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Bienfaits des aliments préparés et transformés sur la santé des familles et la durabilité des moyens d’existence


FIGURE 2 Utilisation des substances nutritives dans le corps

Dans la majeure partie du monde, le régime alimentaire normal des habitants des communautés villageoises se compose de céréales ou de plantes racines de base qui fournissent les féculents et d’une source de protéines animales ou végétales comme la viande, le lait, le poisson, les haricots etc. Les vitamines et les sels minéraux proviennent des légumes feuilles, des fruits ou des noix, qui sont souvent transformés en condiments très goûteux pour accompagner les aliments de base à saveur relativement neutre. Pour rester en bonne santé, les personnes ont besoin d’une quantité satisfaisante de nourriture, et d’une alimentation qui soit suffisamment riche en certaines substances nutritives (figure 2).

Comme les cultures sont en majorité saisonnières, il y a des périodes de surproduction pendant lesquelles le gaspillage est énorme, et d’autres de pénurie quand les mesures nécessaires n’ont pas été prises pour conserver et entreposer les aliments. Ceci est notamment important dans les régions qui ont une saison sèche ou une période hivernale pendant lesquelles il n’y a pas de cultures et où les animaux sont abattus faute de fourrage. Dans ce cas, les réserves de grains secs ou de plantes racines fournissent l’énergie; la viande séchée, salée ou fumée ou les fromages fournissent une source de protéines, vitamines et sels minéraux; les fruits et les légumes transformés, comme les pickles, les chutneys ou les fruits ou les feuilles séchés, fournissent des vitamines ou des sels minéraux. Quelques cultures, dont le manioc et certains types de haricots, contiennent aussi des poisons ou des composés sans valeur nutritive qu’il faut éliminer par le biais de la transformation pour rendre les aliments comestibles.

La transformation des aliments permet d’entretenir la santé de la famille tout au long de l’année en accroissant la sécurité alimentaire.

Quand un ménage transforme une partie de ses cultures et de ses animaux pour la vente, les sources diversifiées de revenu supplémentaire engendrent une plus grande sécurité économique (études de cas 3 et 4). La transformation des aliments a d’autres bienfaits sociaux et économiques, comme une meilleure utilisation du temps et de la main d’oeuvre grâce à l’utilisation des machines à transformer les récoltes, et la valorisation de la position sociale au sein de la communauté pour les groupes qui gèrent avec succès les entreprises de transformation. Les programmes qui soutiennent la transformation des aliments dans les communautés rurales permettent aussi d’introduire les compétences nécessaires à l’amélioration compétences nécessaires à l’amélioration par exemple, à renforcer la confiance et les techniques de négociation, à accroître les compétences en matière de gestion des revenus et des dépenses, à acquérir une meilleure compréhension des critères de qualité exigés par les consommateurs et à adapter les méthodes de production pour répondre aux besoins des consommateurs. La création d’une entreprise de transformation peut ouvrir des possibilités d’emploi nouvelles pour les jeunes qui n’ont pas accès à la terre. Elle permet aussi d’introduire des concepts nutritionnels auprès des groupes de mères ou d’élargir les perspectives d’avenir des écoliers par le biais de la gestion d’une petite entreprise alimentaire. Au fur et à mesure que la communauté se renforce, les compétences de gestion, les ateliers de réparation des machines, les réseaux d’information commerciale, etc. sont introduits. Les villages deviennent financièrement plus stables et les écoles, les installations médicales et autres services s’améliorent aussi.

ÉTUDE DE CAS 3 Production rurale d’un condiment africain

L’arbre à cosse Parkia biglobosa pousse dans toute l’Afrique de l’Est. A partir de ses graines, on obtient un condiment fermenté, le netetou, qui est vendu sur la plupart des marchés locaux et qui est un ingrédient essentiel de la cuisine locale, dont il rehausse la saveur des sauces d’accompagnement des plats de riz ou de manioc. Le condiment est concurrencé par les cubes de bouillon fabriqués par les grandes sociétés alimentaires, et qui se vendent pour l’équivalent de 3 centimes de dollar EU. Malgré la concurrence, le netetou demeure le «cube local» ancré dans les habitudes alimentaires traditionnelles et prisé par toutes les couches de la société. Coupé en petits morceaux, il peut être vendu au prix d’1 centime de dollar EU, le mettant ainsi à la portée de toutes les bourses. La production est principalement assurée par les femmes, ce qui leur permet de diversifier le revenu provenant de la culture du riz et des arachides quand les prix baissent. Une femme peut s’attendre à gagner jusqu’à 25 dollars EU par période de production, ce qui lui permet d’acheter le riz et les articles de première nécessité pour sa famille. De décembre à juin, des groupes d’un maximum de 30 femmes se réunissent et louent un bâtiment pour pratiquer la transformation; certains groupes ont un rendement qui atteint 15 tonnes par saison. Suite à une étude de marché qui a révélé les préoccupations des consommateurs concernant les pratiques d’hygiène pendant la production et la vente, le netetou se vend maintenant sous emballage plastique. Cela a permis de relancer le produit et d’engendrer une hausse du revenu des femmes. Le second problème est lié au fait que les femmes sont tributaires des commerçants pour vendre. L’ouverture d’une voie commerciale vers 80 vendeurs à Dakar devrait également entraîner une hausse des gains de la production. (Source: Ferre, 1993)


ÉTUDE DE CAS 4 Tirer parti des cultures sous-utilisées en Equateur

La baisse des prix des récoltes traditionnelles comme le café, les bananes et le cacao a conduit les agriculteurs de la région amazonienne de Sucombos en Equateur à s’orienter vers l’élevage et à commencer le déboisement de grands espaces forestiers. Le projet PROFORS/GTZ-INEFAN a été créé pour promouvoir l’utilisation durable des produits forestiers non ligneux afin d’atténuer la demande sur le reste de la forêt. Les inchis font partie de la forêt naturelle, et leurs noix sont consommées par les familles mais ne sont pas commercialisées sur les marchés. Elles sont traditionnellement consommées sans transformation mais il est possible d’en extraire une huile à friture de haute qualité utilisée dans la cuisine et les cosmétiques. Dans le projet, les hommes ramassent les noix et les vendent aux points de collecte. Les noix sont acheminées vers les hautes terres des Andes, où la température et l’humidité sont plus propices à la transformation que le bassin amazonien. Elles sont décortiquées par les femmes qui travaillent pour une organisation locale du nom de «Movimentop maquita Cushunchic Commercializando como Hermanos». Elles sont séchées pour en extraire l’huile, ou grillées et salées ou enrobées de chocolat, chaque procédé contribuant à en augmenter la valeur. Etant donné que dans le passé la noix de l’inchi n’était généralement pas utilisée, sa transformation crée une nouvelle source de revenus pour les agriculteurs; de plus, la récolte a lieu à une période de l’année où les familles ne perçoivent aucun revenu des autres récoltes. Le projet a incité les petits exploitants à créer leur propre entreprise de commercialisation des noix en plantant des arbres sur leurs terres ou en achetant des greffes d’inchis dans les pépinières locales. Les bénéfices dépendent du nombre d’arbres exploités et de leur productivité; le bénéfice d’une exploitation moyenne qui possède deux arbres est de 28 à 56 dollars EU par saison. (Source: Kircher, 2000)

La transformation des aliments permet de créer des moyens d’existence durables et favorise le développement économique des communautés rurales.


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