Les régions agricoles d'Europe, en particulier dans le Sud, ressentent de plus en plus les effets du changement climatique en raison de facteurs tels que la sécheresse, les phénomènes météorologiques extrêmes et la désertification, avec de graves conséquences pour la sécurité et la souveraineté alimentaires. En outre, des décennies de mauvaise gestion rurale ont laissé un grand nombre de ces territoires agricoles gravement déprimés et à la merci de la concurrence pour leurs ressources naturelles.

Cet article présente et discute les résultats d'une évaluation rurale participative menée dans la région d'Odemira, dans le sud-ouest du Portugal. Enracinée dans les cadres de l'agroécologie et de la démocratie alimentaire, cette méthodologie mixte vise à aider les habitants d'agro-territoires soumis à des pressions multiples à diagnostiquer l'état de leurs systèmes alimentaires et de leurs agroécosystèmes d'un point de vue démocratique et écologique et à engager les acteurs locaux à imaginer des futurs alimentaires plus justes et plus sains pour leurs régions. Les acteurs alimentaires locaux ont été invités à identifier et à qualifier les principaux problèmes des systèmes alimentaires de la région, complétés par une évaluation agroécologique des systèmes de production agricole. Les résultats de l'étude confirment le statut d'Odemira en tant qu'agro-territoire déprimé et contesté, dont la vulnérabilité sociale, économique et écologique est aggravée par l'affrontement entre le modèle de la petite agriculture traditionnelle et celui de l'agriculture intensive à grande échelle.

L'étude montre également le potentiel des pratiques agricoles durables ainsi que de la collaboration entre les différents acteurs de l'alimentation pour soutenir une transition agroécologique dans la région. Cependant, pour réaliser conjointement la démocratie alimentaire et la durabilité du système alimentaire, les tensions résultant du soutien politique actuel à l'hyper-industrialisation et du manque de mécanismes démocratiques, institutionnels et juridiques à la disposition des acteurs locaux devront être abordées de front.