NERC/04/INF/10


Vingt-Septième Conférence Régionale de la FAO pour le Proche-Orient

Doha, Qatar, 13 – 17 mars 2004

Cadre Stratégique de la FAO pour combler
la Fracture Numérique Rurale

TABLE DES MATIÈRES



I. RÉSUMÉ

1. Les connaissances sont indispensables au développement et il existe une masse de connaissances et d’informations qui pourraient être échangées avec davantage de profit pour aider les populations déshéritées à surmonter les causes profondes de leur pauvreté. Les nouvelles technologies d’information et de communication ainsi que la priorité et les ressources accrues accordées à l’échange d’informations, peuvent permettre aux populations rurales pauvres d’avoir.

Plus facilement accès à cette masse de connaissances et d’en tirer davantage profit, en créant un environnement plus propice à l’information. Toutefois, une “fracture numérique” sépare les plus démunis de connaissances et d’informations des sources mondiales. Le Programme visant à combler la fracture numérique rurale de façon à réduire l’insécurité alimentaire et la pauvreté appelle à créer un nouveau programme stratégique qui permettra à la FAO de favoriser un partenariat mondial pour surmonter la fracture numérique rurale. Ce programme renforcera les capacités humaines et institutionnelles pour mobiliser l’information et les connaissances de manière plus efficace au service du développement agricole et rural dans la région Proche-Orient.

II. INFORMATIONS GÉNÉRALES

2. La FAO a pris l’initiative d’un nouveau Programme stratégique pour surmonter la fracture numérique rurale afin de réduire l’insécurité alimentaire et la pauvreté, en vue de coordonner un partenariat international qui permettra d’affronter cet important problème de développement. Ce Programme servira à renforcer les capacités humaines et institutionnelles pour mobiliser l’information et les connaissances de manière plus efficace à l’appui du développement agricole et rural. La fracture numérique rurale n’implique pas uniquement une amélioration de l’infrastructure et des connexions, mais recouvre plutôt un problème multifactoriel caractérisé par l’inefficacité des échanges d’informations et de la gestion de leur contenu, l’absence de ressources humaines et de capacités institutionnelles, aggravées, bien entendu, par une terrible pénurie de moyens financiers.

3. D’après la définition de la FAO, le terme ‘fracture numérique’ indique “l’inégalité d’accès aux technologies d’information et de communication entre les pays pauvres et les pays riches et, au sein de tous les pays, entre les couches sociales relativement aisées et les groupes démunis.” Comme les précédentes technologies d’information, Internet permet aux collectivités rurales de recevoir informations et assistance d’organisations de développement extérieures. Il permet surtout d’aider à communiquer les besoins de développement et les différentes perceptions, de la base vers le sommet.

III. IDÉE FONDAMENTALE ET APPROCHE

4. L’idée fondamentale de ce Programme est que la fracture numérique rurale n’est pas uniquement une question d’infrastructure et de liaisons technologiques, mais plutôt un problème multifactoriel d’inefficacité des échanges d’informations et de gestion de leur contenu, ainsi que d’absence de ressources humaines, de capacités institutionnelles et de prise en compte de la parité. La fracture numérique rurale persistera plus longuement si les utilisateurs ne parviennent pas à régler les problèmes d’accès et d’échanges efficaces d’informations. Un changement crucial introduit par ce Programme sera la mobilisation, sous forme numérique, de connaissances et d’informations précédemment inaccessibles, tirées, ou adaptées, du contexte local. Des approches participatives novatrices à l’échange d’informations seront mises en place par ce Programme dans plusieurs pays et permettront d’accéder à leur contenu. Trois grands groupes de parties prenantes ont été définis pour le programme, au sein des pays membres. Il s’agit: des collectivités et des ménages ruraux; des fournisseurs de services ruraux des secteurs public et privé (services agricoles, financiers et communications) et des décideurs et de leurs conseillers.

IV. RECONNAISSANCE DES PROBLÈMES

5. La FAO a défini les principaux problèmes à régler pour améliorer l’information et la communication, surtout en ce qui concerne les populations rurales pauvres, afin d’orienter le Programme:


V. SURMONTER LA “FRACTURE NUMÉRIQUE RURALE”

6. Toute une variété de stratégies et d’activités seront formulées et appliquées, depuis l’élaboration de nouvelles politiques et infrastructures publiques jusqu’aux projets communautaires axés sur les utilisateurs. L’aspect novateur et innovatif de ce Programme est tout d’abord la priorité accordée à l’environnement rural et deuxièmement l’accent qui est mis sur l’information elle-même et les mécanismes d’accès et d’échange d’informations, outre l’infrastructure nécessaire aux technologies d’information et de communication. Les grands domaines d’intervention ci-après sont proposés:

  1. Contenu de l’information – permettre à tous les Membres de la FAO d’avoir accès et d’utiliser toutes les sources d’information et de connaissances dans les domaines de l’agriculture, des forêts, des pêches et les secteurs connexes, qui sont disponibles à la FAO, ainsi que dans les pays et la communauté internationale.
  2. Renforcement des capacités et des moyens humains et institutionnels – dans le but d’améliorer l’accès à ces technologies et leur application au le développement agricole et rural.
  3. Améliorer l’efficacité du propre programme opérationnel de la FAO sur le terrain – pour intégrer les processus d’information et de communication dans les programmes nationaux et régionaux de la FAO visant la réduction de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire, comme le Programme spécial pour la sécurité alimentaire, les stages pratiques pour les agriculteurs et les autres interventions visant directement comme premiers bénéficiaires, les populations rurales pauvres.

VI. PROGRAMME PROPOSÉ

7. L’objectif du programme est d’aider les pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV) à surmonter la fracture numérique rurale pour améliorer la sécurité alimentaire et réduire la pauvreté par l’utilisation efficace des connaissances et des informations. Les activités du Programme comprendront une série d’interventions nationales, régionales et internationales interdépendantes; les réalisations du programme porteront essentiellement sur les trois domaines cités ci-dessous, qui sont considérés comme la clef de voûte du rôle stratégique de l’information et de la communication pour réduire la faim et combattre la pauvreté.

  1. Élaboration, mobilisation et échange, par les gouvernements, les fournisseurs de services ruraux et les communautés, du contenu de l’information sous forme numérique, aux fins du développement agricole et rural et de la sécurité alimentaire.
  2. Élaboration et renforcement de mécanismes et de processus novateurs pour l’échange d’informations entre les décideurs, les fournisseurs de services, les communautés et les ménages en milieu rural, y compris les orientations et les outils normatifs basés sur le Centre mondial d’information agricole (WAICENT).
  3. Renforcement des réseaux d’échange de ces nouveaux mécanismes et processus, entre les principales parties prenantes.

A. Composantes Nationales

8. Les composantes nationales du Programme comprendront une série d’interventions nationales et sous-nationales. Les pays seront sélectionnés sur la base d’une série de critères objectifs dans le cadre d’un processus de consultation entre les partenaires du Programme. Ces composantes nationales pourront comprendre aussi des apports de partenaires internationaux pour faciliter la mise en œuvre du projet. Dans la mesure du possible, les activités de cet élément du Programme seront élaborées en étroite coordination avec les projets et les initiatives existants de la FAO et des autres organisations travaillant dans le domaine du développement agricole et de la sécurité alimentaire.

9. Les interventions au titre de cette composante nationale seront formulées en fonction des cinq domaines prioritaires définis dans le Programme de lutte contre la faim et reposeront sur la masse d’expérience du programme de terrain de la FAO. Les exemples ci-après illustrent ces interventions.

  1. Renforcer les capacités de production et de diffusion des connaissances: par exemple, le Réseau virtuel de communication pour la vulgarisation et la recherche (VERCON) qui est expérimenté en Égypte pour permettre aux organisations de recherche et de vulgarisation des secteurs public et privé d’échanger des informations sur les technologies agricoles et les demandes des communautés;
  2. Améliorer la production agricole dans les communautés rurales pauvres: par exemple, le Réseau d’information des agriculteurs pour le développement agricole et rural (Modèle FarmNet) qui est appliqué en Égypte, pour promouvoir les réseaux de communication entre les communautés (ou au sein même de ces communautés) ou leurs représentants et les fournisseurs de services ruraux qui les appuient;
  3. Renforcer l’infrastructure rurale et améliorer l’accès aux marchés: par exemple, par des systèmes de micro-financement et d’information sur les marchés, pour soutenir les systèmes d’intrants et de produits agricoles axés sur les marchés (prix du marché, stockage, transformation et logistique);
  4. Garantir l’accès à la nourriture pour les plus pauvres: par exemple, le Système d’information et de cartographie sur l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité (SICIAV), grâce auquel les méthodologies et les outils améliorés de gestion de l’information peuvent permettre de mieux identifier et cibler la population affamée et vulnérable.

B. Composante Régionale

10. Cette composante du Programme visera à renforcer les technologies d’échange d’information et de communication entre les groupements et les réseaux économiques régionaux existants, pour améliorer la coopération en vue de renforcer les capacités de développement générales et institutionnelles appliquées à la gestion et à la diffusion des informations. La FAO participe à toute une série d’activités dans ce domaine qui peuvent servir pour des études de cas et des modèles d’expérimentation. Dans la mesure du possible, les interventions régionales devront s’insérer – pour le renforcer – dans le Cadre de sécurité alimentaire régional qui est mis au point par la FAO et ses Membres, ainsi que dans les réseaux thématiques existant dans divers domaines particuliers. Ces interventions ont été – ou sont – mises au point en collaboration avec des organisations régionales ou sous-régionales compétentes, telles que OADA, AARINENA, CARDNE et CESAO*, qui accroîtront l’efficacité de cette composante, amélioreront ses chances d’être durable, et permettront de renouveler et d’étendre les réalisations fructueuses.

VII. ORGANISATION ET GESTION

11. La FAO lancera une initiative visant à surmonter la fracture numérique rurale, en se basant sur la priorité accordée dans le Plan d’action du Sommet mondial de l’alimentation sur le rôle critique de l’iformation comme domaine prioritaire pour parvenir à la sécurité alimentaire. La spécialisation de la FAO dans des domaines agricoles et ruraux liés à la fracture numérique amènera à développer des partenariats avec des organismes de développement multisectoriels tels que l’Union internationale des télécommunications (UIT), le PNUD, l’UNESCO, la Commission européenne et la Banque mondiale. Une approche intégrée sera particulièrement nécessaire au niveau national, où les personnes et les institutions concernées doivent collaborer pour renforcer les capacités et assurer le suivi de l’élaboration et de l’application des politiques.

VIII. MOBILISATION DES RESSOURCES

12. La stratégie appliquée par la FAO pour mobiliser les ressources nécessaires pour surmonter la fracture numérique rurale sera conforme à deux égards, à l’approche globale adoptée par l’Organisation, à savoir:

  1. fournir des ressources du Programme ordinaire, dont un financement dans le cadre du Programme de coopération technique pour aider quelques pays à lancer des projets pilotes à petite échelle,
  2. mobiliser des fonds fiduciaires unilatéraux et bilatéraux pour appliquer l’expérience acquise dans le cadre des projets pilotes en vue d’obtenir des ressources complémentaires pour élargir les activités visant à résoudre le problème de la fracture numérique rurale à plus grande échelle.

* OADA - Organisation arabe pour le développement agricole
AARINENA - Association des institutions de recherché agricole du Proche-Orient et d’Afrique du Nord
CARDNE - Centre regional sur la réforme agraire et le développement rural pour le Proche-Orient
CESAO - Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale