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L’institut Européen de la Forêt Cultivée au service de la propriété forestière

Michel Arbez


Résumé

L’IEFC est une association regroupant des organismes de recherche et de développement s’intéressant à la gestion durable des forêts cultivées. Cette association utilise tous les outils de communication classiques pour animer la coopération scientifique en son sein et favoriser le transfert des connaissances vers les gestionnaires. Initié grâce au projet EUROSILVASUR, qui a permis la réalisation de quelques ouvrages emblématiques comme l’atlas forestier de l’arc sud atlantique et le guide des insectes et maladies des forêts du sud de l’Europe, cet institut joue un rôle clef dans le montage de deux grand projets prenant en compte les préoccupations des sylviculteurs: un projet de recherche fondamentale européen sur le secteur forêt bois, et un projet de recherche appliquée sur les indicateurs de gestion durable.

De cette initiative, nous pouvons retenir plusieurs intérêts extrapolables dont: un affichage commun sur une thématique forestière qui facilite la représentation internationale, une plateforme d’échange pour le montage de projet de recherche, une plate forme de stockage pour le partage de données communes, et un moteur pour la diffusion des progrès scientifiques auprès des propriétaires.


Un réseau pour la gestion durable des forêts cultivées

Une thématique: la gestion durable des forêts cultivées

L’IEFC vise à faire progresser la gestion durable des forêts cultivées en Europe. Ses objectifs scientifiques concernent le développement d’outils, et de réseaux d’observation de terrain, permettant de mesurer, de suivre et de prédire l’évolution des forêts cultivées, depuis l’amont jusqu’à l’aval industriel (biologie et socio-économie des filières régionales forêt-bois-papier). Cette activité doit se traduire par la mise en réseau des observatoires forestiers existants (croissance et ressource en bois, bilans écophysiologiques et fixation de carbone, surveillance phytosanitaire, indicateurs d’activités socio-économiques de la filière...), la constitution de bases de données compatibles, l’élaboration de modèles et la recherche des valeurs de référence des indicateurs de qualité de la gestion forestière.

L’IEFC entend ainsi contribuer aux efforts européens de certification et développer des outils de monitoring et d’aide à la décision utiles aussi bien aux gestionnaires qu’aux décideurs régionaux.

Les moyens choisis par l’IEFC pour atteindre son objectif, comprennent:

Une structure de coopération scientifique proche des propriétaires

L’IEFC est une organisation non gouvernementale à vocation internationale, initiée par les professionnels d’Aquitaine et mise en route grâce aux crédits du projet européen EUROSILVASUR de l’Union des Sylviculteurs du Sud de l’Europe.

Ce consortium regroupe plus de 23 organisations membres, associant les propriétaires forestiers (USSE), les organismes de gestion et de développement forestier (TRAGSA, Gestión ambiantal viveros y repoblaciones, CRPF, ...), les organismes de formation supérieure (Universités, ENITA, UTAD, UCD,...) et les organismes de recherche (INRA, ISA,...).

Bien qu’ayant une présidence portugaise, la zone d’influence de l’IEFC s’étend sur toute la façade atlantique de l’Europe, et des partenariats intercontinentaux sont en train de se mettre en place. L’IEFC est un centre régional du European Forest Institute (EFI), institut de recherche européen basé en Finlande, et lui sert de relais avec les régions du sud.

Grâce à ce réseau, l’IEFC qui est une structure légère, peut mobiliser plus de 300 scientifiques pour des projets de recherche et de développement au service des sylviculteurs.

Des groupes thématiques qui travaillent sur des projets pluridisciplinaires

La constitution des groupes thématiques

La thématique centrale de l’IEFC est l’amélioration de la gestion durable de forêts cultivées;

Une des premières étapes de la construction d’un réseau thématique est d’identifier les compétences nécessaires au réseau. A cette fin, nous avons profité du projet EUROSILVASUR pour constituer des groupes thématiques autour de mini-projets.

C’est ainsi que désormais nous disposons de sept groupes:

Pour compléter le travail d’identification des compétences, nous sommes en train de réaliser un annuaire basé sur la classification IUFRO des scientifiques participants au réseau.

Ainsi les gestionnaires qui veulent poser une question précise au réseau peuvent s’adresser soit aux coordinateurs des groupes thématiques, soit chercher dans l’annuaire interne quel est le correspondant le plus proche.

Des réalisations à destination des professionnels

Atlas forestier de l’arc sud atlantique

Cet atlas forestier de l’arc atlantique sud présente les principales caractéristiques du milieu, les peuplements forestiers en présence, les informations relatives à leur santé et leur conservation, ainsi que les données socio-économiques de la filière dans les régions concernées. Cet ouvrage se termine par une présentation de forêts typiques que l’on rencontre dans chacune des régions. Une version en ligne et actualisée sera disponible sur le site internet de l’IEFC, www.iefc.net.

Guide sur les ravageurs forestiers

Ce guide a été réalisé par le groupe Foresthealth. Il regroupe 61 fiches décrivant les insectes et ravageurs de 5 espèces forestières fréquemment rencontrées dans les forêts cultivées du sud ouest de l’europe. Sur chaque fiche les informations suivantes sont précisées:

Toutes ces fiches sont dans un classeur que les membres du réseau pourront compléter ou mettre à jour au fur et à mesure de l’évolution des techniques et des connaissances.

Une version quadrilingue est aussi disponible pour le grand public sur le site internet de l’IEFC.

Ce guide est disponible en quatre langues (français, espagnol, portugais et anglais) pour être utilisable par tous les gestionnaires, qui trouveront ainsi des informations adaptées à leur contexte régional. Il servira de base à la mise en place d’un réseau de suivi de l’état sanitaire des forêts cultivées au niveau international.

Base de données modèle

Disponible aussi en accès libre sur le site internet de l’IEFC, une base de données recensant les modèles forestiers développés en Europe est en ligne. Cette base permet à quiconque de savoir par espèces si nous disposons de modèles de croissance (ou autres), de quand ils datent, à quelle région et dans quel contexte on peut utiliser ces modèles, et enfin si le modèle est déjà intégré dans un logiciel. Tout visiteur peut rajouter des modèles à la liste et des modérateurs vérifient les informations proposées.

Grâce à cet outil, nous espérons identifier les lacunes en terme de modélisation et éviter que des membres de l’institut ne développe des recherches sur des thèmes déjà explorés par d’autres. Nous permettons aussi aux forestiers de suivre l’évolution des progrès de la modélisation en temps réel, sans avoir à chercher dans les publications scientifiques.

Perspectives

Maintenant que l’institut a pu être lancé grâce au projet EUROSILVASUR, il est actif dans le montage de projets faisant intervenir ses membres. Parmi les projets en cours ou à venir nous en citerons deux:

IMACFORD

Est un projet réalisé en partenariat avec l’EFI, qui a pour but de construire un programme de recherche européen pour la période 2003-2008. Ce projet s’appuie sur deux séries de consultations:

A l’issue de ces consultations un programme de recherche sera construit avec la participation de l’IEFC, et proposé au financement de la CE.

FORSEE

Est un projet très orienté développement, qui a pour objectif de tester sur un réseau de zones pilotes les indicateurs de gestion durable qui sont proposés par les organismes internationaux, les centres de recherche et les entités de certification, afin d’évaluer leur faisabilité, leur pertinence, et leur coût.

Conclusion

L’IEFC est un exemple de coopération scientifique autour d’une thématique forestière sensible dans les régions atlantiques d’Europe: la forêt cultivée. Ce réseau permet de créer des synergies fortes et d’assurer de la continuité dans les échanges inter-organismes au bénéfice des utilisateurs finaux que sont les forestiers et le secteur forêt bois.

En conclusion, le succès de cette opération repose sur plusieurs facteurs dont:

- La confiance et la transparence; tous les organismes qui participent à l’institut doivent savoir ce qui se fait et à tout moment pouvoir donner leur opinion.

- Un outil de communication important: la structure doit être en mesure d’assurer la cohésion du réseau en utilisant les moyens adaptés à chaque type de partenaires: colloques, ouvrages, lettre de communication, site internet, bases de données,...

- La non substitution: les services rendus ne doivent pas correspondre à des activités déjà couvertes par les membres du réseau. La structure de gestion doit être légère, et c’est chaque membre qui contribue selon ses compétences.

- L’affichage d’un objectif clair est constant: de l’extérieur, on doit savoir à quoi sert le réseau facilement, et l’intérêt qu’il y a à le rejoindre.