0025-B3

France: La stratégie de reconstitution des forêts après tempêtes en forêt publique, pour des forêts plus proches de la nature, plus proches des hommes

F. Mortier


Résumé

France: LES PRINCIPES ESSENTIELS DE LA RECONSTITUTION DES FORÊTS PUBLIQUES

PRINCIPES FONDAMENTAUX

  • Définir les objectifs et les moyens de reconstitution selon les enjeux

  • Raisonner l’intervention utile pour qu’elle soit minimale et au coût le plus juste

  • Utiliser au mieux les processus naturels et les optimiser

  • Façonner une forêt productive plus stable, plus naturelle, plus diversifiée et plus résiliente

PRINCIPES OPERATIONNELS

  • Protéger les sols

  • Gérer les rémanents de façon extensive

  • Cartographier et diagnostiquer les dégâts

  • Conserver et gérer ce qui est resté sur pied

  • Définir les objectifs et planifier

  • Maîtriser les ongulés et protéger les régénérations, si nécessaire

  • Privilégier la régénération naturelle, les mélanges d’essences en s’insérant dans les dynamiques naturelles de végétation

  • Attendre et observer pour agir

  • Planter si nécessaire, en respectant la bonne adéquation stations-essences-provenances

  • Suivre et évaluer les reconstitutions


26 et 27 décembre 1999: tempêtes historiques

La violence des vents - ouragans - a provoqué des chablis sans précédent, de mémoire d’homme, dans les forêts publiques: 44 millions de m3 soit l’équivalent de 3 années de récolte. Le volume a été de 140 millions de m3 pour l’ensemble de la forêt française.

La surface des peuplements à reconstituer dans les forêts publiques s’élèvent à 130 000 ha dont 56 000 ha dans les forêts domaniales et 74 000 ha dans les forêts des collectivités.

[insérer les 2 photos de chablis avec comme légende: Chablis généralisés par «effet de couloir» en forêt indivise de Haguenau (Bas-Rhin), ci-dessus, et en forêt communale de Véranne (Loire), ci-dessous.] Insérer aussi la vignette de la carte de France avec les surfaces à reconstituer par régions.

Faire face: définir une stratégie de reconstitution

Une large réflexion a abouti à la définition des principes de reconstitution à mettre en œuvre dans les forêts forêts publiques. Il sont inscrits dans le «guide de la reconstitution des forêts après tempêtes» (ONF, 2001)[insérer le fac similé de la 1ère de couverture du guide].

Outre les visites de terrain ou près de 300 forestiers ont été rencontrés et écoutés, cette stratégie a été élaborée sur la base d’un réseau, mis sur pied pour l’occasion, comprenant une centaine de personnes: forestiers français et étrangers, chercheurs, experts européens, associations de potection de la nature, fédération des communes forestières...

Faire: mettre en œuvre la stratégie

Des principes essentiels de reconstitution les points clés sont:

· Définir les objectifs et les moyens de reconstitution selon les enjeux

Ce sont les objectifs assignés aux espaces à reconstituer qui vont déterminer les itinéraires techniques de reconstitution (et non le contraire). Aussi, les itinéraires techniques sont fondés sur une analyse, une réflexion et une concertation préalable qui comprend en particulier:

- Le diagnostic des dégâts.
- Les potentialités stationnelles.
- La volonté du propriétaire.
- Les attentes locales de la société.

La tempête a eu un impact qui dépasse souvent la parcelle et la forêt. C’est le territoire qui a été touché voire sinistré et qui devient l’échelle pertinente d’action et de résolution des problèmes.

Aussi, la concertation avec les acteurs concernés - propriétaires, partenaires, grands usagers, élus, associations - est une étape préalable indispensable pour:

- Définir les objectifs principaux de la forêt à reconstituer et les itinéraires de reconstitution; le propriétaire arrêtant les choix pour sa forêt.

- Prendre en compte, autant que possible, les attentes multiples des bénéficiaires de la forêt.

- Bien intégrer la forêt dans les logiques de développement local et d’aménagement du territoire.

C’est l’aménagement forestier qui est l’outil de traduction de cette démarche en objectifs opérationnels et en actions concrètes. Il a été recommandé de réaliser des modificatifs simplifiés à considérer comme un «avenant» à l’aménagement qui tout en hiérarchisant les priorités et en fixant un premier programme de travail, permet de réviser l’aménagement dans de meilleures conditions quelques années plus tard: dynamiques de végétation et de régénération initiées, processus de dégradation des rémanents plus avancé, volume additionnels post-tempêtes tombés....

· Raisonner l’intervention utile pour qu’elle soit minimale et au coût le plus juste

«Faire juste ce qu’il faut, ne pas faire trop, ne pas se précipiter avec des moyens lourds»

Bien raisonner chaque intervention en fonction de l’objectif à atteindre, des avantages et des inconvénients, en particulier des effets préjudiciables éventuels sur le milieu, et du coût. Il s’agit de réaliser les interventions strictement nécessaires sur le plan technique pour minimiser les impacts sur le milieu et utiliser les moyens de manière économe car la sylviculture doit rechercher la plus grande efficacité au coût le plus juste. Les investissements doivent être mûrement réfléchis, concertés entre collègues, voire avec des experts dans le cas de sujétions particulières. Ils ne doivent pas résulter d’une démarche individuelle isolée, mais d’un travail en équipe qui prévoit notamment des visites de terrain en commun et des formations.

Les investissements seront concentrés en priorité sur les stations les plus productives, les stations les plus difficiles ou les plus pauvres faisant l’objet d’une gestion extensive.

· Façonner une forêt productive plus stable, plus naturelle, plus diversifiée et plus résiliente

La reconstitution est un acte de gestion durable qui doit permettre l’installation d’une forêt plus stable qui optimise les potentialités stationnelles pour notamment assurer une production soutenue de bois de qualité

La stabilité de la forêt est directement liée à un choix d’essences bien adaptées aux stations - le bon arbre au bon endroit - mais aussi, en général, à des sylvicultures dynamiques:

- Des éclaircies précoces et «par le haut» pour renforcer la stabilité (élancement faible) des tiges dominantes ou les plus vigoureuses et limiter la hauteur du peuplement. A fertilité égale, les futaies denses adultes produisent des arbres plus élancés et plus hauts, donc plus sensible au vent, que les taillis-sous-futaie ou les futaies claires.

- Des éclaircies et des détourages prioritairement au profit des arbres objectifs pour améliorer la stabilité individuelle sans porter préjudice à la stabilité collective par des ouvertures inopportunes.

- Des éclaircies modérées mais fréquentes dans les peuplements adultes trop denses.

- La régénération des peuplements surannés, plus sensibles au vent (régressions racinaires, forte prise au vent...).

- La gestion de lisières étagées et diversifiées pour qu’elles soient perméables au vent et jouent un rôle de «déflecteur», ce qui limite les surpressions sur le front du peuplement et les turbulences afférentes.

- La gestion de peuplements d’essences mélangés, la résistance au vent étant différente d’une essence à l’autre et les systèmes racinaires pouvant être complémentaires, avec une résistance supérieure des essences à enracinement fasciculé quand elles ne sont pas en peuplements denses (chênes, bouleaux, tilleul, charme, hêtre, mélèze d’Europe, érable sycomore...).

Le maintien des arbres et des peuplements restés debout, la priorité donnée à la régénération naturelle en s’insérant dans les dynamiques naturelles de végétation, la gestion extensive des rémanents, le maintien de chandelles et volis, la protection des régénérations et des sous-étages viables, l’application des mesures en faveur de la biodiversité (ONF, 1993), de la gestion raisonnée des cervidés (ONF, 1998) vont conférer à la forêt une plus grande naturalité et une plus grande diversité.

Le gain attendu de toutes ces mesures pour la forêt est davantage de résilience pour mieux faire face à de futures perturbations, c’est à dire une meilleure capacité à cicatriser ses plaies par une reconstitution «rapide» de ses peuplements et de ses populations.

· Protéger les sols

Le sol est le capital-vie de la forêt, il doit être protégé au mieux pour éviter une détérioration grave et durable par tassement et orniérage qui ont un impact superficiel et en profondeur: déstructuration, hydromorphie, asphyxie du sol, stimulation de la germination d’espèces herbacées ou semi-ligneuses sociales concurrentes...

[insérer les 2 photos de sol tassé l’une au dessus de l’autre avec au milieu la légende: «sols présentant un tassement généralisé avec une très forte dégradation suite au débardage effectué en absence de cloisonnement d’exploitation»]. Il faut

- Ouvrir des cloisonnements d’exploitation pour la vidange des bois en y cantonnant les engins qui travailleront au câble ou au bras hydraulique.

- Proscrire la libre circulation des engins sur l’ensemble de la parcelle.

- Disposer des rémanents sur les cloisonnements pour les écraser et protéger davantage le sol des engins.

- Privilégier les engins légers (si possible moins de 4 tonnes) ou à faible portance: chenilles, essieux multiples, pneus basse pression sans chaînes.

- Eviter le travail des engins en période très humide. Sur les sols très sensibles (sols limoneux, sols hydromorphes...) différer impérativement les travaux.

- Favoriser les méthodes de câblage (treuil, câble aérien léger...).

- Maintenir les anciens sous-étages, les arbrisseaux, les arbustes et les semis ligneux.

- Proscrire le décapage et les labours profonds.

- Eviter les travaux de «remise en état du sol» en plein. L’expérience montre que ces travaux sont souvent coûteux, peu utiles voire préjudiciables.

- Limiter la restauration des sols à ceux très compactés (texture limoneuse dominante) complètement déstructurés ou déjà colonisés par un tapis dense d’espèces sociales concurrentes (joncs, crin végétal, fougère aigle...). Dans ce cas un travail localisé est conseillé avec des engins légers: fraisage de potets, cultisoussolage, charrue forestière à disque. Les appareils rotatifs sont à proscrire: perturbation des horizons, battance...

[Insérer la photo du câble - mat monté sur camion avec sa légende à gauche et insérer à droite la photo de la pelle hydraulique avec sa légende.]

· Gérer les rémanents de façon extensive

Ne pas rechercher «l’ordre et la propreté»

Ne pas ajouter des «problèmes aux problèmes».

Il convient bien sûr de ne pas aggraver le préjudice économique subi par les propriétaires et de valoriser les produits commercialisables à marge bénéficiaire à la condition impérieuse de:

- Protéger les régénérations existantes.
- Protéger au mieux le sol en faisant travailler les engins à partir des cloisonnements.

Si la commercialisation des produits secondaires rentables n’est pas possible, il faut savoir que les rémanents d’exploitation ont un effet très bénéfique sur le sol et l’installation de la régénération.

Des quantités élevées de rémanents, jusqu’à 150 m3/ha (surbilles comprises) sont souvent compatibles, pour les principales essences forestières, avec l’obtention d’une régénération naturelle suffisante en qualité et en quantité avec un mélange satisfaisant.

Il est conseillé de:

- Démembrer le gros houppiers feuillu mais pas de façon systématique et généralisée.
- Dégager des rémanents et toiletter les régénérations et les sous-étages viables préexistants.
- Proscrire le brûlage sauf cas très particuliers.
- Proscrire le dessouchage généralisé et l’enfouissement des souches.
- Broyer pour prévenir le feu ou limiter l’insecte ravageur.
- Eviter les andains, les faire petits s’il n’y a pas d’autres solutions alternatives.

[Insérer de façon verticale les 3 photos mars 1990, juillet 2000, mars 2001 avec en titre: «Gestion extensive de rémanents et reconstitution naturelle d’une forêt dévastée en 1990. Forêt domaniale de Jägersburg. Indiquer en légende: station: grès vosgien végétation potentielle: hêtraie acidiphile peuplement initial: hêtraie fermée de 160 ans, volume chablis 585 m3/ha exploitation uniquement à partir de cloisonnements équidistants de 40 m volume de rémanents laissé sur place (surbilles et branches): 200 m3/ha

· Conserver et gérer ce qui est resté sur pied

Il est primordial de:

- Conserver les arbres vivants restés debout (ombrage, potentiel séminal...) sauf cas particuliers.

- Proscrire les coupes de régularisation et de rectification qui déstabilisent les peuplements restés debout à l’exception de quelques coupes localisées pour raison de sécurité, d’accès, de paysage, sanitaire ou pour mettre en lumière des régénérations ou des plants.

- Conserver des chandelles et des volis (biodiversité...) sauf cas particuliers (billes de qualité...)

- Conserver et favoriser les lisières forestières.

- Protéger les régénérations viables et les anciens sous-étages.

- S’adapter aux peuplements forestiers existants même «mités», mais qu’il faut conserver. Le praticien devra gérer cette nouvelle hétérogénéité en la valorisant au mieux sans contraindre les structures dans le cadre du traitement en futaie régulière (futaie claire, futaie clairiérée) ou en futaie irrégulière (futaie par parquets, futaie par bouquets).

[ insérer la photo du peuplement au chablis exploités avec la légende: «Conserver les arbres sur pied, préserver les semis naturels et maintien des rémanents en place». Insérer à coté la photo de la chandelle avec la légende: «La conservation de chandelles est favorable à la biodiversité et peut très bien s’intégrer dans le paysage. Une information peut être faite en direction du grand public pour en expliquer l’intérêt et le maintien.»]

Enfin, la reconstitution doit aussi respecter les habitats naturels et les espèces remarquables, les cours d’eau, les milieux humides et conserver des clairières et des trouées (biodiversité).

· Maîtriser les ongulés et protéger les régénérations

La régulation des populations d’ongulés revêt un caractère stratégique d’application immédiate. Elle doit être adaptée à l’état des populations, à la richesse des biotopes et à l’importance des dégâts.

La protection des régénérations existantes ou attendues est nécessaire pour ne pas hypothéquer l’avenir de la forêt dans les territoires où les dégâts de gibier sont tels qu’ils peuvent compromettre le renouvellement et la diversité naturelle de la forêt.

Enfin, la reconstitution doit, généralement, s’efforcer de rendre la forêt plus accueillante pour la grande faune qu’auparavant.

· Privilégier la régénération naturelle, le mélange d’essences en s’insérant dans les dynamiques naturelles de végétation

«Imiter la nature, hâter son œuvre» (Parade, 1862).

Le forestier travaille avec la nature. La priorité absolue est de privilégier, partout où elle est possible, la régénération naturelle des essences ligneuses en station, de tirer parti de la dynamique végétale en particulier des accrus naturels qui vont protéger et gainer les tiges de valeur mais aussi diversifier les peuplements (bouleau...).

[Insérer la photo de la hêtraie après la tempête de 1941 en FC d’Ance avec sa légende à gauche et la photo de la FD de Meuse-Benoîte-vaux avec comme légende «Régénération naturelle sans dessouchage, sans remise en place des souches, et sans travail du sol en forêt domaniale de Meuse-Benoîte-Vaux- parcelle 16- après la tempête de 1972. Bas-perchis de hêtre mélangé avec l’érable sycomore, le merisier et le chêne.].

Cette démarche nécessite:

- D’étudier les conditions écologiques pour bien maîtriser les caractéristiques déterminantes de la station et les facteurs limitants éventuels. Les catalogues de stations, les cartes de stations, les guides de sylviculture doivent être pleinement valorisés.

- De s’appuyer sur les dynamiques de végétation spontanées et en particulier sur le recrû et les accrus ligneux qui ont une fonction très importante: couverture du sol, aération et restructuration du sol, limitation des espèces sociales concurrentes, abri vertical ou latéral, création d’une ambiance forestière, peuplement de bourrage, recrutement et éducation des tiges d’avenir, augmentation de la biodiversité, reconstitution paysagère rapide, production de produits intermédiaires prisés de qualité (bouleau, sorbiers, merisier, alisier torminal...).

[ insérer la photo du recrû naturel de hêtre de 14 ans sous accru naturel de bouleau avec sa légende]

- De prévenir ou surmonter les phases de blocage dues à la végétation herbacée ou semi-ligneuse: protéger les sols, conserver des rémanents au sol, démembrer les houppiers en présence de ronce ou de lianes, conserver les arbres sur pieds ou les lisières (ombrage), planter si nécessaire soit les essences objectifs, soit des essences transitoires, lutter de façon manuelle ou mécanique, lutter de façon chimique, avec toutes les précautions d’usage, s’il n’y a pas d’autre solution opérante.

· Attendre et observer pour agir

Il est généralement fondamental de ne pas se précipiter dans le processus de reconstitution sauf dans certaines situations: substitutions d’essences, de provenances, risque de blocage par des espèces sociales concurrentes...

Il est fortement recommandé, sur le plan technique, de privilégier la patience et l’observation en se donnant, avant d’envisager des plantations, un délai jusqu’à:

- 5 ans sur les stations «bonnes ou faciles».
- 10 ans sur les stations «médiocres ou difficiles ou en altitude».

Au cours de cette période, l’observation, chaque année, du développement de la régénération naturelle et des accrus est une condition indispensable pour réussir l’installation du peuplement et engager uniquement les travaux jugés indispensables au bon moment: dégagement, intervention au profit des tiges de qualité les plus vigoureuses, enrichissement éventuel, regarni...

L’observation va fournir l’état de la régénération et de la dynamique de végétation. La succession des travaux n’est donc pas déterminée à l’avance a priori une fois pour toutes, mais elle est déterminée par l’observation.

Au terme de ce délai un bilan de régénération sera réalisé par parcelle afin de déterminer les travaux de plantations éventuels à réaliser.

[Insérer de façon verticale à droite du texte des deux derniers sous-tires les 4 photos avec en titre «reconstitution naturelle en forêt de Bad Wildbad) après la tornade de 1986. Illustration du processus sur 10 ans. Légende: «

- station: grès du Buntandstein moyen

- végétation potentielle: hêtraie-sapinière montagnarde

- peuplement initial: Sapinière-pessière- pineraie de 70 à 150 ans.

- Chablis: 60 000 m3

- Après plantation la régénération naturelle s’est installée (12 100 tiges/ha) et a supplanté les essences plantées.

- A moins de 75 m des lisières le sapin, le hêtre, l’épicéa dominent, au delà de 150 m les pionniers dominent

- La pression des grands herbivores est déterminante sur la vitesse de reconstitution

- La diversité en essences est plus grande que le peuplement initial avec 9 essences non plantées

- Les essences économiquement intéressantes et adaptées à la station dominent

· Planter si nécessaire, en respectant la bonne adéquation stations-essences-provenances

La régénération naturelle n’est pas toujours possible ou souhaitable:

- Substitution d’essences peu adaptées à la station.
- Peuplements en place de qualité médiocre.
- Provenance mal adaptée.
- Déficit de semenciers viables.
- Envahissement par des espèces herbacées sociales ou semi-ligneuses (fougère aigle, jonc, crin végétal, lianes...)

Dans ces situations, la plantation s’impose, et le plus souvent, il n’est pas utile d’attendre sauf dans les cas ou une plantation dans un peuplement de bourrage est possible.

Mais la plantation est également requise en enrichissement pour améliorer et diversifier la forêt, en regarni pour compléter de la régénération naturelle...

S’il est bien sûr banal - mais fondamental - de rappeler l’impérieuse nécessité de bien tenir compte du contexte stationnel (catalogue de stations, cartographie de stations, diagnostic ou étude de potentialités...) pour asseoir un choix d’essence pertinent, la provenance des plants ou des graines, si possible locale, est tout aussi importante car elle conditionne l’avenir du peuplement, sa qualité et sa production. Il convient de reporter les travaux de plantations en cas d’indisponibilité de la provenance adaptée.

· Suivre et évaluer les reconstitutions

Pour faire progresser les connaissances, tirer les enseignements utiles des itinéraires de reconstitution mis en oeuvre, pour évaluer la pertinence des choix de gestion, il est fondamental d’observer et de conserver la mémoire. Un dispositif à trois dimensions doit jouer ce rôle:

- Le renseignement des sommiers de la forêt.
- La mise en place de «l’observatoire post-tempêtes» constitué de placettes.
- La création de réserves intégrales dans des peuplements détruits afin d’observer à long terme le devenir de la nécromasse végétale et les dynamiques naturelles de reconstitution.

En guise de conclusion

La problématique de la reconstitution inspire d’abord à l’humilité, beaucoup d’hypothèses de travail restent à confirmer, de connaissances à préciser ou à nuancer selon les essences, les stations, les modalités de l’exploitation forestière. Le suivi et l’évaluation des reconstitutions, mais aussi l’appui technique, permettront de renforcer les savoir-faire, d’affiner, voire d’infléchir la doctrine, au fur et à mesure que les connaissances progresseront.

Mais au delà de la gestion de l’impact des tempêtes et de la reconstitution, la stratégie de reconstitution préconisée est aussi une invitation à approfondir les réflexions sur les évolutions souhaitables de nos sylvicultures. Elle ouvre la voie à des sylvicultures moins interventionnistes, tirant mieux profit de la régénération naturelle, des dynamiques de végétation, des potentialités de la station, de la diversité biologique pour notamment façonner des peuplements de qualité ayant une valeur économique, écologique et paysagère élevée.

Frédéric MORTIER
Responsable de la mission aménagement forestier-sylvicultures-reconstitution
Direction technique de l’Office national des forêts
2 avenue de Saint-Mandé -75 570 PARIS cédex 12
tel (33)1 40 19 59 09 - fax (33)1 40 19 59 42
[email protected] / [email protected]

Bibliographie

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INRA/Cemagref/Gip Ecofor/IDF/ONF - Expertise collective sur les tempêtes, la sensibilité des forêts et sur leur reconstitution - Birot (Y.), Terrasson (D.), Formery (Ph), Roman-Amat (B.), Laroussinie (O.). Courrier de l’environnement de l’INRA, octobre 2000, n° 41, pp 57-77, Versailles.

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