FAO au Bénin

Formation sur la résilience aux chocs hydro-climatiques : La FAO aguerrit les groupements féminins du Couffo pour prévenir les effets dévastateurs des variations climatiques sur l’agriculture

Les femmes à Dogbo assimilent les différents aspects de la notion de risque pour prévenir les effets dévastateurs des perturbations climatiques sur le cadre de vie et les activités agricoles.
01/07/2017

«Planter des arbres tout autour des cases et des champs de cultures agricoles ; Renforcer les bases des habitations en banco avec du ciment et renouveler régulièrement les toitures en chaume ; Elaguer régulièrement les arbres ; Eviter de construire ou de cultiver dans des zones inondables ou exposées aux grands vents ; Réaliser des digues pour protéger les habitations exposées aux inondations». Les membres de différents groupements féminins dans les communes d’Aplahoué, de Dogbo et de Djakotomey, dans le département du Couffo, se sont engagés à observer de telles dispositions pratiques pour parer aux impacts des variations climatiques sur leur cadre de vie et les activités champêtres, au terme d’une formation sur la résilience aux chocs hydro-climatiques dispensée du 22 Juin au 06 Juillet 2017 par le Pr Eustache Bokokon-Ganta, à l’initiative du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP) et de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans le cadre du projet TCP/BEN/3504 : «Appui à l’autonomisation de la femme en milieu rural par l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et le renforcement des capacités communicatives, relationnelles et de leadership».

 Les inondations dues à la crue du fleuve Couffo sont fréquentes dans les communes du sud-ouest du Bénin, du fait des perturbations climatiques qui s’observent ces dernières années. Les conséquences de telles intempéries entrainent une dégradation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des couches vulnérables, principalement les femmes et les enfants, une dégradation de l’environnement, et des répercussions néfastes sur l’éducation, la santé et la protection des enfants et des groupes vulnérables. Le risque d’une crise humanitaire est à chaque fois élevé pour chacune de ces communes. C’est conscients des effets de plus en plus marqués de ces perturbations climatiques , des stratégies d’adaptation de plus en plus limitées des populations, et de l’importance des responsabilités de la femme dans les activités agricoles et sociales en milieu rural que les responsables de la FAO au Bénin ont lancé cette initiative de renforcement  des capacités des femmes sur la résilience aux chocs hydro-climatiques, en vue d’atténuer les impacts desdites perturbations sur les conditions de vie des communautés rurales. Au total, près de 230 femmes de divers groupements féminins (Edrohoun d’Avodjihoué, Adrowe d’Etonhoue Azandegbehoué, Vovolissa de Béotchi) dans la comme de Djakotomey, (Miledjou d’Ahomey-Ayehoubohoue, Mahougnon de  Dogbo-Ahomey, Missebo de Hounsa) dans la commune de Dogbo et (Wadodeka  d'Aflantan, Avamè de Takpatchiomè, Edjouhounko de Godohou, Adrowe de Tannou) dans la commune d’Aplahoué ont suivi la formation sur la résilience aux chocs hydro-climatiques, assurée par une équipe de socio anthropologues et géographes conduite par le Pr Eustache Bokonon-Ganta, spécialiste des Changements climatiques et enseignant à l’Université d’Abomey-Calavi, sous la supervision de la coordonnatrice du projet TCP/BEN/3504 : «Appui à l’autonomisation de la femme en milieu rural par l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et le renforcement des capacités communicatives, relationnelles et de leadership», Mme Gladys Lokossou Tossou. La même formation a été également dispensée à une trentaine de cadres des services techniques de la Direction départementale de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche (DDAEP) du Couffo, des Secteurs communaux pour le développement agricole (SCDA), des Centres de promotion sociale (CPS), des Mairies et de la Direction départementale du Cadre de vie, en vue d’impliquer les structures décentralisées de l’Etat dans le Couffo dans la sensibilisation des populations pour réduire les impacts des chocs hydro-climatiques sur l’agriculture locale.

 Maîtriser la notion de risque pour prévenir les catastrophes

 Bien que constituant les premières victimes des catastrophes liées aux perturbations climatiques et assumant d'importantes responsabilités au sein des familles dans la mise à disposition des moyens de subsistance, les femmes sont défavorisées par rapport aux hommes quand il s’agit de choix à faire pour acquérir les terres en vue de la construction des habitations et des activités agricoles. Or un mauvais choix de matériaux de construction, d’emplacement pour les cases à habiter ou de terres à cultiver peut exposer le cadre de vie et l’agriculture locale à d’importants risques en cas d’intempéries graves. C’est pourquoi la formation sur la résilience aux chocs hydro-climatiques dispensée aux groupements féminins dans le Couffo  met un accent particulier sur la maîtrise par les femmes des capacités techniques pour appréhender la notion de risque et ses différents aspects. «Nous avons compris le phénomène des changements climatiques. Nous avons également appris à protéger les cases pendant la saison pluvieuse, à éviter d’habiter les zones inondables, à protéger à l’aide de rangées d’arbres les périmètres cultivés afin d’éviter que nos cultures ne soient emportées pendant des inondations, à élaguer les grands arbres et à éviter qu’ils soient isolés pour ne pas attirer la foudre. Nous savons maintenant aussi qu’il faut disposer nos cases de façon à ne pas s’exposer aux grands vents. Au vu de tout ce que nous avons appris, la connaissance des risques nous permettra de surmonter les problèmes engendrés par les changements climatiques au moment opportun afin d’accroître nos productions agricoles», a souligné la présidente du groupement «Milejou» de Dogbo, Thérèse Bossè, lors de la séance de restitution qui sanctionne la formation de trois jours donnée aux groupements de chaque commune. «L’accent est mis sur la notion de risques puisque l’ignorance de ces différents paramètres rend plus vulnérables les communautés rurales aux chocs climatiques. Une fois que les populations prennent conscience de ces risques, surtout les femmes, elles prennent les dispositions qu’il faut pour réduire aux maximum les effets des perturbations climatiques sur leurs activités et leur cadre de vie. Après cette formation, les femmes prennent le devant pour l’identification des meilleures stratégies d’adaptation compatibles avec leur environnement et plus spécifiquement, les mesures de résilience aux chocs», a expliqué le Pr Bokonon-Ganta, qui se réjouit particulièrement de l’engagement pris volontairement par chaque groupement féminin d’organiser à l’issue de la formation des séances de sensibilisation publique avec les chefs de village dans leurs communes respectives afin de disséminer les instructions reçues sur l’adaptation aux variabilités climatiques, surtout la nécessité d’effectuer des actions de reboisement.

 Renforcer les revenus des femmes pour accroitre la sécurité alimentaire en milieu rural

 Selon la coordonnatrice du Projet TCP/BEN/3504 : «Appui à l’autonomisation de la femme en milieu rural par l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et le renforcement des capacités communicatives, relationnelles et de leadership», Mme Gladys Lokossou Tossou, ce sont les femmes qui sont plus durement touchées par les pénuries agricoles alors qu’elles sont dans le même temps défavorisées par rapport aux hommes quand il s’agit d’accès aux crédits, à la terre et aux autres facteurs de production. C’est pourquoi le TCP/BEN/3504, démarré depuis novembre 2015 et prévu pour se terminer en 2017, avec un coût global d’environ 260 millions de francs CFA, met un accent particulier sur le renforcement des capacités techniques des femmes dans le domaine de la production végétale et animale et des transformations agroalimentaires avec l’appui à la diversification des activités génératrices de revenus chez les femmes rurales. Ce projet de la FAO fait partie d’une initiative conjointe avec le Programme alimentaire mondial (PAM), le Fonds des Nations unies pour la population  (UNFPA) et des partenaires nationaux, intitulée «Projet d’amélioration de la sécurité alimentaire et renforcement des capacités relationnelles, communicatives et de leadership des femmes», qui cible les communes d’Aplahoué, de Djakotomey et Dogbo, dans le but d’améliorer le revenu des femmes rurales. «Il s’agit des communes présentant des niveaux de vulnérabilité élevés», explique la coordonnatrice du TCP/BEN/3504. Elle a rappelé, entre autres activités réalisées dans le cadre de ce projet, la formation des groupements féminins des trois communes sur les techniques d’élevage des ovins, ainsi que la distribution d’une centaine d’ovins, d’intrants agricoles, d’équipements de transformation et de matériels de production végétale à dix groupements de femmes d’Aplahoué, Dogbo et Djakotomey. «Investissez-vous dans les activités de vos  groupements féminins et mettez en pratique les différentes connaissances reçues lors des différentes sessions de formation afin de profiter au maximum des nombreux avantages qu’offre ce projet en vue de mieux gérer les activités génératrices de revenus et d’accroître vos ressources pour le bonheur de vos familles, de vos enfants, et de vos communautés», a exhorté Mme Lokossou Tossou, en s’adressant aux membres des groupements féminins Miledjou, Mahounon et Missebo de Dogbo, qui ont clôturé la tournée de formation de la FAO sur la résilience aux chocs hydro-climatiques.