3.  MISE AU POINT DU PROCESSUS

Avant de commencer une évaluation des risques, on définit ses objectifs et sa portée (formulation du problème), mais il peut être utile de les revoir lors de la mise au point de la phase de caractérisation des dangers. Sur la base des informations acquises durant les travaux précédents, il peut par exemple être nécessaire de mieux préciser la portée initialement définie. Cet affinement doit souvent être fait en consultation avec les gestionnaires des risques pour s'assurer que les modifications de la portée ne compromettront pas l'utilité des résultats finals.

Un stade de planification systématique est nécessaire pour définir le contexte, l'objet, la portée et l'objectif central de l'opération. Les évaluateurs des risques examineront les caractéristiques du pathogène, de l'hôte et de la matrice alimentaire et hydrique (Figure 3).

Figure 3.  Le triangle épidémiologique (modifié d'après Coleman et Marks, 1998)

La liste de questions ci-après est fournie pour aider à structurer ou à mieux énoncer le problème que l'on entend étudier:

• Quelles sont les caractéristiques du pathogène qui ont une incidence sur son aptitude à causer une maladie chez l'hôte (exemple: infectivité, pathogénicité, virulence)?
• Quels sont les effets adverses sur la santé qui peuvent être associés à une exposition au pathogène (depuis les symptômes bénins et les maladies autolimitantes, jusqu'aux maladies potentiellement mortelles)?
• Qui est sensible à l'infection (individu/sous-population/population)?
• Quelles sont les caractéristiques de la population exposée qui pourraient avoir une incidence sur sa sensibilité (âge, état immunitaire, maladie concurrente, traitement médical, patrimoine génétique, grossesse, état nutritionnel, statut social, caractéristiques comportementales)?
• Avec quelle fréquence l'infection donne-t-elle lieu à une maladie clinique?
• Quelles sont les conséquences à court et à long terme (morbidité, mortalité, séquelles, années de vie perdues, dégradation de la qualité de vie)?
• Quelles sont les principales voies de transmission?
• En quoi la réaction de l'organisme au stress environnemental (chaleur, dessèchement, pH, etc.) affecte-t-elle son aptitude à causer des infections ou des maladies?
• Comment la matrice (alimentaire ou hydrique) affecte-t-elle la capacité de l'organisme à causer des infections ou des maladies?
• Est-on en présence d'expositions multiples indépendantes ou plus probablement d'une réaction immunitaire d'une forme quelconque?

En plus des paramètres ci-dessus, il peut être approprié d'inclure une étude de certaines stratégies de prévention ou/et de protection possibles, comme la vaccination d'une population contre l'hépatite A ou la fièvre typhoïde.

Il convient de répondre à ces questions avant de commencer la caractérisation des dangers, afin de la structurer. Elles seront formulées au mieux après un processus de communication entre les évaluateurs et les utilisateurs des résultats de la caractérisation des dangers (qui sont les gestionnaires des risques). Ces questions orienteront la collecte, l'interclassement et l'évaluation des informations et des données disponibles. Elles serviront aussi à identifier les lacunes des données et les éléments d'incertitude, et fourniront au gestionnaire des risques des prévisions réalistes du résultat de la caractérisation des dangers. Les réponses données devraient renforcer la connaissance du pathogène et de la maladie et permettre d'identifier les domaines nécessitant des recherches plus poussées.

Une phase d'enquête préliminaire peut être nécessaire pour définir un modèle des risques. Dans cette phase, les éléments de preuve qualitatifs et/ou quantitatifs sont structurés par rapport au cadre global de l'évaluation des risques, et utilisés pour cartographier le modèle de risque. Ces études permettent de déterminer si des données disponibles sont suffisantes pour répondre à la (aux) question(s) de l'évaluation des risques et si elles déboucheront sur une recommandation d'effectuer une évaluation qualitative, ou quantitative, une analyse des lacunes des données, ou de répondre à une question différente, avec les données disponibles.