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3. SARDINELLES


3.1 Identité du stock

Aucune nouvelle étude sur l'identité de la sardinelle n'a été réalisée depuis la réunion du groupe de travail en mars 2000. Comme lors des groupes de travail antérieurs, on s'est accordé sur l'existence d'un stock unique pour chacune des deux espèces de sardinelles (FAO 2001). Pour un complément d'information sur l'identité des stocks, il faut se référer au Rapport du groupe de travail 2001 (FAO 2001).

3.2 Les pêcheries

Captures totales

Sardinella aurita

Les captures totales de Sardinella aurita pour toute la région sont présentées dans le Tableau 3.2.1a et la Figure 3.2.1a. On peut observer que la diminution progressive des captures de S. aurita a continué en 2002, tombant de 295 000 tonnes en 2001 à 283 000 tonnes en 2002. Les captures sont passées maintenant au-dessous du niveau élevé de la période 1996-2000, mais sont toujours au-dessus du niveau moyen du début des années 1990.

La diminution des captures au cours des dernières années a été provoquée principalement par la réduction des captures dans la zone C au nord du Cap Blanc. La flottille russe a cessé d'opérer dans ce secteur en 1999 et la flottille ukrainienne en 2001. En 2002, il n'y avait plus de pêcheries gérées par des flottilles non-marocaines dans cette zone. Comme une partie importante du stock se trouvait dans la zone C au nord du Cap Blanc vers la fin de l'année (voir Section 3.3.2), elle n'était pas accessible à la pêcherie le reste de l'année.

Les captures dans la zone mauritanienne sont restées au même niveau qu'au cours des trois années précédentes. Une chute dans la capture par unité d'effort de la flottille de l'Union européenne (Section 3.3.1) a été compensée par une augmentation de l'effort de pêche de cette flottille. Au cours du dernier trimestre, l'abondance de S. aurita a brusquement diminué dans les eaux mauritaniennes. La majeure partie de la flottille de l'Union européenne est rentrée en Europe, et les trois navires restants se sont concentrés sur la sardine, qui est apparue en très grande quantité au nord de la zone.

Au Sénégal, les chiffres préliminaires des captures montrent une légère diminution des captures. Cette diminution, cependant, doit être confirmée par les chiffres finals de capture en 2002.

Les chiffres pour la Gambie montrent une augmentation énorme des débarquements totaux de sardinelles. La composition d'espèce (S. aurita ou S. maderensis) de ces captures a été calculée en utilisant les captures artisanales sénégalaises ainsi que celles du N/R DR. FRIDTJOF NANSEN. Il semblerait que l'augmentation des captures était due à une augmentation de la disponibilité de la sardinelle dans les eaux gambiennes, et non pas à une augmentation de l'effort de pêche.

Sardinella maderensis

En 2002, la capture totale de S. maderensis était de 126 000 tonnes, ce qui est près de la moyenne des 124 000 tonnes des cinq années précédentes (Tableau 3.2.1b et Figure 3.2.1b). Comme d'habitude, la majeure partie de la capture a été prise par la pêcherie artisanale sénégalaise.

Effort total

Les sardinelles proviennent des quatre pêcheries principales de la sous-région nord: la pêcherie industrielle au Maroc, la pêcherie industrielle UE en Mauritanie, la pêcherie non-UE en Mauritanie et la pêcherie artisanale au Sénégal. Des données d'effort pour chaque zone sont présentées dans le Tableau 3.2.2 et dans les Figures 3.2.2.a, b et c. Aucune tentative n'a été faite pour séparer l'effort dirigé sur la sardinelle de l'effort dirigé sur d'autres espèces, et les données présentées ici représentent l'effort total exercé par les flottilles industrielles.

L'effort dans la pêcherie industrielle au Maroc est tombé à zéro en 2002 à l'échéance des accords de location avec l'Ukraine et d'autres pays. La pêcherie russe dans la zone avait déjà cessé vers la fin 1999 suite à l'échéance de l'accord de pêche entre le Maroc et la Fédération de Russie.

En Mauritanie, l'effort nominal total de la flottille non-UE est demeuré très stable au cours des cinq dernières années avec un niveau moyen de 8 000 jours de pêche par an. Il s'agit du même niveau qu'avant la baisse temporaire de l'effort en 1994-95. Cette flottille se concentre principalement sur les chinchards, mais elle ciblera également la sardinelle si le chinchard est rare dans la zone.

La flottille UE en Mauritanie cible principalement la sardinelle. Cette flottille a commencé à opérer en Mauritanie en 1996 et a graduellement augmenté son effort les années suivantes. Comme les navires qui ont joint la flottille ces dernières années étaient plus grands et plus puissants que les premiers navires, l'effort exercé par les navires UE doit être corrigé pour obtenir la puissance de pêche, ce qui fut fait en supposant que la puissance de pêche est directement proportionnelle à la puissance totale du moteur (moteur principal plus moteurs auxiliaires), et en exprimant l'effort de pêche en "jours standard de pêche". L'effort de pêche standardisé pour chaque navire est calculé selon la formule suivante:

L'effort standardisé calculé de cette façon met en évidence une forte augmentation au cours des deux dernières années.

Au Sénégal, l'effort de pêche dans la pêcherie artisanale est resté assez constant au cours des cinq dernières années. L'effort de la flottille industrielle est resté bas comme les années précédentes.

Récents développements par pays

Les changements récents intervenus dans les différentes zones économiques sont décrits plus bas.

Maroc

En 2002, aucune activité de pêche pour la sardinelle n'a été enregistrée dans la zone au nord du Cap Blanc.

Mauritanie

La sardinelle (Sardinella aurita et Sardinella maderensis) est exploitée par les pêcheries industrielle et artisanale.

La pêche industrielle est pratiquée par des chalutiers étrangers, notamment la flottille de l'Union Européenne, opérant principalement dans le cadre d'accords de pêche.

Au niveau de la pêcherie industrielle, les captures de sardinelle (Sardinella aurita et Sardinella maderensis) ont triplé passant de 82 000 tonnes à 247 000 tonnes entre 1995 et 1996. Au cours des trois dernières années, les prises ont chuté autour de 182 000 tonnes. La sardinelle ronde est la principale espèce pêchée et représente plus de 86 pour cent.

Au niveau de la pêcherie artisanale, la pêche à la sardinelle se pratique toute l'année et surtout entre mars et juillet, essentiellement à Nouakchott à l'aide de sennes tournantes. Elle concerne environ 67 pirogues mauritaniennes de type sénégalais. Depuis 1999, dans le cadre de l'accord entre la Mauritanie et le Sénégal, 250 pirogues artisanales sénégalaises exercent leur activité dans les eaux mauritaniennes dans les mêmes conditions que les unités nationales. Cette flottille débarque à Saint-Louis au Sénégal.

Les captures d'espèces pélagiques de la flottille nationale de pêche artisanale peuvent être évaluées à 8 300 tonnes (Mahfoudh 2002), tandis que celles du Sénégal sont comprises entre 30 000 et 50 000 tonnes par an dans la ZEE mauritanienne (Cinquième Groupe de travail IMROP 2002). Cette pêcherie cible principalement la sardinelle ronde en utilisant les sennes tournantes sur des fonds de 20 à 30 m.

Sénégal

Au Sénégal, contrairement à la Mauritanie, c'est la pêche artisanale (tableau ci-après) qui prédomine dans l'exploitation des ressources pélagiques côtières. Les principaux types d'engins de pêche employés sont la senne tournante, le filet maillant et la senne de plage.

Pirogues/Période

Septembre 1993

Octobre 1995

Septembre 1997

Octobre 2001

Octobre 2002

Senne tournante

344

294

394

476

393

Filet maillant encerclant

72

89

184

101

67

Senne de plage

91

95

177

85

85

La flottille industrielle est composée de petits senneurs locaux de faible tonnage appelés "sardiniers dakarois" et de bateaux étrangers puissants. Le nombre de ces sardiniers dakarois est en diminution constante. En 2001 et 2002, ils étaient au nombre de cinq.

Gambie

Bien que les sardinelles ne soient pas des espèces cibles pour les pêcheries artisanale et industrielle, les débarquements de ces espèces sont devenus abondants ces dernières années. Malgré le fait que les pêcheurs artisans sont équipés pour attraper Sardinella aurita et S. maderensis, ils ciblent de préférence Ethmalosa fimbriata (bonga), une espèce estuarienne. La pêche industrielle des petits pélagiques y compris la sardinelle doit être ultérieurement développée malgré l'effort du gouvernement pour encourager son développement.

Comme il a été mentionné plus haut, on a observé une augmentation des débarquements de sardinelles (Sardinella aurita et S. maderensis) par les pêcheries artisanale et industrielle bien qu'elles ne soient pas des espèces cibles. Aucun effort spécifique ne pourra être attribué à cette pêche tant qu'elle sera considérée comme accessoire.

3.3 Indices d'abondance

3.3.1 Capture par unité d'effort

Mauritanie

Pour la Mauritanie, deux séries de capture par unité d'effort ont été calculées; l'une pour la flottille UE et l'autre pour la flottille non-UE. Les deux séries font référence à la capture combinée de S. aurita et S. maderensis, puisque l'on ne peut pas faire de distinction entre l'effort ciblé sur l'une ou l'autre des deux espèces individuellement.

Les CPUE pour la flottille UE fournissent probablement le meilleur indice d'abondance pour la sardinelle dans les eaux mauritaniennes. Cette flottille cible principalement la sardinelle et ne change d'espèces que quand la sardinelle n'est pas disponible dans la zone. Les séries CPUE pour la flottille non-UE est un indice peu fiable de l'abondance de sardinelle comme cette flottille ne cible la sardinelle que de temps en temps. Découper l'effort de cette flottille en une composante sardinelle et une composante chinchard impose un certain nombre de suppositions arbitraires, et il n'y a pas eu de tentative dans cette direction.

Les deux séries sont présentées à la Figure 3.3.1.1. La CPUE pour la flottille UE indique une baisse continue depuis 1998. Cette baisse d'abondance est confirmée par les capitaines de navire, qui déclarent que les sardinelles sont maintenant plus rares que dans les premières années de pêche. La tendance décroissante de l'abondance peut également être observée dans les estimations acoustiques pour la zone mauritanienne (Section 3.3.2).

Sénégal

Les séries CPUE pour S. aurita et S. maderensis sont présentées uniquement pour la pêcherie artisanale du Sénégal (Figure 3.3.1.2). Ces séries sont exprimées en tonnes par sortie.

Les CPUE de Sardinella aurita pour la pêche artisanale mettent en évidence un déclin de l'ensemble des CPUE durant la période 1996-1999, suivi par une légère tendance à la hausse de à 2001 et l'amorce d'un déclin en 2002.

Pour Sardinella maderensis, l'évolution annuelle est plus fluctuante avec des pics plus élevés observés en 1996 et 1999. On peut noter une relative stabilité au cours des trois dernières années.

3.3.2 Campagnes acoustiques

Maroc

La Figure 3.3.2.1 présente l'évolution de la biomasse de la sardinelle dans la zone C au nord du Cap Blanc. Cette évolution met en évidence de fortes fluctuations de 1995 à 2002. L'année 1996 puis les années 1999 à 2001 présentent une augmentation de la biomasse. En revanche, en 1997 et en 1998 la sardinelle est presque absente et une chute drastique de la biomasse est enregistrée.

La sardinelle ronde (S. aurita) prédomine avec plus de 65 pour cent sur la biomasse totale de sardinelle estimée. En 2000 et 2002, la biomasse détectée est essentiellement constituée de sardinelle ronde avec l'absence notoire en 2000 de sardinelle plate (S. maderensis). Il faut noter que la biomasse totale de sardinelle a beaucoup augmenté depuis 1998 au nord du Cap Blanc.

Mauritanie

L'évolution des biomasses estimées de sardinelles dans la ZEE mauritanienne est présentée à la Figure 3.3.2.2. La biomasse de la sardinelle plate représente environ 54 pour cent de la biomasse totale de la sardinelle (sauf en 1999 où ce pourcentage n'est que de 24 pour cent). La tendance générale à noter est le déclin de la biomasse de la sardinelle de 1995 à 2002.

Sénégal - Gambie

La Figure 3.3.2.3 met en évidence l'évolution de la biomasse de la sardinelle dans la zone Sénégal-Gambie. Les fluctuations sont importantes avec une baisse d'abondance durant les années 1996 à 1998 suivie d'un pic assez remarquable en 1999. De 1999 à 2000 on observe une diminution de la biomasse suivie par une remontée en 2001 et 2002. Comme en Mauritanie, la sardinelle plate est la plus abondante des deux espèces avec environ 64 pour cent de la biomasse totale de la sardinelle. Dans la région Sénégal-Gambie, cette espèce était la plus dominante pendant toute la période d'observation.

Total sous-région Nord (Maroc, Mauritanie, Sénégal et Gambie)

La Figure 3.3.2.4 présente les résultats annuels des biomasses de sardinelles dans la sous-région. Si l'on observe l'ensemble de la biomasse de la sous-région, la stabilité autour de 3 millions de tonnes durant les années 1995-1996 est suivie d'une réduction d'environ 40 pour cent pour atteindre 1,5 million de tonnes en 1997 et 1,8 million de tonnes en 1998. L'année 1999 est marquée par une forte hausse de biomasse des deux espèces de sardinelles avec plus de 3,6 millions de tonnes. En 2000, cette biomasse est réduite à 2,6 millions de tonnes avant de remonter à nouveau en 2001 avec 3,15 millions de tonnes. L'année 2002 enregistre à nouveau une faible biomasse d'environ 2,1 millions de tonnes.

Conclusion

Durant la période 1995-2002, pour toute la sous-région, la sardinelle ronde (S. aurita) est relativement plus importante que la sardinelle plate (S. maderensis). Il semble que durant la période couverte l'essentiel de la biomasse de sardinelle ronde ait été trouvée au nord du Cap Blanc et le stock de sardinelle plate plus au sud.

3.4 Echantillonnage

L'effort d'échantillonnage pour S. aurita et S. maderensis en 2002 est présenté aux Tableaux 3.4.1 et 3.4.2.

En Mauritanie, l'effort d'échantillonnage était relativement élevé dans les flottilles russe et UE, en raison de la présence d'observateurs scientifiques à bord de certains chalutiers. Le nombre moyen d'échantillons par 1 000 tonnes de poisson était 3,7 pour la flottille UE (basé uniquement sur les mesures de longueur), ce qui est au-dessus des conditions définies dans la Section 1.5. Pour la flottille russe, aucun nombre exact d'échantillons par 1 000 tonnes n'a pu être calculé. Il n'y a pas eu d'échantillonnage des captures prises par d'autres flottilles. Pour l'instant on suppose que la composition d'espèce et des tailles de la flottille russe est représentative de toutes les captures non-UE.

Les chiffres d'effort d'échantillonnage pour le Sénégal reportés dans les Tableaux 3.4.1 et 3.4.2 sont temporaires et seront mis à jour. Comme il a été mentionné dans la Section 1.5, le niveau de l'échantillonnage pour la pêcherie sénégalaise a été bas ces dernières années.

Pour la Gambie, aucune donnée d'échantillonnage n'était disponible, malgré l'augmentation des captures de sardinelle en 2002.

3.5 Données biologiques

Une grande partie de la recherche se concentre actuellement sur les études du taux de croissance et de vieillissement de la sardinelle. Les résultats d'un atelier sur la lecture d'âge de la sardinelle ont déjà été présentés dans la Section 1.6.

La dernière année, la recherche sur la croissance de la sardinelle se concentre principalement sur l'étude de la formation des anneaux sur les otolithes. Cependant, des informations sur le taux de croissance de la sardinelle peuvent également être obtenues en suivant l'évolution en taille des cohortes dans les campagnes ou les données de capture.

L'augmentation du nombre de campagnes acoustiques dans la zone pourrait représenter de nouvelles opportunités pour étudier la progression des différents modes de longueur sur des périodes inférieures à un an. Les campagnes du N/R DR. FRIDJOF NANSEN par exemple sont maintenant organisées deux fois par an (depuis 2001), et il y a peut-être une possibilité de suivre les cohortes de poissons juvéniles d'une campagne à l'autre. Puisque ces campagnes couvrent également les zones côtières, elles peuvent rencontrer les cohortes de poissons juvéniles dès le début et donner une indication de la force de recrutement correspondante.

Comme première tentative dans cette direction, une analyse exploratoire des données de taille par le N/R DR. FRIDJOF NANSEN a été faite pour les deux campagnes organisées en 2002 (en mai-juin et en novembre-décembre). La composition totale en taille du stock estimé dans chacune des zones économiques est présentée dans les Figures 3.5.1a,b,c,d,e et f. On peut observer que la campagne a trouvé une cohorte distincte de petits poissons dont la longueur modale est de 13-15 cm en Mauritanie en mai-juin, tandis qu'aucun de ces poissons n'a été trouvé en novembre-décembre. Cependant, une cohorte distincte de poissons ayant une longueur modale de 22-25 cm a été rencontrée dans la zone marocaine en novembre-décembre.

Si l'on considère que les résultats du N/R DR. FRIDTJOF NANSEN représentent la composition en abondance et des tailles des poissons dans toute la zone, on peut supposer que la cohorte distincte de sardinelles trouvée au Maroc en novembre/décembre 2002 correspond à la cohorte de poissons juvéniles trouvée en Mauritanie en juin. Cela pourrait être une indication du fait que ces poissons ont émigré de la Mauritanie vers le Maroc, et aussi qu'ils ont pu grandir en moyenne de 9 cm pendant une période de cinq mois. Si l'on considère que la cohorte trouvée en Mauritanie est née pendant l'été 2001, cela pourrait signifier que les poissons atteignent une longueur de 24 centimètres environ en une année et demie.

Les cohortes de petites sardinelles trouvées par le N/R DR. FRIDTJOF NANSEN en Mauritanie ont été également rencontrées dans les captures des chalutiers hollandais en Mauritanie. Les distributions des fréquences des tailles de ces captures (rejets compris) montrent une cohorte ayant une longueur modale de 16 cm en mai et une cohorte ayant une longueur modale de 22 cm en novembre. Si l'on considère la répartition de la pêche UE, ces cohortes pourraient correspondre à celles qui ont été observées pendant les campagnes acoustiques.

L'étude de la composition des tailles des cohortes pendant les campagnes acoustiques et dans les captures commerciales semble ainsi offrir la possibilité d'obtenir des informations complémentaires sur la croissance et l'âge de la sardinelle. Le Groupe de travail recommande donc que des études supplémentaires sur les distributions des tailles de la sardinelle pendant les campagnes acoustiques et les captures commerciales soient mises en route afin de valider les lectures courantes d'âge des poissons. Les résultats de ces études devraient être présentés dans un document de travail à la réunion de l'année prochaine.

3.6 Évaluation

La lecture d'âge des sardinelles en est encore au stage exploratoire, et l'atelier de lecture d'âge sur la sardinelle a mis en évidence qu'il est peut-être possible, à l'avenir, de pratiquer la lecture d'âge sur S. aurita. Cependant, cela prendra du temps avant que la méthode ne soit applicable et que des vérifications utiles des séries chronologiques soient produites. Par conséquent, il a été décidé de recourir au modèle global en utilisant le logiciel BIODYN (Punt et Hilborn 1996), en tenant compte du fait que le modèle n'intègre pas la variabilité du recrutement et d'autres paramètres biologiques.

Méthodes

Le module BIODYN (Punt et Hilborn 1996) a été utilisé pour l'évaluation. La feuille de calcul "OBSTWO", qui adapte un modèle de Schaefer à la capture et les données CPUE en utilisant une analyse dynamique observation - erreur et un estimateur de maximum de vraisemblance a été utilisée (Pella et Tomlinson 1969; Butterworth et Andrew 1984; Ludwig et Walters 1985; Walters 1986). Ceci est obtenu en projetant en avant les CPUE simulés au début des séries chronologiques de captures et en estimant les paramètres en utilisant les CPUE observés et estimés de la pêche artisanale au Sénégal (1990-2001).

L'application du modèle exige une longue série chronologique de la capture totale du stock et un indice d'abondance du stock pour la même période.

Enregistrement des données

Les données disponibles de captures pour les deux espèces de sardinelles (S. aurita et S. maderensis) ont été répertoriées pour les différents pays de la zone d'étude. L'analyse a couvert deux périodes 1982-2002 et 1990-2002. Au cours de la même période on a pu obtenir les efforts correspondants pour les différentes pêcheries.

Les CPUE exprimées en tonnes par sortie pour la pêcherie artisanale sénégalaise ont été utilisées dans l'application du modèle. Cette pêcherie cible la sardinelle et est disponible sur une longue période. Bien que la flottille hollandaise opérant dans la ZEE mauritanienne vise principalement la sardinelle, la série CPUE ne couvre que la période 1996-2002. Les autres pêcheries, notamment russe et mauritanienne, ciblent principalement les chinchards.

Les indices d'abondance des campagnes du N/R DR. FRIDTJOF NANSEN ont également étaient utilisés de 1995 à 2002.

Il est important de rappeler que l'utilisation des modèles dynamiques nécessite l'estimation de paramètres complémentaires qui sont: r (taux de croissance intrinsèque), K (biomasse d'équilibre moyenne de la population inexploitée) et Binit (biomasse avant le commencement de la première capture enregistrée). Si les données sont disponibles, il est raisonnable de supposer que Binit est égal à K. La relation entre la CPUE et la biomasse, q (coefficient de capturabilité) a été également estimée.

Résultats et discussion

L'application du modèle global montre que, pour les données utilisées, les valeurs de MSY diminuent lorsque la série chronologique est plus longue. En effet, on peut le constater dans le cas de S. aurita qui passe de 378 000 tonnes pour la période 1982-2002 à 508 000 tonnes pour la période 1990-2002. On avait déjà fait la même observation pour les résultats obtenus lors du cinquième groupe de travail de l'IMROP en 2002.

En conformité avec les analyses conduites lors de précédents groupes de travail, l'application du modèle de Biodyn en utilisant les indices de CPUE de la pêche artisanale et les indices du Nansen pour la période 1995-2002 donne les résultats suivants présentant les meilleurs ajustements pour les sardinelles:

Sardinella aurita (indice CPUE pêche artisanale du Sénégal) 1990-2002

r

=

1,23

K

=

1 309 295 tonnes

Binit

=

740 390 tonnes

MSY

=

403 000 tonnes

SSQ

=

0,17

q

=

0,0000016

Sardinella maderensis (indice d'abondance du Nansen) 1995-2002

r

=

1,10

K

=

500 000 tonnes

Binit

=

500 000 tonnes

MSY

=

138 000 tonnes

SSQ

=

0,36

q

=

0,0000033

Sardinella spp. (indice CPUE pêche artisanale du Sénégal) 1990-2002

r

=

2,07

K

=

1 500 000 tonnes

Binit

=

1 000 000 tonnes

MSY

=

775 000 tonnes

SSQ

=

0,26

q

=

0,0000021

où, SSQ = somme des différences entre les logarithmes de la capture par unité d'effort observée et estimée.

Il faut noter que les résultats obtenus séparément pour les deux espèces de sardinelles sont assez proches de ceux obtenus lors du dernier groupe de travail. Pour la sardinelle plate le meilleur ajustement a été obtenu avec les indices du Nansen.

Par ailleurs, pour l'ensemble des applications du modèle le meilleur ajustement a été obtenu en regroupant les deux espèces de sardinelles.

La Figure 3.6.1 met en évidence un bon ajustement du modèle aux données observées pour S. aurita au cours des cinq dernières années de la série. En ce qui concerne S. maderensis, l'ajustement du modèle n'est pas aussi bon (Figure 3.6.2). Le modèle pour les deux espèces combinées met en évidence un ajustement identique que pour S. aurita (Figure 3.6.3).

3.7 Recommandations d'aménagement

Tant que les problèmes de lecture d'âge de la sardinelle n'auront pas été résolus, le Groupe de travail ne pourra pas appliquer les modèles d'âge structurés, ni faire des prévisions de capture à court terme. Pour l'instant, l'évaluation est basée sur des modèles de production qui peuvent seulement donner des évaluations de la production maximale équilibrée et de l'effort correspondant. Comme mentionné plus haut, les valeurs de la PME dépendent fortement de la période de temps utilisée. Si une longue série est employée (à partir de 1982), la PME estimée est considérablement inférieure qu'en cas de série chronologique plus courte (à partir de 1990), et ce, en raison des variations naturelles à long terme de l'abondance du stock.

On peut noter que les captures totales de S. aurita ont diminué ces dernières années. Bien qu'une partie de ce déclin soit probablement due à un effort réduit dans la zone C, au nord du Cap Blanc, il convient de noter que l'abondance acoustique totale de S. aurita a également diminué ces dernières années. On peut également observer une autre diminution dans les CPUE de la pêcherie UE en Mauritanie qui cible plus spécifiquement la sardinelle.

L'occurrence d'une cohorte distincte de jeune S. aurita en Mauritanie et au Maroc en 2002 pourrait être une indication de bon recrutement en 2003. Cependant, la contribution de cette cohorte dans le stock adulte ne peut être mesurée actuellement, et il est donc recommandé de garder une approche de précaution. Le groupe de travail recommande que la capture combinée des deux espèces de sardinelle en 2003 ne doit pas excéder le niveau moyen des trois années précédentes, qui est de 420 000 tonnes.

3.8 Recherche future

  1. Poursuivre les campagnes du N/R DR. FRIDTJOF NANSEN et mise en route des exercices d'intercalibration.
  2. Campagnes conjointes entre les navires de la sous-région.
  3. Poursuivre le programme d'échange d'otolithes pour la lecture d'âge.
  4. Entreprendre, pendant les intersessions, des études pouvant aider à résoudre les problèmes rencontrés notamment en matière d'effort de pêche et des résultats obtenus avec les modèles globaux
  5. Encourager et mener des études notamment avec l'étude des structures démographiques pour l'application de modèles analytiques.


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