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Le développement forestier durable au Québec dans une perspective historique

Harold Tremblay


Résumé

Au cours des trois derniers siècles, la forêt a été source de vie pour les communautés qui ont habité le Québec. Mais qu'en est-il aujourd'hui?

Sous le thème «La forêt, source de vie», c'est toute la question du développement forestier durable qui est posée. Bien qu'elle ait supporté le développement de la société québécoise jusqu'à maintenant, force est de constater que notre forêt est relativement dégradée, tant sur le plan de son intégrité et des écosystèmes qu'elle supporte, que sur celui de la qualité des sols et de l'eau. Même en accélérant son exploitation, les bénéfices qu'en retirent les communautés qui en vivent sont aujourd'hui insuffisants pour soutenir le maintien de nos régions ressources.

Est-il possible de renverser cette situation et de faire en sorte que les forêts québécoises continuent d'être une source de vie pour les citoyens du Québec et pour l'ensemble de la communauté internationale. On doit se rendre à l'évidence: le mode de gestion actuel de nos forêts qui s'appuie sur les Contrats d'approvisionnement et d'aménagement forestier (CAAF) signés avec les industriels forestiers, n'est plus capable de garantir, à lui seul, l'atteinte de l'ensemble des objectifs auxquels nous convie le développement forestier durable.

Tout en ayant constamment à l'esprit la conservation de la biodiversité, le maintien des fonctions planétaires de la forêt et la pérennité des ressources, le Québec devra s'orienter résolument vers des modes de gestion qui s'appuient sur la mise en valeur de l'ensemble des ressources du milieu forestier et la gestion intégrée des ressources. La reconstruction de notre capital forestier devra être considéré comme une priorité nationale. Le choix des moyens mis de l'avant pour atteindre ces objectifs devra être guidé par la recherche de retombées structurantes sur le plan socio-économique pour les communautés qui vivent de la forêt.


Introduction

Sous le thème «Forêt source de vie» c'est toute la question du développement forestier durable qui est posée par ce XII ième congrès forestier mondial. Les enjeux, lorsque l'on parle de ce concept, ce sont les retombées, pour les communautés humaines, de l'utilisation et de la conservation des ressources forestières: Que l'on se préoccupe de protéger la biodiversité, les sols, l'eau, les écosystèmes ou les fonctions planétaires des forêts, c'est pour le bénéfice des humains qui vivent aujourd'hui et qui vivront dans le futur sur cette planète que nous voulons assurer une saine utilisation et la protection de ce milieu de vie. Sommes-nous sur la bonne voie?

Un bref rappel historique nous permettra de voir comment au cours des trois derniers siècles la forêt a été une source de vie pour les gens qui ont habité le Québec. Nous pourrons par la suite nous pencher sur son état actuel afin d'évaluer sa capacité de supporter le maintien ou le développement des communautés qui vivent de cette forêt. Enfin nous pourrons avancer quelques pistes de solution sur les orientations forestières à envisager pour nous assurer que la forêt demeure toujours une source de vie importante pour les communautés du Québec.

I Regard historique sur la forêt source de vie au Québec

Avant la «découverte» de l'Amérique par les européens, les peuples autochtones ont vécu dans cette forêt pendant des millénaires en s'appuyant sur ses ressources (eau, faune végétation) pour s'abriter, se chauffer, se vêtir, se nourrir. L'utilisation qui a été faite de la forêt au cours de cette période a apporté aux communautés toutes les retombées qu'elles en attendaient, sans que l'écosystème naturel ne soit modifié ou affecté de façon importante.

Avec l'arrivée des européens, la forêt a également été source de vie pour les premiers colons et les coureurs des bois. Ces derniers qui l'ont parcouru pour faire la traite des fourrures se sont aussi servi de ses ressources pour s'abriter, se vêtir, se nourrir et se chauffer. Les colons qui ont défriché la forêt pour développer une agriculture de survivance et pour implanter villes et villages ont marqué le début du recul des territoires forestiers au Québec au profit des territoires agricoles et urbains. Bien que l'impact de cette occupation initiale du territoire ait été relativement restreint, ce sont les écosystèmes les plus riches du sud du Québec qui ont été les plus affectés, soit les zones de l'érablière à caryer et de l'érablière à tilleul.

Dès le début de la colonie et en particulier au cours des années 1700, les écosystèmes à pins blancs et à chênes que l'on retrouvait principalement dans l'ouest du Québec et le long du Saint-Laurent ont été exploités pour la construction navale.

Au début du 19 ième siècle, avec l'avènement de la société industrielle et l'augmentation de l'effort de colonisation, le territoire forestier a été affectée de façon plus importante. Les gouvernements ont alors octroyé des terres afin de favoriser la colonisation du territoire et ont accordé des concessions forestières et des terres privées aux industriels pour leur permettre de développer des usines et pour créer des emplois. Les grandes forêts d'épinette blanche dont les arbres atteignaient souvent plus de 30 mètres de hauteur et plus de 1 mètre de diamètre ont alors été exploitées par l'industrie des pâtes et papiers.

Le développement accéléré des villes et villages partout en Amérique du nord au cours de cette période a également créé une forte demande pour les bois de construction et d'ébénisterie. C'est ainsi que les plus belles forêts d'érable à sucre, de frênes, de merisiers, de chênes et autres essences nobles ont été écrémées de leurs plus belles tiges.

Pour leur part, c'est au cours des trente dernières années que les grandes forêts nordiques d'épinette noire ont subi les contrecoups du développement de l'industrie québécoise du sciage résineux.

II Bilan de l'état actuel du territoire forestier québécois

Ce bref historique de l'utilisation de la forêt québécoise nous permet de mieux comprendre l'état actuel de notre forêt et d'en dresser un bilan en termes d'intégrité du territoire forestier, de maintien de la productivité des écosystèmes, de l'état des cours d'eau et des sols, de la disponibilité des ressources forestières et en termes de retombées pour les différents groupes de la société.

Intégrité du territoire forestier

Bien que des aires protégées devront éventuellement être créées au Québec, afin de conserver des exemplaires de nos écosystèmes forestiers naturels, notre territoire forestier est encore suffisamment vaste pour supporter le développement forestier durable. Considérant les 375 000 km2 de forêt publique et privée aménageables, et un rendement potentiel moyen de 1,5 m3/ha/an, les volumes pouvant être produits dépasseraient les plus hauts volumes annuels jamais récoltés au Québec.

État des cours d'eau et des sols

La plupart des cours d'eau du Québec ont été utilisés à un moment ou à un autre de leur histoire pour le transport du bois. Ces écosystèmes hydriques, en raison de l'érosion des berges qu'ils ont subi et de la sédimentation qui en a résulté ne seront plus jamais les mêmes.

En ce qui concerne les sols, la situation n'est guère plus reluisante, mais pour d'autres raisons. En effet, dans le Québec méridional, le processus de pédogenèse aidé par l'action du gel et un climat relativement chaud en été permet un renouvellement constant des sols forestiers. Le processus de recyclage des éléments relativement lent permettrait normalement un bon cyclage des éléments nutritifs. Toutefois, tel que démontré par les résultats de travaux de recherche réalisés sur les pluies acides depuis les années 1980, tout le territoire du Québec méridional est fortement affecté par ce phénomène. Les éléments nutritifs contenus dans nos sols sont lessivés à un rythme qui nuit à la croissance forestière. Plusieurs de nos espèces commerciales pourraient être grandement affectées au point où il faudra revoir toutes nos données sur la croissance forestière et corriger tous nos calculs de possibilité forestière en conséquence.

Productivité des écosystèmes

Plusieurs écosystèmes ont été affectés d'une façon extensive au cours des années 1700 à 1850 et d'une façon plus intensive depuis le début du 19ième siècle.

Les grandes forêts de pins blanc et de chênes multi-centenaires ont disparu du paysage forestier québécois. Bien que les chênes et les pins blancs se soient régénérés partiellement, dans la plupart des cas, ces essences sont aujourd'hui beaucoup moins présentes qu'elles ne l'étaient à l'époque dans les peuplements. Elles ont été remplacées par des essences de seconde venue. En général, la rotation des récoltes sur ces territoires est trop brève pour permettre le retour de peuplements d'aussi grande valeur.

Les plus belles tiges des peuplements contenant des essences feuillues de haute qualité comme le frêne, l'orme, le merisier, le cerisier, le tilleul et le chêne ont été récoltées. Ces forêts riches ont elles aussi été remplacées par des forêts de seconde venue, dominées par l'érable rouge, le hêtre, le cerisier de pensylvanie, le peuplier faux-tremble et le bouleau gris. On peut donc qualifier ces forêts de dégradées ou de déficitaires par rapport à leur potentiel puisqu'elles ne possèdent souvent même plus les quelques spécimens de qualité qui permettraient éventuellement de reconstruire progressivement le peuplement.

Les écosystèmes à épinette blanche ont aussi été exploités de façon relativement intensive. Ces forêts ont été remplacés par des peuplements de seconde venue dominés par le sapin, le pin gris, le bouleau blanc et le peuplier faux-tremble. L'épinette blanche est toujours présente dans ces peuplements, mais la place qu'elle occupe et ses dimensions sont aujourd'hui beaucoup moindres.

Les pessières à épinette noire du nord québécois ont été relativement peu affectées jusqu'au début des années 50 en raison de leur éloignement. Depuis, la récolte forestière en bois résineux se fait en grande majorité dans ces peuplements. La régénération de sapin baumier y est très agressive. Aujourd'hui, le diamètre et la qualité des tiges récoltées dans ces peuplements ne cessent de diminuer au fur et à mesure que l'on avance dans le temps et que l'on se dirige vers le nord.

Disponibilité de matière ligneuse en qualité et en quantité

En conséquence de la situation que l'on vient d'exposer, on observe aujourd'hui, dans plusieurs régions du Québec, des réductions importantes des approvisionnements en bois des usines.

En Gaspésie et au Bas Saint-Laurent, les volumes d'approvisionnements ont récemment été réduits de 20 à 40 %. En Abitibi, au Saguenay/Lac St-Jean et sur la Côte Nord, les industriels considèrent, au mieux, en avoir pour une trentaine d'années avant de liquider les grands blocs de forêts mûres de ces territoires nordiques. Les forêts issues des coupes réalisées depuis les années 50 seront-elles alors à nouveau prêtes à être récoltées?

Plus au sud, dans le domaine des forêts feuillues, pour avoir une idée de l'état de ces forêts, nous n'avons qu'à considérer le fait que plus de 80 % de l'approvisionnement des usines transformant des bois feuillus de qualité proviennent aujourd'hui des Etats-Unis en raison de la rareté grandissante de ces bois au Québec.

Les retombées socio-économiques pour les communautés

Ce qui a permis à l'industrie forestière de continuer à se développer dans un tel contexte, c'est sa performance exceptionnelle au chapitre des activités de récolte et de transformation des bois.

Bien que la production des usines de sciage ait doublée au Québec entre 1991 et 1999, les emplois en usine diminuent d'année en année, victimes de cette efficacité et de cette productivité dans nos activités de transformation. La mécanisation des activités de récolte a aussi entraîné une diminution importante des emplois en forêt. Les ouvriers forestiers doivent aujourd'hui acheter des machines coûteuses pour pouvoir travailler et subissent de ce fait des pressions énormes qui réduisent leur qualité de vie. En ce qui concerne les travailleurs sylvicoles, ce sont parmi les emplois les plus durs, où les conditions de travail sont les plus difficiles et où les salaires sont les moins intéressants de tout le secteur forestier. Il est d'ailleurs de plus en plus difficile de recruter dans ce domaine.

Avec cette diminution des emplois en forêt et en usines, les retombées de l'utilisation de la forêt déclinent pour les communautés locales de même que leur prise sur leurs seuls outils de développement.

III Conditions en vue de maintenir à portée de vue l'objectif Forêt source de vie.

La question que l'on doit se poser à ce stade-ci est la suivante: Le mode de gestion des forêts du Québec, qui s'appuie principalement sur les contrats d'aménagement et d'approvisionnement forestier (CAAF) avec l'industrie forestière, est-il toujours approprié, aujourd'hui, pour répondre aux enjeux réels qui se profilent derrière les principes du développement durable qui ont été inscrits dans la Lois des forêts?

Ces enjeux se résument bien dans les volontés réelles de la population en regard des territoires forestiers: Une utilisation plus polyvalente des ressources forestières, l'implantation de modes de gestion intégrée des ressources, une participation réelle aux choix et à la planification des activités de mise en valeur, l'accroissement des retombées locales de la mise en valeur du patrimoine forestier sont parmi les plus importantes.

S'appuyant sur cette expression des volontés de la population et sur le bilan de l'état du milieu forestier qui précède, nous présentons ici quelques propositions visant à renverser la situation de déclin que nous observons dans le monde forestier et dans les régions du Québec.

A) Création d'aires protégées et protection de forêts exceptionnelles

Si l'on considère l'état de nos écosystèmes et de la biodiversité qu'ils doivent normalement supporter, il est urgent que nous conservions les derniers spécimens des peuplements forestiers représentatifs de l'ensemble des forêts du Québec.

B) La reconstruction d'un capital forestier de grande valeur

Une des principales raisons du piètre état de notre forêt réside dans le fait que, depuis que nous l'exploitons, nous avons considéré qu'elle se régénérait par elle-même en une forêt de même valeur. Ce n'est malheureusement pas toujours le cas. Bien que l'industrie doive dorénavant assurer le renouvellement de forêts aussi productives que les forêts coupées, ces forêts que nous récoltons aujourd'hui, en particulier dans la partie méridionale du Québec, sont dégradées et déficitaires par rapport à ce qu'elles ont déjà été et par rapport à leur potentiel.

Il faut donc reconstruire les forêts de ces territoires. L'aménagement plus intensif et la reconstruction des forêts devrait principalement s'appliquer dans les zones les plus productives du Québec méridional actuellement couvertes de forêts de seconde venue. En vue de rétablir l'intégrité des écosystèmes naturels, les travaux sylvicoles réalisées devraient viser à accroître progressivement la proportion de tiges de meilleure qualité en essences caractéristiques des stades climaciques qui croissent normalement dans chaque régions écologiques.

C) Par et Pour les gens des communautés locales qui tentent de vivre de la forêt

L'État étant propriétaire des terres publiques, l'ensemble des citoyens du Québec se trouveront à investir dans cette reconstruction de nos forêts. Aussi, dans la mise en place de ce programme d'aménagement plus intensif des forêts, toujours dans le but de mieux respecter les principes du développement durable, le gouvernement devra profiter de l'occasion pour développer, avec et en s'appuyant sur les communautés locales, un patrimoine forestier qui leur appartiendra en propre et qui deviendra un outil majeur de leur développement, non pas à titre de sous-traitants de l'industrie, mais à titre de gestionnaires de leur territoire d'appartenance.

D) Favoriser l'approvisionnement des usines de deuxième transformation

De nouvelles règles devront s'appliquer dans les calculs de possibilité forestière, pour tenir compte de la récurrence des feux et des épidémies d'insectes, des effets réels des traitements sylvicoles, des périodes de révolution des peuplements, de l'influence des pluies acides, etc. Aussi plusieurs ajustements à la baisse devront probablement être apportés aux attributions de volumes d'approvisionnement en bois de l'industrie. Afin de contrer la diminution de l'activité économique qui en résultera, il sera essentiel de favoriser le développement des activités de deuxième transformation des bois.

Les attributions de volumes d'approvisionnements en bois aux usines devraient être révisées périodiquement en fonction du rendement et de l'efficacité des usines dans les activités de première transformation et de leur implication dans des activités de deuxième transformation.

E) La mise en valeur de l'ensemble des ressources du milieu forestier

Compte tenu de l'état actuel de notre capital forestier, au delà de toutes ces mesures «forestières», il sera essentiel de considérer la mise en valeur des autres ressources du milieu forestier pour maintenir l'apport de la forêt à la socio-économie des régions.

Déjà plusieurs petites entreprises locales s'impliquent dans la production de biens et services qui constituent un apport économique additionnel non négligeable en provenance du milieu forestier. La production de petits fruits sauvages, de produits acéricoles, de champignons, d'arbres de Noël, les activités de chasse et de pêche, les activités récréatives de toutes sortes sont parmi celles-ci. Une planification et une intégration beaucoup plus poussée des différentes interventions en forêt devront être réalisés afin de permettre le déroulement harmonieux de plusieurs de ces activités.

F) Des modes de gestion intégrée des ressources du milieu forestier

Ces cinq premières propositions nous amènent immanquablement à une sixième proposition qui devient un aboutissement normal et obligé des cinq premières. Afin de permettre l'implantation de nouvelles activités de mise en valeur, d'assurer la reconstruction de nos forêts et surtout de nous assurer que ces activités de développement contribueront à revitaliser les communautés rurales et régionales, il faudra dorénavant favoriser l'émergence et la mise en place de nouveaux modes de gestion complémentaires mieux adaptés à ces nouveaux objectifs.

Dans les zones «à aménagement extensif», où les intervenants sont moins nombreux, le mode de gestion des CAAF pourrait continuer à s'appliquer selon les règles actuellement en vigueur.

Dans les zones «à utilisation plus intensive», pour mieux considérer les objectifs de l'ensemble des utilisateurs et pour contrer les difficultés qui se profilent à l'horizon avec l'agrandissement des aires communes et l'introduction dans les contrats de la coresponsabilité des «bénéficiaires», ne pourrait-on pas s'inspirer de la formule des Agences de mise protection et de mise en valeur de la forêt privée?

Pour chaque unité d'aménagement, on pourrait créer un organisme de gestion, sans but lucratif, indépendant de toute forme d'utilisation du territoire et des ressources qui aurait pour rôles et responsabilités de:

La gestion réalisée par ces organismes dirigés par des équipes multidisciplinaires de professionnels et de techniciens serait soumise à un processus de certification environnementale.

Déjà quelques industriels forestiers ont formé des sociétés semblables qui agissent comme mandataires de gestion sur une aire commune. Il ne resterait qu'à inviter les autres intervenants du milieu à en faire partie et à élargir le mandat de l'organisme à la gestion intégrée de l'ensemble des ressources du milieu.

Les forêts publiques de banlieue, situées à proximité des usines et des zones habitées devraient être aménagées plus intensivement pour l'ensemble des ressources qu'elles renferment. L'implantation de projets de Forêt habitée serait probablement l'une des formules les mieux adaptées pour atteindre bon nombre des objectifs poursuivis actuellement par la Loi des forêts, dont la gestion intégrée des ressources, l'aménagement plus intensif des forêts, l'accroissement des retombées de la mise en valeur des ressources du milieu pour les communautés locales, l'amélioration des conditions de vie des travailleurs forestiers, la participation des différents utilisateurs à la gestion des forêts, etc.

Comme le démontre l'expérience des dernières années dans l'application de ce concept, ces projets, pour être viables et livrer les résultats attendus, devront pouvoir s'appuyer sur l'obtention de droits clairs sur les ressources forestières, fauniques et récréatives du territoire. Les projets de la Forêt de l'Aigle dans l'Outaouais et celui des Monts Gosford dans l'Estrie sont parmi les projets pilotes qui fonctionnent le mieux justement parce qu'ils ont pu s'appuyer sur ces droits pour se développer.

Conclusion

Dans cette recherche du développement forestier durable, il ne sera pas suffisant de maintenir le schème traditionnel d'une activité industrielle engendrant des emplois et des salaires; il faudra nécessairement envisager des approches qui favoriseront la prise en mains de la gestion de leur patrimoine forestier par les communautés qui vivent de la forêt afin de leur permettre d'assurer eux-mêmes leur maintien et leur développement à long terme.

Le choix des moyens de réaliser le développement forestier durable pourra faire toute la différence entre le maintien de la tendance actuelle ou l'espoir pour les communautés des régions que la forêt peut être à nouveau source de vie au Québec.

Ouvrages consultés

Ressources et industries forestières, Portrait statistique, Édition 2002, Ministère des ressources naturelles du Québec.

Tremblay, H., 1999. L'aménagement forestier durable des forêts nordiques, Rapport interne, Ministère des ressources naturelles.

Tremblay, H., 1997. Les plantations d'arbres améliorés: Des rendements accrus sur les plans forestier et social, Rapport interne, Ministère des ressources naturelles.

Brunette, V. et al., 1997. L'analyse socio-économique à l'heure du développement durable, Rapport du Groupe d'action sur la recherche socio-économique dans le secteur forestier.

Deffrasne R. et al., 1995. La gestion des ressources du milieu forestier habité, Rapport du Groupe de travail interministériel sur la Forêt habitée.

Tremblay et al., 1991. L'état du milieu forestier et l'effort de sylviculture au Québec, Présentation à l'occasion du colloque Sylviculture Conférence en 1991.

Dubé, Y. et al., 1975. Le développement communautaire par l'aménagement du territoire, Rapport de l'ordre des ingénieurs forestier du Québec