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OBSTACLES AU DEVELOPPEMENT DES PRODUITS POTENTIELLEMENT COMPETITIFS


91. En réalité, la productivité et l'efficacité des producteurs ne sont pas les seuls composants de la compétitivité. La compétitivité est essentiellement déterminée par la qualité de l'environnement national global qu'il incombe aux gouvernements de créer[2]. On peut en partie évaluer la compétitivité d'un pays en examinant comment un gouvernement organise le jeu des acteurs nationaux (par le biais des finances publiques, des politiques fiscales, du cadre institutionnel et de la législation sectorielle). Il est également primordial d'évaluer dans quelle mesure les ressources de base technologiques, scientifiques et humaines répondent aux besoins des producteurs. Les caractéristiques sociales d'un pays, y compris l'histoire, les systèmes de valeur et les traditions, contribuent à sa capacité à soutenir la concurrence dans le contexte des exigences économiques grandissantes des marchés mondiaux. Sur cette base, la section suivante décrit brièvement les principales caractéristiques des conditions économiques, sociales et politiques dans lesquelles les agriculteurs africains exercent leurs activités de production et de commerce aujourd'hui.

CONDITIONS ECONOMIQUES, SOCIALES ET INSTITUTIONNELLES GENERALES

Conditions économiques

92. En Afrique, l'insuffisance de la production agricole et la tendance stagnante de la productivité se sont traduites par des résultats décevants à l'exportation, par une augmentation de pénuries alimentaires et par une hausse des importations et de l'aide alimentaire. La part de l'Afrique dans le commerce mondial a accusé un net recul, passant de 3,1 pour cent dans les années 50 à 1,2 pour cent dans les années 90, au profit de régions en développement, comme l'Asie. Dans les années 60, la région assurait 10,8 pour cent des exportations agricoles mondiales et 4,3 pour cent des importations agricoles. Dans les années 90, ces chiffres ont été ramenés à 3,4 pour cent et 4,5 pour cent respectivement.

93. En Afrique, l'agriculture représente 24 pour cent du produit intérieur brut, 70 pour cent des emplois du continent et 40 pour cent de ses recettes en devises. En 2000, environ 56 pour cent de la population africaine (soit 431 millions de personnes) tirait un revenu de l'agriculture. Malgré l'importance de l'agriculture pour la majeure partie des économies africaines, le secteur continue à être fortement tributaire des aléas du climat, de technologies obsolètes et inefficaces, et d'une main d'œuvre pauvre et illettrée qui supporte, dans certains pays, le fardeau des troubles intérieurs et de la maladie.

94. L'Afrique est la seule région du monde en développement dont la production alimentaire moyenne, par habitant, a baissé au cours des 40 dernières années. Des périodes de sécheresse récurrentes et de plus en plus fréquentes, suivies par de longues alternances de sécheresses et d'inondations, ont réduit l'optimisme et remis en cause l'espoir d'accroître les rendements agricoles de manière durable et de garantir la régularité des approvisionnements alimentaires (notamment en céréales). L'élevage, qui est une composante importante du système agricole africain, n'a pas donné les résultats attendus, en dépit des efforts considérables déployés par certains pays pour améliorer la production animale. Les revenus tirés de l'élevage sont extrêmement faibles. Ainsi, au Burkina Faso, le poids de viande nette pour une carcasse de bovin est, en moyenne et au niveau national, inférieur à 110 kg, contre 300 kg en Europe. La production de lait est insuffisante pour répondre à la hausse de la demande locale et les importations ont été multipliées par six depuis 1996.

95. D'après les estimations de la FAO, l'insécurité alimentaire, mesurée d'après la proportion de personnes souffrant de malnutrition, était supérieure à 20 pour cent dans quelques pays seulement et dépassait 40 pour cent dans 17 pays sur 45. Selon de récentes évaluations de la FAO (1998-2000), 33 pour cent de la population africaine serait victime de la faim, contre 17 pour cent en Asie et dans le Pacifique, 11 pour cent en Amérique latine, 7 pour cent dans les Caraïbes, 9 pour cent au Proche-Orient et 7 pour cent en Afrique du Nord. Le nombre d'enfants sous-alimentés a doublé depuis 1970. La vaste majorité des populations déshéritées et sous-alimentées (environ 70 pour cent) vivent dans les campagnes. Le pourcentage des personnes sous-alimentées dans l'Afrique subsaharienne devrait diminuer et se chiffrer à 22 pour cent d'ici 2015, mais leur nombre risque en fait d'augmenter en valeur absolue (de 180 millions en 1995-1997 à 184 millions). D'après les données relatives à la pauvreté, à l'inégalité, à la vulnérabilité et au chômage, environ la moitié des habitants de l'Afrique (quelque 300 millions) vivent avec moins d'un dollar par jour et ne peuvent donc s'alimenter correctement (évaluation fondée sur le seuil de pauvreté international défini par la Banque mondiale).

96. Les crises et les conflits locaux ont une incidence significative sur le potentiel compétitif de production et d'exportation d'un pays. Or environ 20 pour cent de la population africaine vit dans des pays ravagés par des guerres civiles ou des troubles intérieurs, et l'on compte quatre millions de réfugiés africains. Depuis la décolonisation, de nombreux pays ont des difficultés à se développer sur le plan économique et social, malgré la richesse considérable de leurs ressources naturelles.

Conditions sociales

97. Le faible niveau de développement social que l'on observe en général en Afrique entrave le développement de l'agriculture. La faim, la mortalité infantile et une courte espérance de vie ont fortement grevé le taux de croissance économique de la région. Le nombre d'enfants inscrits à l'école primaire en Afrique a stagné à des niveaux inférieurs d'il y a 20 ans.

98. La santé publique est également une question préoccupante et coûteuse sur le plan tant social qu'économique. Le manque d'accès à l'eau potable continue à être l'un des principaux dangers sanitaires dans les zones rurales de l'Afrique. La gravité de la pandémie du VIH/SIDA a des effets dramatiques sur la productivité du travail[3], accroît les dépenses de santé, affaiblit les capacités humaines présentes et futures dans toutes les domaines et en fin de compte, compromet la croissance économique. Pour répondre aux demandes des populations rurales victimes de la pauvreté qui n'ont pas équitablement accès aux services d'information, d'éducation et de santé, il faudra donc que les politiques adoptées dans le cadre du NEPAD, les priorités nationales et le soutien des donateurs, tiennent compte de leurs besoins.

99. L'Afrique doit encore trouver les moyens de créer un lien efficace entre l'éducation et les activités de recherche et de vulgarisation. Dans de nombreux pays africains, ces activités sont organisées séparément et ne sont pas bien coordonnées. A l'exception de l'Afrique du Sud, on peut y relever plusieurs points communs: les capacités de recherche sont en général limitées et dispersées, et les compétences scientifiques sont inégales; les nouvelles connaissances sont peu nombreuses et peu diffusées; l'organisation de la recherche et du système éducatif correspondant laissent beaucoup à désirer; enfin, il n'existe pas de culture où le questionnement systématique et la recherche sont au cœur même de la planification et des politiques de développement.

Cadre institutionnel

100. Des politiques gouvernementales défavorables à l'agriculture ont fortement contribué à la baisse de la productivité de ce secteur en Afrique. Après la décolonisation, la majeure partie des pays africains ont souffert d'un environnement politique erratique et instable. Les changements de paradigmes politiques n'ont réussi ni à surmonter les difficultés globales du secteur, ni à mettre en place des interventions adaptées. À la fin des années 70 et au début des années 80, la plupart des pays africains ont adopté des stratégies de sécurité alimentaire axées sur l'autosuffisance vivrière et qui reposaient sur des politiques conçues pour optimiser la production intérieure et commercialiser les surplus de denrées. Ces stratégies accordaient une large place à l'intervention massive et directe de l'État dans la production, la commercialisation et le commerce. Les politiques de prix au niveau territorial et les services de commercialisation nationaux mis en place dominaient les marchés de production dans de nombreux pays africains. De plus, les gouvernements contrôlaient entièrement l'achat et la distribution d'engrais et de semences. Ces stratégies ont lourdement grevé les budgets publics, et se sont révélées coûteuses et inefficaces.

101. Au cours des vingt dernières années, des réformes ont été introduites dans le cadre des programmes d'ajustement structurel et de stabilisation macro-économique pour remédier à l'échec des politiques antérieures. Les nouvelles politiques de réforme des marchés et le retrait de l'État des activités de commercialisation visaient à encourager le développement du secteur privé, mais l'objectif n'a pas toujours été atteint. On remarque en particulier que les agriculteurs de subsistance, qui disposent d'une faible quantité d'excédents commercialisables, n'ont pas autant tiré profit des changements que les grands exploitants. Le coût démesuré des engrais et des autres intrants agricoles, la faiblesse du pouvoir d'achat et le manque de facilité de crédit ont également marginalisé les petits agriculteurs, y compris les femmes qui n'ont pu, de ce fait, adopter des technologies modernes et plus performantes. Le secteur privé n'a pas naturellement pris le relais comme prévu et un vide institutionnel s'est créé dans le secteur agricole, ce qui était dû, en partie, au fait que les réformes n'ont pas tenu compte de graves carences institutionnelles. Ces carences se sont, à leur tour, traduites par des coûts de transaction élevés préjudiciables à l'émergence et à la croissance du secteur privé. Il est donc important que les politiques de développement veillent davantage à réduire les coûts de transaction, notamment dans les zones rurales appauvries, et à promouvoir les organisations locales qui pourraient contribuer à faire baisser ces coûts. La faiblesse des institutions publiques de gouvernance et les changements imprévisibles de réglementations et de politiques ont peu encouragé le secteur privé à répondre aux mesures d'incitation, créant ainsi un climat de crise économique.

102. En outre, de nombreux gouvernements nationaux n'ont pas suffisamment placé en tête des priorités politiques les questions touchant à la gestion des ressources naturelles (terres, eaux, écosystèmes forestiers et halieutiques, biodiversité), à la production des connaissances et à leur diffusion auprès des utilisateurs finaux, ce qui se reflète dans l'enveloppe budgétaire restreinte consacrée à l'agriculture et à la recherche[4]. Nombre de pays dans la région continuent également à souffrir d'un préjugé datant de l'époque coloniale où la recherche privilégiait les cultures d'exportation au détriment des cultures locales. Les efforts ont été lents pour inverser cette tendance et les instituts de recherche avancée se sont peu intéressés aux denrées de base (comme le millet, le sorgho, le manioc, l'igname, la dolique, la banane, les plantains et les légumes traditionnels). En conséquence, l'Afrique a pris du retard par rapport à la majorité des autres régions en développement dans la mise au point de variétés améliorées et de technologies adaptées aux conditions locales.

103. Pour stimuler la productivité et la croissance de l'agriculture, il est important de réduire les pertes alimentaires et d'ajouter de la valeur aux produits agricoles. Toutefois, à l'échelle des ménages, la persistance de problèmes liés aux pertes après-récolte qui résultent de technologies obsolètes, d'installations de stockage mal adaptées, du manque de produits d'emballage et d'équipements adéquats de transformation ont compromis l'avantage en valeur ajoutée et la productivité. (Selon les estimations, les pertes après-récolte des céréales de consommation sont de l'ordre de 20 à 25 pour cent). Compte tenu de la nature dualiste du secteur agricole en Afrique, les problèmes de transformation à petite ou à très petite échelle, au niveau des ménages, ne sont pas les mêmes que ceux qui se posent à grande échelle, au niveau des moyennes et des grandes entreprises. La plupart des problèmes au niveau industriel proviennent de l'insuffisance et de l'irrégularité des approvisionnements en matières premières (du fait de la nature dispersée des exploitations agricoles), ce qui entraîne une augmentation du prix de la collecte et du transport.

104. La mauvaise coordination entre les différentes étapes qui s'échelonnent depuis la production jusqu'à la transformation et la commercialisation résulte principalement de l'échec de la maîtrise des activités-relais vers l'amont et vers l'aval de la chaîne des marchés de produits. Ce manque de coordination entrave l'exploitation du potentiel de valeur ajoutée de ces activités. En fait, le mauvais état des infrastructures rurales (routes de desserte dans les campagnes, réseaux de routes secondaires, transports et systèmes de transport, et équipements de télécommunication) interdit à la majeure partie des ménages ruraux d'accéder aux marchés et ne permet pas de boucler efficacement la chaîne 'production-commerce' des produits.

INFRASTRUCTURES RURALES

105. Dans la majeure partie de l'Afrique, le mauvais état des infrastructures rurales (routes, voies ferrées, ports, télécommunications et électricité) est l'un des plus grands obstacles à l'amélioration de la compétitivité du secteur agricole et des conditions de vie des populations rurales. De toutes les régions du monde, l'Afrique a la plus faible densité de routes pavées. Les producteurs sont donc isolés des consommateurs et les coûts de transport sont élevés. La situation est particulièrement critique en Burkina Faso, en Ouganda et en Zambie. Près d'un tiers de la population totale en Afrique vit dans des pays enclavés (au nombre de 14), sans accès fluvial à un port maritime. Dans ces pays, les difficultés d'accès aux marchés régionaux et internationaux se posent de manière spécifique; un réseau routier dense et de bonne qualité y est une condition nécessaire à un développement économique et social général et plus équitablement réparti.

106. Les systèmes de transport en Afrique sont mal intégrés et inefficaces. Ils imposent un surcoût très élevé au commerce, aux déplacements et aux communications entre les personnes et les entreprises. Ils ont également un effet dévastateur sur la compétitivité commerciale des pays africains et sur leur capacité à participer à l'économie mondiale. Les coûts élevés de transport et d'assurance s'ajoutent au coût des importations et réduisent le revenu net issu des exportations. La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui s'est tenue en 2001, a constaté que dans plusieurs pays enclavés de l'Afrique, les coûts de transport et d'assurance représentent plus de 30 pour cent de la valeur totale des exportations (et dépassent 50 pour cent au Malawi, au Tchad et au Rwanda), contre une moyenne de 14,5 pour cent pour l'ensemble des pays enclavés et de 8,6 pour cent pour le groupe des pays en développement. Le plan d'action du NEPAD vise à mettre un terme à la marginalisation de l'Afrique en s'attaquant, entre autres, aux problèmes infrastructurels et opérationnels des transports. Il entend également se concentrer sur les questions qui pourraient être réglées par une coopération régionale et par l'exécution de projets régionaux.

107. De nombreuses zones en Afrique n'ont pas l'électricité. Cinq pour cent seulement de la population rurale a accès à l'électricité et le reste utilise des combustibles traditionnels, comme le bois et le fumier de bovin, pour cuisiner, se chauffer et s'éclairer.

108. L'existence de réseaux de télécommunications conditionne l'accès aux technologies d'information. La croissance relativement rapide de l'Internet en Afrique est principalement limitée aux grandes villes équipée d'une infrastructure de télécommunications et dans lesquelles vit la majorité d'une petite classe de riches. On estime que le taux de lignes fixes par personne entre les zones urbaines et les zones rurales est de 25:1. L'accès et l'adoption des technologies de l'information restent hypothétiques pour la grande majorité des communautés rurales. Même si une grande partie de la population rurale pouvait accéder à l'information, la valeur économique de ce marché risque tout simplement d'être insuffisante pour couvrir les coûts de transport qui permettraient d'accéder aux marchés plus vastes du 'commerce électronique'.

OBSTACLES AU DEVELOPPEMENT DES PRODUITS AGRICOLES POTENTIELLEMENT COMPETITIFS

Principales caractéristiques de la base de ressources naturelles et questions transversales

109. La dégradation accélérée, et provoquée par l'homme, de la base de ressources naturelles est un autre problème majeur de l'agriculture en Afrique. En général, les terres agricoles sont rares en Afrique et leur qualité ne cesse régulièrement de se dégrader. Cette situation s'explique en grande partie par les pressions démographiques et par une utilisation non durable qui résulte de la lenteur d'introduction de technologies plus performantes. Sous l'effet principalement de l'érosion hydrique et de la dégradation chimique qui entraînent une perte de fertilité des terres, environ 494 millions d'hectares sont dégradés en Afrique. On estime qu'en Afrique, les pertes moyennes de productivité dues à la baisse de fertilité des sols sont de 8 pour cent, mais peuvent atteindre 50 pour cent dans certaines zones. Les terres irriguées ne représentent qu'une très faible part de la superficie cultivée: 7 pour cent des terres arables en Afrique et 3,7 pour cent, en Afrique subsaharienne seulement. Ces pourcentages sont les plus faibles des pays en développement.

110. Dans les régions arides, des pratiques agricoles non durables retardent la mise au point de variétés et d'espèces indigènes résistantes à la sécheresse et la réalisation d'activités écologiquement durables, telles que le pastoralisme. Des systèmes autochtones et coutumiers prédominent encore l'utilisation des terres dans les pays au sud du Sahara. Ces systèmes sont en général basés sur diverses formes de contrôle collectif pour assurer une gestion équilibrée de la propriété communautaire; dans de nombreux cas cependant, ils font obstacle à l'adoption de techniques plus modernes qui requièrent des investissements à long terme. De plus, un accès non garanti à la terre incite peu les agriculteurs sans ressources à améliorer la qualité des sols. Les engrais sont peu utilisés pour enrichir les sols en Afrique. Les taux de remplacement des éléments nutritifs sont très inférieurs à ceux des autres régions en développement. Les pays africains n'atteignent en moyenne que 21 kg/ha de terres arables, ce taux n'étant que de 9 kg/ha en Afrique subsaharienne. Ces chiffres sont nettement en deçà des 206 kg/ha de terres arables des pays développés ainsi que des 100 kg/ha en Asie du Sud et des 73 kg/ha en Amérique latine.

111. L'exploitation excessive des terres cultivables, le surpâturage des parcours, le déboisement et la mauvaise gestion des ressources hydriques ont provoqué une grave dégradation de l'environnement et la désertification, notamment dans le Sahel. Le déboisement annuel en Afrique a augmenté pour plusieurs raisons, parmi lesquelles: l'essor démographique, le surpâturage, les pratiques culturales mal adaptées, le ramassage de bois de chauffe, les conflits armés et leurs pistes qui empiètent sur les lisières des déserts ainsi que la dégradation des terres marécageuses. L'incidence plus fréquente des périodes de sécheresse est sans doute en partie due à la dégradation de l'environnement et aux conséquences du changement climatique qui affecte toute la planète.

112. Les ressources en eau douce utilisable sont limitées dans les nombreuses zones d'Afrique sujettes à des variations climatiques extrêmes annuelles et/ou saisonnières. Dans la mesure où l'agriculture irriguée consomme la plus grande partie des eaux de surface et des nappes souterraines, priorité devrait être accordée à une gestion optimale des ressources hydriques pour l'ensemble des utilisateurs (agricoles, industriels et privés) afin de maintenir l'intégrité et la productivité des écosystèmes naturels.

Caractéristiques et contraintes sous-régionales

113. Compte tenu de la diversité des sous-régions de l'Afrique sur le plan de la richesse en ressources, du niveau de développement économique et social, des défis, des contraintes et des perspectives, il est impossible de recommander une approche homogène pour accroître la compétitivité du secteur agricole. Si l'on veut traiter de la faiblesse de la productivité et de l'efficacité en agriculture, il est donc indispensable de mettre en exergue les éléments qui différencient les régions. Ces éléments devraient être examinés en tenant compte de l'état de leur base de ressources et des principaux obstacles au développement qui ont été identifiés. Pour tenter de donner une dimension régionale aux questions de croissance et de compétitivité du secteur agricole, on s'est servi de l'approche de la FAO relative aux systèmes agricoles pour définir globalement les contraintes communes à chaque sous-région et pour définir des stratégies et des actions de développement qui pourraient être mises en œuvre.

114. Les principales difficultés qui limitent le développement du potentiel de productivité dans les secteurs de l'agriculture et de l'élevage en Afrique sont avant tout liées aux aspects physiques, économiques et sociaux de l'utilisation et de la gestion des ressources en eaux et en terres. Ces questions méritent une attention urgente et devraient faire l'objet de programmes d'investissement sous-régionaux et nationaux. Les caractéristiques fondamentales de chaque sous-région sont décrites ci-après; les problèmes liés à la terre et à l'eau sont présentés dans le tableau 29.

Afrique du Nord

115. Avec sept pour cent de la pluviométrie totale du continent, l'Afrique du Nord est l'une des régions les plus arides du monde. Les pluies sont inégalement réparties aussi bien temporellement que géographiquement, et d'une zone à l'autre. Pour illustrer la gravité de la situation, on peut, par exemple, comparer, la pluviométrie moyenne des pays du Maghreb (environ 611 mm par an) à celle de l'Égypte, de la Libye et de la Tunisie (143 mm par an seulement).

116. L'agriculture pluviale, peu extensive (due à l'aridité), l'agriculture irriguée et le pastoralisme sont les principaux systèmes agricoles de l'Afrique du Nord. Les activités agricoles se concentrent autour des oasis et de quelques réseaux d'irrigation (notamment en Tunisie, en Algérie, au Maroc et en Libye). Rares sont les types de cultures et de bétail qui survivent dans les zones non irriguées.

117. L'accès aux terres agricoles est limité dans l'ensemble de la sous-région. Compte tenu des prévisions de croissance démographique, des problèmes risquent de survenir. Il sera peut-être également difficile d'accroître l'irrigation. Trente pour cent des terres arables, en moyenne, sont irrigables en Afrique du Nord, soit 5 pour cent de plus seulement que celles actuellement irriguées (donnée de 1997). En 1997, on comptait ainsi en Égypte quelque 3,3 millions d'hectares irrigués dont 90 pour cent se situaient dans la vallée et le delta du Nil. D'après les estimations de la FAO, la superficie irrigable supplémentaire d'ici 2015 sera inférieure à 4,4 millions d'hectares.

118. Du fait de l'élévation du niveau de la mer résultant du changement climatique, une superficie importante du delta du Nil sera inondée ou érodée. Outre les pertes de production agricole qui en découleront, les dégâts provoqués aux infrastructures existantes et le déplacement des populations menaceront toute l'économie sous-régionale.

Afrique orientale

119. L'Afrique orientale, dont le climat est équatorial, reçoit des précipitations qui se répartissent de manière très inégale. Issues du front provenant de l'océan indien, les pluies se déplacent vers l'Afrique centrale, mais en se dirigeant du nord vers le sud, en fonction des différences d'altitudes. La majeure partie de la pluie est due au phénomène de la mousson. Le climat prédominant de cette sous-région est aride et semi-aride; la pluviométrie (en général inférieure à 500 mm par an) est très irrégulière et mal répartie. Du fait de cette irrégularité, de vastes zones d'Afrique orientale sont particulièrement vulnérables aux aléas du climat qui sont néfastes à l'agriculture et aux moyens d'existence. Depuis les 30 dernières années, des sécheresses de plus en plus fréquentes et intenses, du fait d'une diminution de 10 pour cent de la pluviométrie et de la hausse des températures, ont accentué les taux d'évaporation, en particulier dans la Corne de l'Afrique.

120. L'Afrique orientale est l'une des sous-régions les moins urbanisées de l'Afrique puisque seulement 26 pour cent de la population vit dans les villes. Les zones urbaines se caractérisent par la prolifération de bidonvilles et de zones d'habitations non planifiées dans lesquels se regroupent surtout les populations rurales appauvries.

121. La sous-région se caractérise par de petites exploitations dispersées, isolées politiquement et non rentables d'un point de vue économique. Bien qu'il existe un potentiel modéré et élevé pour une agriculture de qualité, c'est l'agriculture de subsistance qui prédomine, même dans la région des Grands Lacs, riche en eau. Plusieurs zones du Burundi, du Rwanda et de l'Ouganda bénéficient de deux saisons de pluies et de températures qui permettraient de cultiver la terre presque toute l'année. Même les zones qui n'ont qu'un potentiel agricole modéré sont suffisamment arrosées pour obtenir au moins une bonne récolte céréalière, mais à l'heure actuelle, la productivité de leurs terres est très faible.

122. Les petits exploitants qui vivent dans les zones reculées ont de grandes difficultés à accéder aux marchés pour obtenir des intrants, des produits et des services. En raison de leur éloignement géographique, ils ne peuvent s'impliquer dans la politique et influer sur les dispositions qui pourraient répondre à leurs besoins, à leurs aspirations et à leur potentiel. Les institutions communautaires et des gouvernements locaux n'existent pas, ou sont trop faibles, pour que les agriculteurs puissent être informés sur les marchés, avoir un accès aux technologies ou collaborer à la gestion des ressources en eaux et en terres.

Afrique centrale

123. L'Afrique centrale se caractérise par une grande diversité d'habitats naturels comprenant des forêts humides denses, des lacs d'eau douce, des mangroves, des savanes mais aussi des zones semi-désertiques (en bordure du Sahel), et même des barrières de corail. Les espèces sont nombreuses et les questions de biodiversité et d'endémisme sont donc capitales dans l'ensemble de la sous-région, notamment dans la forêt pluviale à feuillage latifolié persistant des basses terres, dans les forêts de montagne et dans les marécages en eau douce.

124. La pluviométrie et les températures varient considérablement en Afrique centrale, et les variations saisonnières sont en général imprévisibles. On peut toutefois s'attendre à ce que les précipitations soient fortes dans les zones centrale et côtière. Les pluies tendent à diminuer et à être plus variables vers le nord, aux frontières du Sahel. Dans la zone semi-aride du Tchad et dans certaines parties du Cameroun, le ciel dégagé entraîne un fort ensoleillement pendant la journée et une perte massive de chaleur pendant la nuit, due à l'émission de rayonnement à plus grande longueur d'onde.

125. En raison du changement climatique à long terme, les précipitations, l'humidité des sols et le ruissellement des eaux augmenteront dans la majeure partie de la zone humide de l'Afrique centrale. Cette situation pourrait entraîner un accroissement net du couvert forestier, bien que la poussée de la demande de terres agricoles risque d'accélérer le déboisement[5]. On observe une plus grande fréquence des inondations dans les zones humides, en particulier là où les forêts et la végétation naturelle ont été défrichées pour cultiver ou établir des zones d'habitation, et de sécheresses dans la zone sahélienne, du fait de l'augmentation du réchauffement de la planète.

126. L'Afrique centrale manque rarement d'eau car le bassin du Congo - le plus grand d'Afrique - couvre 12 pour cent de la superficie de la sous-région. Il existe toutefois des différences marquées entre les pays. Le Tchad et la Guinée équatoriale, dont les ressources internes renouvelables sont de 15 à 30 km3/an (selon les chiffres obtenus jusqu'en 1998), souffrent de graves pénuries d'eau. Le niveau d'eau du lac Tchad a considérablement baissé et ne contient aujourd'hui qu'un vingtième du volume d'il y a 30 ans, ce qui est dû aux pressions tant de la fluctuation des pluies que des prélèvements continus et effectués de manière non durable.

127. La pauvreté est répandue et particulièrement critique. Pourtant, vu la disponibilité de vastes superficies non cultivées et une pluviométrie satisfaisante, le potentiel de croissance économique existe. Les initiatives de développement dans cette région de l'Afrique devront toutefois veiller à gérer à bon escient les risques écologiques, y compris la fragilité des sols et la perte d'habitats de la faune sauvage.

Afrique occidentale

128. La majorité des pays de cette sous-région sont parmi les plus pauvres du monde et sont confrontés à de graves problèmes de sécurité alimentaire. Selon les chiffres de la FAO à compter de 1999, les approvisionnements alimentaires moyens fournissaient 2 430 kilocalories par jour et par personne, ce qui est inférieur au niveau nutritionnel optimum de la FAO fixé à 2 700 kcal/jour/personne. Nombre de pays en Afrique occidentale couvrent leurs besoins alimentaires par des importations (de riz et de blé, pour l'essentiel), ce qui diminue fortement les recettes nationales en devises étrangères, surtout pendant les années de faibles pluies[6]. Bien que le taux d'urbanisation de tous les pays de la sous-région soit élevé, la majeure partie de la population vit de l'agriculture.

129. L'habitat naturel de l'Afrique occidentale est très diversifié puisqu'il comprend des semi-déserts[7] et des savanes (en particulier dans la zone sahélienne de l'Afrique occidentale), des forêts tropicales, des mangroves, des lacs d'eau douce et des rivières ainsi que des marais à l'intérieur des terres et sur les côtes (en particulier dans les pays côtiers). Dans une grande partie de la région, les pluies sont assez abondantes certains mois pour faire face aux vagues de sécheresse le reste de l'année. La totalité du potentiel des saisons de pluie n'a toutefois pas été exploité, faute de techniques de récolte adaptées. Dans les zones tropicales sèches, les précipitations sont insuffisantes presque toute l'année, mais les sols sont riches. Pour irriguer la terre, les agriculteurs utilisent l'eau des puits et des forages. Dans la zone aride, certains pays ont des ressources hydriques et d'autres non.

130. Malgré l'existence de ressources en eau (précipitations, eaux de surface et nappes souterraines), l'Afrique occidentale, en tant que sous-région, souffre de grave pénuries en raison non seulement de la répartition inégale des pluies, mais aussi de la mauvaise gestion des ressources existantes. Plus récemment, le changement climatique, le déboisement et la sécheresse ont gravement affecté la quantité et la qualité de l'eau dans la plupart des zones de la sous-région. Presque tous les pays de l'Afrique occidentale sont donc confrontés plus ou moins gravement à des problèmes d'eau, et continueront de l'être. Le manque d'eau sera particulièrement aigu dans les pays de la zone sahélienne de l'Afrique occidentale, comme le Bénin, la Burkina Faso, le Ghana, le Niger et le Nigeria. Dans ces pays, les questions liées à la disponibilité de l'eau sont surtout dues à des contraintes institutionnelles.

131. Du fait des problèmes d'approvisionnement en eau dans les zones semi-humides et désertiques de l'Afrique occidentale, l'agriculture est irriguée mais ne concerne qu'une petite partie des terres arables dans l'ensemble de la sous-région (16 pour cent). La FAO a estimé en 1999 que 8,6 milliards de m3 étaient utilisés, au total, pour irriguer 770 milliers d'hectares, ce qui ne représente qu'une infime portion des 9,9 millions d'hectares de terres arables. Le Nigeria, à lui seul, compte 3,1 millions d'hectares de terres irriguées (32 pour cent) sur le total de la sous-région. La part des terres irrigables, et qui sont effectivement irriguées, varie de 24,6 pour cent (Niger) à 0,1 pour cent (Sierra Leone). Environ 10 pour cent, ou plus, des terres potentiellement irrigables sont aujourd'hui irriguées au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire, au Mali, au Niger et au Sénégal.

Afrique australe

132. L'Afrique australe possède de nombreuses ressources biologiques qui sont réparties dans divers écosystèmes allant de forêts tropicales humides (Angola et Zambie) et de savanes, jusqu'aux forêts côtières, aux semi-déserts et à la Région floristique du Cap (Afrique du Sud), riche en plantes et en biodiversité. Dans de nombreuses zones, la concentration des pluies sur une période relativement brève a entravé un développement agricole durable.

133. Le taux de déboisement est élevé et rapide dans la sous-région. Depuis les dix dernières années, il oscille entre 2,4 pour cent par an au Malawi et 0,1 pour cent par an en Afrique du Sud. En revanche, la superficie forestière a augmenté de 1,2 pour cent par an au Swaziland. Dans les zones semi-arides de l'Afrique australe, les terres, qui avaient été considérées marginales en raison de leur mauvaise qualité et de l'insuffisance des pluies, sont aujourd'hui intégrées dans la production agricole et servent avant tout de pâturages extensifs. Cette pratique peut entraîner, et a d'ailleurs entraîné, une dégradation des terres, et des conflits ont éclaté entre éleveurs et protecteurs de la faune sauvage.

134. En Afrique australe, la dégradation des terres s'intensifie depuis les dix dernières années. Ce phénomène est en grande partie lié à l'augmentation du nombre de troupeaux, responsable à lui seul de plus de la moitié de la dégradation des sols. Les politiques gouvernementales favorables à l'élevage, sous forme de subventions en Namibie par exemple, ont incité les exploitants à élever plus de têtes de bétail qu'ils ne l'auraient fait s'ils avaient dû en supporter la totalité du coût.

135. Malgré la faiblesse et l'irrégularité des pluies, le couvert végétal est en général suffisant pour que les troupeaux puissent paître. La présence de mouche tsé-tsé et de la trypanosomiase (maladie du sommeil) limite toutefois l'habitat humain et l'élevage. Le nomadisme est également fréquent; comme on peut prévoir les pluies, le bétail doit être déplacé là dès qu'il manque de nourriture.

136. L'approvisionnement en eau et l'assainissement se sont, en moyenne, améliorés durant la dernière décade[8], même si des millions de résidents urbains n'ont pas encore accès à l'eau ou à des services sanitaires[9] adéquats. Dans les zones qui en sont dépourvus (dans les zones d'habitations non planifiées principalement), on constate un risque élevé de maladies d'origine hydrique, comme la dysenterie, le choléra, la typhoïde, les vers parasites et la distomatose. Il existe aussi des infections de la peau et des yeux qui peuvent toutefois être évitées en étant très attentifs aux précautions d'hygiène. Les risques de contamination des eaux de surface et des nappes souterraines, d'eutrophisation et de perte de biodiversité[10] sont également plus fréquents.

137. En Afrique australe, l'agriculture est à la fois irriguée et pluviale. Le potentiel d'irrigation ayant été estimé à 14,2 millions d'hectares en 1995, 50 pour cent seulement des terres arables peuvent être irriguées. Selon une étude de la FAO portant sur le sous-secteur de l'irrigation, les ressources en eaux de surface au Zimbabwe totalisent 13,1 km3/an, contre une consommation domestique, industrielle, minière et agricole équivalente à 3,6 km3/an. Le Malawi abonde de terres dont les sols et la topographie se prêteraient bien à l'irrigation, mais seules certaines zones peuvent facilement utiliser l'eau de rivières permanentes. L'irrigation peut aussi poser des problèmes. Sous l'effet de l'engorgement en eau des sols irrigués, un stress hydrique des cultures et un épuisement d'éléments nutritifs des sols ont été signalés au Zimbabwe, en Zambie, au Malawi et au Mozambique.

Tableau 29. Contraintes liées à l'eau et à la terre entravant le développement des produits agricoles prioritaires, par sous-région

Sous-région

Terre

Eau

Afrique du Nord

Dégradation des sols

Raréfaction de l'eau

  • engorgement des sols du à un excès d'irrigation;
  • mauvaise gestion de l'eau ayant pour conséquence des taux de prélèvement non durables qui vont au-delà des capacités de renouvellement des eaux du Nil et du fleuve Sénégal en Egypte et en Mauritanie;
  • augmentation de la salinité et de l'accrétion des réservoirs résultant de la dégradation des bassins versants;
  • utilisation non durable de l'eau en agriculture (95 pour cent de la consommation annuelle);
  • diminution de la fertilité des sols et perte de végétation provoquées par le ruissellement rapide de pluies violentes;
  • pollution élevée de l'eau potable provoquée par l'utilisation d'engrais et de pesticides;
  • dégâts structurels aux barrages dus à une accrétion rapide et au manque de ré-alimentation en eau des aquifères;
  • baisse du niveau de l'eau souterraine et intrusion de l'eau de mer en raison du pompage excessif des aquifères des pays côtiers;
  • manque de politiques d'intégration de l'agriculture et de l'élevage;
  • impossibilité d'étendre l'irrigation, notamment en Egypte.
  • pressions non durables de l'essor démographique sur les terres agricoles et forte densité de population, notamment dans les zones d'agriculture pluviale;
  • accélération de la dégradation des sols et pertes de terres liées aux conséquences du changement climatique (inondations et érosion, par exemple).

Afrique orientale

Diminution de la fertilité des sols

Raréfaction de l'eau et dégradation de la qualité

  • faible degré d'intensification et de diversification;
  • hausse des déficits pluviométriques avec, pour conséquence, une forte fragilisation des moyens d'existence, une augmentation du prix des aliments et une dépendance à l'égard de l'aide alimentaire;
  • technologies mal adaptées;
  • dégradation de la qualité de l'eau (lacs, rivières, sources, eaux souterraines);
  • isolement géographique de nombreuses petites exploitations, dont la superficie ne cesse de diminuer;
  • assèchement des rivières, des aquifères souterrains et des petits réservoirs entraînant des pertes de bétail et des conflits sur l'utilisation des pâturages;
  • manque de capitaux pour acquérir des technologies qui permettraient d'augmenter la fertilité des sols, du fait de l'effondrement des institutions de crédit, de l'impossibilité d'accéder aux marchés d'intrants et de production, et de l'inadéquation des procédés de transformation;
  • litiges sur les droits d'utilisation de l'eau aboutissant à des conflits entre les diverses parties pour un usage à des fins domestiques, industrielles ou d'irrigation.
  • accès limité à l'information sur les marchés et aux nouvelles technologies, les services de vulgarisation étant rarement reliés aux systèmes informatisés;

Autres menaces:

  • manque d'institutions communautaires et d'institutions gouvernementales locales.
  • VIH/SIDA;
  • Fréquence et gravité des maladies animales.

Afrique centrale (y compris le Tchad)

Dégradation des terres et désertification (au Tchad) avancées

Mauvaise gestion des ressources hydriques

  • érosion et compactage des sols dans les zones humides résultant du défrichement extensif de la végétation, de fortes pluies, de l'évaporation et de l'action du vent;
  • augmentation de la pollution de l'eau fraîche due, en grande partie, au déversement des eaux industrielles et usées, au ruissellement sur les terres agricoles et à l'intrusion d'eau salée;
  • déboisement pour accroître les superficies cultivées;
  • salinisation de l'eau potable lorsque l'eau fraîche est au contact d'eau saumâtre ou d'eau salée, comme dans la ville industrielle de Douala au Cameroun (pays côtier);
  • augmentation de la fragilité des sols et pertes des habitats de la faune sauvage dues à l'intensification des risques écologiques;
  • risques de maladies d'origine hydrique plus élevés;
  • diminution de la fertilité des sols provoquée par un travail de la terre excessif, sans périodes de jachère suffisantes et d'un manque d'intrants;
  • augmentation des prélèvements sur des ressources hydriques déjà limitées en raison d'une utilisation non durable et de la variabilité des pluies (au Tchad).
  • dégradation chimique des sols dans les zones marginales résultant d'une trop grande utilisation d'engrais chimiques;

Autres menaces:

  • salinisation due à l'eau salée ou à l'irrigation utilisant de l'eau de mauvaise qualité;
  • isolement par rapport aux marchés d'intrants et de production;
  • inondations plus fréquentes dans les zones humides sous l'effet du réchauffement de la planète;
  • augmentation de la pression démographique.
  • sécheresses (désertification) dans la zone sahélienne (Tchad) liées au réchauffement de la planète.

Afrique occidentale

Dégradation des sols et systèmes d'irrigation non durables

Mauvaise gestion des ressources hydriques (en particulier dans l'ouest du Sahel) en raison principalement de:

  • diminution de la fertilité des sols;
  • l'absence d'une gestion durable, d'une perspective élargie au-delà des frontières et de mécanismes de coordination pour les ressources d'eau partagées;
  • dégradation physique et chimique due à l'érosion, à la salinisation, à l'alcalisation, à l'acidification, à la pollution et au manque d'humidité;
  • faiblesse des institutions intermédiaires et locales/communautaires en matière de gestion durable des ressources d'eau sanitaire;
  • épuisement ou dégradation de la base de ressources naturelles;
  • incapacité des institutions centrales à résoudre les conflits entre utilisateurs concurrents ou à faire appliquer les lois en vigueur;
  • progression de la désertification dans l'ouest du Sahel résultant de l'intensification des pressions exercées par l'homme et par le bétail, et du changement climatique;
  • manque de normes, de sensibilisation ou d'application des lois régissant le déversement d'effluents dans les masses d'eau;
  • pénurie de terres;
  • données et informations erronées sur les ressources hydriques et sur les plans sectoriels d'utilisation de l'eau;
  • manque d'entretien de l'infrastructure d'irrigation qui risque d'être gravement endommagée par la prolifération de plantes aquatiques (jacinthe d'eau);
  • autres menaces;
  • fuites dans le réseau d'irrigation (60 pour cent des quantités prélevées);
  • réseaux de commercialisation restreints pour l'approvisionnement en intrants et extrants;
  • techniques de récupération d'eau pluviale non performantes.
  • manque de produits de grande valeur;
  • épidémies.

Afrique australe

Dégradation des sols et litiges sur l'utilisation des terres

Pressions de l'homme et du bétail sur les ressources en eau

  • dégradation physique des sols (encroûtement et cimentation de la couche arable) due au déboisement;
  • dégradation de la qualité de l'eau à proximité des sources d'approvisionnement due à l'habitat humain et à la présence de bétail;
  • diminution de l'eau dans les sols;
  • hausse des risques de contamination des nappes souterraines et des eaux de surface;
  • compactage et engorgement de la couche arable;
  • augmentation de l'eutrophisation et perte de la biodiversité des écosystèmes aquatiques;
  • faible niveau d'éléments nutritifs dans les sols;
  • risques élevés de maladies d'origine hydrique;
  • érosion des sols par l'eau;
  • inaccessibilité des sources d'eau (en particulier au Malawi) et donc, peu de possibilité d'irriguer les terres arables;
  • perte de végétation naturelle irremplaçable (même s'il pleut) résultant du surpâturage des terres marginales par les éleveurs nomades;
  • coût démesuré du matériel d'irrigation, notamment pour capter l'eau des nappes souterraines;
  • intensification des conflits entre éleveurs et protecteurs de l'environnement autour de la question de la conservation des sols.
  • épidémies.

OBSTACLES AU DEVELOPPEMENT DES SECTEURS DE LA FORET ET DE LA CONSERVATION DE LA FAUNE ET DE LA FLORE SAUVAGES

Caractéristiques communes et questions transversales

138. À l'exception de plantations industrielles dans quelques pays, aucune des sous-régions de l'Afrique n'ont réussi à mettre en place un système de gestion forestières. De 1990 à 2000, l'Afrique a perdu 53 millions d'hectares de couvert forestier (soit environ 56 pour cent de sa totalité). Ce phénomène devrait se poursuivre en raison de trois principaux facteurs: 1) l'accroissement des superficies dans la zone humide consacrées à l'agriculture et à l'élevage; 2) la conversion des forêts au profit de l'exploitation minière et d'autres activités; 3) la production de bois, y compris de bois de chauffage, pour répondre à la poussée de la demande locale et extérieure.

139. L'encadré 4 présente certaines des questions transversales communes à toutes les sous-régions de l'Afrique qui se posent à la croissance économique du secteur forestier.

Caractéristiques et contraintes sous-régionales

140. La présente section est consacrée aux principales caractéristiques du secteur forestier de chaque sous- région. L'analyse ne s'arrête pas aux frontières administratives des sous-régions, mais tient compte de celles des principales zones forestières agro-écologiques. La description des zones (encadré 5) et d'autres aspects importants du secteur forestier s'appuient principalement sur les conclusions d'un document intitulé Research for sustainable forestry development: challenges for sub-Saharan Africa[11].

Forêts humides des pays côtiers de l'Afrique occidentale et de l'Afrique centrale

141. Les forêts humides des pays côtiers de l'Afrique occidentale et de l'Afrique centrale sont réputées pour leur richesse, leur complexité, leur flore et leur densité. Elles sont encore relativement intactes, du fait, en partie, des troubles intérieurs qui sévissent dans le bassin du Congo. En revanche, les ressources forestières de certains pays, comme le Cameroun, le Nigeria, la Côte d'Ivoire et le Ghana, ont été épuisées, ou se dégradent rapidement. Les arbres prédominent dans les écosystèmes forestiers des basses terres. Le secteur du bois d'œuvre, même s'il est aujourd'hui peu efficace et sous-développé, est une source importante de recettes en devises et d'activité économique dans les pays côtiers de l'Afrique occidentale et en Afrique centrale où les forêts se prêtent bien à ce type d'exploitation.

142. L'utilisation des forêts productives et biologiquement riches dans ces écosystèmes n'a en général pas réussi à faire reculer la pauvreté. L'une des raisons sous-jacentes provient du fait que l'avantage comparatif d'un développement fondé sur la forêt est insuffisant, en particulier par rapport à l'agriculture, pour lutter contre la pauvreté lorsqu'elle est largement répandue.

143. Les difficultés et les tendances actuelles qui sont à l'origine de la dégradation des forêts et de l'épuisement des écosystèmes des forêts humides tropicales sont les suivantes:

Encadré 4. Caractéristiques communes et questions transversales relatives aux secteurs de la forêt et de la conservation de la faune et de la flore sauvages en Afrique

1. Mauvaise implantation des marchés

Hormis le bois d'œuvre industriel et les produits de pâte et papier, de nombreux produits figurant au nombre des produits forestiers prioritaires des sous-régions ont des débouchés peu nombreux ou mal établis. Lorsque la demande du marché existe, les produits ont en général peu de valeur et s'échangent surtout entre populations déshéritées avec un faible bénéfice net, et donc une dimension économique limitée.

2. Concentration des ressources préjudiciable aux populations rurales

Le fait d'adopter une approche basée sur le marché pour distribuer les ressources au secteur forestier risque de se traduire par une concentration disproportionnée de ressources entre les mains d'une poignée de riches. Les investissements étant en priorité consacrés aux secteurs urbain et industriel, les populations rurales ne pourront progresser sur le plan de la croissance et du développement social. L'implication du secteur privé dans le processus de mondialisation et les programmes d'ajustement structurel pourraient renforcer cette tendance dans le secteur forestier. Les gouvernements doivent à la fois s'efforcer d'équilibrer l'attrait des investissements étrangers et la mise en œuvre de stratégies visant à lutter contre la pauvreté et à développer les zones rurales. Ces stratégies permettraient aux communautés rurales de bénéficier d'une part significative des investissements et de participer à la productivité nationale.

3. Secteur informel dynamique sans visibilité institutionnelle

Le secteur informel[12] assure la majorité du ramassage du bois non industriel, de la transformation et du commerce des produits forestiers. Ce secteur est particulièrement dynamique dans les zones de forêts sèches qui, en raison du faible potentiel d'exploitation industrielle, attire peu les investissements du secteur privé. Dans ces conditions, le secteur informel est vital pour l'exploitation et le développement de ces ressources et peut créer une valeur ajoutée considérable. Malheureusement, le secteur n'est pas officiellement représenté auprès des gouvernements nationaux et n'est pas intégré aux programmes et aux stratégies de développement.

4. Faibles capacités des institutions communautaires, et des gouvernements locaux et intermédiaires

Dans de nombreux pays en Afrique subsaharienne, l'État a décentralisé ou délégué ses pouvoirs, et n'est plus aujourd'hui le propriétaire ou le gérant des ressources forestières naturelles. Lorsque ces responsabilités ont été transférées aux gouvernements locaux et intermédiaires, ou aux institutions communautaires, sans qu'il leur soit donné les moyens de gérer correctement les ressources (ajout de valeur économique), cette démarche s'est souvent soldée par un échec. Les gouvernements ont fréquemment délégué ou transféré les tâches sans allouer les ressources qui permettraient de s'en acquitter ou sans établir la base nécessaire à la création de richesses à l'échelle locale. Cela est particulièrement vrai aujourd'hui où les réformes économiques exigent que les gouvernements réduisent leurs effectifs et leurs frais.

Encadré 5. Description sommaire des principales zones forestières agro-écologiques

Les forêts humides des pays côtiers de l'Afrique occidentale et de l'Afrique centrale sont réputées pour leur richesse, leur caractère intact et leur densité. Environ trois quarts de la biomasse forestière en Afrique, et une plus forte proportion encore de sa biodiversité, se situent dans ces régions. Le bois tropical continue à être exporté, mais provient de plus en plus souvent de zones intérieures, difficiles d'accès, où il n'a pas encore été surexploité. Le bassin du Congo et le Cameroun disposent de ressources encore assez importantes, du fait, en partie, des troubles intérieurs qui en interdisent l'accès et découragent tout peuplement.

Les écosystèmes des plateaux intermédiaires de l'Afrique orientale et australe sont constitués de savanes à gros gibier et d'autres espaces boisés. Dans certaines zones, les forêts sèches sont menacées par une des plus fortes croissances démographiques. Les ressources forestières susceptibles d'intéresser l'industrie sont peu nombreuses, mais la faune, les produits non ligneux (dont les médicaments traditionnels) et le charbon de bois sont des ressources importantes. Une bande côtière de largeur variable se compose de forêt humide, de mangroves et de vastes espaces boisés.

Les zones montagneuses de l'Afrique orientale et australe s'étendent largement au delà de la limite de végétation naturelle où les plus grandes plantations artificielles de conifères tropicaux africains alimentent les principales industries de pâte et de papier et un peu de transformation du bois.

Extrait du document intitulé Research for sustainable forestry development: challenges for Sub-Saharan Africa rédigé par G.S. Kowero, MJ. Spilsbury et M.E. Chipeta (2001).

Plateaux intermédiaires de l'Afrique orientale et australe (zones boisées)

144. Le miombo est l'une des plus vastes forêts sèches de l'Afrique que l'on trouve dans sept pays de l'Afrique orientale, centrale et australe (Angola, Malawi, Mozambique, Tanzanie, République démocratique du Congo, Zambie et Zimbabwe). Les arbres de la sous-famille des Caesalpinioidea prédominent. Sources de multiples produits (aliments, fibres, poteaux, bois d'œuvre, bois de chauffe et charbon), ils jouent un rôle essentiel dans les moyens de subsistance des populations.

145. Cette zone est également l'une des régions les plus stables au monde. La géologie offre une richesse minérale considérable. Les forêts constituent des zones majeures d'alimentation en eau pour de nombreuses rivières. Les sols, vieux et pauvres en éléments nutritifs, limitent la productivité des forêts et ont crée un écosystème, faible en nutriments, adapté au pâturage de gros herbivores, comme l'éléphant et le buffle. Des parcs d'animaux sauvages et des réserves de gibier connus dans le monde entier ont été créés dans les forêts d'Afrique orientale et australe.

146. Les difficultés qui freinent le développement durable de la forêt dans cette partie de l'Afrique sont les suivantes:

Plateaux et hautes terres de l'Afrique orientale et australe

147. L'avenir du développement du secteur forestier sur les plateaux et dans les hautes terres de l'Afrique est lié à l'eau, à des ressources biologiques uniques et aux plantations forestières. L'eau est un problème crucial qui se présente sous plusieurs formes:

148. Le rôle des forêts dans la protection des sources d'eau (encadré 6) est sans doute une question primordiale pour assurer le développement des plateaux africains; à ce titre, elle mérite toute l'attention des gouvernements.

149. Les hautes terres de l'Afrique comptent plusieurs centres d'endémisme. On peut ainsi citer le blé et le café parmi les cultures originaires de l'Afrique qui ont joué un rôle important dans l'histoire de l'humanité. Le blé se trouve dans les hautes terres de l'Éthiopie et le café, dans celles de l'Éthiopie, du Kenya et de l'Ouganda.

150. L'Afrique du Sud, pays principalement sec qui ne compte que très peu de forêts naturelles, est le premier exportateur de produits forestiers (pâte de bois et papier) issus de plantations situées sur les hautes terres. En tête de tous les pays africains, l'Afrique du Sud assure 79 pour cent de la production et 71 pour cent des exportations de pâte de bois ainsi que 71 pour cent de la production et 94 pour cent des exportations de papier et de carton (chiffres de 2000). Ces produits proviennent des plantations industrielles de forêts exotiques dans les hautes terres qui alimentent les industries du papier en Tanzanie ainsi que d'autres industries de transformation du bois au Kenya, à Madagascar, au Malawi, en Tanzanie, en Zambie et au Zimbabwe.

Encadré 6. Contribution des forêts à la protection des sources d'eau

C'est aux hautes terres de Fouta Djallon en Afrique occidentale que l'on attribue le mérite de procurer des revenus à des millions de personnes dans de nombreux pays, comme le Nigeria, le Niger, le Mali (si l'on prend en considération l'irrigation et la pêche en eau douce) et le Sénégal.

Dans la Corne de l'Afrique, des équipements hydroélectriques sur des rivières situées dans les hautes terres permettent d'alimenter en électricité une grande partie de l'Éthiopie. Ces rivières se jettent dans le Nil et confluent avec d'autres rivières de l'Afrique centrale. Les rivières de l'Afrique centrale font l'objet d'importants travaux hydrauliques: programmes d'irrigation parmi les plus vastes d'Afrique au Soudan, générateurs hydroélectriques (Ouganda, Égypte) et équipement de contrôle des inondations dans le bas Nil (Égypte).

Des investissements conséquents sont en outre consacrés aux réseaux fluviaux issus des hautes terres d'Afrique australe dans les vallées du Zambèze et de ses affluents. Les ouvrages réalisés approvisionnent en électricité le Malawi, le Mozambique, l'Afrique du Sud, la Zambie et le Zimbabwe. Par ailleurs, les réseaux amonts de rivières alimentent tous les grands lacs de la vallée du Rift dont dépendent les principales pêcheries industrielles de la sous-région. En Afrique du Sud, les débats se poursuivent pour savoir s'il est justifié de continuer à imposer un coût pour l'utilisation des eaux à l'usage des plantations de forêts et, si oui, quel doit en être le niveau. Cette décision fait intervenir des considérations essentielles touchant à la rentabilité des plantations et à la compatibilité des forêts et avec d'autres utilisations des terres. Les interactions des rôles de la forêt et de l'eau continuent à être occultées par des 'mythes' et par des perceptions populaires erronées.

Extrait du document intitulé Research for sustainable forestry development: challenges for sub-Saharan Africa rédigé par G.S. Kowero, M.J. Spilsbury et M.E. Chipeta (2001).

OBSTACLES AU DEVELOPPEMENT DE LA PECHE EN MER

Caractéristiques communes et questions transversales

151. Les évolutions des ressources halieutiques et des conditions économiques et écologiques créent une fluctuation des approvisionnements et de la demande; la pêche en mer reste toutefois une source primordiale de nourriture, d'emplois et de revenus dans nombre de pays et de communautés en Afrique. Les protéines de poisson sont indispensables, notamment dans l'alimentation des pays à forte densité de population dans lesquels le total des apports protéiques peut être insuffisant. Ce sont les pays côtiers qui dépendent le plus du poisson pour couvrir leurs besoins protéiques. En République du Congo, au Ghana, en Guinée et au Sénégal, le poisson couvre environ 50 pour cent, ou plus, du total des apports protéiques.

152. L'exploitation des stocks halieutiques s'intensifie. Le nombre de ressources sous-exploitées, ou modérément exploitées, ne cesse de diminuer sous l'effet de la poussée de la demande. Le nombre de stocks pleinement exploités reste assez stable, mais on constate une augmentation du nombre de réserves surexploitées, épuisées et en cours de repeuplement. Le total des captures continue de croître dans l'ouest de l'Océan indien. Cette zone a (en principe) la plus grande possibilité d'augmentation de la production et on y trouve moins de réserves surexploitées, épuisées et en cours de repeuplement. L'incidence de la pêche sur les écosystèmes, sur leur structure et sur leurs fonctions suscite de plus en plus d'inquiétude. Selon les indicateurs, les écosystèmes capables de supporter un développement de la pêche sont presque entièrement exploités dans la majeure partie des régions.

153. De nos jours, les petits pêcheurs artisanaux sont confrontés à de graves problèmes qui limitent le développement de leurs activités. Au sein des écosystèmes marins de l'Afrique, ils partagent les caractéristiques suivantes:

Principaux obstacles au développement de la pêche en mer

154. Le développement de la pêche en mer en Afrique souffre d'un cadre institutionnel insuffisant et d'un manque de ressources humaines et financières pour permettre un développement durable des ressources halieutiques. Deux principaux problèmes doivent être résolus:


[2] De récents travaux sur la compétitivité ont été réalisés par un institut appelé The International Institute for Management Development (Stephane Garelli) "Competitiveness of Nations: the fundamentals", dans World Competitiveness Yearbook (2002)
[3] Dans les neufs pays d'Afrique orientale et australe les plus touchés par la pandémie du VIH/SIDA, la main d'œuvre agricole a diminué de 13 à 26 pour cent.
[4] Les pays africains ne consacrent qu'environ un pour cent de leur produit agricole brut à la recherche agricole.
[5] La superficie cultivée a été augmentée de 0,73 pour cent, grâce notamment à la conversion de forêts et de prairies, et à la réduction de la période de jachère. Selon les projections établies jusqu'en 2030, cette superficie devrait croître, mais le taux effectif d'accroissement sera en fonction de l'évolution des systèmes d'exploitation.
[6] En 1993, par exemple, les aliments ont représenté 23 pour cent des importations totales du Togo et 29 pour cent de celles du Sénégal.
[7] La zone aride couvre la majeure partie du nord du Sénégal, de Dakar jusqu'au fleuve Sénégal, et s'étend à l'est en traversant toute l'Afrique, y compris de vastes zones du centre du Mali, du nord de la Burkina Faso, du sud du Niger et du nord-est du Nigeria.
[8] Selon l'Organisation internationale des Nations Unies pour l'eau potable et l'assainissement.
[9] C'est dans les zones urbaines du Botswana que l'accès à l'eau saine est le plus élevé (100 pour cent) et en Angola qu'il est le plus faible (environ 34 pour cent). L'accès aux systèmes d'assainissement est beaucoup plus répandu dans l'ensemble et atteint plus de 95 pour cent dans les zones urbaines du Malawi, de la Namibie, de l'Afrique du Sud, de la Tanzanie, de la Zambie et du Zimbabwe (toujours d'après les statistiques de l'OMS/UNICEF pour 2000).
[10] Ainsi, la ville de Victoria Falls (Zimbabwe), qui compte plus de 3 000 habitants, évacue 8 000 m3 d'eaux usagées (y compris d'eaux d'égout brutes) dans le Zambèze. Selon les travaux de Chenje en 2000, cette situation s'explique par la surcharge des installations d'assainissement de la ville et par ses pannes fréquentes. Les niveaux de nitrate et de phosphate dans l'effluent dépassent les normes zimbabwéennes et peuvent expliquer la prolifération de la jacinthe d'eau dans le lac Kariba, qui se trouve en aval. L'indice total de coliformes dans l'effluent est également élevé et constitue un risque pour la santé des communautés en aval et les 32 000 personnes qui visitent la ville tous les ans.
[11] Document rédigé par G.S. Kowero, MJ. Spilsbury et M.E. Chipeta.
[12] Non seulement un grand nombre d'hommes et de femmes, de tout âge, tirent un revenu du ramassage, de la transformation et du commerce de bois de chauffe, de charbon de bois, d'aliments provenant de la forêt et de services informels aux touristes (dont l'artisanat), mais quelques producteurs informels se sont aussi lancés dans l'exploitation commerciale. La commercialisation des produits forestiers dans le sous-continent augmente, tant à l'intérieur des pays qu'entre pays. On trouve ainsi des sculptures sur bois provenant d'Afrique occidentale ou d'Afrique orientale en Afrique australe, et même à l'étranger. En outre, le secteur est très mouvant et instable, du fait de sa désorganisation, du manque de contrôle des activités et de l'anonymat quasi total de ses acteurs.

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