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VINGT-TROISIÈME CONFÉRENCE RÉGIONALE DE LA FAO POUR L’EUROPE

NICOSIE, CHYPRE, 29-31 mai 2002

ALLOCUTION DU DIRECTEUR GÉNÉRAL

Monsieur le Président,
Monsieur le Président de la République de Chypre,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
C’est un grand plaisir pour moi de vous souhaiter la bienvenue à la vingt-troisième Conférence régionale de la FAO pour l’Europe qui se tient pour la première fois sur cette île méditerranéenne ensoleillée, pays natal d’Aphrodite, déesse de la beauté. Cette île, riche d’une histoire de plus de 11 000 ans, située au carrefour de trois continents, l’Europe, l’Asie et l’Afrique, a été le point de rencontre de grandes civilisations caractéristiques qui ont influencé le cours de son histoire au fil des siècles
Je souhaite exprimer, au nom de toutes les délégations et du personnel de la FAO, ma gratitude au Gouvernement et à la population de la République de Chypre qui organisent cette Conférence régionale. Le chaleureux accueil que nous avons reçu, les installations extraordinaires mises à notre disposition et les excellentes dispositions prises pour cette Conférence illustrent bien la tradition de cordialité et de générosité de ce pays.
Je voudrais remercier en particulier Son Excellence le Président Glafkos Clerides de nous honorer de sa présence à cette cérémonie d’ouverture, témoignant ainsi de l’importance que les plus hautes autorités de cette nation attachment à la réduction de la pauvreté en Europe et dans le monde.

(Situation de l’alimentation et de l’agriculture dans le monde)
Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
La présente Conférence régionale a lieu dans un contexte économique, social et politique mondial en pleine évolution.
La Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui s’est tenue à Doha en novembre dernier, a ouvert la voie à un commerce international des produits agricoles plus équitable. Au cours des prochaines années, la mondialisation et la libéralisation des échanges de produits agricoles, les mouvements de capitaux et le transfert de technologies devraient s’effectuer selon des modalités qui permettent aux pays développés comme à ceux en développement d’améliorer les conditions de vie de leur population. Pour l’agriculture notamment, il est essentiel que les nouvelles négociations de l’OMC offrent aux pays en développement des possibilités accrues de participer aux échanges mondiaux sur une base plus équitable. La FAO va continuer à mettre à la disposition de ses États Membres les analyses et les informations nécessaires pour renforcer la capacité technique des négociateurs spécialisés dans le commerce des produits agricoles.
Au cours des deux dernières années, la performance de l’agriculture, secteur dominant des économies des régions pauvres, qui emploie plus de 70 pour cent de la population économiquement active dans les pays les moins avancés, a été plutôt modeste. Ainsi, en 2001, le taux de croissance annuel de la production agricole mondiale est tombé à 0,6 pour cent, son taux le plus bas depuis 1993.
La production mondiale de céréales est tombée en 2001 à 1 850 millions de tonnes, soit une baisse de 1,2 pour cent par rapport à l’année précédente. Divers facteurs ont contribué à cette contraction: les catastrophes naturelles et le faible niveau des prix au cours de ces dernières années, ainsi que les politiques gouvernementales visant à réduire une offre surabondante.
Les prévisions indiquent que l’utilisation mondiale de céréales en 2001/02 devrait dépasser la production pour la deuxième année consécutive, s’établissant à 1 935 millions de tonnes, chiffre supérieur de 1,7 pour cent à celui de la campagne précédente.
Il importe, toutefois, de signaler que l’Australie, l’Union européenne et l’Amérique du Nord ont des excédents alimentaires considérables pour l’exportation (pour une valeur totale de 36 milliards de dollars E.-U.) et sont probablement en mesure d’augmenter sensiblement leur production vivrière. En revanche, dans les pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV), la production alimentaire n’est pas suffisante pour satisfaire les besoins des populations et ces pays n’ont ni les moyens, ni les ressources financières nécessaires pour combler le déficit par le biais des importations.
Dans le même temps, les cours des produits agricoles ont continué à fléchir. Les prix des céréales ont baissé en tout de 43 pour cent, tandis que les cours des matières grasses fléchissaient de 35 pour cent.
Aujourd’hui encore, quelque 815 millions de personnes souffrent de sous-alimentation, dont 777 millions dans les pays en développement, 27 millions dans les pays en transition et 11 millions dans les pays industrialisés. L’amélioration enregistrée dans certains pays et régions du monde en développement, notamment en Asie de l’Est, est ainsi neutralisée par une détérioration de la situation dans d’autres régions, en particulier en Afrique subsaharienne, en Amérique centrale et dans les Caraïbes.
Le fossé entre production et besoins dans les régions à déficit vivrier continuera à se creuser à moins que l'investissement en milieu rural n’augmente, permettant un accroissement de l'emploi, des revenus, de la productivité et de la production. Aussi longtemps que la faim et la malnutrition ne régresseront pas, il sera difficile, voire impossible, d'obtenir des résultats sensibles et durables dans d’autres domaines essentiels de la lutte contre la pauvreté, comme la santé et l’éducation.

(Situations d’urgence)
De nombreux pays continuent à souffrir de pénuries alimentaires causées par des catastrophes naturelles. À la fin de l’année dernière, 62 millions de personnes vivant dans 33 pays étaient confrontées à des crises alimentaires. Au cours des deux dernières années, en réponse à la crise qui a touché les Balkans et en raison de catastrophes naturelles (sécheresse prolongée dans les pays du Caucase et inondations dans certains des pays balkaniques), les projets de secours d’urgence aux pays touchés ont atteint un montant total de 34 millions de dollars E.-U. Les secours d’urgence dans la région ont plus que doublé par rapport à l'exercice précédent. Il semble, toutefois, que la fréquence relative des crises ait évolué au cours des trente dernières années. En effet, dans les années 70 et 80, les crises alimentaires étaient principalement dues à des facteurs naturels, alors qu'au cours des dernières années, elles ont souvent eu pour cause des catastrophes d’origine humaine.
Dans un tel contexte, la FAO joue un rôle plus important que jamais, car elle doit d’abord évaluer la situation de l’alimentation et de l’agriculture, puis définir les besoins d’aide alimentaire et informer la communauté internationale, grâce au Système mondial d’information et d’alerte rapide, qui fonctionne, notamment, en collaboration avec le Programme alimentaire mondial. L’expertise de la FAO est aussi précieuse dans le cadre des appels communs en faveur d’une aide humanitaire, dans la mesure, surtout, où elle permet d’aider directement les agriculteurs.

(Autres crises)
La viabilité à long terme de l’agriculture intensive dans les pays développés suscite des craintes et pose des problèmes. Les épidémies d’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) et de fièvre aphteuse, la salmonellose et les infections par l'E. coli mutant et résistant aux médicaments ont sensibilisé les consommateurs aux conséquences d’une course effrénée vers l’intensification de la production, la maximisation des rendements et la réduction des coûts.
Par ailleurs, les modifications génétiques des cultures vivrières et des animaux soulèvent de vives controverses. Si elles ne sont pas aujourd'hui nécessaires pour atteindre les objectifs du Sommet mondial de l’alimentation de 1996, les OGM pourraient se révéler précieux pour nourrir une population mondiale qui atteindra bientôt 9 milliards de personnes. Leur mise au point et leur application devront être suivies de façon scientifique et dans un cadre international. Il sera ainsi possible de bénéficier de leurs avantages, tout en évitant d’éventuels effets pervers sur la santé humaine et l’environnement.
Les incendies de forêt constituent un problème, notamment – mais pas uniquement – pour l’Europe méditerranéenne où des crises graves mais localisées se produisent fréquemment. Ces incendies ont souvent des conséquences catastrophiques pour l’environnement et les forêts, mais aussi pour l’agriculture et la vie rurale. La FAO s’efforce d’harmoniser les politiques, règlements et procédures concernant les incendies de forêt, afin d'améliorer les systèmes d'information et d'alerte rapide et de trouver des ressources suffisantes pour renforcer les capacités nationales dans ce domaine.

(Situation de l’alimentation et de l’agriculture dans la région et défis)
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Depuis la mise en place des réformes au début des années 90, le nombre de personnes vivant en dessous du seuil national de pauvreté dans les pays européens en transition a sensiblement augmenté. En 1998, près de 21 millions de personnes vivaient dans ces pays avec moins de deux dollars E.-U. par jour.
Toutefois, au cours des trois dernières années, plusieurs facteurs positifs ont contribué à atténuer la pauvreté et l’insécurité alimentaire tant dans les pays d’Europe centrale et orientale que dans les quatre pays de la Communauté des États indépendants (CEI) considérés comme faisant partie de la région Europe. Le premier de ces facteurs a été la stabilisation politique des pays de l’ancienne Yougoslavie. Ensuite, la campagne commerciale 2001-2002 a enregistré des récoltes records. Troisièmement, la région dans son ensemble a connu trois années consécutives de croissance et les perspectives pour 2002 sont également positives. Ces circonstances ont permis de réduire progressivement l’aide alimentaire à fournir à la région.
Trois mesures politiques récentes émanant de l’UE et visant les pays d’Europe orientale candidats à l’UE sont encourageantes:
• L’application des réformes de la politique agricole commune (PAC) prévue dans l’Agenda 2000, qui a débuté en 2000. En outre, les prix d’intervention de l’UE ont diminué au cours des trois dernières années en équivalent dollars E.-U. du fait de la dépréciation de l’euro par rapport au dollar. Le fléchissement des prix d’intervention en vertu de l’Agenda 2000 et de la dépréciation de l’euro aurait pour effet de ramener les prix des céréales au niveau des cours internationaux.
• Les négociations sur le chapitre agricole liées à l'adhésion à l’UE ont bénéficié d’un nouvel élan grâce à la publication de la proposition de la Commission concernant l’application de la PAC aux pays candidats.
• La décision de créer une Autorité européenne de sécurité sanitaire des aliments en tant qu’organe consultatif indépendant, distinct des institutions de la Communauté européenne mais financé par l’UE, est une décision importante qui devrait redonner confiance aux consommateurs dans les denrées alimentaires européennes. Cette décision devrait revitaliser la demande, notamment de produits d'origine animale.

(Aperçu des activités de la FAO dans la région)
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Face aux changements survenus en Europe et à l’émergence des pays en transition, la FAO a pris un certain nombre de mesures pour accroître sa présence dans la région. L’une des principales a été la création à Budapest, en 1996, d'un bureau sous-régional pour l'Europe centrale et orientale. Depuis 2000-2001, le Bureau régional pour l'Europe, dont le siège est à Rome, a été considérablement renforcé. Dans la mesure où un seul pays de la région dispose d’une représentation de la FAO en bonne et due forme, des négociations ont été ouvertes avec les États Membres ayant demandé la création de postes de correspondant national ou de fonctionnaire technique principal dans la région. Trois postes de correspondant national ont déjà été créés et pourvus.
La Conférence régionale tenue à Porto il y a deux ans a fait siennes les priorités à court et à moyen termes ci-après, qui avaient été identifiées dans le Cadre stratégique à long terme:

  1. Réduction de la pauvreté, grâce à un soutien aux moyens de subsistance des ruraux et à la sécurité alimentaire durables;
  2. Sécurité sanitaire et qualité des aliments;
  3. Gestion durable des ressources naturelles;
  4. Renforcement des institutions et des capacités à l’appui du processus de transition vers une économie de marché dans le secteur rural.

Par conséquent, la FAO a axé sur ces domaines les programmes et activités qu’elle a menés dans la région au cours de l’exercice biennal.

(Questions inscrites à l’ordre du jour)
Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Cette vingt-troisième Conférence régionale examinera des questions fondamentales relatives à la lutte contre l’insécurité alimentaire. L’une des principales tâches sera de préparer le Sommet mondial de l’alimentation: cinq ans après, qui se tiendra à Rome du 10 au 13 juin de cette année et dont l’objectif est d’accélérer la mise en œuvre des décisions prises en 1996 et de permettre de réduire de moitié pour 2015 au plus tard le nombre de personnes souffrant de la faim. Cette réunion importante, repoussée à cause de circonstances internationales tragiques, doit permettre de relancer la lutte contre la faim. Les progrès ont été insuffisants pour atteindre l’objectif fixé en 1996, à savoir réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de sous-alimentation dans le monde pour 2015 au plus tard. Au rythme actuel, cette diminution ne sera obtenue que vers 2050. Le Sommet qui se tiendra en juin sera invité à identifier et à adopter des mesures concrètes pour raccourcir ce délai. Il est essentiel de renforcer et de coordonner la volonté politique au plus haut niveau et de mobiliser les ressources financières nécessaires. Il faudra donc instituer des alliances stratégiques et concevoir des mécanismes et des mesures d’incitation appropriés afin de canaliser les fonds publics et privés au service de deux grands objectifs:
• Renforcer la volonté politique par des alliances pour la sécurité alimentaire et le développement rural qui englobent tout les secteurs de la société: les gouvernements, le secteur privé et les organisations de la société civile.
• Mobiliser des fonds privés et publics à l’appui du développement agricole et rural afin d’inverser la tendance négative de l’aide extérieure bilatérale au développement, qui a chuté de 49 pour cent en termes réels entre 1990 et 1999, et de la part du portefeuille assurée par la Banque mondiale et les institutions financières régionales qui a diminué de 45 pour cent pendant la même période.
Dans ce contexte, la participation personnelle des chefs d’État et de gouvernement de la Région Europe au Sommet mondial de l’alimentation est indispensable pour assurer le succès de la réunion. Je me ferai donc une joie de les accueillir à Rome en juin. Outre les déclarations en plénières, les chefs d’État et de gouvernement pourront échanger leurs vues lors de tables rondes et participer, s’ils le souhaitent, à des conférences de presse journalières. Des réunions séparées des parlementaires, du secteur privé, des ONG et de la société civile donneront à d’autres parties prenantes la possibilité de contribuer au débat. Une bourse des programmes régionaux en matière de sécurité alimentaire sera organisée dans le cadre des événements parallèles pour favoriser l’échange de vues sur les besoins concrets en investissements.
Les deux autres grandes questions à l’ordre du jour sont la désertification et la dégradation des terres d’une part, et la sécurité sanitaire et la qualité des denrées alimentaires, d’autre part.
La désertification et la dégradation des terres se sont sensiblement aggravées au cours de la dernière décennie dans la région Europe pour plusieurs raisons. Des recommandations visant à améliorer la situation vous ont été soumises pour approbation. La coopération de la FAO avec la Convention des Nations Unies sur la désertification et la sécheresse, à laquelle 37 pays d’Europe et la Commission européenne ont souscrit, devrait faciliter la coordination des programmes et plans d’action.
Les préoccupations liées à la sécurité sanitaire et à la qualité des denrées alimentaires s’accentuent partout dans le monde, du fait de la progression de l’incidence des maladies d’origine alimentaire au cours des dernières décennies. Il s’agit de questions prioritaires pour les gouvernements, les producteurs, l’industrie, les négociants et les consommateurs. En Europe, ces dernières années, certains problèmes liés à la sécurité sanitaire et à la qualité des denrées alimentaires ont même mis en danger la santé des consommateurs et entravé le commerce, tant au sein de la région qu’avec d’autres régions du monde.
La FAO s’est félicitée de l’«Initiative paneuropéenne pour la sécurité sanitaire des aliments» proposée par M. L.J. Brinkhorst, Ministre néerlandais de l’agriculture, de l’aménagement de la nature et des pêches, lors de la dernière Conférence régionale tenue à Porto. Comme vous le savez, cette initiative incluait la convocation d’une Conférence paneuropéenne FAO/OMS sur la sécurité sanitaire et la qualité des aliments qui s’est tenue à Budapest en février dernier, à l’aimable invitation du Gouvernement hongrois. Les principales recommandations de la Conférence européenne vous sont soumises pour approbation et j’attends avec intérêt les mesures de suivi qui seront décidées.

(Autres questions)
Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Qu’il me soit permis de mentionner deux autres questions importantes. À l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation, en octobre dernier, le Président de la République fédérale d’Allemagne, Son Excellence M. Johannes Rau, a lancé un appel en faveur d’une Alliance internationale contre la faim et la pauvreté. Ce concept a bénéficié par la suite d’un large soutien lors de la Conférence de la FAO de novembre 2001. Une telle Alliance, dont l’idée a été approuvée lors des Conférences régionales de la FAO pour l’Afrique, le Proche-Orient, l’Amérique latine et les Caraïbes, et l’Asie et le Pacifique, pourrait en effet être une manifestation concrète du renforcement de la volonté politique et un pas important vers l’élimination du désespoir et de la colère, si favorables aux extrémismes.
De plus, l’Organisation a créé l’année dernière un Fonds fiduciaire pour la sécurité alimentaire et la sécurité sanitaire des aliments qui jouera un rôle catalytique dans l’accroissement des investissements en faveur de l’agriculture et du développement rural, moyennant:
• Des projets pilotes de production vivrière et de création de revenus dans les communautés rurales pauvres.
• Des programmes d’éradication des ravageurs et des maladies transfrontières des animaux et des plantes.
• Le transfert de technologies, notamment grâce à la coopération Sud-Sud.
• Le renforcement des capacités en matière d’études de faisabilité sur des projets bancables.
Le succès obtenu à ce jour, avec 20 pour cent du montant initial de 500 millions de dollars É.-U. déjà financés, serait encore plus manifeste si d’autres annonces de contributions étaient faites avant le Sommet.
Les pays tant développés qu’en développement sont invités à alimenter ce Fonds, en fonction bien sûr de leurs moyens, afin de montrer leur détermination politique à assurer le caractère universel de ce Fonds.

(Conclusion)
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Des événements récents nous ont rappelé de manière dramatique la nécessité de résoudre le problème de la faim. L’injustice qui veut que 800 millions de personnes s’endorment chaque soir en ayant faim alors que dans d’autres régions du monde, la nourriture est abondante et parfois gaspillée ne saurait être ignorée. Une telle situation nourrit un sentiment de frustration et grossit les rangs de ceux qui estiment que de telles injustices ne peuvent être réparées par des moyens pacifiques.
Réduire la faim n’est pas seulement nécessaire pour améliorer les conditions de vie des pauvres et des affamés eux-mêmes. Réduire la faim et l’insécurité alimentaire est dans l’intérêt de tous, riches et pauvres. Cela permettrait de réduire les tensions internationales, empêcherait les gens d’émigrer pour des raisons économiques ou politiques et susciterait l’émergence de partenaires commerciaux solides, de sorte que toutes les nations pourraient tirer parti des chances offertes par une mondialisation équitable. Le renforcement de la démocratie et l’émancipation des populations de façon qu’elles puissent décider de leur sort sont des étapes essentielles à cet égard. Vous conviendrez avec moi que lorsque le droit à la nourriture est refusé, l’exercice de tous les autres droits politiques et humains est compromis.
La générosité de l’Europe, qui fournit une assistance alimentaire aux populations frappées par des catastrophes naturelles ou d’origine humaine, est louable, mais l’Europe peut faire encore plus et mieux: «au lieu de leur donner des poissons, permettez à ceux qui ont faim de pêcher eux-mêmes», autrement dit, il faut aider les agriculteurs, les éleveurs et les pêcheurs des pays les moins avancés par des investissements et des transferts de technologies. Les programmes d’assistance aux pays en développement exécutés en partenariat avec la FAO constituent un cadre approprié pour de telles mesures qui confirmeraient le rôle central de l’Europe dans la stabilité et le progrès mondial.

Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
J’attends avec un très grand intérêt le résultat de vos délibérations et vous souhaite tout le succès possible dans vos travaux.
Je vous remercie.