FAO/SMIAR - Perspectives alimentaire No.5 - décembre 2002 p.3

Céréales

Situation de l'offre et de la demande

PERSPECTIVES MONDIALES

Blé	2001/021/	2002/031/
Production
Commerce
Stocks
Prix
Céréales secondaires
Production
Commerce
Stocks
Prix
Riz
Production
Commerce
Stocks
Prix

stable augmentation diminution

Les signes indiquent uniquement le sens de la variation par rapport à l'année précédente.

^1/Production: première campagne; stocks: campagnes agricoles se terminant la deuxième année; échanges et prix du blé et des céréales secondaires: juillet/juin et pour le riz, deuxième année.

Alors que les récoltes céréalières de 2002 sont de plus en plus nombreuses à se terminer, les informations les plus récentes, confirmant les prévisions antérieures, annoncent une forte chute de la production mondiale. Celle-ci s'établirait à 1 833 millions de tonnes (riz usiné compris) soit un recul de 61 millions de tonnes par rapport au volume de l'an dernier. Ces chiffres, conjugués à une légère augmentation de l'utilisation totale de céréales prévue pour 2002/03, laissent présager une nouvelle baisse importante des stocks mondiaux de céréales. L'insuffisance des quantités disponibles a généralement suscité une hausse des cours internationaux de la plupart des céréales, mais cette tendance s'est atténuée récemment, du fait de l'arrivée sur le marché de plusieurs pays ne comptant pas parmi les exportateurs traditionnels et disposant d'importants excédents.

La production céréalière enregistre une forte baisse en 2002

Selon les prévisions de la FAO - pratiquement identiques à celles du rapport d'octobre dernier - la production mondiale de blé de 2002 s'établirait à 562 millions de tonnes, ce qui, avec un fléchissement de 3,4 pour cent par rapport à l'an dernier, représente le volume le plus faible depuis 1995. Les estimations concernant l'Europe et l'Asie ont été revues à la hausse: on dispose en effet depuis quelques semaines d'informations plus fiables sur les récoltes de plusieurs pays de ces deux régions - en particulier sur celles des principaux producteurs de la CEI. Les prévisions concernant les autres régions ont, en revanche, été révisées à la baisse, notamment pour l'Océanie - les prévisions concernant la récolte de l'Australie sont de plus en plus pessimistes en raison de la sécheresse qui sévit dans le pays.

Les premières indications pour l'an prochain laissent entrevoir une augmentation de la production de blé, qui reste toutefois largement dépendante du temps qu'il fera au cours des prochains mois. Les semis de blé d'hiver - qui sera récolté en 2003 - ont déjà été effectués en grande partie dans l'hémisphère Nord. On signale une réduction de la superficie ensemencée en blé d'hiver en Chine en raison du temps sec qui a touché l'une des principales provinces productrices au moment des semis. En Inde et au Pakistan, les semis se sont déroulés dans des conditions généralement favorables. En ce qui concerne l'Amérique du Nord, les premières indications laissent présager une augmentation sensible des semis aux États-Unis, qui vient compenser la forte réduction de l'automne 2001. L'état des cultures est globalement nettement plus satisfaisant que l'an dernier. En Europe, les conditions météorologiques qui ont prévalu en automne dans l'ensemble de la Communauté ont été généralement favorables aux semis de blé d'hiver. Selon les premières indications, le volume total des semis effectués dans les États membres sera identique à celui de celui de l'an dernier. En Europe centrale et en Europe orientale, la surface cultivée en céréales d'hiver devrait être moins importante que l'an dernier. Si les précipitations tombées en été et en automne ont renforcé le taux d'humidité des sols dans de nombreuses régions arides, elles ont également nui au bon déroulement des semis. Les pays européens de la CEI ont également été touchés par de violentes pluies automnales, mais les semis de blé d'hiver se sont déroulés dans des conditions globalement favorables. La superficie ensemencée devrait être proche de celle de l'an dernier.

Depuis le dernier rapport, les prévisions de la FAO concernant la production mondiale de céréales secondaires de 2002 ont été revues à la hausse et portées à 880 millions de tonnes. Ce résultat reste cependant inférieur de 3,5 pour cent à celui de l'an dernier ainsi qu'à la moyenne des cinq dernières années. Cette modification des prévisions concerne essentiellement l'Europe: les dernières informations en provenance des pays européens de la CEI révèlent en effet que la production de céréales secondaires devrait y être plus importante que prévu. Les estimations officielles de la production de céréales secondaires ont également été révisées à la hausse aux États-Unis où l'on a constaté, après les dernières récoltes, que les rendements moyens étaient légèrement supérieurs aux prévisions antérieures. Les estimations ont également été revues légèrement à la hausse pour l'Afrique - en particulier pour les sous-régions du nord et de l'ouest, où la plupart des récoltes viennent de prendre fin.Malgré une forte révision à la baisse de l'estimation de la production de céréales secondaires en Inde, l'Asie reste la seule région où l'on prévoit pour 2002 une production globale de céréales secondaires supérieure à celle de l'an dernier. Dans l'hémisphère Sud, il faut signaler une légère révision à la baisse des chiffres prévus pour l'Amérique du Sud. Les résultats prévus pour l'Australie ont encore été revus à la baisse en raison de la sécheresse qui frappe le pays.

Dans l'hémisphère Nord, les principales récoltes de riz sont bien avancées et les estimations de nombreux pays concernant la production de cette campagne sont désormais plus fiables. Dans l'hémisphère Sud et à proximité de la ceinture équatoriale, les récoltes de 2002 ont été effectuées au cours du premier semestre et, dans de nombreux pays, les semis pour 2003 ont déjà commencé. Les prévisions de la FAO concernant la production rizicole mondiale ont été revues à la baisse de 5 millions de tonnes depuis le rapport d'octobre dernier et s'établissent à 584 millions de tonnes (dont 390 millions de tonnes de riz usiné). Cette modification est due principalement aux mauvaises conditions météorologiques qui ont régné en Inde, en Chine et en Thaïlande. La production mondiale de 2002 est pour l'instant estimée à 13 millions de tonnes, soit un recul de 2 pour cent par rapport à 2001.

Perspectives mitigées concernant les échanges mondiaux de céréales en 2002/03

Les dernières prévisions de la FAO concernant les échanges mondiaux de céréales en 2002/03 s'établissent à 236 millions de tonnes, chiffre identique à celui indiqué dans le rapport d'octobre et inférieur, de 5 millions de tonnes, au volume record enregistré l'an dernier. La contraction prévue des échanges mondiaux de céréales provient presque entièrement de la baisse globale très marquée des échanges de blé; on s'attend en effet à une légère progression des échanges de céréales secondaires; quant aux échanges internationaux de riz, ils devraient, selon les premières prévisions, porter sur un volume identique à celui de 2002.

Production, disponibilités, commerce et stocks céréaliers mondiaux

Source: FAO

1/  Les données se réfèrent à l'année civile, première année mentionnée. Y compris le riz usiné.

2/  Production, plus stocks d'ouverture.

3/  Base juillet/juin pour le blé et les céréales secondaires et année civile pour le riz.

4/ Ne correspond pas exactement à la différence entre les disponibilités et les utilisations du fait de campagnes commerciales couvrant des périodes différentes selon les pays.

Le volume des échanges mondiaux de blé (y compris la farine de blé en équivalent céréales) en 2002/03 est actuellement estimé à 102,5 millions de tonnes, soit un recul de 5 millions de tonnes par rapport à la précédente campagne. Le fléchissement prévu pour cette année est dû pour l'essentiel à une forte baisse (contrastant avec le volume exceptionnellement élevé de l'an dernier) des importations des pays développés, notamment de la UE. Les pays en développement devraient également réduire leurs importations. Ce ralentissement sera surtout sensible en Asie, où plusieurs pays ont fait de bonnes récoltes cette année. En revanche, le volume des échanges mondiaux de céréales secondaires de 2002/03 devrait atteindre 107 millions de tonnes, chiffre légèrement supérieur au résultat relativement peu élevé de l'an dernier. Les importations de céréales secondaires devraient augmenter en Afrique, en Amérique du Nord, en Amérique latine et en Océanie, mais cette progression devrait être en partie annulée par le recul des importations de l'Asie et de l'Europe. Les prévisions de la FAO concernant les échanges mondiaux de rizen 2003 ont été revues légèrement à la baisse depuis le dernier rapport; le volume actuellement prévu dépasse légèrement les 26 millions de tonnes, ce qui correspond plus ou moins à la dernière estimation du volume des échanges pour 2002. Il faut souligner le caractère fortement hypothétique d'un tel chiffre; en effet, de nombreux pays qui pourraient influer sur le résultat définitif de 2003 n'ont pas encore terminé la récolte de la principale campagne rizicole. Depuis le dernier rapport, le volume estimatif des échanges de riz en 2002 a été porté à 26,4 millions de tonnes. Avec une progression de 2,3 millions de tonnes par rapport à 2001, il s'agit du deuxième record enregistré dans ce domaine. Cette dernière modification provient principalement d'une révision à la hausse des prévisions touchant les importations de l'Indonésie et de plusieurs pays d'Afrique, qui devraient largement compenser la diminution prévue des expéditions destinées à la République islamique d'Iran.

Légère augmentation de l'utilisation des céréales en 2002/03

Les prévisions de la FAO concernant l'utilisation mondiale de céréales en 2002/03, légèrement révisées à la hausse depuis la publication du dernier rapport, s'établissent à 1 946 millions de tonnes, chiffre inférieur - malgré une très légère progression par rapport à l'an dernier - à la tendance observable depuis une dizaine d'années. L'augmentation globale de la quantité de céréales destinée à la consommation alimentaire devrait suivre le rythme de la croissance démographique mondiale. Suite à un recul de sa production, l'Inde devrait toutefois enregistrer une baisse de la consommation de céréales secondaires par habitant. En Chine, la consommation de blé va sans doute continuer de reculer. Malgré la légère progression prévue dans les pays en développement, on s'attend à une diminution du volume de céréales destiné à l'alimentation animale. Ce fléchissement est essentiellement dû à la forte baisse enregistrée en Amérique du Nord et en Australie, où la sécheresse est responsable des mauvaises récoltes de cette année.

Forte diminution des stocks mondiaux de céréales

La FAO continue de prévoir une forte diminution des réserves mondiales de céréales pour la campagne en cours. La dernière prévision concernant le niveau des stocks céréaliers mondiaux au terme des campagnes agricoles de 2003 n'a pratiquement pas changé depuis le dernier rapport. Le chiffre avancé est de 466 millions de tonnes, ce qui représente un recul de 110 millions de tonnes - ou de 19 pour cent - par rapport au niveau d'ouverture. Outre la Chine - dont les stocks de céréales devraient diminuer pour la cinquième année consécutive - les réductions de stocks les plus sensibles devraient se produire dans les pays dont la production céréalière va sans doute enregistrer une forte baisse en 2002 - tel est le cas notamment de l'Australie, du Canada, du Brésil, de l'Inde et des États-Unis. Selon les dernières prévisions, les réserves mondiales de blé s'établiraient à 167 millions de tonnes, soit un recul de 50 millions de tonnes par rapport au niveau d'ouverture. Le volume total des stocks de blé des grands exportateurs devrait chuter et atteindre à peine 32 millions de tonnes, ce qui implique une forte réduction du ratio stocks/écoulement. Le volume estimatif des stocks mondiaux de céréales secondaires au terme des campagnes agricoles de 2003 est actuellement de 174 millions de tonnes (soit une en baisse de 37 millions de tonnes par rapport à l'an dernier). Ce fléchissement, comme dans le cas du blé, est en grande partie imputable aux grands pays exportateurs, qui devraient donc enregistrer cette année une baisse considérable du ratio volume global des stocks de céréales secondaires/écoulement total. Les prévisions concernant le volume des stocks mondiaux de riz au terme des campagnes agricoles de 2003 ont été revues à la baisse - plus de 5 millions de tonnes - depuis le dernier rapport et s'établissent à environ 125 millions de tonnes, ce qui représente un recul de presque 23 millions de tonnes par rapport au niveau d'ouverture. Il s'agit d'une des plus fortes baisses jamais enregistrées.

Baisse des cours internationaux des céréales

Le fléchissement des cours internationaux des céréales enregistré au cours des dernières semaines s'explique par le fait que les pays qui ne comptent pas parmi les exportateurs traditionnels, profitant de la forte réduction des quantités exportables des exportateurs traditionnels, continuent à écouler leurs excédents sur le marché mondial. Les cours internationaux du blé, après la flambée des premiers mois de la campagne de commercialisation en cours, ont accusé ces dernières semaines un important fléchissement. En novembre, le prix du blé n°2 des États-Unis (blé roux d'hiver, fob) avoisinait les 180 dollars E.-U. la tonne, ce qui, malgré un repli de 9 dollars E.-U. par rapport au mois de septembre, correspond à une hausse de 52 dollars E.-U. la tonne (soit aussi plus de 40 pour cent) par rapport à celui enregistré l'an dernier à la même époque. Les maigres récoltes des principaux pays sont certes préoccupantes, mais le Kazakhstan, la Fédération de Russie, l'Ukraine et l'Inde disposent d'importantes réserves de blé de qualité inférieure ou moyenne, qui permettront au marché mondial d'être largement approvisionné. Les cours internationaux des céréales secondaires ont également accusé un léger fléchissement au cours des dernières semaines. Là encore, la pression à la hausse exercée sur les cours internationaux du maïs s'est atténuée lorsqu'il est apparu que les excédents des « nouveaux » exportateurs pourraient largement compenser les contre-performances des exportateurs traditionnels. La présence d'importantes réserves de blé fourrager a exercé une pression à la baisse sur les prix du maïs. En novembre, le prix à l'exportation du maïs des États-Unis (maïs jaune n°2) avoisinait 109 dollars E.-U. la tonne, accusant donc un recul de 6 dollars E.-U. par rapport à septembre mais restant cependant supérieur de 19 dollars (soit encore 21 pour cent) au cours de l'an dernier. Au cours des deux derniers mois, les prix à l'exportation du riz suivent des évolutions différentes selon sa provenance. L'indice FAO des prix à l'exportation du riz (1998-00 = 100) a atteint 73 points en novembre, ce qui correspond plus ou moins aux valeurs enregistrées depuis le mois de juillet. On a noté récemment une forte activité dans le secteur du riz aromatique. L'indice FAO des prix des riz aromatiques, en chute libre depuis le mois de septembre, a encore perdu 7 points pour s'établir à 76 points en novembre, en raison d'un recul de 10 pour cent du cours du riz parfumé thaïlandais pendant cette période. Ce fléchissement s'explique en grande partie par le fait que le riz parfumé de la récolte de 2001 a été écoulé à bas prix dès l'arrivée sur le marché de la production de 2002.