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4. LE TABAC EN INDE


4.1 INTRODUCTION

L’étude passe en revue la situation du secteur du tabac en Inde, aussi bien en ce qui concerne le tabac brut que les produits manufacturés. Elle s’est attachée à identifier les principaux facteurs économiques et sociaux qui influencent la production et la consommation de tabac, et à analyser les conséquences économiques des mesures de contrôle du gouvernement.

4.2 SUPERFICIE, PRODUCTION ET RENDEMENTS

La superficie plantée en tabac, à savoir quelque 0,25 pour cent de la superficie totale cultivée, a fluctué irrégulièrement au cours des trois dernières décennies. Celle occupée par le tabac paraît fortement influencée par les prix de l’année précédente. En raison de l’augmentation des rendements, la production de tabac a haussé, passant de 362 000 tonnes en 1970/71 à 646 000 tonnes en 1997/98 (tableau 4.1).

Tableau 4.1 - Superficie, production et rendements du tabac en Inde

Période

Superficie
(milliers d’ha)

Production
(milliers de tonnes)

Rendement unitaire
(kg/ha)

Pourcentage des terres irriguées (%)

1970/71

447

362

810

23,7

1975/76

368

350

950

29,8

1980/81

452

481

1 065

33,7

1985/86

397

441

1 111

39,9

1990/91

385

563

1 353

43,2

1994/95

381

567

1 486

45,3

1995/96

395

535

1 356

n.d. (1)

1996/97

432

599

1 386

N.D.

1997/98

464

646

1 393

N.D.

Notes: (1) n.d. = non disponible

Source: Direction de l’économie et des statistiques, Ministère de l’agriculture. Différents numéros Area and Production of Principal Crops in India.

Au cours des trois dernières décennies, la production de tabac jaune de Virginie (TJV) a augmenté à un taux annuel de 1,2 pour cent malgré la réduction de 0,7 pour cent par an de la superficie plantée. La production d’autres variétés s’est accrue de plus de 2 pour cent, traduisant principalement la meilleure productivité puisque la superficie plantée n’a enregistré qu’une faible augmentation. Une analyse de la performance à long terme fait état de changements marqués dans les tendances entre les années 1980 et 1990. La production totale de TJV entre 1981/82 et 1991/92 s’est caractérisée par un faible taux annuel de croissance (0,9 pour cent). La réduction de la superficie a neutralisé en partie les bénéfices tirés de la productivité. Près de 85 pour cent de la production accrue étaient le fait de l’accroissement de la productivité et 15 pour cent de l’extension de la superficie. Les rendements croissants en TJV au cours des années 1990 traduisaient l’impulsion donnée à cette variété par la politique du gouvernement au travers de l’Office du tabac. La technologie améliorée et les pratiques culturales recommandées par l’Institut central de recherche sur le tabac (CTRI) et d’autres institutions ont également aidé à stimuler la production.

L’adoption généralisée de variétés améliorées mises en circulation par le CTRI et d’autres stations de recherche, conjuguée à l’adoption de pratiques culturales plus rationnelles, a amélioré les rendements unitaires. L’utilisation sensiblement accrue d’engrais et d’insecticides pour le tabac ont également joué un rôle important. Des données sur les quantités totales de ces intrants utilisés dans la culture du tabac ne sont pas disponibles pour l’ensemble du pays, mais la recherche montre que les planteurs de tabac en Inde utilisent des dosages de ces intrants beaucoup plus élevés que ceux recommandés par les stations de recherche (cf. NCAER, 1994). Dans l’Andhra Pradesh, d’après les estimations (DES, 2000), les épandages d’engrais par hectare sur les plantations de tabac se sont accrus d’environ 250 pour cent dans les cinq années entre 1990/91 et 1994/95, alors que l’emploi d’insecticides a doublé. De même, l’utilisation accrue de l’irrigation, qui donne des rendements plus élevés par rapport à la production non irriguée, a également apporté une importante contribution. Tous ces intrants sont fournis à des prix subventionnés. Enfin, les augmentations de prix semblent aussi avoir stimulé la production. Les prix de la récolte de tabac ont crû de trois à dix fois au cours des trois dernière décennies, en fonction de la région. En outre, l’accroissement des prix de gros du tabac étaient plus élevé que pour les céréales ou d’autres cultures de remplacement, comme le coton, les légumineuses, le piment ou l’arachide.

Une grande variété de tabacs sont cultivés dans 16 États en Inde sous différentes conditions agroclimatiques. Cependant, la plupart des variétés (autres que le tabac de Virginie, le burley ou le tabac d’Orient) ne sont pas du type utilisé pour la fabrication de cigarettes. Ils servent à produire le natu, le bidi, le tabac à chiquer, le hooka (narghilés), le tabac pour cigares et cigares manilles et représentent environ 77 pour cent de la production totale (tableau 4.2). La culture du TJV était initialement limitée aux zones de sols noirs traditionnels de l’Andhra Pradesh. Cependant, pour satisfaire aux exigences de qualité des marchés intérieurs et d’exportation, la culture du TJV a été encouragée dans les sols légers du Karnataka et de l’Andhra Pradesh. Au début, les variétés plantées se limitaient au tabac de Havane utilisé dans les cigares et au tabac Lanka employé dans la fabrication de tabac à priser et de bidis. Par la suite, d’autres types comme le TJV ont été introduits.

Tableau 4.2 - Distribution (pourcentage) de la production de différents types de tabac en Inde

Année

Répartition en pourcentage de la production de différents types de tabac

Récolte totale
(milliers de tonnes)

TJV

Natu

Bidi

Cigare

Hooka

Cigares manilles

Tabac à priser

1975/76

27,7

10,9

31,4

4,3

7,1

17,2

1,4

349,8

1980/81

26,1

10,6

36,5

2,8

7,7

14,8

1,5

520,1

1985/86

18,0

13,8

39,3

4,0

6,8

17,0

1,8

441,2

1986/87

23,7

9,5

40,0

2,4

6,1

16,9

1,4

461,8

1987/88

15,4

9,8

37,6

2,7

8,7

24,1

1,7

367,4

1988/89

21,2

12,2

33,9

2,9

9,4

18,8

2,1

492,8

1989/90

18,8

12,9

33,4

2,8

6,2

23,5

2,4

551,6

1990/91

20,3

10,5

35,5

2,6

14,1

14,9

2,1

558,4

1991/92

28,2

12,3

28,6

2,4

12,4

13,5

2,6

584,4

1992/93

27,8

10,4

31,6

2,8

13,3

11,9

2,2

596,5

1993/94

22,0

10,7

33,4

2,8

17,3

11,7

2,1

562,9

1994/95

20,0

7,9

38,6

3,1

3,9

24,4

2,1

566,7

1995/96

22,0

9.0

38,3

3,2

3,2

22,2

2,1

535,2

1996/97

23,4

8,1

34,2

2,1

5,8

25,8

1,6

617,9

1997/98

23,6

8,1

29,5

1,5

6,6

29,1

1,5

646,0

Source: Direction du développement du tabac, Ministère de l’agriculture, Chennei.

4.3 IMPACT DES POLITIQUES PUBLIQUES SUR LA PRODUCTION DE TABAC

Bien que la production de tabac soit soumise à la juridiction de l’État, le Gouvernement de l’Inde joue un rôle important dans la croissance et le développement de l’industrie du tabac. De fait, au moins six ministères du Gouvernement de l’Union - agriculture, commerce, finances, industrie, travail et développement rural - s’occupent de la consommation de tabac ou d’autres aspects particuliers de l’industrie. À la suite des inquiétudes croissantes concernant les dangers de la consommation de tabac pour la santé, le Ministère central de l’agriculture n’a formulé aucun plan de développement de cette culture depuis l’achèvement du septième plan quinquennal (1985-90). Toutefois, d’une manière générale, la politique a visé la promotion de la production, l’amélioration de la qualité et l’assurance de prix rémunérateurs pour les tabaculteurs.

Les interventions du gouvernement à l’appui de l’industrie peuvent être classées comme suit:

i) appui institutionnel et réglementaire;
ii) soutien des prix et des marchés;
iii) promotion des exportations;
iv) recherche et développement (R et D);
v) subventions directes aux engrais et aux crédits.

Toutes ces interventions prévoient des subventions explicites ou implicites en faveur de l’industrie du tabac.

L’introduction du système des enchères par l’Office du tabac a apporté un élément de compétition au marché du tabac en feuilles et libéré le marché des anomalies de prix et de classement. Les agriculteurs qui ont l’intention de cultiver du tabac de Virginie sont tenus de s’enregistrer auprès de l’Office tous les ans. Les contingents de production sont fixés. Néanmoins, l’Office du tabac, qui est responsable de régulariser la production, la commercialisation et les exportations de TJV récolté dans les États de l’Andhra Pradesh, du Karnataka et du Maharashtra, n’est pas parvenu à contrôler entièrement la superficie ensemencée en tabac (tableau 4.3). De fait, le contrôle de la superficie à planter est un instrument inefficace pour contrôler la production car les incitations par les prix, les conditions climatiques et la compétence des planteurs individuels peuvent changer largement d’une campagne à l’autre le rendement par hectare sur les exploitations individuelles. Les tentatives faites par l’Office du tabac de réduire les fluctuations des prix aux enchères n’ont rencontré qu’un succès mitigé. En outre, la culture et le commerce des variétés autres que le TJV, qui représentent plus de 75 pour cent de la production de tabac, ne sont pas encore du ressort de l’Office du tabac.

Tableau 4.3 - Superficie enregistrée et plantée en cultivars de TJV, et production

Année

Superficie (milliers d’ha)

Production (milliers de tonnes)

% du

Enregistrée

Plantée

Différence
[(3) - (2)]

Prévue

Effective

Différence
[(6) - (5)]

changement de prix

(1)

(2)

(3)

(4)

(5)

(6)

(7)

(8)

1986/87

111,20

104,8,1

-6,33

110,20

132,73

3,07

21,37

1987/88

83,20

68,1

-14,89

83,20

59,34

-23,77

-34.18

1988/89

92,08

105,2

13,44

100,00

116,21

16,21

98,66

1989/90

88,58

105,2

16,74

93,00

100,82

7,82

1,59

1990/91

103,52

122,0

18,88

105,00

109,48

4,48

-11,45

1991/92

122,26

153,5

31,29

144,83

159,19

14,36

-13,37

1992/93

113,56

140,1

27,15

124,06

158,86

34,80

-18,37

1993/94

86,11

122,84

36,73

92,64

125,50

32,86

1,68

1994/95

81,69

106,39

24,70

86,27

96,34

10,07

10,00

1995/96

94,28

124,14

29,86

99,67

114,40

14,73

26,32

1996/97

100,54

152,72

52,18

112,76

168,21

55,45

24,38

1997/98

105,38

154,03

48,65

141,81

177,09

35,28

37,61

1998/99

118,23

183,47

65,24

139,26

204,49

65,23

n.d.

1999/20

120,73

178,93

58,20

132,28

190,00

57,72

n.d.

Source: Office du tabac (différents numéros). Annual Administrative Report.

La Direction du développement du tabac gère la commercialisations des tabacs autres que le TJV. Le Ministère central de l’agriculture poursuit ses efforts de rationalisation du commerce de ces tabacs en consultation avec les départements d’État de l’agriculture. Ils fournissent quelques installations, comme des cours pour les marchés, et leur impact sur les prix, etc. est limité. Dans ce secteur, les négociants et les fabricants sont plus actifs et tirent parti de la faiblesse des positions de négociation, notamment lorsqu’ils octroient des prêts, des intrants ou des crédits aux agriculteurs pour la culture du tabac.

L’Office du tabac, établi en 1976, fournit des services de commercialisation pour le TJV par le biais de son système obligatoire d’enchères. La tabac de Virginie au niveau primaire est vendu par l’entremise d’enchères organisées par l’Office. Les exportateurs de tabac, les fabricants de cigarettes et les négociants en tabac voulant participer aux enchères doivent s’inscrire comme acheteur pour chaque enchère, où qu’ils veuillent opérer. Cependant, le système des enchères n’a pas su réduire les fluctuations des prix à l’enchère et à l’exportation. Le tableau 4.4 compare les niveaux de prix pour des catégories représentatives choisies aux niveaux de la production et de l’exportation. Ces catégories comprennent le F 2 au niveau de l’exploitation et sa catégorie équivalente destinée à l’exportation, à savoir la catégorie L2.

Tableau 4.4 - Structure des prix du tabac (Rs/kg)

Année

MSP

MGP

Prix aux enchères (Catégorie F2)

MEP
(Catégorie L2)

Valeur unitaire d’exportation effective

1984/85

11,15

Néant

11,98

23,25

23,99

1985/86

11,15

Néant

13,01

23,25

24,92

1986/87

11,15

Néant

8,26

23,25

25,45

1987/88

11,25

Néant

19,9

24,55

25,35

1988/89

11,75

18,00

18,52

27,00

28,13

1989/90

12,50

15,10

34,49

27,00

31,47

1990/91

13,25

15,90

29,88

32,10

33,76

1991/92

14,75

21,50

29,88

48,50

58,45

1992/93

16,00

n.d.

24,39

n.d.

50,31

1993/94

18,00

n.d.

24,80

*

58,57

1994/95

18,50

25,00

27,28

*

54,63

1995/96

19,00

28,00

34,46

*

68,56

1996/97

19,00

31,00

42,86

*

80,64

1997/98

20,50

36,00

58,98

*

62,45

1998/99

22,50

38,00

34,47

*

71,14

Notes: n.d. = non disponible.

* = sans objet, étant donné que le prix d’exportation minimum a été aboli en 1993/94.

Source: Office du tabac (divers numéros). Annual Administrative Report.

Le CTRI est un organisme de recherche de pointe pour le tabac en Inde et, grâce à ses programmes multidisciplinaires, il a pu mettre au point un certain de nombre de cultivars de tabac à haut rendement et en améliorer la qualité. Outre les programmes du CTRI, six stations de recherche - situées dans l’Andhra Pradesh, le Gujarat, le Karnataka, l’Orissa et l’Uttar Pradesh - dans le cadre du projet All India Coordinated Research on tobacco ont mis au point des variétés à haut rendement pour différents types de tabacs destinés à divers États. Elles ont aussi élaboré des systèmes améliorés de gestion et de rotation des cultures.

4.4 POSSIBILITÉS DE REMPLACEMENT DES CULTURES

4.4.1 L’économie du tabac vis-à-vis d’autres cultures

En Inde, comme dans de nombreux autres pays, le tabac donne des rendements nets plus élevés par unité de terre que la plupart des autres cultures de rente, et beaucoup supérieurs à ceux des cultures vivrières. À l’heure actuelle, il existe quelques cultures spécialisées dans différentes zones qui assurent des revenus semblables, mais il est estimé qu’elles ne seraient plus rémunératrices si la production totale augmentait. L’économie de ces cultures se fonde normalement sur des essais menés sur des superficies limitées auprès de stations de recherche en conditions optimales. Il faudrait entreprendre des recherches plus approfondies sur une plus grande échelle au niveau de l’exploitation avant de formuler des recommandations précises les concernant. D’une manière générale, dans les conditions propres aux exploitations, la plupart des cultures de remplacement, comme on le verra par la suite, ne sont pas aussi rémunératrices à l’heure actuelle que le tabac. Si les planteurs veulent diversifier leurs cultures ils sont susceptibles de se heurter à des difficultés économiques.

Ces cultures de remplacement exigent aussi des hauts niveaux d’irrigation. On préfère le tabac en raison de sa résistance à la sécheresse et à sa capacité de pousser dans des terres non irriguées. Parmi les autres problèmes associés au remplacement du tabac par d’autres cultures figurent le capital investi en installations spécialisées créées pour la transformation du tabac et qui ne peuvent servir à d’autres cultures, la difficulté de trouver des cultures de remplacement pour des zones non irriguées, et la dépendance de millions de personnes vis-à-vis du roulage des bidis et de la collecte de feuilles de tendu. En outre, avec un marché assuré et le paiement immédiat du produit de la vente par l’Office du tabac, il serait difficile de remplacer le TJV par une autre culture.

Il conviendrait de comparer les taux de rentabilité du tabac avec des cultures concurrentielles comme l’arachide ou le coton. Pour ce faire, le Karnataka a été choisi comme État représentatif pour la production du TJV. Les données montrent que même si le tabac assure normalement des bénéfices élevés, il peut également subir de fortes pertes (tableau 4.5). Parmi ces trois cultures, l’arachide enregistre régulièrement des bénéfices raisonnables une fois déduits les coûts de sa production. En revanche, pour le coton et le tabac les bénéfices fluctuent. Bien qu’on manque de données pour des années comparables, on peut supposer que la tendance observée à long terme pour ces cultures n’a pas changé sensiblement au cours de ces dernières années.

À la lumière de la surproduction récente de TJV, des comparaisons ont été entreprises sur les profits tirés de la culture de tabac par rapport à d’autres cultures dans les zones de production du TJV. La comparaison montre que certaines autres cultures sont adaptées à ces sols et qu’elles peuvent être plus rémunératrices que le tabac. L’Institut central de recherche a trouvé, par exemple, que des combinaisons de maïs hybride et de haricot mungo donnaient des niveaux prometteurs de revenu net par hectare dans les terres noires à coton de l’Andhra Pradesh, de même que le maïs hybride et le soja.

Tableau 4.5 - Revenu net tiré de différentes cultures au Karnataka (Rs/quintal)

Campagne agricole

Arachide

Coton

Tabac

1982/83

71,11

46,77

313,71

1983/84

121,61

103,13

146,94

1985/86

77,27

- 57,71

n.d.

1986/87

119,15

- 17,72

- 1 069,31

1987/88

n.d.

n.d.

- 432,25

1991/92

145,50

n.d.

1 110,00

Notes: n.d. = non disponible. 1 quintal = 100 kg.

Source: Direction de l’économie et des statistiques. Cost of Cultivation of Principal Crops in India. (différents numéros).

Le tabac servant aux bidis est généralement moins rémunérateur pour les tabaculteurs que le TJV. Certaines études ont montré que d’autres cultures, comme le piment ou le coton, ou une combinaison de soja et de sorgho rabi, ainsi que d’arachide et de sorgho rabi, pouvaient assurer des revenus plus élevés qu’une seule récolte de tabac. Cependant, d’autres études (Kiremath, 2000, et des études menées par le Département de l’économie agricole, l’Université des sciences agricoles, Dharward), sur l’économie du tabac pour les bidis dans la zone de Nippani (district de Belgaum), et une étude réalisée par le Centre de recherche multidisciplinaire pour le développement (CMDR) dans trois talukas des districts de Dharward ont donné différents résultats, à savoir que le tabac pour bidis assurait un revenu net par hectare supérieur au soja, au sorgho, au coton ou à l’arachide, la canne à sucre seulement étant plus rentable que le tabac. Cette dernière pourrait être la culture préférée dans la région partout où l’irrigation est disponible. En outre, le programme de recherches approfondies entrepris par le CTRI a montré qu’à l’heure actuelle aucune culture de rechange testée en monoculture ne donne des revenus comparables au tabac. Les revenus des cultures intercalaires ou des doubles cultures étaient équivalents à ceux du tabac en monoculture (CTRI, 1999). Il est important de souligner que le tabac est normalement cultivé comme unique culture, à l’exception des zones où la certitude d’un réseau bien développé d’irrigation permet la production d’une deuxième culture.

4.4.2 Information au niveau micro sur le passage du tabac à d’autres cultures

Des études de terrain entreprises par le Conseil national de la recherche économique appliquée (NCAER, 1994) et le CMDR ont mis en évidence un certain nombre de facteurs socioéconomiques importants encourageant la culture du tabac:

Les agriculteurs préfèrent le tabac car il donne normalement des revenus plus élevés que d’autres cultures. Cependant, son coût est aussi beaucoup plus haut. Les cultivateurs apparemment ne considèrent pas toujours les répercussions économiques - tant au plan des coûts que des revenus - de la culture de tabac.

L’Office du tabac a déclaré la cessation de la culture du TJV dans l’Andhra Pradesh et a baissé les objectifs de production au Karnataka qui sont passés de 40 000 tonnes en 1999/2000 à 25 000 tonnes pour la campagne 2000/01. De ce fait, certains des agriculteurs plus évolués ont consacré une partie de leurs superficies plantées en tabac à d’autres cultures, comme la canne à sucre, le piment, l’arachide ou le coton.

L’équipe du CMDR a étudié 74 agriculteurs se livrant à d’autres cultures agricoles dans la région productrice de tabac du Karnataka, pour comprendre les raisons qui s’opposent à la culture du tabac (tableau 4.6). Il semble que la majorité de ces agriculteurs étaient convaincus des difficultés économiques inhérentes à la culture du tabac. Il faudrait souligner que des études plus détaillées sont nécessaires sur ces aspects pour obtenir plus d’informations permettant la formulation de politiques.

Tableau 4.6 - Raisons pour lesquelles des agriculteurs du Karnataka se sont abstenus de cultiver le tabac

Raisons avancées

Pourcentage d’agriculteurs

1. Problèmes de main-d’oeuvre

10,8

2. Hauts coûts de la culture

25,7

3. Risques inhérents

2,7

4. Faible prix du tabac

1,3

5. Disponibilité d’un réseau d’irrigation (facilitant la production d’autres cultures)

36,9

6. Maladie du tabac

2.7

7. Temps et coûts nécessaires à la culture du tabac

2,7

8. Autres

17,6

4.4.3 Économie des systèmes de cultures intercalaires comme approche de la diversification agricole

Les essais de terrain sur les cultures intercalaires réalisées par la station du CTRI à Pusa, Bihar, entre 1990 et 1997, ont montré que les cultures associées étaient plus rentables que le tabac cultivé en monoculture. Le tabac plus l’ail, le tabac plus le haricot rouge et tabac plus la pomme de terre pouvaient tous donner de meilleurs revenus que le tabac tout seul. Ces systèmes de cultures intercalaires pourraient être le premier pas vers l’abandon du tabac. Un ensemble de cultures associées, le passage à d’autres cultures jouissant d’une assurance-récolte appropriée, des intrants agricoles adéquats pour les cultures de remplacement, de bons débouchés commerciaux, etc. seraient nécessaires pour assurer le succès d’une politique visant l’abandon graduel du tabac.

4.4.4 Répercussions économiques de la diversification sur les terres plantées en tabac

Ci-dessous figure une tentative d’évaluer les répercussions directes pour les exploitants et les travailleurs agricoles de l’affectation de terres plantées en tabac à d’autres cultures. Le CTRI a identifié certaines cultures presque aussi rentables que le tabac pour différentes zones dans un certain nombre d’États producteurs de tabac. Les revenus nets par hectare de toutes ces cultures étaient normalement inférieurs à ceux du tabac seul. C’est pourquoi même si les agriculteurs sont à même de les cultiver, ils sont susceptibles de perdre plutôt que de gagner. En outre, étant donné les grandes variations de qualité et les autres caractéristiques du tabac et des cultures de remplacement, les facteurs déterminants ne seront pas seulement les prix mais aussi la capacité de développer la production de cultures de remplacement ayant la qualité voulue, et de mettre en place des infrastructures de soutien. Les résultats des études du CTRI sont utilisés ici pour évaluer l’impact sur le revenu de l’agriculteur du remplacement du tabac par les deuxièmes cultures les plus rentables, alors que les données officielles de l’étude Cost of cultivation of principal crops in India ont servi à analyser les répercussions au niveau de l’emploi. L’évaluation a été réalisée par hectare là où ces données étaient disponibles.

La réduction du revenu net qui pourrait résulter du passage à la deuxième culture la plus rentable est estimée en moyenne à 23 pour cent. Il s’agirait d’une perte considérable, notamment pour les paysans marginaux ou les petits exploitants qui forment la majorité des agriculteurs dans la plupart des États.

Les gros exploitants tendent à adopter le tabac plus que les autres. Dans les zones rurales, un grand nombre de ménages sont largement tributaires du tabac pour leurs revenus monétaires, notamment dans les trois principaux États producteurs. La plupart des paysans marginaux et des petits exploitants cultivent le tabac en monoculture et comptent principalement sur cette récolte pour leur subsistance. Ils doivent acheter des céréales de base et d’autres vivres essentiels pour la consommation familiale.

Une étude sur l’industrie du tabac dans l’Andhra Pradesh, parrainée par l’Institut du tabac de l’Inde, a évalué les dépenses des tabaculteurs pour une série de produits et services familiaux. Pour les paysans marginaux et les petits exploitants, le tabac était la principale source de revenu familial et le principal moyen de subsistance. Le revenu annuel moyen du tabaculteur dans cet État s’élevait à environ 15 000 Rs. La majorité des dépenses de consommation allait aux produits alimentaires, soit quelque 67 pour cent. En l’absence d’informations détaillées dans l’étude sur les modèles de consommation, les résultats d’une enquête menée par la National Sample Survey of Household Consumer Expenditure pour 1993/94 dans l’Andhra Pradesh rural (NSSO, 1996) peuvent servir d’indicateurs. Parmi les produits alimentaires, les céréales et les légumineuses représentaient 24 pour cent et 4 pour cent respectivement, avec une consommation annuelle de céréales par ménage de 800 kg environ. Parmi d’autres produits alimentaires importants figuraient le lait et les produits laitiers (9,7 pour cent); les fruits et les légumes (7,7 pour cent) et la viande, les oeufs et le poisson (3,3 pour cent). Parmi les produits non alimentaires, le carburant et l’électricité s’adjugeaient 7,3 pour cent, suivis de l’habillement (5,3 pour cent), alors que les cigarettes et les bidis absorbaient 2 pour cent des dépenses totales du ménage. Le revenu et les dépenses annuelles des ménages producteurs de tabac dans l’Andhra Pradesh sont résumés au tableau 3.7.

Pour évaluer l’impact sur la sécurité alimentaire des planteurs de tabac, s’ils devaient abandonner le tabac pour se tourner vers d’autres cultures, on a utilisé la réduction globale du revenu par hectare de 23 pour cent due à ces autres cultures. Avec la perte du revenu tiré du tabac, l’agriculteur devra réadapter le modèle de dépenses de consommation familiale, soit en consacrant une part plus élevée de ses dépenses à la nourriture soit en réduisant la consommation d’aliments, notamment parmi les familles de paysans marginaux et de petits exploitants. Dans le cas d’un abandon total du tabac au profit d’autres cultures, avec une baisse moyenne estimée de 23 pour cent du revenu annuel du ménage, la consommation de céréales se réduirait d’environ 10 pour cent. La consommation familiale moyenne de céréales pourrait accuser un recul et passer de 800 à 720 kg. Ce résultat aurait un effet fâcheux sur la santé et le bien-être de ces familles qui sont déjà sous-alimentées.

L’abandon de la production de tabac réduirait sans doute la demande de main-d’oeuvre salariée dans la plupart des États, la main d’oeuvre salariée requise pour des cultures de remplacement étant considérablement inférieure. Les besoins totaux de main-d’oeuvre pour des cultures de remplacement, y compris la main-d’oeuvre familiale, diminueraient d’environ 35 pour cent

Tableau 4.7 - Revenu et dépenses annuels du ménage producteur de tabac dans l’Andhra Pradesh

Elément

Consommation annuelle

Rs

Pourcentage (%)

1. Aliments

10 000

66,6

2. Habillement et voyages

2 000

13,3

3. Logement

1 000

6,7

4. Loisirs

1 000

6,7

5. Autres

1 000

6,7

Revenu moyen annuel des tabaculteurs

15 000

100,0

Source: COSMODE, janvier 2000. Tobacco Industry in Andhra Pradesh: A Compendium.

Toute réduction de l’emploi de la main-d’oeuvre salariée en zone rurale aurait un effet très défavorable sur les paysans sans terre qui dépendent principalement pour leur subsistance du travail dans le secteur agricole, et sur les paysans marginaux et les petits exploitants qui complètent leurs gains par des travaux réalisés dans d’autres grandes exploitations comme travailleurs salariés. C’est pourquoi, la réduction de l’emploi pour la main-d’oeuvre salariée dans les zones où le tabac est remplacé par d’autres cultures entraînerait une insécurité économique et alimentaire majeure, non seulement pour un groupe important de paysans sans terre dans les zones rurales, mais aussi pour les familles d’agriculteurs marginaux et de petits exploitants.

4.5 DÉBOUCHES COMMERCIAUX ET DÉTERMINATION DES PRIX DES CIGARETTES

En 1984, un système d’enchères obligatoire a été introduit pour les variétés de tabac de Virginie utilisées normalement dans la fabrication de cigarettes vendues sur les marchés étrangers. L’agriculteur livre habituellement des balles de feuilles au lieu des enchères.

En revanche, le marché du tabac pour les bidis est largement non réglementé. Du fait que la commercialisation de ce type de tabac n’est pas contrôlé par les organismes publics, les agriculteurs producteurs ne reçoivent pas des prix aussi rémunérateurs que pour le TJV. Le tabac pour bidi est vendu aux commerçants à des prix négociés. Dans la plupart des cas l’agent achète la récolte de tabac sur la base de la fumée dégagée par les feuilles et des taches présentes sur la feuille, ainsi que de la teneur en nicotine. Dans la plupart des cas, la communauté des commerçants finance les agriculteurs si bien que le pouvoir de fixation du prix appartient au commerçant et, dans la plupart des cas, l’agriculteur n’est payé qu’un an environ après la vente.

La transformation du tabac pour les bidis n’est pas un processus hautement technique. Après la transformation du tabac en flocons, l’agent emmagasine le tabac jusqu’à son expédition au fabricant. Le transformateur mélange aussi le tabac suivant les exigences du fabricant. L’achat de tabac pour bidis auprès de l’agriculteur commence en février et mars. Après sa transformation, il est emmagasiné pour une période de 6-12 mois à des fins de maturation.

La commercialisation et la distribution de tabac pour les bidis reste le domaine du secteur privé et l’industrie est entièrement libre. É l’heure actuelle, il n’existe aucun arrangement institutionnel réel pour réglementer la commercialisation du tabac pour les bidis, en raison de la forte opposition des marchands de tabac.

Les débouchés commerciaux pour le tabac en feuilles, les bidis et les cigarettes sont indiqués à la figure 4.1. Tous les organismes de commercialisation appartiennent au secteur privé, à l’exception de l’Office du tabac et de la Société étatique du commerce. Le marché de la cigarette est oligopolistique et comprend quatre grandes sociétés de fabrication. Le marché indien des cigarettes et des autres produits dérivés est très sensible aux prix. À la suite de la réduction des droits d’accise et par conséquent des prix en 1994, la demande de micros (cigarettes plus courtes que 60 mm) est montée en flèche. Il a été estimé que la consommation de micros est passée de 300 millions d’unités en 1993 à environ 4 milliards en 1994, 18 milliards en 1995 et plus de 19 milliards en 1996. Cependant, avec l’accroissement des droits d’accise imposés sur ces cigarettes avec le budget de 1996/97, la demande a fléchi et entraîné un retour par certains fumeurs aux petites cigarettes à filtre et par certains autres aux bidis.

Les prix des différents types et tailles de cigarettes dépendent, entre autres, du niveau des droits d’accise et de leurs changements imposés par le gouvernement central dans son budget fiscal annuel. Une augmentation même modérée des droits d’accise (plus de 3 pour cent, par exemple) détermine une hausse réelle du prix des cigarettes. Parfois une augmentation modeste de la taxation a permis de maintenir les prix de détail. Étant donné la variation des prix déterminée par des changements dans la taxation pour différents types et tailles de cigarettes, la part qui leur revient dans les ventes totales s’est modifiée considérablement.

Figure 4.1 - Débouchés commerciaux pour les bidis et les cigarettes

4.6 L’INDUSTRIE INDIENNE DES BIDIS ET DES CIGARETTES

4.6.1 L’industrie du bidi

Le bidi consiste en du tabac enroulé dans une feuille de tendu et lié par une ficelle. La feuille de tendu représente 74 pour cent du poids du bidi. Les variétés de tabac brun séchées au soleil servent à fabriquer les bidis. Environ 80 pour cent du tabac pour bidis viennent du Gujarat et le reste du Karnataka. Aux bidis sont imputables plus de 50 pour cent de la totalité du tabac utilisé, contre moins de 20 pour cent pour le segment de la cigarette. Il existe environ 290 planteurs de tabac pour bidis.

La collecte des feuilles de tendu servant à enrober les bidis sont un élément important de l’industrie du bidi. Les feuilles de tendus sont produites presque entièrement dans des forêts domaniales, 62 pour cent de la production provenant du Madhya Pradesh.

La production annuelle de feuilles de tendu en 1994/95 avait une valeur estimée à 14 milliards 700 millions de Rs. Environ 2 millions de personnes se livrent à la collecte de feuilles, alors que 4,4 millions d’autres personnes sont employées directement dans le roulage des bidis. Cette activité se concentre dans les États du Madhya Pradesh, de l’Andhra Pradesh, du Tamil Nadu, de l’Utar Pradesh et du Bengale de l’Ouest. Les bidis sont fabriqués en grande partie par le secteur indépendant de la petite fabrication artisanale. Il existe quelques grandes fabriques de bidis de marque gérées étroitement par les familles. Il est estimé que l’industrie du bidi a utilisé 268 000 tonnes de tabac en 1998/99, soit 54,4 pour cent de l’utilisation totale apparente de tabac.

4.6.2 L’industrie de la cigarette

Il y a actuellement quatre grands fabricants de cigarettes en Inde: ITC Limited (autrefois Imperial Tobacco Co.); VST Industries Limited (autrefois Vazir Sultan Tobacco Co.); Godfrey Philips India Ltd; et GTC Industries Limited (autrefois Golden Tobacco Co., Ltd.). Il existe aussi deux sociétés productrices de cigarettes de moindre envergure. Manquant de l’infrastructure nécessaire, elles produisent en sous-traitance des cigarettes pour les grandes sociétés productrices.

La production de cigarettes a atteint le chiffre record de 96,1 milliards d’unités en 1984/85 pour baisser ensuite. Elle a connu une reprise dans les années 1990 (tableau 4.8). En 1997, le marché de la cigarette valait, d’après les statistiques, 66 millions de Rs (ERC Statistics International, 1998).

Table 4.8 - Production, exportations et importations de cigarettes en Inde

Année

Production

Importations

Exportations


Millions d’unités

1950/51

20 700



1960/61

35 000



1970/71

63 100



1980/81

78 600



1981/82

90 600



1982/83

89 100



1983/84

87 300



1984/85

96 100



1985/86

82 400



1986/87

81 100



1987/88

77 800



1988/89

80 300



1989/90

83 500



1990/91

86 100


800

1991/92

85 700


6 428

1992/93

80 800

51

2 410

1993/94

78 800

25

3 456

1994/95

84 000

86

3 463

1995/96

95 600

134

1 461

1996/97

102 300

157

1 206

1997/98

104 600

252

1 446

1998/99

101 000

35

2 543

Source: Budget de l’Union et données sur le commerce extérieur provenant de la Direction générale des renseignements commerciaux

Le prix moyen d’un paquet de 10 cigarettes s’est accru passant de 4 Rs en 1990/91 à 6 Rs en 1988/99. À l’heure actuelle, le prix de détail d’un paquet de 10 cigarettes bon marché est de 6 Rs contre 3 Rs pour un fagot de 25 bidis. Ces derniers évitent les taxes car ils sont produits dans une large mesure dans des usines artisanales locales. Les tentatives faites pour augmenter les taxes sur les bidis sont souvent interprétées comme une attaque contre les pauvres, et considérées, dès lors, comme politiquement inopportunes. Les prix des cigarettes et des autres produits dérivés en 1998/99 sont comparés dans le tableau 4.9.

Tableau 4.9 - Prix de détail des cigarettes et d’autres produits à base de tabac

Article

Prix de détail urbain moyen

Bidi

3,50 Rs le fagot de 25

Cigarette

6 Rs le paquet de 10

Cigare manille

0,45 Rs chacun

Tabac à priser

17,10 Rs le paquet de 100 g

Tabac - hooka (pour narghilés)

15,85 Rs le kg.

Petite feuille de bétel

12 Rs les 100

Bétel fini ordinaire

2 Rs chacune

Feuille non séchée

38,50 Rs le kg.

Source: National statistics. En septembre 2000

4.7 ANALYSE ÉCONOMIQUE DES ENTREPRISES DE TABAC

Il est estimé que plus de 2,3 millions de personnes tirent de ce secteur leur subsistance. La masse salariale annuelle de ces entreprises s’est élevée en moyenne à 4 milliards 300 millions de Rs, et les salaires annuels par travailleur ont varié entre 8 400 Rs dans les fabriques de bidis et 55 730 Rs dans celles de cigarettes, cigares et cigares manilles. La valeur totale nette ajoutée par toutes les entreprises avoisinait 15 milliards de Rs par an, auxquels les fabriques de bidis contribuaient pour 41,2 pour cent et les cigarettes et industries apparentées pour 34,2 pour cent. Même si les salaires par ouvrier étaient considérablement plus hauts, la masse salariale annuelle totale dans les industries de cigarettes et apparentées n’atteignait que 4 pour cent de la valeur brute de la production, contre 16 pour cent dans les fabriques de bidis, la fabrication de bidis étant à plus fort coefficient de main-d’oeuvre. Il est estimé que la fabrication de bidis procure un emploi à plus de 4,4 millions de travailleurs dont un grand nombre sont des femmes et des enfants. Si les liaisons économiques en amont et en aval sont prises en compte, les bidis ont généré 1 milliard 310 millions de journées de travail alors que les cigarettes n’ont créé que 340 millions (tableau 4.10).

Tableau 4.10 - Emploi (formel + informel) dans l’industrie du bidi et de la cigarette, 1994/95


Tabaculteur

Transformateur

Fabricant

Grossiste

Détaillant

Total

Equivalent temps plein








Bidis

140 000

29 300

2 964 000

110 000

1 130 000

4 373 300


Cigarettes

124 000

2 200

10 620

110 666

886 066

1 134 128

Personnes employées








Bidis

290 000

44 000

4 461 000

83 000

757 000

5 635 000


Cigarettes

267 000

3 278

10 620

81 616

543 000

906 090

Journées de travail (millions)








Bidis

41,5

8,8

889,2

371,1

n.d.

1310,6


Cigarettes

37,1

0,7

3,2

299,0

n.d.

340,2

Note: n.d. = non disponible.

Source: Bidi and Cigarette Industry - A Comparative Status. Indian Market Research Bureau Report, 1996.

L’industrie du bidi procure un emploi à un grand nombre de travailleurs - quelque 4,4 millions sont employés dans le roulage seulement. Environ 22 pour cent des ces travailleurs tirent du roulage des bidis leur seule source de revenu. Le tableau 4.11 montre la valeur ajoutée brute comparative par unité dans les industries de bidis et de cigarettes. Les chiffres relatifs à l’emploi n’incluent pas l’emploi crée par la cueillette des feuilles de tendu (dans le cas des bidis), par les industries d’approvisionnement des fabriques de cigarettes, comme la fabrication de papier, par l’emballage et par les machines utilisées pour la fabrication des cigarettes.

4.7.1 Impact de l’introduction de techniques et matériel modernes de transformation

Les sociétés de fabrication des cigarettes ont modernisé leur matériel de transformation et de fabrication, à l’aide de machines neuves où améliorées. L’application de techniques avancées a permis de perfectionner la transformation, de réduire le prix des éléments constitutifs et d’améliorer la qualité et l’efficacité. Ces techniques ont aussi permis de réduire les dommages causées aux cigarettes et le gaspillage, de baisser les niveaux de goudron et de nicotine par le filtrage, de diminuer l’utilisation de tabac par cigarette et d’améliorer le papier à cigarettes et les filtres. La part revenant aux cigarettes à bout filtre s’est accrue, passant de moins de 30 pour cent en 1970 à 66 pour cent en 1998. La réduction du tabac utilisé par cigarette a été considérable. D’après certaines sources de l’industrie, à l’heure actuelle près de 750 g de tabac transformé sont utilisés pour fabriquer 1 000 cigarettes contre les 1 000 g utilisés il y a trois décennies.

Cependant, l’industrie de la cigarette en Inde n’est pas allée techniquement de pair avec les pays développés. C’est ainsi que la rapidité des fabricants et des emballeurs de cigarettes en Inde est de 2 000 à 3 000 cigarettes par minute, par rapport aux 7 000-10 000 ailleurs. Dans les usines étrangères, de très hauts niveaux d’automatisation caractérisent la transformation primaire, les systèmes de manutention du matériel et la technologie secondaire.

Tableau 4.11 - Valeur ajoutée brute dans les industries de bidis et de cigarettes


Bidi

Cigarette

Valeur brute générée par journée de travail (Rs)

47

192

Valeur brute générée par million d’unités (milliers de Rs)

87,3

724,4

Valeur brute ajoutée par journée de travail (Rs)

31

135

Valeur brute ajoutée par million d’unités (milliers de Rs)

58,9

508,3

Équivalent emploi plein (millions)

4,37

1,13

Emploi total créé (millions de journées de travail)

1 310,6

340,1

Valeur brute générée (millions de RS)

61 110

65 200

Source: Bidi and Cigarette Industry - A Comparative Status. Indian Market Research Bureau Report, 1996.

L’introduction de la technologie moderne n’a eu qu’un faible impact sur les prix. De fait, les prix de détail des cigarettes ont continué à hausser en raison largement de l’augmentation des droits d’accise qui représentent désormais 61 pour cent du prix de détail des cigarettes en Inde.


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