vivantes sont utilisées pour stabiliser ou réhabiliter les sols dégradés ou les eaux contaminées (voir par exemple Howell, J. 1999). Cette technique est différente de l'ingénierie génétique.

Les méthodes avancées de propagation: les techniques de greffe et d'écussonnage sont bien établies pour les vergers semenciers. Les avancées les plus récentes ont été réalisées en matière de micropropagation qui implique la production de plants, à partir de très petites parties de plantes, tissus ou de cellules, développés sous des conditions strictement contrôlées en laboratoire. Le but est de multiplier le matériel à des fins de recherche ou comme première étape d'un grand programme de plantation, afin d'augmenter rapidement le stock génétique désiré. Les techniques développées à partir des cultures tissulaires incluent l'embryogenèse somatique (c'est-à-dire la régénération de structures semblables à l'embryon à partir de suspensions cellulaires de cals). Les jeunes plants sont alors appelés micropropagules. Bien que les procédures aient été développées avec succès pour les feuillus et quelques conifères, le coût reste élevé et il n'est pas toujours certain que les micropropagules se développeront bien sur le terrain. Voir le tableau 1 pour un résumé des méthodes de propagation.

AMELIORATION

Dans son sens le plus large, il existe trois aspects de l'amélioration du matériel forestier de reproduction: conservation des sources, amélioration génétique et production durable.

Conservation: Si les ressources sont considérées de valeur et/ou menacées, ou en danger, une conservation active peut alors prendre deux formes: la conservation in situ vise à conserver la variation génétique là où elle prend son origine dans des peuplements naturels au sein de la gamme d'espèces ou d'écosystèmes. Il existe différents types de zones de conservation définies par les organisations forestières et de conservation, en fonction de leur statut légal, des objectifs et de l'intensité de l'aménagement (voir FAO, DFSC et IPGRI, 2001). L'exploitation forestière et l'abattage entrepris comme composant intégral de la gestion forestière, et ce d'une façon sensible d'un point de vue environnemental (par exemple en accord avec le Code modèle sur les pratiques d'exploitation forestière de la FAO, voir FAO dans la bibliographie), sont compatibles avec, et contribuent à, maintenir la diversité biologique. La conservation ex situ vise à conserver la variation génétique en dehors de la gamme naturelle des espèces, comme les arbres individuels plantés dans les banques clonales ou les peuplements semenciers, ou comme les matériels de reproduction conservés dans des installations de stockage sur le long terme (par exemple, le Projet de banque de semences du millénaire des jardins botaniques royaux, Kew, Royaume-Uni). Les nouvelles méthodes biotechnologiques ont le potentiel de rendre la conservation plus facile pour de plus grandes quantités de variation génétique et sur une plus longue durée.

L'amélioration génétique commence avec la sélection d'espèces et de provenances, à travers la sélection d'individus, jusqu'à l'établissement de zones de production de semences, de vergers semenciers, la sélection et le développement de clones supérieurs et la pollinisation contrôlée à des niveaux variés. L'étape la plus avancée peut incorporer des techniques d'ingénierie génétique. Les différentes méthodes sont résumées dans le tableau 2 ci-dessous.

Tableau 2: Différentes méthodes utilisées en amélioration génétique

Sélection d'espèces

Sélection de la provenance

Sélection d'arbres plus

Etablissement de peuplements semenciers

Plants ou vergers de semences clonales et pollinisation contrôlée

Techniques avancées de reproduction

Ingénierie génétique

En ingénierie génétique, les gènes désirables sont identifiés et introduits, ou alors des chromosomes sont modifiés en utilisant des techniques biochimiques qui enlèvent ou désactivent les gènes contrôlant des traits indésirables ou qui introduisent ceux désirés. Un tel processus produit des organismes génétiquement modifiés (OGM) ou, fréquemment, des espèces transgéniques. Celles-ci sont mentionnées plus loin.

La production durable: des zones de production de semences ou des vergers semenciers continuent d'être établis, mais de nombreuses contraintes biologiques persistent. La floraison et la production de semences d'arbres forestiers sont souvent irrégulières, et jusqu'à présent, des méthodes rentables de stimulation de production de semences, comme celles utilisées en agriculture, n'ont pas été trouvées. Même si la fructification est abondante, la réelle pollinisation peut être pauvre et de nombreuses semences sont alors vides. La période réelle de récolte de semences est importante pour s'assurer que les semences sont à leur pic de maturité physiologique. Neutraliser ces contraintes nécessite une bonne compréhension de la biologie des espèces.

ACCORDS INTERNATIONAUX:

De nombreux accords, politiques, législations et normes ont été développés pour fournir un cadre direct ou indirect au matériel de reproduction forestier et à la façon dont il est utilisé.

La Convention sur la diversité biologique (CDB), un résultat de l'UNCED, reconnaît que les forêts constituent un important dépôt de biodiversité biologique. Elle fait la promotion de la conservation et de l'utilisation durable, du partage équitable des bénéfices, et met en place des mesures désirables de conservation in situ et ex situ. Il existe alors d'importantes implications en matière de gestion forestière, pas seulement à des fins de conservation, mais aussi de disponibilité, de développement et d'utilisation des ressources biologiques, y compris du matériel forestier de reproduction. La Convention reconnaît la souveraineté nationale des pays sur de tels matériels plutôt que de constituer un héritage commun, mais elle en appelle aux pays, principalement via des accords bilatéraux, pour faciliter l'accès au matériel pour une utilisation saine d'un point de vue environnemental par les autres. Les implications pratiques d'un tel accès et d'un partage des bénéfices, sont le sujet d'un dialogue continu et d'études dans des forums variés et programmes de travail (voir la CDB dans la bibliographie et l'encadré sur la CoP 6 dans ce numéro de Ressources Génétiques Forestières).

La «Déclaration de principes, non juridiquement contraignante mais faisant autorité, pour un consensus mondial sur la gestion et le développement durable de tous les types de forêts» (Déclaration des principes forestiers) - un autre résultat de l'UNCED, reconnaît l'importance du matériel génétique forestier quand elle affirme (dans la section 4) «Le rôle vital de tous les types de forêt ... comme des riches dépôts de biodiversité et de ressources biologiques et des sources de matériel génétique pour les produits biotechnologiques...»

Le Traité international obligatoire légalement sur les ressources génétiques végétales pour l'alimentation et l'agriculture (ITPGR) a été adopté par la Conférence de la FAO en novembre 2001. Ses objectifs sont «la conservation et l'utilisation durable des ressources génétiques végétales pour l'alimentation et l'agriculture et le partage juste et équitable des bénéfices provenant de leur utilisation en harmonie avec la Convention sur la diversité biologique, pour une agriculture durable et une sécurité alimentaire» (Articles 5 et 6) (voir l'encadré à part dans ce numéro de Ressources Génétiques Forestières (RGF)).

Les accords de transfert de matériel (ATM) sont destinés à spécifier la gamme des conditions qui doit être appliquée concernant l'accès et le partage des bénéfices par toute personne, ou organisation, désirant utiliser les ressources génétiques: objectif d'accès, facilitation, documentation, droits de propriété intellectuelle, disponibilité future et législation nationale. En foresterie, les ATM existent, depuis un certain nombre d'années sous une forme ou sous une autre, afin de couvrir le matériel forestier de reproduction et ils sont actuellement utilisés sur une base multi- ou bilatérale par de nombreuses institutions telles que le CSIRO, le CATIE, l'ICRAF, l'OFI, les DFSC et le Projet de banque de semences du millénaire des Jardins botaniques royaux de Kew, Royaume-Uni (voir l'article dans ce numéro de RGF).

Le système de l'OCDE pour la certification du matériel forestier de reproduction en déplacement sur le marché international - s'intéresse à la certification de la qualité génétique du matériel reproductif et il existe depuis de nombreuses années. Le système définit quatre grandes catégories de matériel forestier de reproduction: (1) le matériel dont la source est identifiée, (2) le matériel sélectionné, (3) le matériel qualifié et (4) le matériel testé. Il définit également sept types de matériel de base: (1) la source de semences, (2) le peuplement, (3) la plantation semencière, (4) le verger semencier, (5) les parents des familles, (6) les clones et (7) le mélange clonal. Ces catégories et types sont utilisés pour définir les quatorze combinaisons autorisées pour la certification. Voir Nanson (2001) pour une vue générale du nouveau schéma. La Directive de l'Union européenne EU EC 105/99 concernant la vente du matériel forestier de reproduction est harmonisée avec le schéma de l'OCDE, et elle entre en vigueur le 1er janvier 2003 dans tous les pays européens (voir l'article dans ce numéro de RGF).

Les règles et réglementations de l'ISTA. Les laboratoires d'essais de semences accrédités par l'ISTA peuvent délivrer des certificats reconnus internationalement de la qualité physique et physiologique des semences. Les règles et réglementations définissent les conditions et tolérances nécessaires pour les essais, par exemple du poids des semences, pureté, contenu d'humidité, germination et de la vigueur. L'ISTA continue de développer des règles et des procédures pour les semences d'arbres.

QUELQUES ENJEUX

Un certain nombre de questions sont récemment apparues dans le domaine des matériels forestiers de reproduction à un niveau national ou international. Celles qui auront probablement un impact incluent:

Propriété du matériel forestier de reproduction: bioprospection

La Convention sur la diversité biologique et les initiatives consécutives soulignent l'importance d'avoir une bonne compréhension de la propriété de la biodiversité, ce qui inclut également le matériel forestier de reproduction. Une revue des principales questions a été réalisée par Midgley et Boland (1998). L'importance est maintenant accordée à l'élaboration des Accords de transfert de matériel (ATM) qui spécifient les termes et conditions de l'accès et du partage des bénéfices. La bioprospection est un terme relativement nouveau qui décrit la recherche de ressources naturelles génétiques et biochimiques de valeur économique.

Introduction d'espèces: plantes envahissantes étrangères

Quelques espèces introduites (étrangères ou exotiques) ont souvent été une réussite car elles ont été sélectionnées à partir d'une large gamme de traits forestiers désirables (par exemple la croissance rapide), ce qui fut alors attendu à partir des espèces locales (natives ou indigènes). Dans la majorité des cas, les espèces introduites sont fréquemment d'une grande valeur économique, environnementale et sociale et parfois, elles aident à rendre les économies nationales ou locales durables. Elles sont alors acceptables ou désirables. Toutefois, de telles espèces peuvent également être une source d'inquiétudes quand le contexte de leur utilisation et de leur gestion n'est pas suffisamment considéré. Ceci a eu pour conséquences que les espèces exotiques sont mal nommées et sont rejetées pour des raisons environnementales et culturelles réelles ou perçues, qui sont ou ne sont pas justifiées (voir l'article dans ce numéro de RGF concernant l'étude de cas sur les espèces envahissantes d'arbres forestiers exotiques en Afrique du Sud). «Envahissante», et plus spécialement «Envahissante étrangère», constitue maintenant un enjeu politique ainsi que technique. Une plus grande importance est accordée aux études, essais et utilisations des espèces indigènes dans les programmes de plantation. Plus généralement, le déplacement de semences et de plantes, ainsi que le commerce international et les voyages en constante augmentation, mènent à des risques accrus d'introduction de nuisibles, insectes, maladies ou microorganismes, dans de nouvelles zones avec parfois des implications fatales pour les écosystèmes existants. Ces questions font partie des problèmes qui intéressent le concept de bio-sécurité, qui englobe tous les cadres politiques et réglementaires afin de gérer les risques associés à l'alimentation et l'agriculture, y compris ceux forestiers (voir l'encadré dans ce numéro de RGF).

Modification des génotypes: ingénierie génétique et organismes génétiquement modifiés

L'ingénierie génétique est utilisée de façon extensive pour quelques cultures agricoles importantes. La FAO a noté que la modification génétique a un potentiel considérable, toutefois, elle n'est pas un bien en elle-même, mais un outil qui doit être intégré dans un ordre du jour de recherche plus large (voir la note sur les recommandations par le groupe d'experts des ressources génétiques forestières de la FAO dans ce numéro de RGF). En foresterie, la modification génétique est testée en utilisant des techniques telles que celle de l'ADN recombinant et du transfert de gènes asexués, afin d'introduire les herbicides et la résistance aux pestes ou pour réduire ou modifier le contenu de lignine du bois. Des expérimentations ont été entreprises sur plusieurs espèces, mais elles sont plus avancées pour le peuplier, le pin et l'eucalyptus. La FAO est en train de lancer une étude sur l'étendue de la modification génétique des arbres forestiers, dont les résultats devraient être disponibles dans le prochain numéro de Ressources Génétiques Forestières. Une liste du pour et du contre de l'ingénierie génétique, dans le contexte de la certification, est donné dans Strauss et al (2001). Voir également la FAO dans la bibliographie.

CONCLUSION

Cet article a mis en lumière quelques enjeux concernant le matériel forestier de reproduction. Du fait de l'importance centrale des semences et autres matériels, des projets et des programmes ont été mis en place pour assurer la fourniture à travers le renforcement institutionnel et des capacités. De nombreux centres nationaux de semences ont été établis dans quelques zones et ils sont en relation les uns des autres grâce à des centres régionaux (par exemple, dans les régions SADC, ASEAN et l'Amérique centrale). De nombreux centres furent un succès, bien que la durabilité constitue parfois un sujet de préoccupation. Il existe de nombreuses opportunités dans un tel développement pour incorporer les approches participatives de l'aménagement et du développement communautaire, et ainsi appuyer une compréhension accrue, un partage des bénéfices, et le maintien de l'accès au matériel forestier de reproduction.

Du fait du rôle vital du matériel de reproduction dans la régénération des forêts et des arbres, la FAO a créé un nouveau site Internet visant à fournir à une variété de parties prenantes, une vue générale des techniques et enjeux, ainsi qu'un guide pratique des sources de futures informations. Cet article est basé sur une partie de ce qui apparaîtra sur le site Internet (et éventuellement dans sa version imprimée). Nous espérons que vous le trouverez utile et attendons vos commentaires afin de l'améliorer.

BIBLIOGRAPHIE:

CABI (CAB International) - pour de plus amples informations sur le Compendium forestier mondial, visitez le site Internet: http://tree.cabweb.org/Compendium/compenfrm.asp

CDB (Convention sur la diversité biologique) pour le texte complet, voir la page sur le site Internet concernant la CDB: http://www.biodiv.org/convention/articles.asp

CIFOR (Centre de recherche forestière Internationale) Critères et indicateurs. Pour les informations, visitez le site Internet http://www.cifor.cgiar.org/ 

DFSC (Centre Danida de semences forestières). Pour les détails complets des titres des publications, de nombreux sont disponibles en ligne, visitez le site Internet: http://www.dfsc.org

Edwards, D.G.W. Compiler. 1999. Forest Tree Seeds at the End of the 20th Century: Major Accomplishments and Needs. A State of the Knowledge Report on Forest Tree Seeds. IUFRO Unit 2.09.00 La physiologie et la technologie des semences disponibles en ligne à: http://iufro.boku.ac.at/iufro/iufronet/d2/wu20900/skr20900.htm

FAO:

Le Code modèle sur les pratiques d'exploitation forestière peut être trouvé sur le site Internet suivant:
http://www.fao.org/forestry/include/frames/english.asp?section=http://www.fao.org/docrep/v6530e/v6530e00.htm

Pour les articles sur la biotechnologie et les cultures génétiquement modifiées, voir les sites Internet suivants: http://www.fao.org/ag/magazine/0111sp.htm

Pour les références sur la biotechnologie en foresterie, aller à la rubrique sur la biotechnologie sur le site Internet de Ressources Forestières Génétiques:
http://www.fao.org/forestry/FOR/FORM/FOGENRES/homepage/fogene-e.stm

http://www.fao.org/biotech/sector5.asp?lang=en

FAO, DFSC & IPGRI. 2001. Forest genetic resources, Conservation and management: In natural forests and protected areas (in situ). IPGRI, Rome. 90 pp.

Gordon, Dr.A.G.; Gosling, Dr.P. & Wang, Dr B.P.S. 1991. ISTA Handbook of Tree and Shrub Seed Testing, International Seed Testing Association (ISTA)

Howell, J. 1999. Roadside Bio-engineering: a reference manual, His Majesty's Government of Nepal.

ITPGR (Traité international sur les ressources génétiques végétales) pour le texte complet sur le traité, voir le site Internet: http://www.fao.org/ag/cgrfa

IUFRO (Union internationale des instituts de recherche forestière) Groupe de recherche sur la physiologie et technologie des semences. Unit 2.09.00. Pour de plus amples informations, visitez le site Internet:http://iufro.boku.ac.at/iufro/iufronet/d2/hp20900.htm

Kindt, R.; Salim, A.S.; et al. Tree Seed Suppliers Directory: Publié par l'ICRAF (Centre International de recherche en agroforesterie). Peut être consulté en ligne à:http://www.worldagroforestrycentre.org/Sites/TreeDBS/TSSD/treessd.htm

Longman, K.A. 1993 - 95 Tropical Trees: Propagation and Planting Manuals Vol 1-5, Commonwealth Science Council.

Midgley, S. & Boland D. 1998. Influences on the international exchange of forest genetic resources - An Australian Perspective. In Forest Genetics and Sustainability, edited by Csaba Mátyás,November 1999. 300 pp.

Nanson, A. 2001. The new OECD (Organisation for Economic Co-operation and Development) Scheme for the Certification of Forest Reproductive Materials, Silvae Genetica 50: 5-6.

Strauss, S.H.; Coventry, P.; Campbell, M.M.; Pryor, N.R.; Burley, J. 2001 Certification of genetically modified forest plantations. International Forestry Review 3(2):87-104.


2 Reçu en juillet 2002. Langue d'origine: anglais.
3 Cet article a été écrit au cours de la consultance de Marcus Robbins à la FAO, où il a également développé un site Internet fournissant des informations sur les semences forestières et les matériels génétiques.
4 Consultant forestier indépendant, 119 Harefields, Oxford, OX2 8NR, Royaume-Uni; Email: [email protected]
5
http://www.fao.org/FORESTRY/FOR/FORM/FOGENRES/homepage/fogene-e.stm


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