C 2003/INF/8


Conférence

Trente-deuxième session

Rome, 29 novembre - 10 décembre 2003

PRIX EDOUARD SAOUMA 2002-2003


1. En novembre 1993, à sa vingt-septième session, la Conférence de la FAO a adopté la Résolution 2/93 instituant, à titre permanent, un Prix décerné à un institut national ou régional ayant exécuté de façon particulièrement efficace, durant l'exercice biennal précédant la Conférence, un projet financé par le Programme de coopération technique (PCT). Ce Prix porte le nom de M. Edouard Saouma et vise les objectifs qu'il a toujours servis. Il est décerné à chaque exercice biennal.

2. Ce prix consiste en: i) une médaille gravée au nom de l'institut bénéficiaire; ii) un certificat décrivant ses réalisations; iii) une somme de 25 000 dollars EU en espèces; iv) un voyage au Siège de la FAO à Rome pour un représentant de l'institut lauréat, qui participera à la cérémonie et se verra remettre le Prix au nom de l'institut.

Sélection de l'institut lauréat

3. L'institut lauréat du Prix est choisi par le Comité de sélection du Prix Edouard Saouma, placé sous la présidence du Directeur général et composé du Président indépendant du Conseil, du Président du Comité du Programme et du Président du Comité financier. Le choix s'effectue à partir d'une liste restreinte dressée par un Comité de sélection interdépartemental ad hoc présidé par le Directeur général adjoint et composé des Sous-Directeurs généraux de tous les départements du Siège, du Directeur de la Division des opérations de terrain et du Chef de l'Unité du programme de coopération technique faisant office de secrétaire.

4. Les propositions de candidatures sont présentées par les instituts nationaux aux Représentants de la FAO ou aux Représentants résidents du PNUD, selon le cas, pour être approuvées puis transmises au département technique compétent chargé du soutien au projet. Les Représentants de la FAO, les Représentants régionaux de la FAO ou les Représentants résidents du PNUD, selon le cas, peuvent aussi soumettre des candidatures directement au département technique intéressé.

Remise du Prix

5. Le prix est remis par le Directeur général au représentant de l'institut lauréat, à l'occasion d'une cérémonie organisée à cet effet au début de chaque session ordinaire de la Conférence. Le prix pour l'exercice 2002-2003 sera attribué à la trente-deuxième session de la Conférence de la FAO lors d'une cérémonie qui se tiendra le vendredi 29 novembre 2003.

6. Cette année, le prix sera décerné conjointement à deux instituts nationaux qui se sont autant distingués l'un que l'autre dans l'exécution de leurs projets de PCT. Compte tenu de la contribution exceptionnelle de ces deux instituts, l'Organisation propose de leur remettre le prix et suggère qu'ils se partagent la somme en espèces.

7. Chacun des instituts nationaux dont la candidature a été proposée a obtenu des résultats remarquables du point de vue de l'incidence, de l'effet catalyseur et du suivi du projet réalisé. Sur les dix-sept propositions soumises, ces deux instituts nationaux se distinguent par l'engagement et l'enthousiasme avec lesquels ils ont exécuté et transformé une initiative au départ modeste du Programme de coopération technique de la FAO en un succès dont les résultats dépassent largement le montant investi par l'Organisation.

8. Ces projets ont obtenu des résultats exceptionnels grâce à une exécution particulièrement efficace et a eu un impact et un effet catalyseur remarquables. L'engagement personnel et l'enthousiasme des Directeurs et du personnel de ces instituts ont joué un rôle essentiel dans les réalisations de ces deux projets et sont à l'origine de leur succès, non seulement pour ce qui est des objectifs immédiats, mais aussi pour la durabilité des résultats obtenus.

Station de protection des végétaux de la province du Sichuan, Chengdu, République populaire de Chine
(TCP/CPR/8926 (T) – Système rural de lutte contre les rongeurs dans la province du Sichuan)

9. Dans la province du Sichuan, les rongeurs provoquent de vastes dégâts aux cultures. Ainsi, la province a perdu chaque année près de 1,5 million de tonnes de blé, de riz et de maïs dans les champs et un million de tonnes en entrepôts. On estime que la perte moyenne par hectare a représenté quelque 320 kg de céréales alimentaires. Cette situation s'expliquait avant tout par l'absence d'approche intégrée et de contrôle systématique des populations de rongeurs, ainsi que par des techniques inadaptées d'appâtage.

Une aide a été demandée à la FAO et un programme de coopération technique a été mis sur pied en faisant appel à d'importants apports techniques de la part d'un autre pays en développement de la région. Il visait à diminuer les pertes tant pour les céréales sur pied que pour les produits entreposés, ainsi qu'à instaurer un système efficace de surveillance et de lutte contre les rongeurs. On a élaboré un cours de formation des instructeurs et 60 agents de vulgarisation ont suivi la première session. Ils ont transmis leurs connaissances à 600 agriculteurs-formateurs qui, par la suite, ont diffusé les nouvelles techniques de gestion à plus de 36 000 agriculteurs, par le biais de stages pratiques.

Les agriculteurs ont rapidement adopté ces nouvelles techniques et ont fait état non seulement d'une baisse pouvant atteindre 93 pour cent du nombre de rongeurs, mais également d'un fléchissement des maladies humaines transmises par les rats, ainsi que d'une diminution des risques d'empoisonnement accidentel d'animaux non ciblés. Une étude menée sur un échantillon de villages sélectionnés au hasard à l'issue du projet a révélé que les dommages infligés aux cultures étaient sept fois moins importants dans les villages où ont eu lieu les stages pratiques que dans les autres, que les dégâts en entrepôts ne représentaient que 5 kg par famille formée contre 68 kg pour les autres et que le coût unitaire de la lutte contre les rongeurs dans les villages concernés était trois fois moindre.

Les activités de terrain sont, dans une large mesure, soutenues par des fonds publics provinciaux, départementaux et locaux, de telle sorte que, non seulement, les nouvelles stratégies de gestion raisonnée et de lutte contre les rongeurs sont soutenues sur le plan local, mais qu'en plus, elles se diffusent rapidement aux autres départements de la province. En 2002, le nombre de départements concernés a pu être plus que doublé et 63 000 agriculteurs ont reçu la formation. Le projet a permis la publication en chinois d'un manuel sur la lutte contre les rongeurs en milieu rural destiné favoriser l'expansion de cette initiative au-delà de la province du Sichuan.

Ce sont, dans une large mesure, les résultats exceptionnels de la Station de protection des végétaux de la province du Sichuan qui expliquent les réalisations du projet, tant du point de vue de son incidence que de son suivi. Cet institut a fait preuve d'une incroyable capacité à motiver son personnel, les agriculteurs-instructeurs et les agriculteurs. L'efficacité du travail de vulgarisation a été au cœur d'une mise en œuvre rapide et fructueuse, ainsi que d'une large diffusion des résultats et des recommandations du projet au sein de la province.

Instituto Nicaragüense de la Mujer (INIM), Managua, Nicaragua
(TCP/NIC/8923 (A) – Création d'un programme destiné aux femmes rurales)

10. Les femmes rurales du Nicaragua restent désavantagées sur le plan de l'éducation, de la santé, de la charge de travail et de l'accès aux actifs. Une Commission interinstitutionnelle des femmes et du développement rural (CMYDR) a été mise sur pied afin de mieux cibler les femmes et d'ajouter une perspective de parité hommes-femmes aux plans de travail des institutions traitant de l'agriculture et des ressources naturelles. Sa coordination est assurée par l'Institut nicaraguayen des femmes (INIM).

Un projet de coopération technique a vu le jour pour aider le gouvernement à concevoir et à mettre en œuvre un Programme en faveur des femmes rurales, dans le but de traiter le problème de la pauvreté en milieu rural et d'encourager un développement rural sous l'angle de la parité hommes-femmes. Les institutions publiques et privées, ainsi que les organisations de la société civile qui ont collaboré au projet ont reçu une formation dans ce domaine. Par ailleurs, on a élaboré des plans d'action institutionnels et mis en place des mécanismes de coordination pour la parité entre les sexes.

Fondé sur un engagement sans faille de l'INIM, le Programme de coopération technique a permis une prise en considération des questions de parité hommes-femmes dans les programmes et les projets de développement rural. En conséquence, les femmes ont enregistré une nette amélioration de leur accès aux ressources et aux services, ainsi que de l'attention dont elles bénéficient au travers de l'assistance technique dans le secteur. La part des projets comportant un volet spécifique pour les femmes est passée de 8 à 27 pour cent. Les femmes dirigent 24 pour cent des projets communautaires et leur taux de participation aux formations relatives aux projets est passé de 31 à 40 pour cent.

L'institut a coordonné de manière efficace la commission interinstitutionnelle et est parvenu à s'assurer la participation active d'autres institutions publiques concernées par le développement agricole et rural et d'organisations civiles à l'échelon national et communautaire. Même s’il ne pouvait compter que sur de maigres ressources financières et humaines, il a réussi à concevoir et à mettre en œuvre d'autres activités de terrain, notamment en mobilisant des ressources extérieures en faveur du développement de petites entreprises, à l'appui de la sécurité alimentaire. Les membres de la CMYDR ont à cœur d’appliquer les plans d'action institutionnels élaborés dans le cadre du programme de coopération technique et l'INIM reste indispensable pour élargir les activités de formation relatives à l'analyse des questions de parité hommes-femmes en matière de développement agricole et rural.