FAO/SMIAR: Rapport sur l'Afrique No.3 - décembre 2002 p.5

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DEUXIÈME PARTIE: SITUATION PAR SOUS-RÉGION

Les semis des cultures de la campagne principale ont démarré en Afrique australe. Dans plusieurs pays d'Afrique de l'Est, les cultures sont en phase de maturation ou en cours de récolte. En Érythrée, en Éthiopie, et au Soudan, les récoltes de la campagne principale sont terminées ou sur le point de prendre fin. Les récoltes sont également achevées dans les pays du Sahel.

Calendrier des cultures céréalières

Sous-région Récoltes
Semis Récolte
Afrique de l'Est 1/ mars-juin août-décembre
Afrique australe octobre-décembre avril-juin
Afrique de l'Ouest    
- Zones côtières (première campagne) mars-avril juillet-septembre
- Région du Sahel juin-juillet octobre-novembre
Afrique centrale 1/ avril-juin août-décembre
 1/ À l'exception du Burundi, du Rwanda et de la République démocratique du Congo, qui ont deux campagnes principales, et de la Tanzanie, dont la campagne principale suit le calendrier des semis de l'Afrique australe. Au Soudan, les semis des céréales secondaires se font en juin-juillet et la récolte a lieu entre octobre et décembre.

En Afrique australe, les récoltes de blé de 2002 sont bien avancées. Selon les prévisions, la production totale devrait atteindre 2,6 millions de tonnes, soit 9 pour cent de moins que l'année précédente, ce qui est malgré tout conforme à la moyenne. Ce recul est dû pour l'essentiel à une baisse de 9 pour cent de la production du plus gros producteur de la région, l'Afrique du Sud, qui a vu ses rendements baisser sous l'effet des températures très élevées enregistrées en octobre dans les régions agricoles du nord. Au Zimbabwe, les prévisions officielles font état de 213 000 tonnes seulement. Ces niveaux de production médiocres, qui se classent parmi les plus faibles de ces dix dernières années, ont pour principale cause la diminution des rendements agricoles et des superficies cultivées, qui résultent de la réforme foncière engagée dans le pays.

Les semis des cultures céréalières (principalement du maïs) de la campagne 2003 sont en cours et les perspectives de récoltes sont incertaines. L'arrivée des pluies, fin octobre-début novembre, a été suivie par une période de temps sec qui s'est prolongée dans l'ensemble de la sous-région pendant les vingt derniers jours du mois de novembre, retardant les semis et entraînant la destruction des cultures plantées en début de campagne. Les précipitations ont repris dans plusieurs zones durant les dix premiers jours du mois de décembre, notamment en Afrique du Sud, apportant à la région un répit appréciable. Toutefois, le déficit pluviométrique persiste au Swaziland, au Botswana, dans le sud du Malawi et du Zimbabwe, dans les régions du sud et du centre du Mozambique et dans le nord-est de la Zambie.

On estime pour le moment à 14,8 millions de tonnes la production de céréales secondaires de 2002 (principalement du maïs), volume légèrement supérieur à la production de 2001, qui accusait une baisse par rapport à la normale. Ces résultats traduisent pour l'essentiel le net recul de la production relevé pour la deuxième année consécutive dans la plupart des pays de la sous-région et compensé en partie par une augmentation de 22 pour cent de la production de céréales secondaires de l'Afrique du Sud, épargnée cette année par la sécheresse. Du fait des mauvaises conditions météorologiques et de la réduction des semis, la production a diminué dans tous les pays de la sous-région, à l'exception du Botswana. La situation alimentaire est précaire et 14,4 millions de personnes touchées par les mauvaises récoltes enregistrées au Zimbabwe, au Malawi, en Zambie, au Mozambique, au Swaziland et au Lesotho ont besoin d'une aide alimentaire. En Angola, 1,9 million de personnes déplacées à l'intérieur du pays sont dans la même situation. Une aide alimentaire s'impose aussi à Madagascar, où la récolte a été médiocre dans plusieurs districts du sud et l'activité économique perturbée par la crise politique survenue récemment dans le pays. Les besoins d'importations céréalières des pays de la sous-région sont estimés, au total, à 7,2 millions de tonnes pour la campagne commerciale 2002/03. Les importations commerciales prévues devraient atteindre 5,6 millions de tonnes et les besoins d'aide alimentaire 1,6 million de tonnes.

En Afrique de l'Est, les récoltes céréalières de la campagne principale sont terminées ou en cours d'achèvement et les cultures de la campagne secondaire qui seront récoltées dans les prochains mois se développent dans des conditions contrastées. La production céréalière globale de la région devrait baisser en 2002/03 par rapport à l'année précédente, principalement du fait de la sécheresse.

En Érythrée, compte tenu de la vague de sécheresse survenue en début d'année durant la saison des petites pluies et des précipitations irrégulières et mal distribuées de la saison des grandes pluies, on estime à 74 000 tonnes environ la récolte céréalière de 2002, soit le niveau le plus bas enregistré depuis l'indépendance du pays, en 1993. En Éthiopie, outre l'échec quasi-total de la campagne secondaire «belg» provoqué par la sécheresse, des pluies irrégulières et des incursions de ravageurs ont eu de graves conséquences sur le rendement des cultures céréalières de la saison principale 2002. Une mission FAO/PAM d'évaluation des cultures et des approvisionnements alimentaires vient de rentrer d'Éthiopie et un rapport sur la production de la campagne principale «meher» et l'évaluation des besoins d'aide alimentaire pour 2003 sera diffusé prochainement. Au Kenya, les précipitations relevées récemment dans plusieurs régions d'élevage touchées par la sécheresse ont contribué à l'amélioration globale des perspectives en matière d'approvisionnements alimentaires. Toutefois, la récolte de maïs de la saison des grandes pluies est estimée pour 2002 à 1,89 million de tonnes seulement, contre 2,32 millions de tonnes en 2001. Au Soudan, les perspectives de récoltes de la campagne principale de 2002 sont dans l'ensemble défavorables. Une mission FAO/PAM d'évaluation des cultures et des approvisionnements alimentaires s'est récemment rendue dans le Sud du Soudan et a constaté que le déficit céréalier était cette année plus important que l'année précédente, du fait de pluies tardives et irrégulières et des déplacements de populations provoqués par l'intensification récente du conflit armé, qui dure depuis longtemps. Dans le centre et le nord du pays, la récolte des cultures céréalières de la campagne principale de 2002 vient tout juste de commencer. Une mission FAO/PAM d'évaluation des cultures et des approvisionnements alimentaires vient de rentrer du Soudan et un rapport sera prochainement publié. En Ouganda, les effets conjugués de l'arrivée tardive des pluies de la campagne secondaire et de l'intensification des combats qui secouent le nord du pays ont eu de sérieuses conséquences sur la situation des disponibilités alimentaires. Dans la région de Karamoja, située dans le nord-est du pays, la mauvaise récolte provoquée par la vague de sécheresse persistante survenue au cours de l'unique campagne agricole, récemment achevée, n'a fait qu'aggraver la situation alimentaire. À l'inverse, en Somalie, on estime à 260 000 tonnes environ (soit 100 000 tonnes de sorgho et 160 000 tonnes de maïs) la récolte céréalière de la campagne principale «gu» effectuée récemment dans le sud du pays, ce qui représente plus du double de la mauvaise récolte de 2001. En Tanzanie, les semis des cultures de la campagne de petites pluies «vuli» de 2002/03 sont en cours dans les zones à régime pluvial bimodal du nord du pays. Au total, la production céréalière 2002 (maïs, riz, blé, sorgho et millet) s'établit à 4,3 millions de tonnes pour l'ensemble de la sous-région, soit 10 pour cent environ de plus que l'année précédente, du fait de précipitations plus favorables. De même, la production de cultures non céréalières (légumes secs, pommes de terre, manioc et bananes plantain) s'annonce satisfaisante.

Compte tenu de la baisse annoncée de la production céréalière globale de la sous-région en 2002, les importations devraient augmenter dans des proportions considérables en 2002/03 et atteindre 3,5 millions de tonnes, soit 13 pour cent environ de plus que l'année dernière. Les importations commerciales sont évaluées à 2,9 millions de tonnes et les besoins d'aide alimentaire à quelque 600 000 tonnes. Début décembre, les annonces d'aide alimentaire communiquées au SMIAR s'élevaient à 115 000 tonnes, dont 27 000 tonnes ont déjà été livrées.

En Afrique de l'Ouest, plusieurs missions conjointes FAO/CILSS d'évaluation des cultures se sont rendues en octobre dans les neuf pays membres du CILSS. Elles ont évalué à 11,3 millions de tonnes la production céréalière totale de la sous-région pour 2002, ce qui représente un recul de 3 pour cent par rapport à 2001, mais 11 pour cent de plus que la moyenne des cinq dernières années. La production devrait être inférieure à la moyenne au Cap-Vert, en Guinée-Bissau et en Mauritanie, conforme à la moyenne en Gambie, au Mali, au Sénégal et en Mauritanie et supérieure à la moyenne au Burkina Faso et au Niger. Il ne s'agit cependant que d'estimations préliminaires dans la mesure où les enquêtes nationales sur lesquelles elles se fondent ont été réalisées pour la plupart avant la fin de la récolte et tiennent compte des prévisions relatives aux cultures de décrue et de contre-saison, lesquelles n'ont pas encore été semées.

En dépit des récoltes exceptionnelles plus abondantes que la moyenne enregistrées dans la plupart des pays du Sahel en 2001, certains groupes de population ont eu beaucoup de difficultés à se procurer des vivres, du fait de la forte hausse du prix des céréales, et notamment du millet, sur la plupart des marchés. Les communautés rurales, qui se nourrissent principalement de mil, de sorgho et de maïs, ont été les plus durement touchées. Bien que les importations commerciales de riz et de blé soient censées couvrir les déficits céréaliers nationaux pendant la campagne commerciale 2002/03 (qui va de novembre à octobre), le prix des céréales produites localement devraient rester élevé, compte tenu de la baisse des volumes récoltés, en particulier au Cap-Vert, en Gambie, en Mauritanie et au Sénégal.

On ne dispose pas encore des estimations de la production céréalière cumulée de 2002 des pays riverains du golfe de Guinée. Les perspectives de récoltes sont globalement favorables au Bénin, au Nigéria et au Togo, mais moins encourageantes au Ghana, où les précipitations ont été inférieures aux normales saisonnières en septembre et en octobre. La production rizicole devrait augmenter en Sierra Leone et diminuer au Libéria, où les troubles civils ont repris. En Côte d'Ivoire, on s'attend à une baisse de la production de riz et d'autres céréales du fait des mauvaises conditions météorologiques et du conflit qui a éclaté dans le pays, perturbant les activités économiques et obligeant nombre d'agriculteurs à abandonner leurs terres.

En Afrique centrale, les perspectives de récoltes sont satisfaisantes dans l'ensemble au Cameroun. En République centrafricaine, elles sont plus incertaines, du fait des pluies irrégulières et inférieures à la moyenne relevées dans certaines régions et de la recrudescence, fin octobre, des combats entre les forces régulières du gouvernement de Bangui et les troupes rebelles qui ont provoqué de nouveaux mouvements de population.


FAO/SMIAR - décembre 2002

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