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B. REVUES PAR RÉGION(continuer)

B3. ATLANTIQUE CENTRE-OUEST
Zone statistique 31 de la FAO

par Kevern Cochrane *

INTRODUCTION

La zone relevant de la compétence de la Commission des pêches pour l'Atlantique Centre-Ouest (WECAFC) s'étend du Cap Hatteras en Caroline du Nord, aux États-Unis (35°de latitude nord) au sud du Cap Récif, au Brésil (10° de latitude sud). Elle couvre une superficie de près de 15 millions de km2dont approximativement 1,9 millions de km2de plateau continental (Stevenson 1981). Les principales subdivisions de la zone sont la côte sud-est des États-Unis, le golfe du Mexique, la mer des Caraïbes et la côte nord-est de l'Amérique du Sud, qui comprend les Guyanes et le Brésil.

La zone de la WECAFC comprend la zone statistique 31 de la FAO et une partie de la zone 41 située au large du nord du Brésil. Ce chapitre ne couvre que la zone 31 (FigureB3.1 et Tableau B3.1). Cette région, l'une des plus complexes du monde sur le plan géographique, est subdivisée en plusieurs bassins océaniques profonds séparés par des zones peu profondes, et comprend un grand nombre de plate-formes insulaires, de bancs du large, et le plateau continental. Les principaux groupes d'îles de la zone 31 sont les Bahamas et les bancs et les îles adjacentes qui occupent plus de la moitié de la zone de plate-formes d'îles et de bancs, les Grandes Antilles (Cuba, Porto Rico, les îles Vierges, et Hispaniola), et les Petites Antilles (Stevenson 1981).

Figure B3.1 - L'Atlantique Centre-Ouest (Zone 31)

Figure B3.1

Tableau B3.1 Emplacement et superficie des principales zones de plateau côtier, dans la zone de la WECAFC (Stevenson 1981).

EMPLACEMENTSUPERFICIE
('000 km2)
Zone de
la FAO
Plateau continental  
 Côte Est des États Unis11031
 Golfe du Mexique60031
 Yucatan - Est du Venezuela25031
 Guyana, Surinam, Guyane française20031
 Nord du Brésil36041
TOTAL Plateau continental1 520 
Iles  
 Îles et bancs du large38031
TOTAL GÉNÉRAL1 900 

Figure B3.2 - Captures nominales annuelles ('000t) par groupes d'espèces CSITAPA dans l'Atlantique Centre-Ouest (Zone 31)

Figure B3.2

Source FAO

La zone de l'Atlantique Centre-Ouest est caractérisée par une circulation anticyclonique (dans le sens des aiguilles d'une montre) de courants. Le courant nord-équatorial s'écoule vers l'ouest juste au nord de l'Équateur et conflue avec le courant de Guyane pour former un courant de la bordure occidentale. Lorsque ce courant de bordure pénètre dans l'Atlantique Centre-Ouest, il se divise en deux pour former le courant des Antilles et le courant des Caraïbes. Le courant des Antilles s'écoule vers le nord sur le côté Atlantique des îles des Antilles, et finit par converger avec le courant de Floride. Le reste du courant de la bordure occidentale traverse la zone des Caraïbes orientales, principalement entre la Barbade et Tobago, où il forme le «cœur» du courant des Caraïbes de direction nord-ouest qui entrera dans le détroit de Yucatan. Cependant, le courant des Caraïbes a aussi d'importants méandres, filaments et tourbillons (Appeldoorn et al . 1987, Smith et al. 2002). L'eau qui entre dans la mer des Caraïbes traverse ensuite le détroit de Yucatan jusqu'au Golfe du Mexique, où elle circule dans le sens des aiguilles d'une montre à travers le golfe et le détroit de Floride pour devenir le courant de Floride. Le courant de Floride et le courant des Antilles confluent pour former le Gulf Stream qui s'écoule vers le nord en longeant la côte est des États-Unis d'Amérique et du Canada (Stevenson 1981, Smith et al . 2002). L'ensemble de cette circulation d'eau intense, du sud-est vers le nord-ouest à travers l'Atlantique Centre-Ouest est probablement essentiel pour la distribution des larves, par exemple de langouste blanche des Caraïbes, mais la zone est aussi caractérisée par une variabilité notable, avec des contre-courants, des méandres et des tourbillons. La région subit aussi l'influence des eaux des grands fleuves qui s'y déversent, à savoir le Mississipi, l'Orénoque et l'Amazone, ainsi que des ouragans récurrents.

Figure B3.3 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces sélectionnées des groupes CSITAPA 35 ,39, Atlantique Centre-Ouest (Zone 31)

Figure B3.3

Source FAO

La complexité géographique de l'Atlantique Centre-Ouest se répercute sur la biodiversité, avec au moins 1172 espèces d'invertébrés, de poissons et de tétrapodes présentes dans la région. Parmi les 987 espèces de poissons, 23 pour cent sont «rares ou endémiques de la région». Les zones de plus grande diversité sont celles du sud de la Floride, de l'est des Bahamas et du nord de Cuba. La mer des Caraïbes est probablement la zone la plus riche en espèces de l'Atlantique, (Smith et al . 2002).

PROFIL DES CAPTURES

Les captures nominales de la région ont augmenté à un rythme régulier, passant d'environ 500000 tonnes en 1950 à un pic d'approximativement 2.5 millions de tonnes en 1984. Elles ont ensuite décliné, avec toutefois quelques augmentations au début des années 1990; les débarquements ont frôlé les 2.0millions de tonnes en 1994, mais sont restés stables, à un niveau compris entre 1.5 et 1.7 millions de tonnes depuis (FigureB3.2 et Tableau D3). Le manque d'informations sur l'identification des espèces débarquées, dans les registres en provenance de la région de la WECAFC, reste un élément préoccupant; ainsi, les poissons marins non identifiés du Groupe 39 ont représenté près de 163000 tonnes des débarquements totaux en 2002.

Le groupe de la CSITAPA qui contribue le plus aux captures reste le Groupe 35 «harengs, sardines et anchois». Ce groupe est dominé par le menhaden écailleux (Brevoortia patronus) que l'on rencontre de la péninsule du Yucatan à la Floride. Les captures de cette espèce ont progressé de façon irrégulière, passant d'environ 200000 tonnes en 1950 à près d'un million de tonnes en 1984, mais elles ont légèrement fléchi par la suite, oscillant entre moins de 500000 tonnes et 700000 tonnes ces dernières années (FigureB3.3). Les captures de l'autre espèce de menhaden, le menhaden tyran, (B. tyrannus) ont également été importantes, avec un pic de 140000 tonnes en 1981, mais la pêche a accusé une brusque baisse dans les années qui ont suivi pour tomber à moins de 4000 tonnes en 1984. Depuis 1992, les prises sont inférieures à 40000 tonnes (Figure B3.3).

Les petits pélagiques ont représenté avec la contribution substantielle du Groupe 35 les captures les plus importantes, en termes de quantité. Dans la région, les captures de petites espèces pélagiques, sont principalement constituées de poissons de sept familles, à savoir: Exocoetidae (poissons volants); Clupeidae (harengs et sardines); Engraulidae (anchois et anchoveta); Carangidae (carangues et chinchards); Hemirhamphidae (demi-becs); Belonidae (aiguilles de mer) and Mugilidae (mulets). La sardinelle ronde (S. aurita) est une petite espèce pélagique majeure, dont les captures totales ont fortement progressé, de 59000 tonnes en 1990 à près de 200000 tonnes en 1998 (FigureB3.4), principalement au Venezuela. Les débarquements ont considérablement baissé en 2000 et 2001, avec des valeurs excédant à peine 70000 tonnes, elles ont ensuite atteint 160000 tonnes en 2002. Les autres espèces de petits pélagiques du groupe 33 (poissons côtiers divers), et du groupe 35 de la CSITAPA (harengs, sardines et anchois) comprennent le mulet à grosse tête (Mugil cephalus), des mulets non identifiés et le chardin fil (Opisthonema oglinum), chacune de ces espèces ayant donné lieu à des captures de moins de 20000 tonnes, au cours des années récentes (FigureB3.4). Les débarquements de chardin fil sont tombés à 7000 tonnes en 2001 et 5000 tonnes en 2002, soit moins de la moitié des niveaux des années précédentes. On a noté une augmentation substantielle des débarquements de chinchards et de carangues non identifiés du genre Caranx. Les captures de poissons de ce groupe, principalement pêchés par le Mexique et le Venezuela, ont à peu près doublé par rapport au début des années 1980, dépassant les 12000 tonnes en 1997 et 1998, mais retombant à environ 9000 tonnes par an depuis. L'exocet hirondelle (Hirundichthys affinis) alimente des pêcheries importantes sur le plan local dans quelques îles des Petites Antilles, dont la Barbade, Grenade et Tobago. Les captures de cette espèce ont culminé à près de 6000 tonnes en 1988, mais fluctuent normalement entre 1000 et 2800 tonnes, comme elles l'ont fait pendant toute la décennie 1990 et jusqu'en 2002. La coryphène commune (Coryphaena hippurus) est une autre espèce pélagique importante pour les petits états insulaires. Les États-Unis et le Mexique la capturent aussi, et une pêcherie ciblée sur cette espèce s'est développée au Venezuela au cours des années récentes. Les débarquements de coryphène commune ont doublé de 2014 tonnes en 1984 à 4629 tonnes en 1997, elles ont ensuite oscillé entre 3200 tonnes et 3900 tonnes dans les années qui ont suivi.

Le groupe 33 de la CSITAPA «poissons côtiers divers» représente également une part notable des captures de la région (FigureB3.2). Ce groupe couvre une grande diversité d'espèces, et les captures sont dominées par les poissons-chats de mer (Ariidae); les serranidés nca, (Serranidae), en particulier les mérous (Epinephelus spp.); les grondeurs, diagrammes nca (Haemulidae); les lutjanidés et vivaneaux (Lutjanidae), en particulier les vivaneaux non identifiés (Lutjanus spp.) et le vivaneau à queue jaune (Ocyurus chrysurus); les sciaenidés (Sciaenidae) en particulier les acoupas (Cynoscion spp.) et le tambour rayé (Micropogonias furnieri); les blanches (Leiognathidae); les brochets de mer (Centropomidae) en particulier le crossie blanc (Centropomus undecimalis). Les captures cumulées des espèces de ce groupe se sont élevées à 132000 tonnes en 2002, niveau un peu plus bas que durant la plus grande partie de la décennie précédente.

Figure B3.4 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces sélectionnées des groupes CSITAPA 33, 35, Atlantique Centre-Ouest (Zone 31)

Figure B3.4

Source FAO

Figure B3.5 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces de fonds meubles, Atlantique Centre-Ouest (Zone 31)

Figure B3.5

Source FAO

Les poissons côtiers divers peuvent être subdivisés en deux grands groupes selon l'habitat, à savoir les espèces occupant des zones à substrats doux, et les espèces vivant normalement au-dessus de récifs. Parmi les premières, les poissons-chat de mer non identifiés ont représenté les captures les plus abondantes ces dernières années, avec une nette progression de 5000 tonnes en 1988 à plus de18000 tonnes depuis 2000 (FigureB3.5). Selon les informations figurant dans la base de données de la FAO, ces espèces sont débarquées par des pays continentaux, essentiellement Mexique et Venezuela. Les acoupas non identifiés ont culminé à plus de 20000 tonnes en 1995, mais ont par la suite décliné (FigureB3.5). Les prises d'espèces identifiées comme acoupas pintades (Cynoscion nebulosus) ont atteint plus de 6000 tonnes au cours des années récentes, à l'exeption de 2001 où elles ont chuté à 4900 tonnes. Le tambour rayé et le crossie blanc ont aussi représenté une part importante des captures de poissons des fonds doux. Les débarquements de ces deux espèces ont augmenté depuis 1950, les prises de tambour rayé atteignant des niveaux supérieurs à 5000 tonnes de 1991 à 1996, variant les années suivantes, entre 1900 tonnes et 6800 tonnes. Les débarquements de crossie blanc ont oscillé entre approximativement 5000 tonnes et à peine plus de 6000 tonnes depuis 1995 (FigureB3.5).

Figure B3.6 - Captures nominales annuelles ('000t) d'un choix d'espèces de récif, Atlantique Centre-Ouest (Zone 31

Figure B3.6

Source FAO

Figure B3.7 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 36, Atlantique Centre-Ouest (Zone 31)

Figure B3.7

Source FAO

Parmi les principaux poissons de récifs, les débarquements de mérous non identifiés ont considérablement progressé à la fin des années 70 et au début des années 80, passant de moins de 10000 tonnes à plus de 20000 tonnes. Depuis le pic de la fin des années 80, ils indiquent une tendance générale à la baisse (FigureB3.6). Les captures de mérou rouge (Epinephelus morio) ont chuté à 86 tonnes en 2002, après un pic de plus de 12000 tonnes en 1980, alors que celles de mérou rayé (E. striatus) étaient de 3 200 tonnes en 1967 et sont tombées bien en dessous de 500 tonnes ces dernières années. À la deuxième session du Groupe consultatif scientifique de la WECAFC, tenue en Martinique en avril 2003, un membre du Mexique a pourtant déclaré, citant Monroy et al . (2001), que les débarquements totaux de mérou rouge avaient atteint 8197 tonnes en 2001 dans ce pays. On présume que ces débarquements n'avaient pas été déclarés à la FAO dans ce groupe taxonomique. La tendance illustrée par la FigureB3.6, n'est donc pas du tout fiable, comme indicateur de l'abondance de cette espèce. Les captures de vivaneaux et de lutjanidés non identifiés ont affiché une progression considérable, de moins de 2000 tonnes en 1950 à plus de 25000 tonnes en 1994, mais elles ont décliné depuis. Après une période de relative stabilité dans les années 70 et 80, les prises de vivaneau campèche (Lutjanus campechanus) et de vivaneau à queue rouge (L. synagris) ont atteint leurs niveaux les plus élevés au début des années 90, mais ont régulièrement baissé depuis et ce jusqu'en 2002, dernière année pour laquelle des données sont disponibles.

Il existe aussi d'importantes pêcheries de mérou sur le plateau Brésil-Guyanes, ciblées en particulier sur le vivaneau rouge (L. purpureus) mais aussi sur le vivaneau à queue rouge et le vivaneau vermillon (Rhomboplites aurorubens). Plusieurs pays situés dans la zone du plateau Brésil-Guyanes ont des flottilles locales et étrangères qui pêchent le vivaneau dans leurs eaux; les navires vénézuéliens sont particulièrement actifs, car ils ont le droit de pêcher dans les ZEE de la plupart des pays de la zone. Le Venezuela a fait état de débarquements annuels de vivaneau rouge oscillant entre 3500 tonnes et 5000 tonnes, dont plus de 50 pour cent capturés en dehors des eaux nationales (FAO 1999a).

Les captures des espèces du groupe 36 de la CSITAPA - «thons, bonites et marlins» ont progressé au cours des trois dernières décennies, jusqu'à des niveaux moyens de 87000 tonnes pour la décennie 90, contre des moyennes décennales de 52000 tonnes et de 80000 tonnes respectivement pour les années 70 et 80. Les captures ont atteint 104000 tonnes en 2001, le plus haut jamais atteint et ont ensuite diminué l'années suivante à 84000 tonnes. Pour les besoins de la gestion, ce groupe est divisé en deux sous-groupes, les espèces océaniques dont l'aire de distribution s'étend au-delà de la région de la WECAFC et qui peuvent être trans-océaniques, et les grands pélagiques côtiers que l'on trouve essentiellement à l'intérieur de la région de la WECAFC. Parmi les espèces océaniques, les captures les plus abondantes ont été de loin celles d'albacore (Thunnus albacares), qui sont montées en flèche au début des années 80, sous l'effet d'une augmentation de l'effort de pêche, principalement de la part des flottilles de la région. Près de 30000 tonnes de cette espèce ont été débarquées en 2001, contre tout juste la moitié de ce volume pour les autres espèces importantes (FigureB3.7). En 2002 cependant, les captures d'albacore ont tout juste dépassé les 18000 tonnes

Les captures de grands pélagiques côtiers ont été dominées par quatre espèces de Scomberomorus . En 2002, les débarquements déclarés de ces quatre espèces se répartissaient comme suit: maquereau royal (S. cavalla) - 12131 tonnes; thazard atlantique (S. maculatus) 7361 tonnes; thazard du Brésil (S. brasiliensis) - 5250 tonnes; et thazard franc Cero (S. regalis) 147 tonnes en 2001 et aucune capture enregistrée en 2002. Les captures de thazard atlantique ont fléchi au cours des années récentes, après le plafond atteint au début des années 90. (FigureB3.8).

Les requins (Groupe 38 de la CSITAPA - «requins, raies, chimères») ont été au centre de l'attention ces dernières années, car leur surexploitation suscitait des préoccupations. À l'intérieur de la région de la WECAFC, les captures de chondrichthyens ont progressé de façon spectaculaire depuis 1950, culminant à 37000 tonnes en 1994, mais retombant ensuite avec quelques oscillations à près de 25000 tonnes en 2002 (FigureB3.9). Les espèces qui ont représenté la plus grande part des débarquements en 2002 ont été les requins, raies, etc. nca; les requins nca; ainsi que les raies, pastenagues, mantes nca; avec des captures plus faibles de taupe bleue, requin soyeux, emissoles nca, requin-nourice, peau bleue et squaliformes nca. La prédominance des débarquements de catégories taxonomiques identifiées de façon grossière témoigne de la mauvaise qualité d'une grande partie des données soumises par la région à la FAO. La rareté des informations disponibles sur la composition spécifique des débarquements ne fait que confirmer la nécessité d'améliorer et de renforcer le suivi.

Figure B3.8 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 36, Atlantique Centre-Ouest (Zone 31)

Figure B3.8

Source FAO

Figure B3.9 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 38, Atlantique Centre-Ouest (Zone 31)

Figure B3.9

Source FAO

Un rapport d'Yegres et al. (1996) sur la pêche de requins au Venezuela - qui se pratique au-delà de la ZEE de ce pays, tant en mer des Caraïbes que dans l'océan Atlantique, dans la partie sud-ouest de la zone de la WECAFC - a recensé 31espèces de requins capturées. Les espèces les plus couramment capturées par la flotte industrielle étaient le requin bleu (Prionace glauca - 36 pour cent), le requin à pointe noires (Carcharhinus springeri - 14 pour cent), et la taupe bleue (Isurus oxyrinchus - 12 pour cent), alors que la flotte artisanale se concentrait surtout sur le requin à nez pointu des Caraïbes (Rhizoprionodon porosus - 21 pour cent), le requin-marteau halicorne (Sphyrna lewini - 14 pour cent) et le requin marteau à petits yeux (S. tudes - 12 pour cent). Bonfil (1997) a signalé que 34 espèces de requins se rencontrent dans les eaux mexicaines du golfe du Mexique. Parmi celles-ci, 14 sont importantes pour la pêche, en particulier neuf qui sont qualifiées de «primordiales». Parmi ces neuf, figurent cinq espèces de Carcharhinus et deux espèces de Sphyrna .

Figure B3.10 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 43 et 45, Atlantique Centre-Ouest (Zone 31)

Figure B3.10

Source FAO

Figure B3.11 - Captures nominales annuelles ('000t) de pieuvres et strombes, Atlantique Centre-Ouest (Zone 31)

Figure B3.11

Source FAO

Parmi les espèces les plus prisées de l'Atlantique Centre-Ouest, on peut citer les pêcheries de crustacés, en particulier la langouste blanche (Panulirus argus) et un certain nombre d'espèces de crevettes, notamment les crevettes pénéidées (FigureB3.10). Les débarquements de langouste dans la zone 31 (sans le Brésil) ont atteint un pic de 31000 tonnes en 2000, pour chuter à 25000 tonnes en 2001 et remonter à 29000 tonnes en 2002. Les débarquements de cette espèce ont une valeur marchande élevée par unité de poids, si bien que la ressource est l'une des plus précieuses de la région. Les captures déclarées de crevettes pénéidées non identifiées se sont élevées à 48000 tonnes en 2002, variant sans indiquer de tendance précise, entre approximativement 40000 tonnes et 58000 tonnes depuis le milieu des années 70. L'espèce la plus productive est la crevette royale grise (Farfantepenaeus aztecus) (57000 tonnes capturées en 2002) suivie de la crevette ligubam du Nord (Litopenaeus setiferus) (43000 tonnes en 2002). La composition par genre des crevettes pénéidées a récemment été révisée par Pèrez Farfante et Kensley (cités dans Carpenter 2002) et le nouveau système est appliqué dans ce rapport. Auparavant, les espèces appartenant à ces nouveaux genres auraient été incluses dans le genre Penaeus . Parmi les espèces de crevette dont les captures ont augmenté, on peut citer la crevette seabob (Xiphopenaeus kroyeri): alors que le niveau normal des captures était de 5000 tonnes seulement en 1990, elles ont dépassé les 32000 tonnes en 2001 puis ont diminié à 26000 tonnes en 2002.

Parmi les mollusques, les captures les plus élevées (en poids total, avec la coquille) ont été celles d'huître américaine (Crassostrea virginica), qui ont oscillé dans les années 90 entre moins de 59000 tonnes (1991) et un pic de plus de 195000 tonnes en 2000, ainsi que les arches (Arca spp.) dont plus de 45000 tonnes ont été débarquées en 2002. Les prises de peigne calicot (Argopecten gibbus) ont été très variables, culminant à près de 400000 tonnes (poids total) en 1984, alors qu'aucun débarquement n'était déclaré durant la période 1991–1993, ni depuis 1996.

Au cours des années récentes, on a noté des augmentations notables des débarquements officiels de pieuvre commune (Octopus vulgaris) et de strombes (Strombus spp.). Les captures des deux espèces ont régulièrement progressé depuis 1950 (Figure B3.11). Celles de pieuvre commune, à peine supérieures à 8500 tonnes en 1983, ont par la suite augmenté jusqu'à un niveau moyen de 18000 tonnes dans les années 90, avec un pic de 28000 tonnes en 1996. Les débarquements officiels ont juste dépassé les 16000 tonnes en 2002. A la deuxième session du Groupe consultatif scientifique de la WECAFC, il a été signalé que les débarquements de poulpe sur la côte occidentale du Mexique étaient en réalité dans une large mesure constitués de pieuvre commune et d'une espèce endémique locale, le poulpe mexicain à quatre yeux (Octopus maya). L'accroissement des captures de strombes a également été notable. En 1984, les captures dépassaient 13000 tonnes, mais elles ont ensuite chuté à approximativement 9000 tonnes en 1987. Durant les années 90, les captures annuelles moyennes se sont chiffrées à près de 30000 tonnes, avec un maximum de 37000 tonnes en 1997. Les captures ont ensuite diminué à 20000 tonnes en 2002.

Toutes les espèces de Chelonidae, ou tortues de mer, sont inscrites sur la liste de l'Annexe 1 de la CITES depuis 1977. Malgré cela, les débarquements des trois espèces enregistrés dans la base de données de la FAO pour la zone de la WECAFC (tortue verte, caret, caouanne) et des espèces non identifiées sont restées élevés jusqu'à la fin des années 80, plafonnant à 1 600 tonnes en 1985. Par la suite elles ont rapidement décliné, pour tomber à 31 tonnes seulement en 1999, constituées principalement de tortues vertes et de carets. En 2002 les captures enregistrées s'élevaient à 42 tonnes. Les tortues marines ont été exploitées et utilisées dans la zone de la WECAFC à de multiples fins, aussi bien comme produit de subsistance que comme produit de luxe (Fleming, 2001).

ÉTAT DES RESSOURCES ET GESTION DES PÊCHES

La capacité de gestion des pêches varie considérablement dans les différents états côtiers de l'Atlantique Centre-Ouest. Dans quelques pays, il existe des institutions appropriées, où la pêche et les pêcheries sont suivies et contrôlées dans le souci de garantir une exploitation durable, alors que dans d'autres, les pêcheries ne sont pratiquement pas gérées ou ne le sont que de façon rudimentaire. Toutefois, même les institutions de gestion des pêches les plus avancées de la région se heurtent à des difficultés à cause de la grande diversité d'espèces, et les informations provenant de l'ensemble de la région sur l'état des ressources principales sont limitées, et plus rares encore pour ce qui concerne les centaines d'espèces considérées comme secondaires pour les pêcheries de la région. Dans son rapport de 2002 au Congrès (NMFS 2002), le Service national des pêches maritimes des États-Unis (NMFS) signalait que l'état de 46 stocks, sur les 57 qui relèvent de la juridiction du Conseil de gestion des pêches pour le golfe du Mexique (GMFMC), (soit 81 pour cent) était inconnu ou non défini. Sur les 179 stocks placés sous la juridiction du Conseil de gestion des pêches des États-Unis pour les Caraïbes (CFMC), 175 (soit 98 pour cent) était dans un état inconnu ou non défini. Conformément à ce qui est dit dans les rapports antérieurs, l'état des connaissances n'est très probablement guère plus avancé dans la majorité des autres pays de la région.

Vu la taille de leurs stocks, aucune des deux espèces de menhaden, à savoir le menhaden tyran et le menhaden écailleux, n'est considérée comme surexploitée (selon la loi des États-Unis sur la pêche durable, un stock est surexploité si sa taille est inférieure à un seuil de biomasse prescrit, et ce quelle qu'en soit la raison (NMFS 2002). Parmi les petits pélagiques, la seule estimation quantitative dont on dispose sur l'état du stock concerne la sardinelle ronde du Venezuela, et elle est basée sur les analyses des populations virtuelles (APV) effectuées par Mendoza et al . (1994). Selon ces auteurs, le stock était légèrement surexploité à l'époque, mais la situation pourrait avoir changé, avec l'augmentation des captures annuelles illustrée à la figureB3.4. La varabilité importante observée ces dernières années rend les évaluations difficiles. La situation de nombreuses autres espèces de petits pélagiques est dans l'ensemble mal connue. Parmi celles-ci, figurent les carangidés, avec 15 genres et 31 espèces présentes dans la région, qui montrent bien les problèmes que posent l'évaluation et la gestion des ressources de la région. En général, on considère que le stock de petits pélagiques est sous-exploité ou pleinement exploité (FAO 1998).

Parmi les espèces de poissons de fond, les poissons côtiers divers du Groupe 33 de la CSITAPA dominent. Le mérou rayé (Epinephelus striatus) et le mérou géant (tétarde, Epinephelus itajara) sont notamment soumis à des programmes de reconstitution intéressant les deux Conseils de gestion des pêches pour le Golfe du Mexique et pour les Caraïbes. Dans le Golfe du Mexique, la mortalité par pêche a été abaissée en-deçà du seuil souhaité, mais ce fait n'est pas signalé pour les stocks relevant du CFMC. Le vivaneau campèche (Lutjanus campechanus) et le tambour rouge (Sciaenops ocellatus) restent soumis aux programmes de reconstitution relatifs aux stocks du Golfe du Mexique, et des réductions de la mortalité par pêche sont encore recommandées ou prescrites pour ces deux stocks. En ce qui concerne deux autres stocks du Golfe du Mexique, le vivaneau vermillon (Rhomboplites aurorubens) et la badèche baillou (Mycteroperca microlepis), la mortalité par pêche est aujourd'hui considérée comme supérieure au seuil minimum prescrit pour la biomasse, mais il est recommandé de la réduire. Le stock de sériole couronne (Seriola dumerili) dans le golfe du Mexique a été jugé «non surexploité», mais le NMFS recommande de prescrire un programme de reconstitution pour ce stock. Le mérou rouge (Epinephelus morio) est considéré comme surexploité et soumis à un taux de mortalité par pêche excessif. Un programme de reconstitution est en cours d'élaboration pour ce stock. Dans les eaux côtières du Mexique, le mérou rouge a été jugé surexploité (Arenas et Díaz de León 1998). L'état des stocks des autres poissons de récif relevant de la juridiction des deux conseils de gestion des pêches des États-Unis n'a pas été évalué.

Les estimations les plus récentes de l'état des stocks de poissons de fond du plateau Brésil-Guyanes demeurent celles qui ont été effectuées dans le cadre des activités conjointes du Programme d'évaluation et de gestion des ressources halieutiques de la CARICOM (CFRAMP) et du Groupe de travail ad hoc FAO/WECAFC sur la crevette et les poissons de fond du Plateau Brésil-Guyanes. Les analyses préliminaires ont principalement concerné les espèces des fonds doux, notamment quelques stocks locaux de tambour rayé (Micropogonias furnieri), d'acoupa de la Jamaïque (Cynoscion jamaicensis) et d'acoupa vert(C. virescens), de courbine tiveux (Nebris microps) , et d'acoupa chasseur (Macrodon ancylodon). En raison des données limitées, les résultats obtenus ne sont que préliminaires, mais les points de référence relatifs au rendement et à la biomasse du stock reproducteur par recrue ont indiqué que les stocks qui ont fait l'objet d'un examen étaient surexploités (FAO 1999; 2000). Une récente évaluation de L. purpureus en Guyane française a révélé que le stock était surexploité (Charuau 2000).

Mises à part ces estimations scientifiquement fondées, on considère en général que les ressources en poissons de fond et en poissons côtiers de récif sont pour la plupart pleinement exploitées, ou dans quelques cas surexploitées (FAO 1998). Selon Mahon (1993) «Il est généralement admis que les ressources en poissons de récif des plate-formes insulaires sont gravement surexploitées dans la majorité des pays des Petites Antilles.»

Quelques états de la région continuent à chercher à développer leurs pêcheries de grandes espèces pélagiques, tant océaniques que côtières, qui ont connu une très forte expansion au cours des dernières années. Les stocks ciblés par ces pêcheries en expansion relèvent du mandat de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA), mais celle-ci n'évalue que les stocks océaniques. D'après les dernières évaluations disponibles (CICTA, 2002) le thon albacore, qui est considéré comme un unique stock atlantique, est pleinement exploité, sinon surexploité. Le Comité de la recherche et des statistiques de la CICTA a donc recommandé d'éviter une augmentation de la mortalité par pêche de ce stock. Le thon obèse (Thunnus obesus) est un peu pêché au large des côtes vénézuéliennes. Le stock est considéré comme surexploité et la mortalité par pêche est supérieure au taux correspondant à la production maximale équilibrée (MSY). La structure du stock de bonite à ventre rayé (Katsuwonus pelamis) est mal connue, mais il est divisé en deux aux fins de la gestion, avec une unité orientale et une unité occidentale. L'évaluation la plus récente de ce stock remonte à 1999 et la CICTA (2002) a estimé que l'état du stock occidental était «stable».

Plusieurs autres espèces de grands pélagiques pêchées dans l'Atlantique Centre-Ouest ont aussi été évaluées par la CICTA. Les résultats des évaluations de 2002 sont les suivants: stock occidental de thon rouge commun (Thunnus thynnus) - surexploité, avec un risque de recrutement faible à cause du bas niveau de la biomasse féconde du stock; makaire bleu (Makaira nigricans) - la biomasse estimée est de l'ordre de 40 pour cent de la BMSY et l'on estime que le stock est surexploité depuis 10 à 15 ans; makaire blanc (Tetrapterus albidus) - stock considéré comme gravement surexploité et continuant à être soumis à une pêche excessive; voilier de l'Atlantique occidental (Istiophorus platypterus) - le niveau actuel des captures est considéré comme viable; et espadon de l'Atlantique nord (Xiphias gladius) - on considère que son état s'est amélioré ces dernières années, la biomasse est à peine inférieure à la BMSY, avec un taux de mortalité par pêche inférieur à celui correspondant à la MSY.

Parmi les espèces côtières, l'état du thazard du Brésil et du thazard franc est mal connu. Le NMFS (2002) considère qu'un «groupe» de maquereau royal du golfe du Mexique a été surexploité mais que, dans le cadre d'un programme de reconstitution, son taux de mortalité par pêche est à présent en-dessous du seuil. Le «groupe» de l'Atlantique est considéré comme «non surexploité». Dans leur étude d'une pêcherie, à l'est du Venezuela, Marcano et al . (1999) n'ont pas décelé de signes de surexploitation du maquereau royal. Les «groupes» de thazard de l'Atlantique et du golfe ne sont ni l'un ni l'autre considérés comme surexploités par le NMFS. La coryphène, qui ne fait pas partie du mandat de la CICTA, est aujourd'hui considérée comme un seul stock dans tout l'Atlantique Centre-Ouest (Wingrove 2000 et Prager 2000, comme indiqué dans FAO 2002a) et aurait une biomasse très supérieure à la BMSY avec une mortalité par pêche inférieure au taux correspondant à la MSY.

L'état des stocks de requins dans la région est mal compris, mais suscite des préoccupations en raison de la vulnérabilité de ces poissons à la surexploitation. Bonfil (1997), se référant à quelques évaluations effectuées sur des requins au Mexique, suggère que les taux de mortalité par pêche sont voisins de ceux correspondant à la production maximale équilibrée (FMSY) ou les dépassent. Toutefois, cet auteur a souligné le caractère préliminaire de ces évaluations . Il a attiré l'attention sur le fait que l'effort de pêche est concentré sur les requins juvéniles, ce qui, selon lui, est l'un des problèmes les plus préoccupants pour les pêcheries de ce pays. Bon nombre des stocks de requins de la zone 31 sont probablement largement distribués, et ne peuvent par conséquent être gérés efficacement que dans le cadre d'une coopération régionale et internationale.

La langouste blanche est inscrite sur la liste de l'Annexe III du Protocole concernant les zones spécialement protégées et la faune et la flore sauvages (Protocole SPAW) de la Convention sur la protection et la mise en valeur du milieu marin de la région des Caraïbes (Convention de Cartagena). En ce qui concerne les espèces inscrites à l'Annexe III, les parties adhérant au Protocole de SPAW prendront « toutes les mesures appropriées pour assurer la protection et la restauration des espèces … tout en réglementant l'exploitation de ces espèces de manière à assurer et à maintenir les populations à un niveau optimal.». L'état de l'espèce a été examiné dans le cadre de deux ateliers tenus en 1997 et 1998, avec la participation de scientifiques venus de tous les principaux pays producteurs de langoustes de la région (FAO 2001); il a ensuite été revu dans le cadre d'ateliers successifs en 2000 et 2002. Les résultats ont indiqué que la ressource était pleinement exploitée ou surexploitée dans la plus grande partie de son aire de répartition, même si les données provenant de certaines zones étaient insuffisantes pour faire des estimations fiables. Les ateliers ont conclu que dans la majorité des pays, il était impératif de contrôler et dans certains cas de réduire l'effort de pêche, dans les pêcheries de langouste. Étant donné que de nombreux pays ont des pêcheries de langouste librement accessibles, il pourrait être nécessaire de mettre en place des systèmes limitant les entrées, garantissant un effort total proportionnel à la productivité de la ressource ainsi qu'un revenu économique acceptable pour les pêcheurs autorisés. Dans certaines zones, les langoustes capturées étaient trop petites, de sorte qu'il a été recommandé de mettre en place des restrictions appropriées concernant la taille minimale et de garantir leur application.

Les autres espèces de crustacés précieuses qui sont pêchées dans la région sont les crevettes, principalement crevettes pénéidées, ainsi que la crevette seabob de l'Atlantique. Le Conseil de gestion des pêches du golfe du Mexique a estimé que les stocks de crevettes brune, rose (Farfantepenaeus duorarum) et blanche (Litopenaeus setiferus) et de salicoque royale rouge (Hymenopenaeus robustus) n'étaient pas surexploités dans cette région, mais l'état du stock de crevettes seabob (Xiphopenaeus kroyeri) est mal connu. Les ateliers CFRAMP/WECAFC mentionnés plus haut (FAO 1999, 2000) ont quelque peu progressé dans l'évaluation d'importants stocks de crevettes du plateau Brésil-Guyanes, longeant le littoral du Venezuela, de la Trinité-et-Tobago, du Guyana, de Surinam, de la Guyane française et de la côte septentrionale du Brésil. Les résultats indiquent que dans la plupart des cas, les stocks nationaux de crevette ligubam du sud (L. schmitti), de crevette rose du sud (F. notialis) et de crevette brune (F. subtilis) qui ont été évalués ne sont pas surexploités sur le plan biologique, mais ont probablement été soumis à un effort de pêche supérieur à l'optimum économique. Il semble que les taux de mortalité par pêche soient élevés pour la crevette royale rose (F. brasiliensis). La situation serait toutefois inversée dans le golfe de Paria, F. subtilis étant considérée comme surexploitée en 2001, alors que F. brasiliensis aurait été proche de la BMSY en 2001, et par conséquent pleinement exploitée (Ferreira, la Trinité-et-Tobago, com. perso.).

Parmi les mollusques, les récentes captures de poulpe mexicain (O. maya) ont été jugées non viables (Arenas et Díaz de León 1998). Un autre stock de mollusque, le grand lambis (Strombus gigas), est inscrit sur la liste de l'Annexe II de la CITES, ce qui signifie que le commerce international de cette espèce est contrôlé par les autorités de la CITEScompétentes au niveau national; ce stock est aussi inscrit à l'Annexe III du protocole de SPAW de la Convention de Cartagena. A l'atelier d'évaluation et de gestion du stock de grand lambis, tenu à Belize en mars 1999, on a constaté que de nombreux pays n'avaient pas suffisamment de données, pour établir des estimations fiables de l'état actuel des stocks (CFMC et CFRAMP, 1999). Dans les cas où les données disponibles étaient suffisantes, les estimations de l'état de ce stock variaient de légèrement exploité à surexploité. Le NMFS (2002) a signalé que le grand lambis faisait l'objet d'un programme de reconstitution au Conseil de gestion des pêches des Caraïbes, mais que la mortalité par pêche était encore trop élevée dans cette zone et devait être abaissée.

Une approche écosystémique des pêches reconnaît que les ressources halieutiques sont tributaires des écosystèmes dans lesquels elles se trouvent. Dans la région de la WECAFC, de nombreux écosystèmes subissent les effets négatifs des activités humaines, notamment la dégradation d'habitats critiques. Les habitats qui sont importants aux Caraïbes sont les récifs de corail, les prairies sous-marines, les mangroves, les lagunes côtières, les plages de sable et les environnements à fonds de vase. Partout, on se préoccupe de l'état des récifs de corail, qui sont des habitats précieux pour de nombreuses ressources halieutiques exploitées. Le rapport de 2002 sur l'état des récifs de corail du monde (GCRMN, 2002) a signalé que dans la partie nord de la mer des Caraïbes et dans l'Atlantique ouest, les récifs de corail continuaient à disparaître, quoique sans doute à un rythme plus lent qu'auparavant. Les principales causes de ce déclin sont la pollution, les maladies, la surpêche, les dégâts causés par les ancres et les pratiques de pêche et de tourisme destructrices. En Amérique centrale, les ouragans de 2000, 2001 et 2002 ont été dévastateurs, puisqu'ils ont détruit jusqu'à 75 pour cent des coraux dans certaines zones du Belize. La pêche intensive, la surcharge de nutriments et la sédimentation excessive provenant d'une mauvaise utilisation des terres causent aussi des dégâts. Un projet important de la Banque mondiale et du Fonds pour l'environnement mondial (FEM) œuvre pour la conservation du système de récif-barrière mésoaméricain. L'enquête a également révélé que les récifs côtiers des Antilles orientales étaient dégradés alors que ceux des eaux plus profondes étaient en meilleur état. Les causes des dégâts sont les mêmes que dans la partie nord de la mer des Caraïbes.

Le Programme pour l'environnement des Caraïbes du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE, non daté) signale que des prairies sous-marines, principalement hydrocharidacées Thalassia testudinum et cymodocées Syringodium filiforme , servent de nourriture à des espèces herbivores, notamment quelques poissons, tortues et oursins; d'abri à de nombreuses espèces commercialement importantes telles que vivaneaux, grondeurs, langoustes et lambis, et remplissent d'autres fonctions bénéfiques pour l'écosystème. Les mangroves sont des zones d'alevinage particulièrement appréciées de nombreuses espèces marines commercialement prisées. Les habitats d'herbes marines sont endommagés et réduits par certaines activités humaines, à cause de l'euthrophisation et d'autres formes de pollution, ainsi que de mauvaises pratiques d'utilisation des terres qui conduisent à une augmentation des transports de sédiments de la terre vers la mer. Les mangroves sont aussi gravement endommagées par le défrichement des forêts au profit de projets de construction immobilière et de tourisme et du développement de l'aquaculture. Il convient de prendre des mesures appropriées pour conserver ces environnements, si l'on veut préserver les écosystèmes marins de la région, et profiter de leurs multiples bienfaits de manière durable.

Une fois encore, le fait le plus marquant qui se dégage des résultats et des tendances présentés ici est l'extrême incertitude sur l'état des ressources halieutiques de la région, fussent-elles les plus importantes. En général, moins on connaît l'état des ressources et l'impact de la pêche sur celles-ci, plus la gestion doit être prudente, ce qui entraîne une perte d'avantages potentiels. Dans les cas où l'on dispose de peu d'informations, il faut adopter une approche d'exploitation des pêches très prudente et l'accompagner d'initiatives concertées pour collecter des données adéquates et pertinentes, de manière à pouvoir utiliser les ressources de manière responsable. À défaut de mesures immédiates pour réunir des informations suffisantes sur les débarquements et sur l'effort de manière à fournir le minimum de renseignements nécessaires pour garantir une utilisation durable, tout porte à croire que les débarquements continueront à décliner, comme cela a déjà été souvent le cas. Ceci ne ferait qu'éroder encore les avantages sociaux et économiques que procurent actuellement les ressources marines de la région. Les ressources partagées entre deux ou plusieurs pays sont si nombreuses qu'une coopération étroite, à divers niveaux internationaux, sera avantageuse pour tous et souvent essentielle pour y parvenir.

Pour la plupart des pays de la région, une première étape essentielle sera d'améliorer les programmes et les systèmes existants de suivi et de collecte de données sur les pêches. Les approches varieront suivant les pêcheries, les écosystèmes, et les espèces et les programmes de suivi et d'évaluation devront être conçus de manière à optimiser l'utilisation des ressources humaines et financières limitées, afin d'obtenir les informations les plus utiles. Dans un certain nombre de cas, il conviendra d'identifier des espèces clés, reflétant les objectifs sociaux, économiques ou de conservation, et de faire en sorte qu'elles soient suivies avec attention et régulièrement évaluées, y compris aux niveaux sous-régional ou régional dans le cas de stocks partagés, de manière à prendre les mesures de gestion adéquates. Ces espèces clés pourraient par exemple être la langouste blanche, les espèces de crevettes commercialement prisées, les principales espèces de grands pélagiques, le grand lambis, etc, pour ne citer que les plus évidentes. Dans les communautés caractérisées par une grande diversité, il peut aussi être utile de surveiller des espèces indicatrices sélectionnées pour chaque grand type d'habitat et groupe taxonomique principal, pour fournir un indice de la situation et de l'évolution des groupes d'espèces plus larges et de la communauté écologique dans son ensemble.

Outre ces efforts visant à améliorer la collecte des données et à produire des informations pour guider la gestion, il faudra aussi envisager de mettre en œuvre des mesures et des stratégies de gestion moins exigeantes sur le plan de la qualité et de la complétude des données, et moins vulnérables aux éventuelles incertitudes des informations disponibles. Conformément à l'approche écosystémique des pêches, ces mesures doivent aussi prendre en compte et minimiser, s'il y a lieu, les effets négatifs sur les espèces non visées et sur les habitats sensibles. Si elles sont appliquées comme il convient, plusieurs mesures de gestion conservent leur validité même dans des situations d'incertitude, notamment la gestion rigoureuse de l'effort et de la capacité de pêche, le recours accru à la fermeture de la pêche dans certaines zones ou en certaines périodes (y compris des plans de gestion), et l'adoption de restrictions appropriées sur les engins visant à minimiser les captures accessoires d'espèces ou de groupes de tailles non visés, ainsi que d'autres effets négatifs sur l'écosystème. La pêche devrait aussi être évitée lorsque les espèces traversent des cycles de leur évolution particulièrement délicats, tels que les rassemblements de ponte. Aucune mesure ou approche de gestion ne saurait à elle seule permettre d'atteindre tous les objectifs de conservation et d'utilisation des pêches, et un système de gestion efficace est généralement constitué d'une succession de mesures complémentaires incluant normalement une combinaison de mortes saisons et de fermetures de zones, de restrictions sur les engins et les navires, et un système d'accès limité approprié, ainsi que des contrôles des intrants (effort) ou des extrants (captures). La bonne application de ces mesures est bien entendu essentielle.

Ces mesures pourraient nécessiter des engagements financiers supplémentaires dans plusieurs pays, et la mobilisation de ces financements additionnels sera probablement un problème. Là où il existe des pêcheries commerciales, la récupération des coûts peut être une option. Cependant, lorsque l'on étudie le coût d'une gestion efficace, il faut aussi prendre en compte les graves conséquences sociales et économiques qu'aurait l'option contraire (absence de gestion), qui se traduirait presque certainement par une surexploitation des ressources, aboutissant à leur épuisement et à la perte des avantages qu'elles procurent.

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* FAO, Service des ressources marines, Division des ressources halieutiques.

B4. ATLANTIQUE CENTRE-EST
Zone statistique 34 de la FAO

Ana-Maria Caramelo et Merete Tandstad *

INTRODUCTION

L'Atlantique Centre-Est borde la côte ouest-africaine et s'étend sur 14,2 millions de km2, du détroit de Gibraltar à l'embouchure du fleuve Congo (Figure B4.1). Le plateau continental est généralement étroit, avec seulement 0,65 million de km2 pour toute la zone. La zone 34 englobe des eaux tempérées, tropicales et équatoriales, des lagunes et des mangroves, ainsi que des éléments caractéristiques des océans, tels que grands courants, remontées d'eau profonde et convergence équatoriale. La présence d'environ 190 espèces ou groupes d'espèces a été signalée dans la zone pendant la période 1950–2002, par 22 États côtiers et 47 pays pratiquant la pêche hauturière

Les pêcheries de la région sont dominées par les petits pélagiques, en particulier les sardines (Sardina pilchardus) et d'autres clupéidés (Groupe 35 de la CSITAPA) qui représentent plus de 52 pour cent des captures nominales totales de 2002.

À la fin des années 80, les changements survenus en Europe de l'Est se sont d'abord traduits par l'apparition de plusieurs nouveaux pays pratiquant la pêche hauturière. Par la suite, l'importance accrue accordée aux forces du marché a entraîné une réduction des activités de quelques flottilles hauturières qui recherchaient des petits poissons pélagiques. Au cours des cinq dernières années, l'intensité de pêche des flottilles de l'Union européenne exploitant les petits pélagiques s'est accrue dans le nord-ouest de la zone.

Figure B4.1 - Atlantique Centre-Est (Zone 34)

Figure B4.1

PROFIL DES CAPTURES

Les captures nominales totales déclarées par la zone 34 ont été pratiquement multipliées par 12, puisqu'elles sont passées d'environ 300000 tonnes en 1950, à près de 3,6 millions de tonnes en 1977. Depuis, les captures ont oscillé de manière relativement régulière entre 2,5 millions de tonnes en 1979 et 4,1 millions de tonnes en 1990, en raison de changements liés aux marchés, de modifications de l'effort de pêche des flottilles hauturières, et d'altérations de la productivité des stocks dues au climat, affectant principalement les captures du groupe 35 de la CSITAPA. Les prises sont restées relativement stables, avec une moyenne de 3,4 millions de tonnes débarquées depuis 1995 (Figure B4.2 et Tableau D4) et de 3,8 millions de tonnes en 2002.

Figure B4.2 - Captures nominales annuelles ('000t) par groupes d'espèces CSITAPA dans l'Atlantique Centre-Est (Zone 34)

Figure B4.2

Source FAO

Les espèces du groupe 35 de la CSITAPA (harengs, sardines, anchois, etc.) sont celles qui ont le plus contribué aux captures, avec environ 50 pour cent du total (Figure B4.2). Les débarquements de ce groupe ont légèrement fléchi pour se situer à 1,7 millions de tonnes en 2002, contre 2,2 millions de tonnes en 1990.

Les États côtiers ont constamment développé leurs pêcheries nationales, passant de 43 à 72 pour cent des captures totales de la zone dans la période 1977–2002 (Figure B4.3). Les contributions aux captures des flottilles hauturières des pays étrangers, qui pêchent principalement des petits pélagiques et des thons, ont été importantes, mais irrégulières, depuis le début des années 70.

Quatre catégories d'espèces représentent plus de 80 pour cent des captures du Groupe 35 de la CSITAPA (harengs, sardines, anchois, etc): la première est la sardine européenne, également appelée sardine (Sardina pilchardus), suivie des autres harengs, de la sardinelle (Sardinella aurita) et de l'anchois européen (Engraulis encrasicolus) (Figure B4.4). Sardinella spp. représente aussi une part notable des prises totales du groupe dans cette zone.

La Figure B4.5 montre les captures du Groupe 35 de la CSITAPA (Poissons pélagiques divers). Les captures de Trachurus spp., l'espèce dominante, ont fortement augmenté à la fin des années 60, sont restées élevées pendant presque toute la décennie 70, mais ont fléchi pratiquement tout au long des années 80 et 90. Les prises de maquereau espagnol (Scomber japonicus) ont connu deux années exceptionnelles en 1988–1989, suivies d'un effondrement en 1993, d'une reprise en 1997, et de fluctuations par la suite.

Le merlu du Sénégal (Merluccius senegalensis) est l'espèce qui a le plus contribué aux captures du groupe 32 de la CSITAPA (morues, merlus, aiglefins), avec plus de 100000 tonnes dans les années 70, et des niveaux relativement stables, mais beaucoup plus faibles par la suite (Table D4).

Figure B4.3 - Captures nominales annuelles ('000t) des pays côtiers et des flottes étramgères, Atlantique Centre-Est (Zone 34)

Figure B4.3

Source FAO

Figure B4.4 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 35, Atlantique Centre-Est (Zone 34)

Figure B4.4

Source FAO

Figure B4.5 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 37, Atlantique Centre-Est (Zone 34)

Figure B4.5

Source FAO

Les captures du groupe 36 de la CSITAPA (thons, bonites, brochets, etc.) illustrées à la Figure B4.6 indiquent une évolution analogue avec le temps, reflétant le comportement des flottilles et l'influence de phénomènes climatiques sur la productivité des ressources. Le listao (Katsuwonus pelamis) est devenu la principale espèce capturée, dépassant généralement l'albacore (Thunnus albacares) à partir de 1991. En 2002, les captures d'albacore étaient un peu plus élevées.

Figure B4.6 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 36, Atlantique Centre-Est (Zone 34)

Figure B4.6

Source FAO

Figure B4.7 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 45, Atlantique Centre-Est (Zone 34)

Figure B4.7

Source FAO

Figure B4.8 - Captures nominales annuelles ('000t) selected species in CSITAPA Group 57 Atlantique Centre-Est (Zone 34)

Figure B4.8

Source FAO

La Figure B4.7 montre les captures des principales espèces du Groupe 45 de la CSITAPA (crevettes). Les captures de crevette rose du Sud (Penaeus notialis) ont commencé à devenir significatives dans les années 60 et ont augmenté depuis, avec des fluctuations et une forte pointe de 33000 tonnes en 1999, et un volume de 17000 tonnes en 2002. La crevette rose du large (Parapenaeus longirostris) a commencé à être pêchée en 1972 et les captures ont été variables depuis, avec un maximum à 19000 tonnes en 1978. Pour cette espèce, le volume déclaré par la région était de 11000 tonnes en 1998, alors que les captures étaient de 6000 tonnes en 2000 et de 3000 tonnes en 2002.

La pêche des pieuvres (Octopus vulgaris) du Groupe 57 de la CSITAPA (Calamars, seiches, poulpes) a commencé en 1962 et en 1975, les captures atteignaient 93000 tonnes. Elles ont régulièrement diminué depuis pour tomber à 9000 tonnes en 2002 (Figure B4.8). Les captures de seiches ont fluctué, avec une moyenne de 44000 tonnes de 1990 à 2001, puis diminué à 16000 tonnes en 2002. Les captures d'autres céphalopodes nca affichent une tendance à la hausse, passant de 60000 tonnes en 1992 à 152000 tonnes en 2001, suivi d'une forte diminution à 71000 tonnes en 2002.

ÉTAT DES RESSOURCES ET GESTION DES PÊCHES

Le présent examen de l'état des stocks se fonde sur des évaluations des principales ressources halieutiques de la région effectuées par de récents Groupes de travail ainsi que sur les conclusions du Sous-comité scientifique de l'Atlantique Centre-Est (Lomé, Togo 24–26 Février 2004) et du Comité des Pêches pour l'Atlantique Centre-Est (COPACE), (Dakar, Sénégal 24–27 Mai 2004). L'état de nombreux stocks a été évalué au cours de réunion de Groupes de travail tenues durant la période 1998–2004.

Dix huit des stocks de démersaux évalués étaient intensément exploités ou surexploités. Le stock d'Epinephelus aeneus qui se trouve principalement en Mauritanie au Sénégal et en Gambie a été diagnostiqué en état de surexploitation, voisin de l'extinction. les Sardinella aurita du nord de la zone COPACE montrent des signes de surexploitation (FAO, 2004b).

D'une manière générale, il a été conclu qu'en vertu de l'approche de précaution, l'effort de pêche actuel devrait être maintenu, voire réduit, pour toutes les espèces démersales et pélagiques de la région, y compris les crevettes.

Zones du nord

D'une manière générale, la plupart des autres ressources démersales de la zone nord-ouest africaine sont considérées comme surexploitées ou intensément exploitées (FAO, 2003c; FAO, 2004a, b).

Le Merlu (Merluccius spp.) du plateau continental de Mauritanie, est considéré comme surexploité. Parmi les autres ressources de poissons osseux évaluées, la situation à risque du stock d'Epinephelus aeneus appelle une action immediate (FAO, 2003c)

Trois stocks de pieuvres (Octopus vulgaris) sont exploités par les pêcheries de céphalopodes nord-ouest africaines: Dakhla, Cap Blanc et Sénégambie. Les deux stocks, du nord au large de Dakhla et du centre au large du Cap Blanc, sont considérés comme surexploités, les captures récentes étant de l'ordre de 50000 tonnes pour le stock de Dakhla et de 19000 tonnes pour celui du Cap Blanc. L'état du stock sud au large du Sénégal et de la Gambie est moins bien connu. Les captures effectuées sur ce stock sont inférieures à celles des deux autres (FAO 2003c).

Les autres espèces de céphalopodes, telles que les calamars (Loligo vulgaris) et les seiches (Sepia officinalis), sont moins recherchées que les poulpes: leurs captures représentent 30 pour cent des débarquements de céphalopodes en 2002. Au cours des années récentes, les captures de pieuvres et les prises accessoires d'autres espèces qui leur sont associées dans les pêcheries de céphalopodes nord-ouest africaines se sont déplacées de Las Palmas (îles Canaries) à d'autres ports de la partie nord-ouest de l'Afrique. Parmi les mesures de gestion prises dans la Zone économique exclusive marocaine (ZEE) on peut citer l'établissement d'une saison de clôture de deux mois et une réduction du nombre de navires étrangers opérant dans ces eaux.

En 2002, les captures de la crevette rose du large (Parapenaeus longirostris) et de la crevette rose du Sud (Penaeus notialis) dand le nord de la zone COPACE s'élèvent à 18000 tonnes et les stocks sont en état de surexploitation intensive (FAO, 2003c).

En Mauritanie, le stock de langouste rose (Panulirus mauritanicus) est toujours surexploité. Les stocks nord et sud de langouste royale (Panulirus regius) sont probablement surexploités (FAO, 2003b). le stock de géryon ouest-africain (Chaceon maritae) semble intensément exploité.

Les vastes stocks de petits pélagiques présents dans le nord de la région du COPACE , constitués de sardines, de maquereaux espagnols (Scomber japonicus) et de chinchards (Trachurus spp.), sont très variables.

Des prospections acoustiques effectuées au large des côtes nord-ouest africaines en novembre–décembre, durant la période 1995–2002, ont révélé que la densité des bancs de petits pélagiques (principalement sardinelles, sardine exclue) était très élevée, en particulier au large de la Mauritanie, avec une biomasse estimée à environ 3,5 millions de tonnes. En outre, la biomasse de maquereaux, chinchards et autres petits pélagiques estimée par des prospections acoustiques dans la zone comprise entre le Maroc et le Sénégal était de l'ordre de 2 millions de tonnes pendant les prospections effectuées en novembre–décembre dans la période 1995 – 2002 (FAO 2003a).

La biomasse des sardines, estimée au moyen de méthodes acoustiques au Nord du Cap blanc a accusé une baisse de 80 pour cent entre 1996 et 1997. On estime qu'au Nord du Cap blanc et dans les eaux mauritaniennes, elle oscillait entre 3 et 5 millions de tonnes entre 1986 et 1996. Depuis 1999, la biomasse a progressivement augmenté dans cette région, puisqu'elle frôlait 4,5 millions de tonnes en décembre 2002, selon les estimations. Les flottilles espagnoles et de l'URSS ont cessé de pêcher dans les eaux marocaines après le non-renouvellement des accords de pêche entre le Maroc et l'URSS et entre le Maroc et l'UE (1998). Globalement, ceci aurait entraîné une baisse du taux d'exploitation, mais la sardine est aussi pêchée dans les eaux mauritaniennes.(FAO 2003a).

Les captures combinées de petits pélagiques dans la zone nord-ouest africaine ne devraient pas être augmentées au-delà de la moyenne des cinq dernières années, qui est d'environ 830000 tonnes, sans compter les sardines (Sardina pilchardus) de la zone C, (FAO 2004a). Les différents groupes d'espèces de sardinelles, de chinchards et de maquereaux sont exploités de façon intensive (FAO, 2004a).

Dans les eaux du Cap Vert, les pêcheries les plus importantes sont celles de thon, avec des captures estimées à 4000 tonnes en moyenne durant les dix dernières années. Les langoustes (Palinurus charlestoni) sont aujourd'hui considérées comme surexploitées et un gel de l'effort de pêche a été recommandé. En 2001 les captures de poissons démersaux représentaient 21 pour cent des captures totales de la pêche artisanale. Le potentiel estimé est de 3000 à 5000 tonnes pour les espèces démersales et de 4500 à 6500 tonnes pour les petits pélagiques. (Carvalho, Morais et Nascimento 1999).

Zones du Sud

Les plateaux continentaux de Guinée-Bissau, de Guinée et de Sierra Leone sont caractérisés par des groupement de Sciaenidés côtiers, principalement localisés dans les eaux estuarines et côtières riches en nutriments.

Le taux d'exploitation appliqué aux stocks de seiche en Guinée est en augmentation depuis les années 90. En 2002, avec un total des captures de 5800 tonnes, les stocks étaient considérés comme pleinement exploités ou légèrement surexploités (FAO, 2003c).

La production annuelle actuelle de crevette rose du sud en Guinée et Sierra Leone s'élève à environ 2000 tonnes. Cette espèce est modérément exploitée en Sierra Leone alors qu'elle est surexploitée en Guinée. (FAO, 2003c).

Les ressources marines du Golfe de Guinée sont principalement, mais pas seulement, exploitées par la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin, le Nigeria, le Cameroun et la Guinée équatoriale. Les pêcheries multispécifiques sont nombreuses dans le Golfe de Guinée. Les ressources en petits pélagiques sont pêchées au filet maillant (essentiellement par la pêche artisanale) ou à la senne coulissante (à l'échelle semi-industrielle) en Côte d'Ivoire, au Ghana, au Togo et au Bénin, et exclusivement à l'échelle artisanale au Nigeria et au Cameroun. Les ressources démersales côtières sont constituées de Sciaenidés (exploités à l'échelle artisanale et semi-industrielle au Nigeria, au Bénin, au Togo et au Cameroun), de mérous et de vivaneaux (pêchés avec des lignes et des hameçons au Togo et au Ghana, dans les zones ne se prêtant pas au chalutage), et de sparidés (Côte d'Ivoire et Ghana). Les ressources en crevette blanche situées au large du Nigeria et du Cameroun sont pêchées exclusivement à l'échelle artisanale, alors que la crevette rose est exploitée par des chalutiers semi-industriels. Les crevettes pénéidées au Togo, au Bénin et en Côte d'Ivoire sont pêchées en lagune. Les ressources démersales d'eaux profondes du Ghana et de la Côte d'Ivoire comprennent des sparidés et une communauté de poissons de talus, alors que celles du Nigeria et du Cameroun sont principalement constituées d'ariommes, (Arioma spp.) et de sébastes (Scorpaenidae).

Des relevés au chalut effectués sur le Plateau continental du Golfe de Guinée par le NO Dr. F. Nansen ont montré qu'entre 1999 et 2001, la biomasse estimée des ressources démersales avait varié dans une fourchette de 17500 tonnes à 39500 tonnes. Dans le Golfe de Guinée, depuis la Côte d'Ivoire jusqu'au Cameroun, le potentiel des crevettes a été estimé à 10000 tonnes et les stocks ont été considérés comme fortement exploités. (FAO 1999).

Les ressources démersales étaient pleinement exploitées ou proches de l'être (FAO, 2004a, b). En raison des incertitudes sur les données, le groupe de travail COPACE sur les ressources démersales a recommandé d'adopter une approche de précaution, en évitant toute augmentation de l'effort de pêche pour toutes les espèces démersales du Golfe de Guinée (FAO 2003c, 2004a, b).

Les espèces de petits pélagiques (sardinelles, maquereaux et anchois) sont des ressources importantes, mais instables, de la partie occidentale du golfe de Guinée, que se partagent la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Togo, et le Bénin, ce qui rend la gestion de ces pêcheries encore plus complexe. Les captures potentielles de petits pélagiques dans l'ouest et le centre du golfe de Guinée ont été estimées à 330000 tonnes et semblent être pleinement exploités. De nombreux pays n'ont pas établi de base de données et de structures de recherche appropriées pour évaluer le potentiel des stocks et l'état de leur exploitation.

RÉFÉRENCES

Carvalho M.E.M., Morais J. et Nascimento J. (éds.) , 1999. Investigação e gestao haliêuticas em Cabo Verde. Actas da reunião realizada em Mindelo, 10–11 de décembre 1996). Mindelo, Cap-Vert: Instituto Nacional de Desenvolvimento das Pescas, 252p.

FAO. 1997. Rapport du Groupe the Travail ad hoc sur les Céphalopodes. Ténérife, 19–26 mai 1997. M. Lamboeuf éd. COPACE/PACE/ Ser., No.97/63. Rome, FAO. 1997. 103p.

FAO. 1998a. Report of the Workshop on the Review of the Pelagic Surveys off Northwest Africa in 1990's. Bergen, Norvège, 28 septembre–2 octobre 1998. FAO Fisheries Report , No. 592: 63p.

FAO. 1999. Report of the Workshop on the Assessment and Management of Shrimps and Crabs in Southwest Africa. Luanda, Angola 8–12 mars 1999. Project GCP/RAF/302/EEC, Improvement of the legal framework for fisheries cooperation, management and development of coastal States of West Africa. 107p. Document No. 62.

FAO. 2003a. Rapport du groupe de travail de la FAO sur l'évaluation des petits pélagiques au large de l'Afrique nord-occidentale. Agadir, Maroc, 31 mars–10 avril 2003. FAO Rapport sur les pêches No. 723: 152p.

FAO. 2003b.Evaluation des stocks et aménagement des pêcheries de la ZEE mauritanienne. Rapport du 5ème groupe de travail IMROP. Nouadhibou , Mauritanie, 9–17 décembre 2002.

FAO. 2003c Report of the CECAF Working Group on the assessment of demersal resources. Conakry, Guinée, 19–29 septembre 2003. Sous presse.

FAO. 2004a. Fishery Committee for the Eastern Central Atlantic - Report of the third session of the Scientific Sub-Committee. Lomé, Togo 24–26 février 2004. FAO Fisheries Report, No. 750. Accra, FAO. 2004. 35p.

FAO. 2004b. Rapport de la dix-septième session du Comité pour les pêches pour l'Atlantique de l'est et central. Dakar, Sénégal 24–27 mai 2004. FAO Rapport sur les pêches, No. 754: 57p.

* FAO, Service des ressources marines, Division des ressources halieutiques.


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