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HONDURAS[33]


1 INTRODUCTION

Le Honduras est riche en terres agricoles, en forêts et en ressources marines. Son territoire, d’environ 11,2 millions d’hectares est pour l’essentiel montagneux et couvert de forêts. Selon les estimations, les terres arables couvrent 1,8 millions d’hectares et les pâturages plus de 2,5 millions d’hectares (Banque mondiale, 2001). L’irrigation est relativement peu développée et seulement 15 pour cent des terres irrigables, ont été aménagées. Le Honduras arrive en deuxième position dans la région, pour ce qui est des disponibilités en terres arables, par rapport à la population (environ 0,28 ha par habitant). Il dispose de zones de pêches productives et de ressources côtières dans deux océans, et de ce fait il est le deuxième pays exportateur de crevettes d’Amérique latine.

La côte Nord est très fertile et son climat tropical convient parfaitement à la culture des bananes, de la canne à sucre, de palmiers (huile) et des fruits tropicaux. Le sud, qui bénéficie aussi d’un climat tropical, et connaît régulièrement des périodes de sécheresse est axé sur la production de sucre de canne, de sorgho, de melons. Il se consacre aussi à l’élevage et à la culture de crevettes. Les régions du centre, plus montagneuses et tempérées sont adaptées à la production de café, de bois, de céréales et de bétail.

Au Honduras, le secteur agricole présente de bonnes potentialités pour un développement régulier et significatif: (1) une grande variété de microclimats permet de produire une grande variété de produits, notamment pour les fruits et légumes; (2) la proximité des marchés de divers pays développés; (3) des technologies de production éprouvées permettant d’obtenir des rendements plus élevés que les moyennes nationales courantes pour toutes les cultures; et (4) une quantité considérable de terrains est sous-utilisée et affectée par exemple à la culture traditionnelle du blé et à des opérations d’élevage extensive sur des pâturages naturels. La principale possibilité de développement du secteur tient à la capacité d’affecter d’importantes superficies actuellement consacrées à des cultures peu rentables à des cultures plus rémunératrices. Cela a eu lieu pour un grand nombre de cultures d’exportation, non traditionnelles.

1.1 Production agricole

La part de l’agriculture dans le PIB a fortement baissé, passant de 21,6 pour cent à la fin des années 80, à 17 pour cent à la fin des années 90. Ce déclin s’explique principalement du fait de la tendance négative des cours mondiaux des produits agricoles qui à l’intérieur des pays se sont traduits par une production de faible valeur et par l’incidence de l’ouragan Mitch sur la production au cours des trois dernières années. Dernièrement le secteur manufacturier a occupé une part plus importante que le secteur agricole dans le PIB. Lorsque la transformation des produits agricoles et les activités de commercialisation sont ajoutées, le secteur agricole élargi représente environ 40 pour cent du PIB.

Quatre lignes de production continuent de représenter environ 60 pour cent de la valeur de la production agricole: le café (26 pour cent), la viande bovine et les produits laitiers (19 pour cent), les produits forestiers (8 pour cent et les bananes (7 pour cent). La production de bananes a reculé depuis le début des années 90, mais l’ouragan Mitch, l’a fortement entravé car les plantations de bananes de la côte nord ont été ravagées. La production de maïs, ainsi que les autres principaux produits de base (sorgho, haricots et riz) représentent actuellement environ 9 pour cent de la valeur de la production agricole, soit une part nettement inférieure aux résultats pour la période 1988-1990. On peut également citer d’autres cultures importantes comme les ananas, les plantains, le tabac, les melons les agrumes et les pommes de terres. Le coton avait une place importante, mais il n’est plus cultivé, en raison à la fois de la chute des cours sur le marché mondial, et des coûts élevés de la lutte contre les parasites.

Les informations disponibles sur l’apport de main d’œuvre, pour chaque activité agricole indique, par exemple, que les melons nécessitent cinq fois plus de main d’œuvre et procurent des revenus cinq fois supérieurs par hectare que le maïs. Les bananes et le café créent environ trois fois plus d’emplois par hectare que le maïs qui à son tour en créé environ deux fois plus que l’élevage bovin et laitier. Le passage à des cultures d’exportation la main d’œuvre par hectare de mais et le maïs environ deux fois celui de l’élevage bovin et laitier. Le passage à des cultures d’exportation (exception faite de l’élevage) au détriment des céréales de base entraînerait une hausse des emplois et des revenus par hectare.

1.2 Exportations et importations agricoles

Le Honduras a réussi a diversifier ses exportations. Actuellement les exportations agricoles créent moins de 50 pour cent des exportations totales, et enregistrent donc un recul par rapport à la part de 80 pour cent, enregistrée à la fin des années 80. Les principaux produits d’exportation agricole sont: le café (47 pour cent), les crevettes (21 pour cent), les bananes (11 pour cent), les melons (7 pour cent), les langoustes (6 pour cent), et les ananas (3 pour cent). De nouveaux secteurs d’exportation prometteurs ont vu le jour au cours de la dernière décennie, comme les cigares, les meubles en bois et les légumes frais et transformés.

Les importations agricoles sont encore diversifiées, mais leur part, dans les importations totales, a considérablement progressé. De 1988 à 1990, elles représentaient environ 10 pour cent; elles dépassent maintenant 15 pour cent. Les principales importations alimentaires sont le blé (9 pour cent); les produits laitiers (6 pour cent); le riz (5 pour cent); les céréales pour le petit déjeuner (4 pour cent); le maïs (4 pour cent) et les volailles (4 pour cent). Les principaux intrants importés, d’origine agricole, sont le tabac vert (7 pour cent) pour l’industrie des cigares et les tourteaux de soja (5 pour cent) pour la production de volaille.

1.3 Évolution des politiques commerciales

Le Honduras a commencé à libéraliser ses échanges extérieurs en 1990, et à mettre l’accent sur les activités d’exportation durables, comme part de son programme de développement global, après une décennie au cours de laquelle la croissance économique avait été lente[34]. Les vielles stratégies de développement reposant sur les politiques de substitution des importations et les intervention des pouvoirs publics ont été remplacées par un programme économique d’ensemble qui comportait 1) des réductions tarifaires dans un créneau de 5 à 20 pour cent, l’élimination des barrières non tarifaires et des franchises d’importation; 2) la libéralisation des échanges agricoles en supprimant les contrôles des prix et les garanties; 3) la libéralisation du taux de change grâce au flottement du lempira; 4) une amélioration du cadre juridique afin de protéger les droits de propriété; et 5) la libéralisation des marchés financiers, qui a supprimé le contrôle des taux d’intérêt (Banque mondiale, 1994). Le programme de réforme a subi un certain relâchement en 1993, année d’élection présidentielle, et ce retour en arrière a provoqué un net accroissement du déficit public et du déséquilibre des échanges, a accéléré l’inflation et renforcé? les contrôles des changes.

Après 1994, les résultats macroéconomiques se sont progressivement améliorés, mais l’engagement des pouvoirs publics, vers la libéralisation des échanges, s’est estompé. Les principaux indicateurs macroéconomiques ont enregistré des progrès évidents: un accroissement de la croissance du PIB, une réduction importante de l’inflation, une augmentation des réserves internationales et des finances publiques plus solides[35]. Toutefois, le déséquilibre des échanges s’est consolidé, les taux d’intérêt réels ont augmenté et le taux de change réel a progressé régulièrement. Les résultats de ces variables s’explique du fait de l’afflux de capitaux, après le passage de l’ouragan Mitch, sous la forme d’une augmentation des transferts en provenance des émigrants du Honduras aux États-Unis et par les transferts effectués par des donateurs pour contribuer aux efforts de reconstruction. L’abondance relative de dollars a fait baisser son prix réel, en devise nationale et a rendu les importations moins chères. La Banque centrale a acheté en grande partie ces dollars et pour atténuer leur incidence sur l’offre de devise nationale, a vendu des certificats d’épargne, en monnaie nationale, en exerçant une pression à la hausse sur les taux d’intérêts dans le système bancaire. Ces deux facteurs ont eu un effet sur la compétitivité des exportations et des produits faisant concurrence aux importations.

Bien que la législation commerciale, n’ait pas fait explicitement machine arrière, le recours occasionnel à des barrières non tarifaires pour décourager les importations de produits agricoles concurrentiels, a créé une méfiance vis-à-vis de la libéralisation des échanges, freinant les transactions commerciales et les investissements. Toutefois, le Honduras continue néanmoins à être un membre actif du marché commun de l’Amérique centrale. Par ailleurs il a adopté la décision régionale, afin de réduire davantage ses TEC (fourchette de droits allant de 1 à 15 pour cent), et il est en train de la mettre en place.

Le Honduras est un membre fondateur de l’OMC et il bénéficie d’un traitement spécial et différencié réservé aux pays en développement, dans l’Accord. En tant que pays ayant un revenu par habitant inférieur à 1000 dollars, il est autorisé à poursuivre l’application des subventions à l’exportation, selon les conditions spécifiées à l’annexe VII de l’Accord sur les subventions et les mesures compensatoires. Au niveau bilatéral, le Honduras a négocié au cours des cinq dernières années, avec certains de ses partenaires régionaux, des accords de libre échange (avec le Mexique, la République dominicaine et le Chili). Le Honduras est aussi l’un des bénéficiaires des concessions tarifaires unilatérales que les États-Unis ont octroyé par l’intermédiaire de l ‘Initiative concernant le bassin des Caraïbes. Les principaux bénéficiaires de ce système sont les exportateurs de café mais les exportateurs de bananes, de zinc, de cigares et de meubles en bois en ont aussi profité, même si chacun de ces produits représente moins de 5 pour cent de la valeur totale des produits échangés, à la fin du premier trimestre de l’an 2000[36].

Les résultats économiques généraux susmentionnés ont été obtenus alors que sévissait l’ouragan Mitch, en 1998, et que des pluies diluviennes, s’abattaient sur le pays en 1999, ce qui a encore aggravé une situation complexe. Bien que la reconstruction ait eu lieu à un rythme plus rapide que prévu, plusieurs années seront encore nécessaires pour rétablir l’infrastructure du pays et la capacité productive.


[33] Étude préparée pour la FAO par Julio Paz Cafferata, Consultant, Service des politiques et des projections concernant les produits, Division des produits et du commerce international, FAO.
[34] La réforme commerciale a été lancée par le biais du Macroeconomic Policy Reform Law, en mars 1990.
[35] Le PIB a progressé au taux moyen annuel de 4,5 pour cent de 1994 à 1997; après quoi cette tendance a été interrompue par l’ouragan Mitch. L’inflation a chuté de 21,7 pour cent en 1994 à 11 pour cent en l’an 2000. Les réserves internationales ont augmenté passant de 205 millions de dollars E.-U. à 1 248 millions de dollars E.-U. Le déficit budgétaire, sans compter les transferts internationaux, a chute de plus de 8 poru cent du PIB en 1993-1994 à 3,3 pour cent en l’an 2000.
[36] Voir Boye et Lord (2001).

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