0012-B5
NAGGAR Mustapha
En Afrique du Nord, plus quailleurs probablement, des systèmes délevage incluent des ressources fourragères issues de la forêt. Le poids de cette composante dans le bilan fourrager reste tributaire de lampleur de laléa climatique et des possibilités de mobilité des troupeaux et des hommes par transhumance ou nomadisme.
Ainsi, lorsque la sécheresse se prolonge, cest toujours la forêt qui subira le contrecoup des aléas climatiques par une surcharge pastorale. Les répercussions de ce pâturage sont très négatives sur la régénération naturelle, le devenir des écosystèmes forestiers et la conservation de leurs ressources.
Laboutissement dune stratégie sylvo-pastorale durable nest possible, en cas de sécheresse, que par ladaptation des aménagements aux modalités et pratiques dexploitation de lespace pastoral en forêt, et la prise en compte des enjeux environnementaux liés à limpact du parcours sur lévolution des peuplements forestiers.
Mots clés: Sylvo-pastoral, forêt, ressources fourragères, sécheresse.
Le concept méditerranéen repose sur une référence climatique commune à lensemble des pays du bassin méditerranéen : un été sec et chaud, un hiver pluvieux et froid et une variabilité climatique importante. Si historiquement, le bassin méditerranéen est à lorigine de la domestication des céréales, de celle des petits ruminants et de la maîtrise de leau, les espaces pastoraux et sylvo-pastoraux y occupent une étendue de près de 200 millions dhectares sans compter les zones désertiques.
Les parcours méditerranéens sont caractérisés par des périodes de végétation plus ou moins longues et par conséquent par des variations importantes de la quantité et de la qualité des ressources fourragères disponibles. La plus grande partie de lespace méditerranéen produit moins dune tonne de matière sèche par hectare et par an. Dans leur état actuel, les parcours ne sont exploitables que sous une forme extensive impliquant une grande mobilité des troupeaux pour que ceux-ci bénéficient de la complémentarité entre les différentes zones de pâturage (nomadisme, transhumance...).
Face à cette situation, léleveur doit satisfaire la demande alimentaire de son troupeau malgré une offre irrégulière et non prévisible. Ainsi, léquilibre fourrager recherché est forcément un équilibre instable dont le maintien dépend de son degré de souplesse et de flexibilité par rapport aux aléas climatiques et aux perturbations de la conjoncture économique dans la quelle le système opère.
Au Maroc les forêts couvrent une superficie de près de 9 millions dhectares y compris les nappes alfatières, soit environ 30 % des parcours naturels. Les formations les plus importantes sur le plan pastoral sont les chênaies vertes, les arganeraies, les suberaies, les callitraies, les juniperaies (particulièrement le génévrier thurifère de haute montagne), les nappes alfatières et les formations à acacia saharien.
Les parcours forestiers fournissent en année normale près de 1,5 milliards d'unités fourragères (cf tableau n° 1) et constituent une réserve fourragère importante susceptible de mettre cheptel national, à l'abri des aléas climatiques. Les parcours forestiers contribuent pour 17 % des apports du bilan fourrager national et peuvent atteindre jusqu'à 80 % du bilan fourrager en zone forestière telle la région du haut Atlas.
Tableau n° 1: Importance des ressources pastorales par type de forêts.
|
Superficies |
Ressources fourragères des forêts |
|||
Forêts |
x 1000 ha |
% |
UF/ha |
En millions d'UF |
% |
- Chênaies vertes |
1.370 |
15,2 |
325 |
440 |
29,5 |
- Nappes alfatières |
3.160 |
35,2 |
115 |
360 |
24,0 |
- Arganeraies |
830 |
9,2 |
370 |
308 |
20,2 |
- Suberaies |
350 |
3,9 |
325 |
120 |
7,4 |
- Tetraclinaies |
610 |
6,8 |
155 |
90 |
6,2 |
- Cédraies |
140 |
1,5 |
400 |
55 |
3,7 |
- Autres formations |
2.540 |
28,2 |
50 |
127 |
9,0 |
TOTAL |
9.000 |
100,0 |
170 |
1.500 |
100,0 |
Le tableau ci-dessous donne la production fourragère par type de formations forestières, et montre que les forêts de chêne vert, d'arganier et les nappes alfatières constituent les principaux parcours forestiers puisqu'ils représentent 59,6% de la superficie totale des forêts et fournissent 73,7 % des ressources pastorales des forêts.
Globalement les forêts fournissent environ 1,5 milliards d'unités fourragères, soit 17 % des apports du bilan fourrager national évalué à 8,86 milliards d'unités fourragères. Les ressources pastorales des forêts représentent, après les chaumes et les pailles, le poste le plus important des disponibilités fourragères nationales.
L'effectif du troupeau pâturant en forêt est estimé à 10 millions de têtes. L'importance relative et la répartition du troupeau pâturant en forêt sont données dans le tableau ci-après.
Tableau n° 2: Importance du troupeau pâturant en forêt:
Espèces |
Cheptel national |
Troupeau pâturant en forêt |
|
(x 1000 têtes) |
(x 1000 têtes) |
% |
|
- Caprins |
5.700 |
4.000 |
70 |
- Ovins |
16.800 |
5.200 |
31 |
- Bovins |
2.400 |
800 |
32 |
TOTAL |
24.900 |
10.000 |
40,3 |
Le tableau ci-dessus montre que la forêt contribue à l'affouragement régulier d'environ 40 % du cheptel national et que cette contribution pourrait même doubler en périodes ou années de sécheresse puisque la forêt reste le seul refuge sur lequel se rabattent les troupeaux. Egalement, on note l'importance des troupeaux caprins pâturant en forêt est le plus élevé soit 70% du cheptel caprin national. Compte tenu de ces éléments et des capacités des caprins de pratiquer le pâturage aérien des peuplements forestiers ce qui engendre une surexploitation des ressources sylvo-pastorales.
Le Maroc, par ses reliefs, ses climats fortement contrastés et létendue des parcours forestiers offre une remarquable diversité pour tout ce qui touche à la structure des formations végétales associées à ces parcours et aux modes de vie des populations pastorales qui sy rattachent. La pratique du parcours en forêt se réfère à des concepts traditionnels de lélevage extensif et sur une utilisation collective des ressources pastorales.
Par le passé, ces pratiques reposaient sur la complémentarité des différents espaces de parcours en forêt et hors forêt (transhumance, nomadisme...) et les collectivités imposaient des mises en défens temporaires (Agdal) pour régénérer les parcours et prolonger la période de pâturage.
Actuellement, et vu lampleur de lessor démographique, la sédentarisation des pasteurs, la progression de léconomie marchande et la récurrence des sécheresses, les modes et pratiques dutilisation des parcours forestiers ont subi de profondes mutations.
Pour illustration, on présente ci-après les modalités et pratiques pastorales dans la région du Moyen Atlas - Plateau central réputée par le système de transhumance entre le Dir et lAzarhar.
Les montagnes pastorales du Moyen Atlas constituent une région privilégiée par lexistence de sources abondantes et par un étagement propice des conditions climatiques. Les formations forestières à intérêt pastoral sont essentiellement à base de chêne vert, suivi des formations de cèdre (plus de 1.600 m daltitude). Lélevage dans la zone est du type extensif essentiellement à base dovins de race Timahdit. Les pasteurs de la région qui par un genre de vie et des habitats adaptés, utilisent de façon alternée les ressources de la montagne en été, les chênaies vertes du Dir en printemps, et lespace pastoral quoffre lAzarhar en hiver : exploitation saisonnière de ces domaines entre lesquels se jouent la transhumance, et à lintérieur de chacun de ces domaines utilisation des différents parcours collectifs ou privés complémentaires de la forêt.
La région Moyen Atlas - Plateau Central, intègre deux (2) domaines géographiques dont lassociation est destinée à illustrer leur complémentarité, qui sexprime par des déplacements réciproques entre les 2 régions par le biais dune transhumance des troupeaux qui pâturent lhiver dans les parcours du plateau central (Azarhar) et séjournent sur les forêts du Moyen Atlas depuis la fonte des neiges à leur réapparition en passant par le (Dir) zone de contact entre lazarhar et la montagne. Ces différents milieux se distinguent par des traditions collectives des groupes humains qui y vivent qui pour lexploitation de lespace pastoral imposaient des mises en défens pour la régénération des ressources (Agdal). Ainsi, la montagne demeure un vaste espace pastoral tandis que lavant pays est devenu davantage un espace agricole et les éleveurs continuent à valoriser la complémentarité de ces deux domaines.
Sur le plan pastoral, on distingue trois (3) grands types de parcours en forêt, soient :
* La cédraie pure et à chêne vert commence aux altitudes supérieures à 1600 m, elle constitue un parcours typique de fin dété - début automne quand les pelouses daltitude épuisées par le surpâturage continu du printemps à la fin dété, noffrent plus de ressources fourragères. La production fourragère est très variable selon la densité du couvert arboré et peut atteindre jusquà 450 UF/ha sous les cédraies claires.
* Les Chênaies : Ces parcours se situent sous la cédraie soit à une altitude entre 1200-1650 m font lobjet de deux (2) types dexploitation.
i) au cours des transhumances de printemps et dautomne qui ont lieu entre lAzharar et la montagne, elle fait lobjet dun surpâturage mais aussi débranchage si les conditions climatiques difficiles se prolongent.
ii) un pâturage permanent est exercé tout au long de lannée dans les chênaies du Dir, en bordure des terres de cultures.
* Chênaies à oxycèdre : Cette formation située à une altitude entre 900 et 1250 m, constitue la seule formation arborée de lAzarhar où elle sétend généralement sur des reliefs schisto-gréseaux. La chênaie à oxycèdre se présente comme un taillis très ouvert, et constitue un parcours dhiver par excellence.
La forêt offre un espace pastoral privilégié par la nature, la diversité et la richesse des espèces floristiques qui la constituent. Ces espèces à base darbres, darbrisseaux et despèces buissonnantes à feuilles persistantes offrent en toute saisons par leurs ramures, leurs jeunes pousses et leur phytomasse foliaire accessible, des disponibilités fourragères tout au long de lannée. Cette particularité des parcours forestiers les différencie des autres parcours hors forêt dont la production fourragère reste fort dépendante des aléas climatiques. De ce fait, dès que la sécheresse se prolonge on observe une limitation de la production des pâturages à herbacées, cest toujours la forêt qui subira, par un surcharge supplémentaire, le contrecoup des aléas climatiques.
Dans un contexte international où les préoccupation environnementales se sont de plus en plus imposées face aux objectifs purement économique, la notion de développement durable a progressivement émergé pour exprimer la nécessité dune conciliation entre objectifs de développement et de préservation des ressources naturelles. Comme, il importe de mettre laccent sur la dimension spatiale et territoriale de la durabilité, impliquant une approche globale des différentes composantes (aspects sociaux économiques, démographiques, écologiques...).
Pour la thématique du sylvo-pastoralisme en rapport avec le développement durable, la question principale peut être formulée de la façon suivante :
Quelle approche envisager, pour des systèmes délevage extensif en difficulté, dans une perspective de développement sylvopastoral durable?
Cette question peut être scindée en 3 sous questions:
Quels sont les principaux obstacles rencontrés vis à vis de la gestion de lespace pastoral sans nuire à la pérennité et à la régénération des forêts naturelles?
Quelles ont été les tentatives dintervention entreprises, et quels enseignement peut on en tirer?
Quelle approche globale proposer et mettre en uvre pour surmonter les obstacles mis en évidence?
Pour répondre à ce questionnement, le présent article se propose de présenter les répercussions et limpact des aléas climatiques sur les ressources sylvopastorales et de dégager les éléments de base du programme daction à entreprendre.
Avant daborder ces points, il semble opportun de présenter Le pourquoi du thème: le parcours en forêt constitue un domaine dintersection entre la forêt entant que domaine privé de létat et les droits dusage dont il est grevé (notamment le parcours) et qui sont dédiés aux populations riveraines (usagers). Ce domaine dintersection va sélargir ou se rétrécir selon un système daccordéon rythmé par les aléas climatiques. Ainsi, en bonne année climatique, le parcours en forêt reste limité à la végétation herbagère (parcours direct) alors quen année de sécheresse les bergers pratiquent des écimages et ébranchages des peuplements forestiers pour subvenir aux besoins fourragers du cheptel et par conséquent le parcours sétend aux strates arborée et arborescente (parcours indirect).
Les analyses socio-pastorales engagées dans les différents écosystèmes forestiers, ont révélé les principales contraintes ci-après.
· Surpâturage:
Les aléas climatiques affectent directement la conduite alimentaire du cheptel à travers une prolongation de la période du séjour et une amplification de la charge pastorale en forêt doù une forte dépendance du bilan fourrager des ressources fourragères offertes par la forêt.
Par ailleurs, la récurrence des sécheresses va engendrer un avortement du cycle végétatif des espèces pastorales qui narriveront pas à maturité ce qui conduira à une diminution du stock en semences au sol et une perte de la biodiversité pastorale. Ainsi, on assiste à une multiplication des espèces envahissantes au détriment des espèces appétables et des annuelles par rapport aux pérennes qui habituellement permettent la prolongation de la période de pâturage et à supporter partiellement le contrecoup des aléas climatiques.
· Généralisation des pratiques décimage des peuplements forestiers
Par sa phytomasse verte, persistance et mobilisable tout au long de lannée, les peuplements forestiers notamment les feuillus (chêne vert, chêne liège, arganier.....) voire même les résineux (cèdre et thuya) restent sujets à des ébranchages et écimages dont les produits vont servir de fourrage dappoint pour le cheptel des zones forestières et péri-forestières. Ces pratiques anarchiques vont conduire à laffaiblissement physiologique des arbres ce qui entraîne à la longue une dédensification et à la réduction du couvert forestier. Il sagit là dune menace pressante qui risque dhypothéquer lavenir et le devenir lécosystème forestier et de sa structure déquilibre.
Egalement, les bergers habitués aux pratiques décimages en année de sécheresse, vont épouser ces pratiques même lors de bonnes années climatiques sans sefforcer à conduire le cheptel à rechercher les disponibilités fourragères sur les différents terroirs de parcours.
En définitive, le parcours en forêt passe dun pâturage direct du bétail sur la strate herbagère en année climatique normale à un parcours indirect à travers des pratiques décimage et débranchage sur les peuplements forestiers en période de sécheresse.
· Désorganisation du système dexploitation de lespace pastoral
Les aléas climatiques vont se traduire par une grande circulation des troupeaux vers les forêts et les axes de transhumance conventionnelles céderont la place à des transhumances conjoncturelles décrites ci-après:.
- Les troupeaux ovins des zones steppiques de loriental vont se réfugier vers les massifs forestiers de Debdou et de Bouiblane dans le Moyen Atlas du Nord-Est.
- Les troupeaux caprins et camelins de provinces du Sud vont se cantonner dans larganeraie du Sud-Ouest.
- Les forêts du Moyen Atlas serviront despace pastoral pour les zones des plaines agricoles et la Meseta Côtière et du plateau central.
- Les troupeaux des Oasis du Sud vont trouver refuge dans les versants sahariens du Haut Atlas tandis que les versants nord seront utilisés par les troupeaux des zones agricoles Abda-Ahmar, Al Haouz, Chichaoua, Chiadma et Sraghna.
- Par contre, les troupeaux du Gharb vont sur les suberaies atlantiques notamment celle de la Mâamora. Les troupeaux de la région du Loukkos et du Pré-Rif sorientent sur les massifs forestiers du Rif occidental particulièrement dans la province de Chefchaouen.
Il est à signaler que le camion a joué un rôle déterminant dans la multiplication des transhumances conjoncturelles. Lampleur des troupeaux pâturant en forêt va conduire à lextension du parcours sur toute létendue de la forêt et même les mises en défens assises à des fins de réhabilitation et de régénération de lécosystème forestier seront violées ce qui engendre un climat de tension entre les éleveurs et les services forestiers.
· Faiblesse de la productivité du système délevage.
Malgré les diverses agressions que subit les peuplements forestiers en période de crises énumérées dans les paragraphes ci-dessus, lefficience du système délevage reste très aléatoire à cause de la cherté des aliments de complémentation et la baisse fatale des prix de vente du bétail dans les souks en période de sécheresse. Ainsi, on se trouvera dans un cercle vicieux à lamont on observe une surexploitation des ressources sylvo-pastorales et à laval une faible productivité de lélevage extensif.
A ce niveau, des analyses économiques en relation avec lécologique doivent être entreprises pour lévaluation des dommages subis aussi bien au niveau des peuplements forestiers quau niveau des systèmes délevage dans loptique de restaurer léquilibre sylvo-pastoral susceptible daméliorer à court et moyen terme les revenus procurés par lélevage extensif et dassurer à long terme une gestion durable des ressources pastorales.
Dans un souci de répondre à la problématique posée du sylvo-pastoralisme et laléa climatique, les ingrédients du plan daction ont été ciblés et hiérarchisés suivant quatre(4) orientations prioritaires.
Sur le plan conceptuel, létude daménagement sylvo-pastoral intègre lévolution des connaissances, des techniques et des demandes de la société pour devenir un véritable instrument dune gestion durable des ressources sylvo-pastorales. Il répond à un objectif fondamental de préservation et de transmission du patrimoine naturel:
dans son étendue, par la conservation des espaces de parcours,
dans ses potentialités, par le maintien de la vocation de ces milieux et de leur biodiversité pastorale,
dans son utilité, par lamélioration de la capacité à remplir les fonctions socio-économiques en rapport avec le développement du système de lélevage extensif.
Il sagit de procéder à un ensemble danalyses des ressources pastorales et du milieu socio-économique en rapport avec lactivité délevage pour connaître la richesse et les potentialités pastorales et les besoins socio-économiques présents et futurs des populations usagères des forets.
Ces investigations vont permettre létablissement dun plan de développement sylvopastoral définissant les règles de gestion et dutilisation de lespace pastoral en concertation des éleveurs et tenant compte du poids et de limpact des aléas climatiques. Pour ce faire, trois (3) scénarios éventuels sont considérés (bonne année climatique, année moyenne et année de sécheresse) pour la mise en oeuvre du plan de gestion pastoral en adéquation des disponibilités fourragères. Et également, la mise en place des bases dun système d entente sociale pour lencadrement et lorganisation des éleveurs pour une utilisation commune de lespace pastoral. Ainsi, le processus daménagement sylvopastoral est un travail dapprentissage de longue haleine dont laboutissement reste conditionné par ladhésion des éleveurs au principe organisationnel et la mobilisation de lensemble des acteurs concernés par le développement des forêts et de lélevage.
Au Maroc, laridité touche plus de 80 % du territoire national, cette situation sexplique la diversité des systèmes de production mixtes adoptés par les paysans dans le but damortir le contrecoup des aléas climatiques. Lélevage extensif à base de petits ruminants et les cultures pluviales (notamment lorge) restent les spéculations dominantes des zones arides et semi-arides qui disposent de vastes étendues de parcours naturels en forêts et hors forêt. Dans ces zones, qui vivent au rythme des aléas climatiques et ne bénéficiant généralement que de modestes investissements, on assiste à une surexploitation des ressources naturelles.
Ainsi, la mise en valeur sylvo-pastorale des zones arides et semi-arides se dégage comme une option socio-économique viable en donnant la priorité aux espèces à usages multiples fournissant du fourrage, du bois de feu, des fruits (cactus, caroubier......) et qui jouent également un rôle dans la protection des sols et de lutte contre lérosion éolienne.
lobjectif de ces plantations est daugmenter à court et à moyen terme la production fourragère en vue de décongestionner les parcours, en fournissant une alimentation du bétail moins dépendante des fluctuations pluviométriques, indispensable en période de soudure ou de sécheresse. Ces plantations doivent être intégrées au modèle de rotation pastorale et non gardée comme réserves sur pieds.
Aucune gestion durable dune forêt ne peut être garantie, si pendant un temps déterminé, une partie de cet écosystème nest pas mis en défens et régénéré. Pourtant, elle est souvent lobjet de contestation de la part des populations riveraines qui reprochent la mise en défens dune partie de la forêt pour une période souvent trop longue (10 à 20 années) selon les espèces forestières. Comme, il sagit par cette acte de sauver une forêt qui vieillit et qui a besoin dêtre rajeunie, lenjeu ici est de sauver la forêt sans pour autant négliger lintérêt des usagers. Dans cette perspective et pour appuyer les efforts consentis pour la régénération et la reconstitution des forêts naturelles, le Ministre Chargé des Eaux et Forêts a promulgué (Loi de Finances 1999-2000) un décret pour loctroi des compensations aux populations usagères affectées par les mises en défens à condition que celles-ci soient organisées en coopératives et associations forestières dans un souci dassocier les populations usagères aux efforts de développement et de garantir la durabilité des investissements forestiers. LArrêté dapplication de ce decret est publié au bulletin officiel du 2 mai 2002. Celui-ci a précisé que la superficie minimale bénéficiant de la compensation est 300 ha, le montant de la compensation est fixé à 250 dh/ha et que les zones objet de compensation doivent faire lobjet dun aménagement sylvo-pastoral concerté. Une telle approche a pour finalité de susciter ladhésion des usagers aux efforts de développement durables des ressources forestières.
Les parcours forestiers offrent un potentiel intéressant pour lélevage extensif qui constitue une activité socio-économique vitale pour les populations des zones forestières et périforestières. De ce fait, les politiques futures devraient se concentrer sur la durabilité des ressources naturelles et une meilleure efficacité des systèmes délevage extensif en forêt (en abandonnant laugmentation des effectifs).
Dans létat actuel des connaissances, les principales recommandations se résument comme suit :
Un environnement économique qui favorise la conservation et la réhabilitation des parcours forestiers.
Limplication à la base des éleveurs usagers au processus de développement sylvo-pastoral.
Lencouragement au déstockage rapide des parcours forestiers en conditions normale et de sécheresse à travers :
La généralisation de redevance au parcours en forêts et qui doit être proportionnelle à la taille des troupeaux (principe déquité) et que les fonds collectés soient réinvestis au profit de la réhabilitation de lespace pastoral et lamélioration de lefficacité des systèmes de production.
Lincitation à lactivité dembouche dans les zones à potentiels agricoles et que la forêt soit réservée à lélevage naisseur.
Lamélioration de linfrastructure des circuits de commercialisation pour permettre un écoulement à des prix équitables en année sécheresse. Pour ce faire, lidée de création des abattoirs communaux dans les zones forestières et péri forestières est à promouvoir.
Dans les zones forestières et péri forestières, les efforts à entreprendre ont pour objectif dessayer de concilier entre les bénéfices productif et économiques à court et moyen terme des systèmes de production agricole et la sauvegarde et la gestion à long terme des ressources naturelles.
Dans ce sens, les axes dinterventions à entreprendre vont dans le sens de favoriser laccès des populations rurales à des alternatives économiquement viables et compétitives qui permettraient dabandonner les pratiques culturales, pastorales et forestières nuisibles à lenvironnement, aux quelles ils sont actuellement obligés de sadonner pour assurer leur survie. Egalement, de mettre en place des espaces de concertation pour létablissement de règles communes pour la gestion concertée des ressources collectives en mettant laccent plus sur la mise en place des infrastructures rurales de base susceptibles de valoriser au mieux les productions agricoles.
Administration des Eaux et Forets et de la Conservation des Sols, 1996. Actes du colloque national sur la foret marocaine. 120 p.
Banque mondiale, 1995. Une stratégie de développement des parcours en zones arides et semi-arides. Rapport technique MAROC. 82 p..
Le Grand Livre de la Foret Marocaine, 1999. Edition Mardaga de Belgique. 280 p.
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Organisation des Nations Unies pour lAlimentation et lAgriculture (FAO), 1989. Bilan de trente ans de développement pastoral dans le bassin méditerranéen. 126 p.
Mhirit O. ,1999. La foret méditerranéenne : espace écologique, richesse économique et bien social. Revue UNASYLVA- Spécial Foret Méditerranéenne- Vol 50 ; n° 197. PP : 3-15.
Naggar M. , 2000. Eléments de base dune stratégie de sylvo-pastoralisme en Afrique du Nord. Options Méditerranéennes, série A ; n° 39. PP : 191-202.