Le Colloque International sur la Pollution du Sol

Comment fonctionne la pollution du sol

Le sol agit comme un filtre et un tampon pour les contaminants. Néanmoins, son potentiel a ses limites. Si la capacité du sol à atténuer les effets des polluants est dépassée, les contaminants polluent les autres composants de l'environnement.

Les pratiques agricoles non durables qui réduisent la matière organique du sol peuvent faciliter l’infiltration de polluants dans les eaux souterraines ou les laisser à la disposition des plantes et permettre ainsi leur insertion dans la chaîne alimentaire.

Les polluants s'accumulent dans les tissus végétaux, les transfèrent aux animaux qui broutent, aux oiseaux qui mangent des fruits et des graines ou aux humains qui les consomment. De nombreux polluants peuvent augmenter en concentration à mesure qu'ils progressent dans la chaîne alimentaire, accentuant ainsi le risque de nuisance pour la santé humaine. Les organismes vivant dans le sol tels que les vers de terre peuvent également absorber les polluants.

La pollution du sol entraîne une réaction en chaîne qui commence par une diminution de la biodiversité du sol, réduit les taux d'incorporation de la matière organique et finalement affaiblit la structure du sol et sa capacité à résister à l'érosion.

Le processus de nitrification qui se produit après l’usage excessif d'engrais azotés sur les sols peut causer une acidification importante et rapide. Dans des conditions naturelles, l’acidification ne se produit que sur des centaines ou des millions d'années. L'acidification affecte la biodisponibilité des contaminants et peut entraîner des toxicités chez les plantes dues aux métaux.

Les nitrates peuvent aussi s’infiltrer et s'accumuler facilement dans les eaux souterraines. Le dioxyde d'azote (N2O), un important gaz à effet de serre, contribue au changement climatique lorsqu'il est libéré des sols qui ont reçu trop d’engrais. 

Ce que nous pouvons faire

  • La lutte contre la pollution des sols nécessite un effort permanent pour empêcher d'autres problèmes et atténuer la pollution existante. Promouvoir des pratiques agricoles durables, demander aux gouvernements d'élaborer des politiques pour réduire l'utilisation de produits chimiques nocifs, prévenir et contrôler la pollution des sols sont des mesures qui peuvent être prises dès maintenant.
  • Dans de nombreuses exploitations agricoles, l'utilisation d’intrants agrochimiques pourrait être notablement réduite, tout en garantissant les rendements et la rentabilité, avec des avantages pour la santé du sol et la qualité de l'eau.
  • Des politiques de protection intégrée ont été imposées dans l'Union européenne et des pratiques similaires sont maintenant encouragées dans de nombreuses régions du monde.
  • Les Directives volontaires pour la gestion durable des sols, élaborées par le Groupe technique intergouvernemental sur les sols dans le cadre du Partenariat mondial sur les sols de la FAO, désignent comme essentielle la protection intégrée ou biologique en tant que technique optimale.
  • Le Code de conduite international sur la gestion des pesticides offre des stratégies de gestion et d'atténuation reconnues à l'échelle internationale pour une utilisation sans danger des pesticides.
  • Les pratiques de gestion intégrée des terres à grande échelle, telles que l'approche paysagère, présentent également des avantages pour limiter l'utilisation de pesticides ou le transfert de résidus dans les plans d'eau.
  • Au niveau local, le compostage peut réduire la quantité de déchets introduite dans les décharges et améliorer la santé du sol quand il est incorporé aux sols. Un compostage approprié réduit les charges pathogènes et crée un produit facile à manipuler, avec une haute teneur en carbone stable et contenant une faible concentration de contaminants.
  • La pollution du sol est très couteuse en raison de la perte de sol, de la réduction du rendement et de la qualité des cultures ainsi que des coûts associés à l'assainissement. Par conséquent, la prévention de la pollution des sols devrait être une priorité absolue dans le monde entier.
  • Le consensus atteint par plus de 170 pays sur la pollution des sols lors de la dernière Assemblée des Nations Unies pour l'environnement est un signe clair de la détermination générale à lutter contre la pollution et ses causes.

Impacts sur l'agriculture et la santé humaine

  • La pollution des sols nuit à la sécurité alimentaire en réduisant les rendements et la qualité des cultures;
  • La production mondiale de déchets municipaux solides était d'environ 1,3 milliard de tonnes par an en 2012. La production de déchets devrait atteindre 2,2 milliards de tonnes d'ici 2025. Entre 60 et 80% des déchets peuvent être recyclés, mais ne le sont pas;
  • En Chine, 19% des terres arables sont polluées par des métaux lourds, dont le cadmium, le nickel et l'arsenic. Ces terres sont néanmoins utilisées pour cultiver des céréales destinées à la consommation humaine;
  • Chaque année, environ 700 000 décès sont attribuables aux bactéries résistantes aux antimicrobiens. Si ce problème n’est pas abordé, en 2050, il fera plus de victimes que le cancer et coûtera, à l'échelle mondiale, plus que l'économie mondiale actuelle;
  • 7 cuillères à soupe de plomb peuvent contaminer jusqu'à 1 ha de sol ou 200 000 litres d'eau;
  • Plus de 3 millions de personnes sont hospitalisées chaque année à cause de l'empoisonnement aux pesticides, ce qui entraîne la mort d’un quart de million de personnes par an.