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Chapitre 1 - Sélection du site, conception d'écloserie et considérations économiques


1.1 Sélection du site

1.1.1 Introduction

Sélectionner un site adéquat pour une écloserie de bivalves est la mesure la plus importante à considérer au moment de sa conception. C'est pourtant, un des facteurs que l'on a le moins souvent pris en compte. Plusieurs facteurs pourraient avoir contribués au choix d'un site inapproprié incluant l'infrastructure principale dépourvue d'une ou plusieurs composantes, comme un terrain à un prix raisonnable, l'accessibilité à l'électricité et l'eau douce, la disponibilité en main-d'oeuvre qualifiée et l'accès aux communications. De plus, certaines personnes ou sociétés pourraient avoir souhaité construire leurs écloseries à proximité d'installations de grossissement de bivalves déjà existantes. Dans ces cas, l'écloserie ne fait que s'ajouter aux opérations d'élevage existantes. Encore une fois, un individu ou une entreprise peut posséder ou avoir les droits de concession et il s'avère que cet endroit est le seul site qui parait convenable pour la construction d'une écloserie. Aussi, s'il est vrai qu'il est impossible de construire une écloserie dans un site idéal, certains critères néanmoins doivent être respectés sinon l'écloserie sera vouée à l'échec.

1.1.2 Critères de sélection

1.1.2.1 Législation

La première étape est de s'assurer que la législation autorise la construction d'une écloserie de bivalves dans le site choisi. Cette vérification peut être faite rapidement en faisant une enquête au niveau local, national, ou auprès des autorités fédérales ou provinciales. Si ces législations ne permettent pas la construction d'une écloserie dans le site choisi, il est alors préférable de trouver un autre endroit où la construction d'une écloserie est possible ou de tenter de changer les procédures gouvernementales existantes afin d'obtenir un permis de construction dans le site choisi.

Il est probable qu'un nombre d'autorisations et permis soit demandé conformément aux lois locales et nationales de construction ainsi qu'aux législations environnementales avant toute autorisation de construction. Ce processus peut être long, coûteux et chronophage et peut exiger une évaluation d'impact de l'écloserie sur l'environnement local avant même que l'autorisation soit délivrée.

1.1.2.2 Qualité de l'eau de mer

Avant de s'engager dans la recherche d'un site convenable à l'installation d'une écloserie de bivalve, il est primordial de s'assurer que la qualité de l'eau de mer soit bonne durant toute l'année dans le site potentiel. Cette condition est incontournable. Si une source de bonne qualité d'eau est indisponible, il serait difficile, voire impossible, de développer une écloserie viable. C'est pour cette raison qu'il faut impérativement obtenir le maximum d'informations concernant la qualité de l'eau de mer dans le site ou les sites potentiels. Ces informations à rassembler ne concernent pas uniquement les eaux de surface mais aussi toute la colonne d'eau, puisque la thermocline peut s'installer ou la résurgence peut apparaître périodiquement. Si des études océanographiques ont été entreprises dans la zone, une copie des données doit être examinée. Si, au contraire, aucune étude de ce genre n'a été réalisée, il faut alors opérer à un échantillonnage serré d'eau, durant au moins une année, dont l'objectif est de mesurer les paramètres environnementaux du site, et leurs compatibilités avec la culture des espèces ciblées.

Les larves comme les juvéniles des bivalves ont des exigences physiologiques, comme la température de l'eau, la salinité et le taux de l'oxygène dissous. Ces paramètres doivent être maintenus durant le cycle d'élevage. Les températures sont plus élevées dans les régions tropicales que dans les régions tempérées et les bivalves, d'origine locale sont bien adaptés pour tolérer ces conditions. Cependant, dans une écloserie, la température doit être maintenue à un niveau assez élevé pour permettre la survie et la croissance des larves et des juvéniles. Dans les zones tempérées, les températures de l'eau ne doivent pas excéder le niveau létal qu'il soit supérieur ou inférieur, aussi bien pour les larves que pour les juvéniles. La salinité peut varier largement et la tolérance à ces fluctuations diffère d'une espèce à l'autre. Certaines nécessitent un niveau de salinité élevé alors que les espèces euryhalines (estuaire et eau saumâtre) montrent une large tolérance. Les périodes de fortes pluies peuvent d'une part, causer des périodes de baisse de salinité, et d'autre part, si elles sont accompagnées d'écoulements, augmenter les quantités de limon et autres nutriments qui peuvent générer des problèmes dans l'écloserie. De fortes concentrations phytoplanctoniques marines (floraisons) et bactériennes peuvent libérer des substances toxiques provoquant des altérations du taux de survie et de croissance des larves et juvéniles de bivalves, voire des mortalités massives dans les cas extrêmes. C'est la raison pour laquelle la collecte des données relatives à ces paramètres doit être accomplie avant de se décider sur la conformité d'un site pour l'installation d'une écloserie de bivalves. Des mesures curatives pour améliorer une mauvaise qualité d'eau, peuvent être coûteuses et affecter la rentabilité de l'entreprise.

Les sites qui peuvent être contaminés par les effluents industriels doivent être évités. Les effets létaux et sublétaux d'un grand nombre de polluants industriels restent encore méconnus, comme les effets synergiques qui peuvent apparaître quand plusieurs industries relarguent une série de déchets potentiellement toxiques dans l'eau avoisinante. Les effets de ce type d'effluents peuvent être désastreux pour les larves. Par exemple, il a été démontré qu'un composé antisalissure associé à une peinture marine, le tributyltétain (TBT), est létal pour les larves de bivalves même à de très faibles concentrations de l'ordre de quelques parties par milliard (ppb). Alimenter l'écloserie en eau de mer prélevée au voisinage d'une marina et de docks est à éviter également. Si c'est possible, il est souhaitable d'entamer des tests biologiques (bioessais) en utilisant des embryons de bivalves pour déterminer la qualité de l'eau de mer dans le site potentiel. La présence de matière détritique peut être transitoire ou saisonnière; aussi les prélèvements destinés aux bioessais doivent être opérés durant une période d'au moins une année à un pas hebdomadaire.

Les sources de pollution telles que l'agriculture, la sylviculture et les rejets domestiques doivent aussi être évitées. Il a été récemment montré que le drainage venant de terres cultivées peut véhiculer des pesticides à des concentrations néfastes pour la croissance et la survie des larves de bivalves. La pollution domestique peut non seulement contenir des polluants, toxiques pour les larves de bivalve, mais aussi de fortes teneurs en matière organique. Ces dernières peuvent provoquer une déplétion de la teneur en oxygène et augmentent les niveaux bactériens entraînant également une réduction de la croissance et des mortalités larvaires.

Un autre critère à prendre en compte pour le choix d'un site propice à l'installation d'une écloserie de bivalves, est le développement potentiel d'une agglomération. L'urbanisation avec les problèmes qu'elle engendre est un des soucis majeurs pour la conchyliculture. Si une urbanisation est prévue à proximité du site, il faudra s'assurer que les sources potentielles de pollution seront minimes et cela nécessitera de travailler en étroite collaboration avec les décideurs et les investisseurs.

1.1.2.3 Installation de l'écloserie

L'écloserie doit être située proche de l'océan pour minimiser la distance de pompage et diminuer l'entretien de grandes longueurs de tuyaux. Elle doit aussi être localisée le plus possible au même niveau de la mer pour éviter les problèmes de pompage d'eau liés à un important dénivelé. Si des fluctuations thermiques et halines sont décelées régulièrement en surface, le point de pompage devra être positionné en profondeur, (jusqu'à 20 m) afin de stabiliser les valeurs de température et de salinité. En fonction de la nature géologique du substrat, un forage proche du rivage est envisageable pour avoir accès à une nappe d'eau marine. Une telle source d'eau aura l'avantage d'être à température presque constante toute l'année et sera préfiltrée par percolation à travers le substrat. Cependant, l'eau peut nécessiter une oxygénation préalable avant son utilisation. Il est toujours prudent de consulter un ingénieur qualifié pour décider de la meilleure méthodologie et technologie à adopter pour s'approvisionner en eau.

Le site doit comprendre une superficie suffisante pour abriter l'écloserie et les constructions annexes mais aussi pour autoriser une extension future. Le besoin d'une surveillance adaptée doit aussi être considéré.

D'autres critères doivent être présents à l'esprit, comme la possibilité de disposer sur le site d'une alimentation adéquate d'énergie électrique, d'une source d'eau douce et d'une main-d'oeuvre qualifiée capable de faire fonctionner l'écloserie. De bons moyens de communication doivent être accessibles pour que le matériel et les fournitures nécessaires puissent être acquis rapidement et que les larves et le naissain soient rapidement livrés à leurs différentes destinations. La proximité d'institutions telles qu'universités, laboratoires publics et bibliothèques doit aussi être considérée puisque de tels contacts peuvent fournir une assistance opérationnelle précieuse et permettre la résolution de problèmes émergents.

Il est recommandé de dresser préalablement une liste de paramètres qui doivent être atteints ou au moins considérés, lors de la sélection d'un site pour l'implantation d'une écloserie de bivalves et l'emplacement sera considéré comme propice s'il répond à la plupart des critères établis.

1.2 Critères pour la conception d'une écloserie

1.2.1 Introduction

Il n'y a pas de conception figée pour un projet d'écloserie de bivalves. L'agencement d'une écloserie varie d'un site à l'autre car il est fonction des espèces à élever, de sa localisation géographique, des fonds disponibles, de l'objectif de la production et des préférences personnelles des opérateurs (figure 3). Certaines écloseries sont petites et fournissent du naissain pour leurs propres opérations d'élevage de bivalves. D'autres sont grandes et peuvent produire du naissain destiné exclusivement à la vente, mais aussi à leur propre usage et dont l'excédent est vendu aux autres conchyliculteurs. Les écloseries peuvent comporter ou non une nourricerie et certaines ne produisent que des larves compétentes pour le télécaptage alors que d'autres peuvent assurer le prégrossissement et fournir des juvéniles de 1 à 12 mm de longueur. Beaucoup de critères dépendent de la nature, des exigences et du degré de sophistication des opérations de grossissement, lesquels varient en fonction de la demande du client.

Plusieurs écloseries ont été construites avec peu de planification préalable autorisant un développement futur. Une écloserie est construite pour produire une quantité ciblée de naissain et quand l'objectif initial est atteint une décision est prise pour étendre et augmenter ses capacités de production. Les installations rajoutées sont souvent inefficaces et peu fonctionnelles. D'autres écloseries ont été conçues pour produire du naissain d'une seule espèce, alors que d'autres espèces y sont produites actuellement si bien que cette nouvelle configuration est inefficace.

Figure 3: Sélection de photos d'écloseries montrant la variabilité en taille et la sophistication de construction qui existent internationalement. Dans le sens des aiguilles d'une montre à partir du haut et de la gauche: Tinamenor S.A. (Pesues, Espagne), l'écloserie de Turpiolito (Golfe de Cariaco, Venezuela), la station biologique des Bermudes, écloserie de pectinidés conçue dans des conteneurs isolés de cargos et la SMS, écloserie d'huître (Point Pleasant, Nouvelle-Ecosse, Canada).

Beaucoup de temps pourrait être économisé et beaucoup de frustrations évitées si l'écloserie était planifiée avec soin avant même que la construction ne commence. Plusieurs facteurs doivent être rappelés pour la conception d'une écloserie et deux points sont particulièrement importants. Premièrement, les opérations en écloserie doivent être fonctionnelles et pratiques pour les ouvriers, afin de les rendre aussi rentables que possible, et deuxièmement, la nécessité d'une expansion future doit être intégrée.

Il y a deux compartiments essentiels pour une écloserie de bivalves, le système d'alimentation en eau de mer et le plan des installations.

1.2.2 Système d'eau de mer

Le besoin d'une alimentation en eau de mer de bonne qualité a été antérieurement discuté. Il est important, de s'assurer que la source d'eau de mer, le système de pompage et traitement de l'eau soient situés à proximité de l'écloserie, et une utilisation optimale est conseillée pour préserver l'investissement et minimiser les coûts de fonctionnement.

L'écloserie doit être située le plus possible au même niveau de la mer pour réduire les efforts de pompage. Le point de pompage doit être le plus proche possible de l'écloserie et localisé de manière à faciliter la mise en service et minimiser son entretien. Le prélèvement d'eau de mer doit être placé en profondeur pour éviter toute variation de température et de salinité et réduire au maximum le nombre d'organismes et la quantité de matière détritique pénétrant dans le système. Dans les zones tempérées, le point de prélèvement doit être localisé en dessous de la thermocline estivale afin de réduire les fluctuations thermiques. Dans les zones caractérisées par des périodes de fortes pluies, les prélèvements doivent être opérés assez profondément pour éviter les brusques fluctuations de salinité et le fort envasement résultant de ses pluies. Le pompage en profondeur permet d'éviter les principales floraisons phytoplanctoniques dont certaines peuvent être néfastes pour les larves de bivalves et limite également les salissures qui rentrent dans le système. Les organismes qui se fixent sur les tuyaux réduisent d'une manière importante le débit de l'eau dans l'écloserie. Plusieurs des sources de variabilité citées ci-dessus peuvent être évitées en s'alimentant sur eau de forage. Cette possibilité doit être examinée avant que toute autre solution soit envisagée.

La taille des pompes ainsi que le diamètre des tuyaux à employer dépendront de l'échelle des opérations et du volume d'eau de mer nécessaire pour répondre à l'ensemble des besoins de production. Les pompes sont disponibles chez les fournisseurs et le type et la taille souhaitée peuvent être déterminées après discussion avec les revendeurs. Il est important de s'assurer que les surfaces qui seront en contact avec l'eau de mer ne soient pas toxiques. La plupart des plastiques, fer sablé et certains genres d'acier inoxydable sont convenables. Les pompes contenant des composantes de certains types d'acier ou en cuivre doivent être évitées.

L'eau de mer pompée directement de l'océan passe préalablement à travers des filtres à sable qui suppriment la majorité de la matière en suspension dont le diamètre est supérieur à 20-40 mm (figure 4). Un filtre à sable bien entretenu enlèvera de l'eau, la majeure partie de la matière détritique et des organismes qui peuvent interférer avec l'élevage des larves de bivalves. Il élimine les salissures qui peuvent se fixer et croître dans les tuyaux. Ces organismes causent non seulement des problèmes de circulation de l'eau de mer mais peuvent provoquer aussi, quand ils meurent des conditions anaérobiques pouvant être toxiques pour les larves de bivalves. Ils peuvent aussi retenir et éliminer les bactéries potentiellement nuisibles aux larves. Les filtres à sable sont disponibles dans le commerce et sont identiques à ceux utilisés dans les piscines. Une série de deux ou plus de ces filtres est généralement installée et régulièrement retrolavée pour éviter leur colmatage. D'autres types de filtres peuvent être utilisés en fonction des préférences du personnel et des coûts. Les tambours rotatifs auto nettoyant offrent une alternative pour éliminer les matières en suspension grossières et les cartouches de grand format où des filtres à poche sont disponibles et sont particulièrement efficaces pour éliminer des particules de petites tailles.

Figure 4: Diagramme de différents stades de traitement d'eau de mer en usage en écloserie de bivalves à partir du point de prélèvement (PP) jusqu'aux diverses zones d'utilisation (1 to 5). Clés: P - pompes d'eau de mer; FS - filtres à sable (photo C) ou alternativement tambour rotatif autonettoyant (photo A); RS - jusqu'au réservoir de stockage (si nécessaire); FC - filtres à cartouche de 20 mm et 10 mm; UR - unité de refroidissement d'eau de mer (si nécessaire); UC - unité de chauffage d'eau de mer (en cas de besoin - photo B); FF - filtration finale (5 mm et 1 ou 2 mm - photo D); UV - unité de désinfection rayons ultraviolet (si nécessaire).

Un guide pour un usage normal (le niveau de traitement varie d'une écloserie à une autre):

1 - Eau non chauffée, filtrée sur sable pour les géniteurs et les juvéniles de grandes tailles (si l'eau nécessite d'être chauffée dans ce cas voir point 3).

2 - Eau de mer refroidie et filtrée à 10 mm pour les géniteurs matures ou pour les cultures d'algue à grande échelle d'espèces délicates. L'eau de mer refroidie (ou à température ambiante) est souvent mélangée à l'eau chauffée pour fournir une température intermédiaire pour des besoins divers.

3 - Eau chauffée et filtrée à 10 mm pour le conditionnement et la reproduction des géniteurs et le grossissement du naissain de grande taille. Certaines écloseries disposent d'un système de chauffage aussi bien pour l'eau de mer brute que l'eau filtrée sur sable destinée au conditionnement des géniteurs.

4 - Eau refroidie et filtrée à 1 mm et désinfectée ou non aux UV utilisée pour la culture des algues.

5 - Eau chauffée et filtrée à 1 mm et soit désinfectée ou non par UV pour la culture des larves.

Un autre moyen de s'approvisionner en eau de mer, est de pomper de l'eau à partir d'un puits. Durant les dernières années, cette possibilité est devenue la méthode la plus répandue pour les écloseries. Un puits creusé ou un forage à proximité de l'écloserie et assez profond, fournira suffisamment d'eau de mer pour l'écloserie. L'eau provenant de ce genre de puits est de bonne qualité et présente généralement des températures et des salinités constantes. Elle a déjà été filtrée à travers les sédiments et les roches poreuses, contient peu de détritus et peu, sinon jamais de salissures. L'eau ainsi pompée nécessite peu de filtration supplémentaire. Construire un puits d'eau de mer peut paraître initialement coûteux mais cet investissement est largement compensé par les réductions du coût de fonctionnement.

Après filtration, la totalité ou une partie de l'eau de mer est transférée dans un réservoir de stockage en béton ou fibre de verre. Le choix de l'utilisation d'un réservoir peut être une question de préférence et plusieurs écloseries ne disposent pas de réservoirs. Ils sont utiles quand l'eau ne peut être pompée que dans un temps limité, par exemple, à marée haute. Parfois cette méthode peut être pratique dans les zones où l'énergie électrique est peu fiable pour assurer une disponibilité durable de l'eau de mer. Une quantité suffisante d'eau est pompée dans le réservoir et ainsi l'écloserie est alimentée jusqu'à ce que le réservoir puisse être rempli de nouveau. Le réservoir doit être placé dans un point haut pour que l'effet de la gravité autorise la circulation d'eau dans l'écloserie. Dans d'autres écloseries, le circuit de l'eau de mer est un circuit ouvert et l'eau est pompée continuellement à travers l'écloserie en cas de besoin et par la suite elle est rejetée dans les effluents. Récemment, plusieurs écloseries ont installé des systèmes de re-circulation entiers ou partiels pour réduire les coûts de fonctionnement. Cette approche est particulièrement adaptée en cas de ressource limitée en eau de mer ou si elle a été chauffée ou refroidie. Dans les circuits de re-circulation fermée, l'eau passe à travers des filtres biologiques activés, pour éliminer les métabolites des animaux, où elle est maintenue avant utilisation. De plus, si elle est chauffée ou refroidie, elle peut passer à travers des échangeurs d'énergie pour être partiellement chauffée ou refroidie. Le circuit fermé permet de réduire par la suite les coûts énergétiques.

Tous les tuyaux doivent être non toxiques, normalement en PVC (polyvinylchloride) type 40 ou 80, bien que les tuyaux en ABS ou en polyéthylène soient parfois aussi utilisés comme alternative. Le diamètre des tuyaux dépend de la demande en eau. Dans la majorité des écloseries, les tuyaux de distribution principale ont un diamètre de 50 mm ou moins, alors que le tuyau de pompage principal peut avoir jusqu'à 15 cm de diamètre. L'installation des tuyaux doit être solide et placée en hauteur pour ne pas entraver le chemin facile d'accès pour le nettoyage. Les valves et les sorties doivent être placées de manière à être accessible. Si l'eau est suffisamment filtrée, il y aura besoin de peu de nettoyage. Un nettoyage périodique est cependant nécessaire, et, il est important que les joints ou supports d'attachement soient positionnées convenablement afin que les conduits puissent être facilement nettoyés in situ ou rapidement démantelés pour un nettoyage complet.

Dans la plupart des écloseries situées en zones tempérées il est parfois nécessaire de chauffer et de refroidir une partie de l'eau de mer. Ce type de matériel existe à l'échelle industrielle et son dimensionnement doit être discuté avec les fournisseurs afin de garantir une alimentation en eau à la température souhaitée. D'autre part, il est essentiel de s'assurer que les surfaces de ces unités, qui sont en contact direct avec de l'eau pompée, ne soient pas toxiques pour les larves de bivalves. La plupart des unités de chauffage d'eau disponible dans le commerce utilisent du titane pour le transfert de l'énergie à la surface et ce type de matériel est choisi par la majorité des écloseries.

Les gérants d'écloserie peuvent souhaiter stériliser (ou plus correctement, désinfecter) tout ou une partie de l'eau de mer avant toute utilisation, particulièrement si des problèmes de maladies émergent. L'eau de mer peut être stérilisée soit avec des rayons ultraviolet (UV) soit avec de l'ozone. Des unités sont disponibles dans le commerce et un simple calcul permettra de déterminer la taille de l'unité demandée. Les unités commerciales sont normalement évaluées selon leur performance de stérilisation de l'eau douce. Dans le cas des eaux de mer où des charges organiques et la turbidité causée par la matière colloïdale sont fréquent plus que ceux rencontrés dans l'eau douce, il est recommandé que ces unités soient utilisées à moitié (ou même moins) du débit nominal recommandé pour pouvoir fonctionner de façon satisfaisante. Si les rayons UV sont utilisés pour la stérilisation, l'eau doit être filtrée à 1 mm avant toute stérilisation puisque ces rayons UV sont facilement absorbés par les particules se trouvant dans l'eau diminuant l'efficacité du système. La filtration peut être facilement incorporée à l'intérieur de l'UV et plusieurs unités, disponibles sur le marché proposent des filtres couplés à des lampes UV.

Dans certaines régions le contrôle des rejets d'écloserie peut être soumis à législation. Avant la construction d'une écloserie, les lois relatives aux rejets d'effluents doivent donc être vérifiées, et si elles existent les appliquer.

Des conduits d'évacuation de grandes tailles enterrées dans les zones humides sont essentiels et doivent être placés de manière à être accessible tout autour de l'écloserie. Périodiquement des grands volumes d'eau doivent être évacués, par exemple, au moment de la vidange des bassins, et les conduits d'écoulement doivent être capable de gérer de tels rejets.

Certaines écloseries peuvent s'intéresser à la reproduction d'espèces exotiques ou variété ou souche d'espèces qui ne se reproduisent pas localement. Selon les lois en vigueur, l'instauration exigera une quarantaine pour s'assurer que les animaux nuisibles, les parasites et les maladies ne seront pas introduits avec les espèces exotiques et que les larves ne s'échappent pas accidentellement dans le milieu naturel. La quarantaine comprendra alors un système de drainage spécifique en se déversant dans un bassin de stockage où les effluents pourront être stérilisés avec une solution fortement concentrée d'hypochlorite de sodium. L'eau stérilisée est ensuite neutralisée au thiosulfate pour éliminer tous les résidus chlorés avant d'être rejetée dans l'environnement. Les équipements de quarantaine peuvent nécessiter une salle séparée pour maintenir, conditionner, et reproduire les adultes. Les évacuations de cette salle devraient aussi passer dans les bassins de traitement de la quarantaine.

1.2.3 Plan d'installation

Des réflexions avisées doivent être formulées lors de la conception d'une écloserie afin de rendre les opérations d'élevage pratiques et efficaces. L'écloserie doit être modulable pour permettre facilement des changements ultérieurs sans modifications majeures. Dans certaines écloseries, les bassins sont en béton et des changements ne peuvent pas être facilement réalisés. Il est préférable de s'équiper de bacs en plastique ou en fibre de verre pour les déplacer ou les changer facilement en cas de besoin. Le sol doit être en béton et disposer d'évacuation en nombre suffisant. Toutes les surfaces de travail doivent être couvertes de matériel dur, résistant et facile à nettoyer. Le sol des unités d'élevages et de stockage doit être fait en bois monté sur une plinthe de béton pour éviter qu'il soit endommagé par immersion dans l'eau de mer. Quand ce n'est pas possible, les surfaces en bois nécessitent d'être enduites d'une résine epoxy de bonne qualité.

Figure 5: Plan général pour la construction d'une écloserie de bivalves (voir le texte ci-dessous pour explication).

Une écloserie dispose de plusieurs aires toutes interdépendantes. D'un point de vue pratique, elles sont partagées en une salle de culture phytoplanctonique, une salle de conditionnement et de reproduction des géniteurs, une salle d'élevage larvaire, une salle pour la culture des juvéniles et des aires réservées aux différents services (figure 5).

1.2.3.1 Equipement pour la culture d'algue

La réussite d'une écloserie de bivalves dépend de la production phytoplanctonique. De grandes quantités d'algue de bonne qualité doivent être disponibles en cas de besoin. Cette production d'algue constitue presque la partie la plus importante d'une écloserie et une profonde réflexion doit être effectuée à ce sujet pour réserver une aire de travail suffisante et efficace (CA - figure 5). Puisque les algues sont utilisées dans toutes les étapes de production, les installations réservées à cette tâche doivent être localisées en position centrale et aménagées d'une manière pratique. La superficie à réserver pour la culture des algues dépend partiellement de l'intensité de production et des méthodes de culture. Ainsi, les algues peuvent être entièrement cultivées à l'intérieur de l'écloserie sous éclairage artificiel, ou cultivées à l'extérieur sous lumière naturelle, ou en combinant les deux. Une serre chaude bien ventilée est indispensable si les algues sont cultivées sous lumière naturelle et cette structure devra être disposée de telle sorte de récupérer le maximum de lumière. Un ombrage sera nécessaire pour protéger les cultures les plus jeunes et les moins denses.

Une petite salle est à prévoir pour le maintien des souches (dites mères) de cultures d'algue (SMA). Les dimensions de cette salle varient mais peut être aussi petite que 2 x 3 m. La salle doit être isolée et la température refroidie. Des étagères équipées à l'arrière par des lampes fluorescentes fournissant une source de lumière sont également nécessaire ainsi qu'un approvisionnement en air. Les tubes à essai inclinés et des flacons contenant des algues et les souches de cultures monospécifiques et axéniques sont gardés dans cette salle, souvent dans un incubateur réfrigéré et illuminé. Les méthodes sont décrites dans le chapitre 3.

La phase suivante consiste à cultiver des algues issues des souches mères dans des erlenmeyer de 4 litres et des ballons de 20 litres exposées à une rangée de lampes fluorescentes (SCS). Cela peut occuper une partie de l'aire principale de la culture d'algue ou une petite salle. La superficie nécessaire dépend du nombre d'espèces et de la quantité d'algue à produire. Cette salle doit être équipée d'une source d'air et de dioxyde de carbone et doit être maintenue à des températures variant de 15 à 18 °C. Une autre petite salle adjacente (SA) peut contenir l'autoclave (a), qui est utilisé pour stériliser le milieu de culture pour les petits volumes de cultures. Certaines écloseries utilisent d'autres méthodes alternatives pour préparer le milieu de culture et ces méthodes sont aussi décrites dans le chapitre 3.

La taille de la salle principale de la culture d'algue dépend du nombre d'espèces cultivées et de la quantité d'algues nécessaire. Cette salle peut occuper une aire considérable de l'écloserie. Si la plupart des algues sont cultivés dans l'écloserie selon la méthode dite «discontinue» alors il faudra prévoir dans ce cas une superficie suffisante contenant une série de bacs mesurant jusqu'à 3 à 4 m de diamètre et 2 m de profondeur. Si la méthode des sacs ou cylindres hauts est utilisée, la superficie au sol peut être réduite. Les ballasts des lampes fluorescentes, utilisées pour illuminer les cultures doivent être de faible échauffement ou déportée dans une zone séparée afin que l'énergie générée puisse être dissipée. Cette aire doit être maintenue à des températures variant entre 15 et 20 °C.

Dans plusieurs écloseries, une partie importante de la production, sinon la totalité, est assurée en serre. Cette structure peut être indépendante ou adjacente à l'écloserie, préférablement du côté sud dans l'hémisphère Nord, et au nord dans l'hémisphère Sud, pour pouvoir recevoir le plus de lumière possible. La taille de la serre dépend de la méthode de culture et de la quantité d'algue à produire.

Une énergie électrique suffisante doit être disponible pour assurer un éclairage artificiel quand la lumière naturelle est insuffisante. Des sources d'air compressé et de dioxyde de carbone sont essentielles. Une ventilation adéquate ou une climatisation est nécessaire pour maintenir les températures en dessous de 20 °C pendant les jours où le soleil chauffe les installations. Un groupe électrogène est indispensable dans les lieux où la fourniture d'électricité n'est pas fiable avec des coupures de plusieurs heures ou plus. Bien que la survie des algues ne soit pas critique en absence de lumière pour une heure ou deux, les cultures ont par contre besoin d'être aérées. Sans aération les diatomées sédimentent et les cultures peuvent s'effondrer.

1.2.3.2 Maintenance des géniteurs et zone de reproduction

Un espace est nécessaire pour maintenir et conditionner les géniteurs (CG - figure 5). La superficie nécessaire dépend en partie du nombre d'espèces à maintenir et si une partie de ce conditionnement peut se dérouler en milieu ouvert plutôt que dans l'écloserie. De l'eau de mer chauffée ou refroidie peut s'avérer indispensable pour ce genre d'opération pendant certaines périodes de l'année. La possibilité d'isoler les bacs pour que la photopériode soit ajustée est recommandée puisqu'il a été démontré que des fluctuations photopériodiques peut affecter la maturité des gonades.

Un espace est recommandé pour les bacs de ponte (Pondoir: P) mais il peut être intégré à la zone d'élevage larvaire puisque cet espace n'est nécessaire que temporairement. Les pondoirs ou les récipients peuvent être stockés quand ils ne sont pas utilisés. Les méthodes pour le conditionnement, ponte et fécondation sont décrites dans le chapitre 4.

1.2.3.3 Zone d'élevage larvaire

Une autre partie majeure de l'écloserie est occupée par les installations dédiées aux élevages larvaires (CL) et les dimensions ainsi que l'espace dépend du niveau de production. L'espace consacré à cette activité est remplie par des bacs, le nombre nécessaire de ces bacs dépend du niveau de production et des techniques utilisées pour l'élevage larvaire. Sur la côte Pacifique de l'Amérique du Nord, la tendance est d'élever les larves à faible densité, de 2 à 3 par ml, dans de grands bacs dont les capacités varient de 3 à 4 m de diamètre, de 4 à 5 m en hauteur pour un volume total de 40 000 à 50 000 litres. Dans d'autres écloseries les larves sont cultivées dans de petits bacs de 5 000 litres au plus, à des densités larvaires élevées. Un gérant devrait décider de la production nécessaire pour pouvoir satisfaire la demande du marché et de la méthode d'élevage larvaire à mettre en oeuvre pour la planification de cette partie de l'écloserie.

Les bacs d'élevage larvaire sont généralement en fibre de verre ou en plastique et doivent être trempés dans l'eau de javel avant utilisation. Indépendamment de la taille des bacs utilisés, les bacs doivent être dotés d'une large bonde permettant l'évacuation de grands volumes d'eau quand les bacs sont vidangés. Une paillasse servant aux préparations est indispensable dans la salle d'élevage larvaire (PA) pour le nettoyage, le tri, le comptage et les mesures des larves. La présence de tous les équipements utilisés pour cette tâche est nécessaire. Cet espace nécessite des armoires et des étagères pour le stockage du matériel inutilisé.

1.2.3.4 Zone d'élevage des juvéniles

Une fois que les larves matures se sont fixées (et ont commencé la métamorphose) elles sont transférées dans des bacs dédiés dans la salle de culture de juvéniles (CJ) jusqu'à ce qu'elles atteignent la taille suffisante permettant leur transfert en nourricerie, située dans une partie de l'écloserie ou dans un autre lieu.

C'est le cas généralement des juvéniles (naissain) qui excèdent 2 mm de longueur de coquille. La taille et le type de bac, tant en volume qu'en superficie, consacrés à cette tâche varient selon les espèces.

Les larves matures sont fixées dans l'écloserie ou à l'extérieur (parfois éloigné) des installations. Quand cette opération se produit à l'intérieur de l'écloserie elle est généralement conduite dans la salle d'élevage larvaire, fréquemment dans les bacs larvaires eux mêmes. Un espace pour des bacs complémentaires peut s'avérer nécessaire spécifiquement pour ce procédé. Les naissains (juvéniles précoces) sont ultérieurement transférés dans des bacs dans une aire séparée, dédiée à la culture de juvéniles (CJ). La taille et le type de bacs, tant en volume qu'en superficie, consacrés à cette tâche varient selon les espèces. Ça consiste soit en des systèmes d'eau ascendante, descendante ou des systèmes de plateaux de diverses configurations où les juvéniles sont élevés jusqu'à la taille minimale de 2 mm (longueur de coquille). Le grossissement du naissain à l'intérieur de l'écloserie reposant sur une nourriture cultivée n'est pas économiquement rentable parce que la demande nutritionnelle augmente exponentiellement avec la taille. Si les systèmes de nourricerie sont localisés à l'extérieur de l'écloserie, suffisamment d'espace doit être attribué à cette opération.

Les méthodes pour l'élevage larvaire sont décrites dans le chapitre 5 et pour le naissain dans le chapitre 6.

1.2.3.5 Autres espaces nécessaires

Les écloseries qui utilisent des géniteurs provenant de régions éloignées ou des espèces exotiques peuvent, comme il a été déjà mentionné, nécessiter une quarantaine pour le stockage et l'élevage de cette progéniture en isolation. Ce genre d'écloserie va inclure une quarantaine (QR) pour cette opération à partir de laquelle les effluents sont déversés dans les bacs de traitement (TE).

D'autres espaces sont composés de laboratoire sec (LS), bureau (B) et salle de bain (SB). Le laboratoire sec est l'endroit réservé au repiquage d'algues (si aucun autre espace spécifique n'a été alloué ailleurs), à la pesée et au mélange des produits chimiques, à l'examen des cultures au microscope, aux enregistrements de données et au stockage du matériel scientifique.

L'équipement statique tel que les pompes principales, les filtres à sable et préfiltres (pour enlever les particules jusqu'à 10 mm), les unités de chauffage et de refroidissement d'eau de mer, les fours, les systèmes de ventilation, soufflantes/compresseurs d'air et, groupe électrogène en cas de coupure électrique, et les équipements de contrôle sont regroupés dans une salle de machines insonorisée (SM). La duplication de l'équipement majeur est conseillée en cas de problèmes électriques ou défaillances mécaniques. L'air comprimé est indispensable pendant toutes les phases de culture et le dioxyde de carbone nécessaire à la culture algale. Dans plusieurs écloserie les pompes d'eau de mer et les filtres à sable sont placés dans une salle séparée proche du point de prélèvement d'eau de mer et la filtration finale de l'eau de mer, unité de filtration fine peut prendre place au point d'utilisation plutôt qu'en position centralisée.

Comme le stockage est toujours une nécessité en écloserie, il est utile d'avoir une grande aire réservée (AEG) à cette fin et peut être utilisée pour emmagasiner du matériel et de l'équipement, pour emballer le naissain ou servir d'atelier de travail. La plupart des espaces de travail doivent être équipés de paillasses et d'éviers.

Il est préférable que les différentes parties de l'écloserie soient isolées en cas d'apparition de maladies.

1.3 Considérations économiques

Une écloserie de bivalves est une affaire et comme toutes les autres affaires, elle doit être gérée efficacement, et être économiquement viable. Les primes ou subventions gouvernementales peuvent aider à compenser les coûts, particulièrement pendant les phases initiales des opérations mais en fin de compte, l'écloserie doit faire face en comptant sur ses propres moyens et être rentable. La politique économique à adopter pour la construction et le fonctionnement des opérations en écloserie varie d'une installation à une autre, d'une région à une autre et d'un pays à l'autre mais en fin de compte toutes ces affaires doivent générer un profit.

Les écloseries sont des opérations coûteuses. Un capital important est nécessaire pour construire une écloserie et financer les différentes opérations. Le propriétaire doit avoir suffisamment de fonds de roulement pour pouvoir continuer les opérations d'élevage jusqu'à que du bénéfice soit généré. Avant de décider de construire une écloserie, il est recommandé d'examiner tous les aspects de sa construction et de son fonctionnement, et de déterminer ensuite à quel niveau l'écloserie sera économiquement viable. Plusieurs coûts doivent être considérés y compris l'achat du terrain, la construction de l'écloserie, l'installation des systèmes de pompage d'eau de mer, l'équipement nécessaire à toutes les phases de production, la maintenance, les fournitures et besoins généraux, les remboursements de prêt et le besoin d'un personnel expérimenté.

La rentabilité du projet peut varier aussi avec d'autres facteurs y compris la situation géographique, le niveau des opérations et l'intégration des opérations de culture des bivalves.

Dans les zones tempérées le coût majeur de fonctionnement est le chauffage (et refroidissement) de l'eau de mer, mais ce coût n'existe pas dans les tropiques. Cela peut influencer le choix de l'emplacement d'une écloserie dans les régions tempérées dans des sites où l'eau de mer chaude existe au moins pendant une partie de l'année pour aider à réduire les coûts de chauffage.

Certaines écloserie sont des affaires familiales qui produisent seulement suffisamment de naissain pour leur propre besoin. Ce type d'écloserie est généralement fonctionnel pendant seulement quelques mois de l'année, la production est limitée, et les coûts sont beaucoup plus importants que dans d'autres grandes écloseries.

Les grandes écloseries peuvent intégrer toutes les opérations de culture de bivalves ou se limiter à une simple affaire de production de naissain. Quand l'écloserie fait partie d'un élevage intégré, elle peut être gérée simplement sans faire de profit ou même fonctionner avec des pertes minimes. Les profits pour l'entreprise sont réalisés dans d'autres phases d'élevage. Quand l'écloserie existe pour produire uniquement du naissain afin de le vendre à d'autres conchyliculteurs, le profit doit être fait sur les seules opérations d'écloserie. De ce fait avant la construction de l'écloserie il faut avoir une connaissance précise du marché pour tout type de naissain qui va être y produit et pas seulement de la quantité de naissain qui peut être vendu mais aussi le prix que les gens sont prêt à payer pour le naissain.

Une autre considération à prendre en compte dans le fonctionnement d'une écloserie de bivalves est le niveau critique de production qui doit être maintenu pour permettre sa rentabilité. Une écloserie ne peut pas exister en produisant simplement quelques milliers de juvénile chaque année. Le coût pour le réaliser est trop élevé. En effet, le coût associé à la production de quelques milliers de juvéniles est presque similaire à celui de plusieurs millions en considérant l'économie d'échelle. Un gérant doit déterminer le niveau critique de production qui doit être atteint pour rentabiliser son affaire mais il est également nécessaire de connaître l'ampleur et la valeur du marché pour le produit considéré.

Un enregistrement précis des coûts, des productions et des ventes doit être fait pour évaluer si l'écloserie est gérée d'une manière rentable ou pas.

1.4 Lectures recommandées

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