FAO/SMIAR: Rapport sur l'Afrique No.2, août 2002 p.4

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PREMIÈRE PARTIE : VUE D'ENSEMBLE


La situation alimentaire en Afrique subsaharienne en 2002/03 suscite de vives inquiétudes. En Afrique australe, une forte baisse de la production de maïs pour la seconde année consécutive a conduit un grand nombre de personnes au seuil de la famine, tandis qu'en Afrique de l'Est et de l'Ouest, les perspectives ne sont peu encourageantes en raison de l'insuffisance et de l'irrégularité des pluies. Les besoins d'importations céréalières en Afrique subsaharienne en 2002/03 devraient donc être supérieurs à la moyenne. Afin de conjurer une crise, la communauté internationale devra toutefois augmenter l'aide alimentaire qu'elle fournit car ces pays ont une capacité d'importation réduite du fait de la baisse des prix internationaux de leurs exportations.



LA SITUATION ALIMENTAIRE EN AFRIQUE AUSTRALE SUSCITE DE VIVES INQUIÉTUDES

En Afrique australe, suite à deux années consécutives de mauvaises récoltes céréalières, près de 13 millions de personnes ont besoin de secours alimentaires d'urgence jusqu'à la prochaine récolte, en avril 2003.

Au Zimbabwe, la situation alimentaire et nutritionnelle est très préoccupante, du fait de la réduction considérable de la production céréalière enregistrée au cours des deux dernières années et de la crise économique qui touche l'ensemble du pays. Des pénuries de maïs, denrée de base, ont été signalées, notamment dans les campagnes . Selon une récente évaluation du gouvernement et de l'UNICEF, l'état nutritionnel des enfants, en zones rurales principalement, s'est dégradé. L'étude montre que sur 19 des 24 districts évalués, le taux de malnutrition avancée dépassait 10 pour cent. Dans les villes, le manque de pain, utilisé pour remplacer la farine de maïs devenue rare, a aggravé la situation alimentaire et engendré une hausse des prix sur le marché parallèle. Dans l'ensemble, le niveau d'inflation élevé continue à limiter l'accès des ménages appauvris aux articles alimentaires et non alimentaires. Les perspectives concernant l'agriculture et l'élevage sont également pessimistes pour 2002/03, les travaux agricoles étant désorganisés sur les grandes exploitations commerciales.

En mai, une mission FAO/PAM a estimé que le déficit de maïs s'établirait à 1,7 million de tonnes, y compris 705 000 tonnes de secours alimentaires d'urgence à distribuer à environ 6 millions de personnes particulièrement vulnérables, soit presque la moitié de la population. Le gouvernement, qui monopolise le commerce des céréales, a prévu d'importer du maïs par voie commerciale mais les livraisons arrivent lentement et totalisent moins de 200 000 tonnes depuis le début de la campagne de commercialisation en mai. Les contributions d'aide alimentaire restent également bien inférieures aux besoins. De nouveaux engagements doivent être pris d'urgence pour éviter que la situation alimentaire ne se dégrade davantage. Il faut également fournir des intrants agricoles pour que les familles d'agriculteurs, victimes de la sécheresse, puissent relancer la production lors de la prochaine époque principale des semis qui débutera à partir d'octobre 2002.

Au Malawi, la situation des approvisionnements alimentaires continue à être préoccupante, du fait de deux années consécutives de maigres récoltes céréalières. Plus tôt cette année, de graves pénuries alimentaires ont entraîné la famine dans certaines régions du pays. D'après les estimations, environ 3,2 millions de personnes seraient gravement touchées à la fois par la contraction des disponibilités et par les difficultés d'accès à la nourriture. Les besoins de secours alimentaires d'urgence sont évalués à 208 000 tonnes de céréales, de maïs essentiellement. Les distributions de vivres ont déjà commencé; 500 000 personnes en bénéficient à l'heure actuelle et ce chiffre devrait être porté à 3,2 millions d'ici décembre. Jusqu'à présent, les contributions des donateurs couvrent les besoins d'aide alimentaire.

Les prix du maïs, denrée de base du pays, ont fléchi par rapport aux niveaux records enregistrés en mars, mais dépassent encore ceux de l'an dernier, conséquence de la réduction des approvisionnements. Face au déficit de maïs estimé à 575 000 tonnes, le gouvernement a déjà décidé d'importer 250 000 tonnes par le biais de l'Organisme national de réserve alimentaire (NFRA), ce qui permettra d'accroître les disponibilités et de contenir les flambées des prix. Des importations transfrontalières substantielles et informelles de maïs en provenance de la Tanzanie et du Mozambique ont également contribué à stabiliser les prix. Le gouvernement a annoncé la reprise de fourniture d'intrants agricoles, sous forme d'un "kit de démarrage" qui serait à nouveau distribué pour la prochaine campagne agricole. Ce programme, d'un montant de 14,9 millions de dollars E.-U. et destiné à trois millions d'agriculteurs, sera pris en charge par le gouvernement à hauteur de 1,5 million de dollars E.-U., étant entendu que le solde sera couvert par des donateurs.

En Zambie, en raison des pertes de récoltes provoquées par la sécheresse lors de la dernière campagne, près de 2,3 millions de personnes, soit environ un quart de la population, ont besoin d'une aide alimentaire. Dans la province méridionale, la plus éprouvée, 60 pour cent de la population nécessite des secours alimentaires d'urgence. Pour la seconde année consécutive, les récoltes céréalières ont été mauvaises et les expédients dont dispose la population ont atteint leurs limites. D'après les estimations, la production totale de maïs, denrée de base du pays, a diminué de 25 pour cent par rapport au volume réduit de l'an dernier.

Le déficit de maïs pour l'année de commercialisation 2002/03 (mai/avril) est estimé à 575 000 tonnes. Le gouvernement et des minotiers privés ont conclu un accord en juillet pour importer 350 000 tonnes de maïs hors taxes. Cet accord devrait éviter que des retards d'importations ne se produisent à nouveau cette année et ne se soldent par de graves pénuries. Les besoins d'aide alimentaire pour les personnes les plus touchées devraient s'établir à 174 000 tonnes. Des vivres sont actuellement distribués dans 39 des 72 districts du pays. Les contributions d'aide alimentaire en céréales suffisent pour le moment à couvrir les interventions prévues mais il faudra mobiliser une quantité supplémentaire de légumineuses et d'huile végétale ainsi que des ressources financières pour fournir des intrants agricoles pour la prochaine époque des semis, qui débutera à partir d'octobre.

En Angola, l'accord de cessez-le-feu signé entre l'UNITA et le gouvernement angolais en avril 2002 a révélé la souffrance des populations isolées dans les campagnes. Depuis lors, un grand nombre de personnes souffrant de malnutrition avancée se sont rendues dans des centres de réception et de transit; 500 000 d'entre elles seraient dans un état critique. Les taux de malnutrition les plus élevés ont été enregistrés dans les provinces de Bié, Uige, Huambo et Huila, mais les organismes d'aide humanitaire s'attendent à découvrir une situation similaire dans d'autres zones, maintenant accessibles grâce à l'amélioration de la sécurité.

D'après les estimations, 1,4 million de personnes, au total, auront besoin de secours alimentaires d'urgence au cours de la campagne de commercialisation 2002/03 (avril/mars). Ce chiffre englobe des ménages dans les zones les plus touchées par le conflit militaire, les familles des soldats de l'UNITA démobilisés vivant dans des camps répartis dans plusieurs secteurs, les familles déplacées ayant peu ou pas d'accès à la terre pour produire de la nourriture, un grand nombre de personnes vulnérables et des réfugiés rentrant des pays voisins. En juin 2002, une mission FAO/PAM a évalué que les besoins d'aide alimentaire représenteraient 221 000 tonnes de céréales, mais à la fin juillet, les contributions étaient loin de les couvrir. Il faudrait que les donateurs prennent d'urgence de nouveaux engagements afin d'éviter que les secours ne soient plus distribués. L'aide de la communauté internationale est également nécessaire pour remettre en état les routes et les ponts principaux avant le début des pluies à la mi-septembre. Le pays aura en outre besoin d'une aide substantielle pour mettre en _uvre un vaste programme de déminage.

Au Mozambique, en dépit des bons résultats de la production céréalière au niveau national, la situation alimentaire est extrêmement précaire dans les provinces méridionales et centrales, où les récoltes ont été dévastées par la sécheresse et où la production céréalière a en général baissé d'un tiers par rapport au volume, médiocre, de l'an dernier. Les populations ont épuisé leurs expédients, suite aux conséquences cumulées de plusieurs catastrophes naturelles - inondations/pluies excessives et cyclones principalement - qui ont frappé ces provinces au cours des trois dernières années. Pour la majorité des ménages, les autres sources de revenus (l'emploi en Afrique du Sud ou la vente de charbon, par exemple) sont limitées et se réduisent.

D'après les estimations, 515 000 personnes dans 43 districts des régions méridionales et centrales seraient victimes de graves pénuries alimentaires et auraient besoin de secours d'urgence. Ce chiffre représente moins de 3 pour cent de la population totale mais environ 15 pour cent des habitants des deux régions. La majeure partie des besoins d'aide alimentaire, estimés à environ 70 000 tonnes de céréales, devrait être principalement couverte par des importations, les coûts de transports prohibitifs interdisant le transfert de des zones excédentaires du nord vers celles, déficitaires, du sud. Le PAM distribue des secours alimentaires par le biais de programmes vivres-contre-travail dans 36 districts et de distributions générales dans les deux districts les plus éprouvés. Il faut mobiliser d'urgence de nouvelles contributions de donateurs afin d'éviter une rupture des approvisionnements céréaliers au cours des mois à venir.

En Namibie, la situation des disponibilités alimentaires est tendue, suite à la forte baisse de la production céréalière cette année. Le déficit céréalier, qui devrait être couvert par des importations commerciales, s'élève à près de 156 000 tonnes en 2002/03 (mai/avril). Une évaluation de la vulnérabilité, récemment réalisée par le gouvernement, a révélé que 500 000 personnes, ayant engrangé de mauvaises récoltes, sont en situation d'insécurité alimentaire et ont donc besoin de secours d'urgence. Le gouvernement a sollicité l'aide de la communauté internationale.

Ailleurs, en Afrique australe, la situation des approvisionnements alimentaires est difficile au Lesotho et au Swaziland, où environ 445 000 et 140 000 personnes respectivement requièrent une aide alimentaire. Le PAM a commencé à distribuer des vivres dans les deux pays. Des intrants agricoles (semences et engrais, par exemple) sont également nécessaires de toute urgence afin de permettre aux familles d'agriculteurs affectés de relancer la production lors de la prochaine époque principale des semis qui débutera en octobre.



LES PERSPECTIVES DE RÉCOLTES ET D'APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES SE DÉGRADENT DANS CERTAINES RÉGIONS D'AFRIQUE DE L'EST

En raison du retard de la saison des pluies et de longues périodes de sécheresse, les premières prévisions concernant les récoltes de 2002 sont peu encourageantes dans la majeure partie des pays de la sous-région. De graves pénuries alimentaires ont commencé à apparaître dans plusieurs zones de la sous-région, notamment en Érythrée, dans certaines zones de l'Éthiopie et au Kenya.

En Érythrée, les perspectives des récoltes de la campagne principale, en cours, sont pessimistes, du fait d'une longue et forte sécheresse. L'échec des pluies (courtes) de printemps, de mars à mai, a empêché de préparer la terre en vue des semis de la campagne principale ("kiremti") et de régénérer les pâturages. Une longue vague de sécheresse a ensuite régné en juin et juillet, mois importants pour les semis. Or, la situation des approvisionnements alimentaires est déjà précaire, compte tenu du grand nombre de personnes déplacées par le conflit avec l'Éthiopie, les conséquences de plusieurs années de sécheresses et du rapatriement permanent de réfugiés rentrant du Soudan voisin. On estime à plus d'un million le nombre de personnes auxquelles il faut fournir une aide alimentaire aujourd'hui. Le gouvernement et les organismes d'aide humanitaire continuent à être préoccupés par la lenteur de la réponse à l'appel commun interinstitutions des Nations Unies lancé pour 2002.

En Éthiopie, du fait de la sécheresse, une situation humanitaire alarmante se profile dans certaines régions, notamment dans les zones pastorales de l'est et du nord-est. Dans la région d'Afar, particulièrement touchée, une grande partie du cheptel a péri et les populations ont commencé à migrer à la recherche d'eau et de nourriture. Les récoltes de la campagne secondaire (belg), qui représentent jusqu'à 10 pour cent de la production céréalière annuelle, ont été en partie perdues. Le nombre de personnes ayant besoin d'une aide a augmenté, passant de 6,5 millions de personnes en avril 2002 à près de 8 millions aujourd'hui.

Au Kenya, l'arrêt précoce des pluies a terni les perspectives de la campagne principale des "longues pluies" de 2002. Les prévisions de récoltes, optimistes en début d'année, sont devenues moroses en raison de l'irrégularité des pluies, y compris dans certaines des principales zones de production de maïs dans la province de la vallée du Rift. De fortes pluies inhabituelles ont amélioré les perspectives des approvisionnements alimentaires dans plusieurs régions d'élevage touchées par la sécheresse. L'insécurité alimentaire persiste toutefois dans les districts de Mandera, de Moyale, dans les zones méridionales du fleuve Tana, à Pokot Ouest, à Koibatek, à Marakwet et à Baringo.

En Somalie, les prévisions des récoltes céréalières de la campagne principale "gu", en cours, sont en général favorables, en raison de l'adéquation des précipitations fin avril et début mai. On signale cependant de graves difficultés d'approvisionnements dans le nord de Gedo, à Garbaharay et à Burdhubo, secteurs touchés par plusieurs années de sécheresse et par l'insécurité. La reprise du conflit qui règne depuis des années et l'accès limité des organismes d'aide humanitaire à certaines zones suscitent de graves préoccupations. Dans le nord-ouest de la Somalie (Somaliland), la situation alimentaire empire dans les régions de Sool, de Sanag et de Nugal où la pluviométrie, inférieure à la moyenne, a été préjudiciable à l'agriculture et à l'élevage. Le maintien de l'embargo imposé par certains pays de la péninsule arabique sur les importations de bétail en provenance de l'Afrique de l'Est entretient une pénurie de devises et menace les moyens d'existence d'un grand nombre d'éleveurs.

Au Soudan, les premières prévisions de récoltes sont peu favorables car les précipitations, inférieures à la moyenne en mai et en juin, ont entravé la préparation des terres et les semis dans certaines zones. La campagne agricole est également désorganisée par les déplacements de population incessants dans le sud. La recrudescence récente du conflit qui sévit depuis plusieurs années aggrave la situation, déjà précaire, de la sécurité alimentaire. Selon les estimations, trois millions de personnes déplacées, de victimes de la sécheresse et de populations vulnérables dans diverses régions du pays sont tributaires d'une aide alimentaire.

En Tanzanie, les premières estimations font état d'une nette augmentation de la production vivrière en 2002 par rapport à l'an dernier, et l'on signale que les prix du maïs sont en baisse. L'eau et le fourrage, disponibles en quantité suffisante, ont également amélioré la sécurité alimentaire de la plupart des éleveurs. On prévoit toutefois des pénuries alimentaires localisées dans certaines zones septentrionales durant la campagne de commercialisation 2002/03, suite à l'insuffisance des pluies courtes (vuli) et des pluies longues (masika).

En Ouganda, les perspectives s'annoncent en général bonnes pour la campagne principale de 2002 et la situation globale des approvisionnements alimentaires est satisfaisante. Les prix des récoltes sont stables et ont baissé par rapport à l'an dernier dans la plupart des cas, permettant ainsi aux ménages de se procurer plus facilement de la nourriture. La recrudescence du conflit et l'insécurité dans le nord du pays ont toutefois provoqué le déplacement d'un grand nombre de personnes qui sont venues grossir les rangs des autres PDI et des réfugiés. Dans l'ensemble, près de 1,5 million de personnes (déplacés et réfugiés principalement) bénéficient de l'aide alimentaire apportée par les organisations humanitaires.



LA SITUATION DES APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES S'AMÉLIORE DANS LA RÉGION DES GRANDS LACS, MAIS DES DIFFICULTÉS SUBSISTENT EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

En République démocratique du Congo, la persistance de la guerre civile continue à déplacer les populations rurales, ce qui aggrave la situation alimentation, déjà tendue. Fin juillet, des rapports ont signalé qu'un grand nombre de personnes nouvellement déplacées étaient arrivées dans la ville de Kindu, fuyant les combats dans les régions environnantes, où l'on notait de graves pénuries alimentaires.

La situation alimentaire et nutritionnelle de plus d'un million de personnes déplacées à l'intérieur du pays est hautement préoccupante. La situation alimentaire est aussi précaire dans le reste du pays, notamment à Kinshasa, la capitale. Une enquête sur la consommation récemment effectuée par la FAO dans les zones pauvres et fortement peuplées de Kinshasa a fait état d'un taux élevé de déficit calorique et d'une grande insécurité alimentaire. L'étude montre également que la consommation de protéines est très faible dans ces zones. Le manque de pouvoir d'achat est le principal facteur de la baisse de consommation alimentaire.

Au Burundi, la situation alimentaire s'est encore améliorée grâce à la récolte satisfaisante de la seconde campagne de 2002. La production alimentaire globale devrait progresser de 4 pour cent par rapport à l'an dernier et de 6 pour cent par rapport à la moyenne quinquennale avant la crise (1988-93). Les prix des denrées de base sont restés stables.

La production alimentaire atteint maintenant les niveaux précédant la crise, mais ne couvre toutefois pas les besoins croissants de la population. Le déficit alimentaire s'est creusé au cours des dernières années, notamment en termes d'équivalent céréales. Ce phénomène traduit l'augmentation de la production de racines, de tubercules et de la banane, et le recul de celle des céréales et des légumineuses. Compte tenu d'une série de sécheresses et de l'instabilité de la sécurité, les agriculteurs ont privilégié les récoltes résistantes au temps sec ou exigeant relativement moins de soins. Il faut encore fournir un volume substantiel de vivres aux populations vulnérables.

Au Rwanda, les récoltes de la seconde campagne de 2002, récemment engrangées, ont été satisfaisantes. L'abondance des pluies a été bénéfique aux racines, aux tubercules et à la banane mais ont fait baisser les rendements du sorgho et des haricots dans certaines zones. La situation alimentaire a continué de s'améliorer en raison de plusieurs bonnes récoltes, notamment dans les régions de moyenne et basse altitudes, précédemment touchées par la sécheresse.

Une aide alimentaire et non alimentaire a été fournie en quantité suffisante et en temps voulu aux populations victimes de graves inondations en avril et début mai dans l'ouest du pays. Il est toutefois nécessaire d'apporter un soutien à la remise en état de l'infrastructure des transports qui a subi des dégâts.



EN AFRIQUE DE L'OUEST, LES PERSPECTIVES DE RÉCOLTES SE SONT DÉTÉRIORÉES DANS CERTAINES ZONES EN RAISON D'UNE LONGUE PÉRIODE DE SÉCHERESSE

Au Sahel, la longue vague de sécheresse qui a régné dans la majeure partie de la Gambie, de la Guinée-Bissau, de la Mauritanie et du Sénégal ont affecté les prévisions de récoltes et laissé peser de sérieux doutes sur les perspectives d'approvisionnements. Après les premières pluies début juin, la vague de sécheresse, qui est survenue de fin juin jusqu'à fin juillet, a été préjudiciable aux cultures en croissance. De nouveaux semis ont été effectués dans plusieurs zones, mais le potentiel de rendement a été très compromis. Au Cap-Vert, le retard des pluies a nui aux perspectives de maïs, d'ordinaire semé à partir de juillet. L'amélioration des prévisions dépendra fortement de la pluviométrie en août. En revanche, les conditions de végétation se sont améliorées dans les zones centrales et occidentales du Sahel, du fait de l'augmentation et de la meilleure répartition des pluies dans la majeure partie des régions agricoles du Burkina Faso, du Tchad, du Mali et du Niger.

Après les récoltes supérieures à la moyenne ou exceptionnelles obtenues au cours de la campagne agricole de 2001/2002 dans l'ensemble des pays du Sahel à l'exception de la Mauritanie, la situation globale des approvisionnements alimentaires est satisfaisante. Les ménages ont pu reconstituer des réserves qui étaient épuisées dans plusieurs pays. Il se pourrait cependant que certains segments de la population aient des difficultés à se procurer de la nourriture, le prix des céréales étant supérieur à la moyenne dans la majeure partie des pays. Cette forte montée des prix s'explique surtout par le niveau très faible des stocks de report céréaliers, les opérations des spéculateurs et le flux de produits alimentaires vers les pays voisins.

Au Libéria, face au regain des troubles intérieurs, le gouvernement a déclaré un état d'urgence le 8 février 2002, que le parlement a décidé de prolonger à la mi-mai pendant six mois. Les affrontements de plus en plus fréquents entre les forces gouvernementales et les rebelles dans le nord, le nord-est et le centre ont contraint plus de 120 000 personnes à se déplacer. Quelque 40 000 réfugiés libériens ont franchi la frontière de la Sierra Leone cette année et 37 000 se sont enfuis vers la Guinée, la Côte d'Ivoire et le Ghana. La campagne agricole a été désorganisée et un grand nombre de personnes sont maintenant tributaires d'une aide alimentaire. À l'heure actuelle, le PAM vient au secours de près de 100 000 personnes dans l'ensemble du pays.

En Mauritanie, les sécheresses, le manque d'eau d'irrigation et la répartition irrégulière des pluies pendant la période de végétation 2001/02, conjugués à de violentes pluies et des températures froides inhabituelles pour la saison à la mi-janvier, ont conduit le pays sur le bord d'une crise alimentaire sans précédent. Suite aux estimations de production définitives publiées par les services statistiques nationaux, la production céréalière de 2001 devrait se chiffrer, au total, à 122 177 tonnes, soit une diminution de 32 pour cent par rapport à l'an dernier et un fléchissement de 27 pour cent par rapport à la moyenne. Les prix des céréales ont fortement augmenté sur la plupart des marchés. En avril, le PAM a lancé une opération d'urgence, d'un montant de 7,5 millions de dollars E.-U., en vue de fournir 16 230 tonnes de vivres à 250 000 personnes menacées par de graves pénuries alimentaires.

En Sierra Leone, la production céréalière de 2001 est estimée à 348 000 tonnes. La production rizicole devrait encore augmenter cette année, compte tenu de l'amélioration de la sécurité, de l'accroissement des semis effectués par les réfugiés et par les agriculteurs déplacés de retour au pays, ainsi que de meilleures conditions de distribution d'intrants agricoles. Afin de continuer à aider le pays, un appel commun interinstitutions des Nations Unies a été lancé fin 2001; cet appel comprend un volet sur l'agriculture composé de cinq projets proposés par la FAO pour contribuer au redressement de la production alimentaire, ce qui permettra ainsi de réduire la dépendance à l'égard de l'aide alimentaire. L'intensification du conflit au Libéria a provoqué un afflux de réfugiés libériens, mais aussi le retour au Libéria de près de 55 000 ressortissants de la Sierra Leone. Cette situation a accru les besoins d'aide alimentaire du pays.

En Guinée, de bonnes récoltes en 2001 et 2002 font que la situation des approvisionnements alimentaires est dans l'ensemble satisfaisante. Les marchés sont bien approvisionnés, sauf dans le sud-est où les fréquentes attaques de rebelles venus de Sierra Leone continuent à perturber le déroulement des travaux agricoles et des activités de commercialisation. La présence d'un grand nombre de réfugiés et l'instabilité persistance qui règne dans les pays voisins pèsent lourdement sur le pays. D'après l'UNICEF, 13 000 nouveaux réfugiés libériens au moins, dont 80 pour cent de femmes et enfants, ont pénétré dans le pays en mai et en juin. Les affrontements qui se sont produits dans le pays ou à proximité ont entraîné une hausse du nombre de personnes déplacées.



LE POINT SUR LES ANNONCES ET LES LIVRAISONS D'AIDE ALIMENTAIRE

Les besoins d'importations céréalières devraient continuer à être élevés en Afrique subsaharienne en 2002 en raison de la baisse sensible de la production céréalière en Afrique australe résultant de la sécheresse, de la contraction prévue de la production en Afrique de l'Est et de l'augmentation du nombre de personnes déplacées par la recrudescence des conflits dans d'autres régions. Les dernières estimations du SMIAR concernant la production céréalière de 2001 et les besoins en matière d'importations et d'aide alimentaire en 2001/02 figurent dans le tableau II. Les besoins d'aide alimentaire sont estimés, au total, à 1,81 million de tonnes. Les annonces d'aide alimentaire pour 2001/02, y compris celles reportées de 2000/01, s'élèvent à 1,22 million de tonnes, dont 1,06 million de tonnes ont été déjà livrées.



DOMAINES D'INTERVENTION PRIORITAIRES

La situation alimentaire en Afrique australe est particulièrement préoccupante et exige une action concertée afin de prévenir une famine de grande envergure. Des indices laissent clairement présager de graves pénuries alimentaires en Érythrée, dans certaines zones de l'Éthiopie et au Kenya, du fait de l'insuffisance des précipitations. La récente recrudescence des conflits au Libéria, en Somalie et dans certaines régions du Soudan et de l'Ouganda a entraîné le déplacement d'un grand nombre de populations rurales et l'insécurité continue à limiter la production vivrière dans plusieurs pays. Les perspectives de récoltes sont également peu encourageantes dans plusieurs pays du Sahel, notamment au Sénégal, en Gambie et en Guinée-Bissau.

Dans ce contexte, la communauté internationale devrait cibler son action sur les domaines d'intervention prioritaire suivants:

Premièrement, tous les efforts possibles doivent être déployés pour contenir la crise alimentaire en Afrique australe.

Deuxièmement, plusieurs pays d'Afrique subsaharienne, touchés par des conflits et de mauvaises conditions météorologiques, continuent à avoir besoin d'une aide alimentaire, notamment l'Angola, le Burundi, la République démocratique du Congo, l'Érythrée, l'Éthiopie, le Kenya, le Libéria, la Sierra Leone, la Somalie et le Soudan.

Troisièmement, compte tenu de perspectives alimentaires peu favorables, il faut d'ores et déjà prévoir une stratégie d'intervention en vue de fournir des secours alimentaires à plusieurs pays d'Afrique de l'Est et du Sahel, à savoir l'Érythrée, l'Éthiopie, le Kenya, le Sénégal, la Gambie et la Guinée-Bissau.

Quatrièmement, il faudra également fournir des intrants agricoles pour la prochaine campagne aux pays ayant enregistré une forte réduction de la production vivrière cette année (Malawi, Zambie, Zimbabwe, Lesotho et Swaziland).


FAO/SMIAR - ao�t 2002

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