FAO au Bénin

Projet de restauration des écosystèmes de mangroves du site Ramsar 1017 au Bénin: Près de 150 hectares d’Acacia, d’Eucalyptus et de palétuviers plantés avec l’appui de la FAO pour préserver les mangroves dans la région du lac Ahémé et de la lagune côtière

Le Représentant Résident de la FAO au Bénin, Dr Tiémoko YO (au milieu) découvrant les graines de palétuviers en forme de fléchettes à partir desquelles un bénéficiaire du Projet TCP/BEN/3502 «Restauration des écosystèmes de mangroves du site Ramsar 1017 au Bénin» dans la commune de Bopa développe une pépinière de jeunes pousses de palétuviers dans sa plantation d’acacia, à replanter sur les berges du lac Ahémé pour restaurer les mangroves.
31/08/2017

Les populations riveraines du lac Ahémé dans les communes de Kpomassè,  Bopa et Comè et celles vivant dans la région de la lagune côtière, dans les communes d’Abomey-Calavi, Ouidah et Grand-popo, mobilisées aux côtés des responsables de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et des techniciens de la Direction générale des Eaux, Forêts et Chasses, dans le cadre du projet TCP/BEN/3502 «Restauration des écosystèmes de mangroves du site Ramsar 1017 au Bénin», sont à pied d’œuvre pour mener à bien la mission de préservation des mangroves dans ce complexe de zones humides classé depuis 2000, site d’importance internationale par la Convention Ramsar. Une descente sur le terrain conduite dans ces différentes communes par le Représentant Résident de la FAO au Bénin, Dr Tiémoko YO, jeudi 31 Août et vendredi 1er Septembre 2017, a permis de constater que des plantations d’acacia, d’eucalyptus et de palétuviers rouges et blancs sont entretenues par les communautés locales sur les berges du lac Ahémé et de la lagune côtière de Grand-Popo, sur une superficie totale de 147 hectares. De même, 30 foyers améliorés ont été réalisés en faveur des groupements de femmes mareyeuses de la zone d’intervention du projet afin de promouvoir les technologies à faible utilisation de bois énergie.

«Nous voudrions que la FAO nous donne plus d’arbres à planter. Avec les plants reçus il y a deux ans, nous avons aujourd’hui presque une forêt d’acacia. Nous pouvons utiliser le bois pour réaliser les charpentes de maisons, pour fabriquer du charbon et les branchages nous servent de fagots. Cette plantation représente une importante source de revenus à côté des autres activités de notre groupement. Avec une plantation plus grande, nous allons épargner plus d’argent pour nous occuper de nos enfants et de nos familles». La présidente du groupement féminin «Gbedjromédé» du village de Gbeffadji, dans la commune de Kpomassè, Eugénie Gnahoui, n’a pas manqué l’occasion de la visite du Représentant Résident de la FAO au Bénin, Dr Tiémoko YO, sur les sites du programme de reboisement exécuté dans le cadre du projet TCP/BEN/3502 «Restauration des écosystèmes de mangroves du site Ramsar 1017 au Bénin», pour exprimer l’ambition des bénéficiaires de disposer davantage de plantations d’arbres. A partir des plants reçus dans le cadre de ce projet, en Août 2015 et Juin 2016, elle a mis sur pied avec l’aide de la dizaine de femmes membres de son groupement une plantation de 3 ha d’acacia, qu’elles comptent exploiter d’ici quelques années pour les besoins domestiques en bois mais aussi pour la vente de bois, de charbon et de fagots de bois. Le groupement féminin spécialisé notamment dans la transformation et la commercialisation de jus d’ananas en bouteilles a négocié pour la réalisation de cette plantation, un bail de 3 ha de terres pour 190.000 FCFA sur trois ans, dans le village Aijedo, à quelques encablures des rives du lac Ahémé, dans l’arrondissement de Tokpa-Domé, et est assuré de rentabiliser l’investissement. «Le sac de charbon par exemple est vendu actuellement à 3000 FCFA l’unité et nous comptons en produire une quantité considérable. Nous comptons vendre aussi du bois aux charpentiers, en plus des fagots de bois. Ces ventes vont générer assez de revenus pour rembourser le crédit de bail, financer les activités du groupement et réaliser un peu d’épargne pour pouvoir venir en aide à nos familles», a confié la présidente du groupement «Gbedjromédé» au terme d’une visite de sa plantation par le Représentant Résident de la FAO, tout en sollicitant l’appui de l’organisation pour une nouvelle campagne de reboisement. Emerveillé par le travail effectué par ces femmes du groupement «Gbédjromédé» et surtout l’entretien exemplaire de la plantation d’acacia, totalement désherbée, Dr Tiémoko YO les a encouragées à poursuivre l’œuvre de reboisement avec la détermination et la bonne organisation qui les caractérisent, et a promis un soutien logistique à leur endroit dans les jours à venir.

Préserver les atouts d’un complexe de zones humides protégé par la Convention Ramsar

A l’instar de ce groupement féminin de Tokpa-Domè, plus de 124 autres bénéficiaires du projet de restauration des écosystèmes de mangroves du site Ramsar dans les communes de Ouidah, Kpomassè, Bopa, Comè et Grand-Popo, qui avaient bénéficié de la distribution de plants d’acacia, d’eucalyptus et de palétuviers par la FAO, ont fait pousser de vastes plantations aux abords des berges du lac Ahémé, de son chenal «Aho» et sur les rives de la lagune côtière afin de préserver les mangroves du complexe de zones humides constitué par la Basse Vallée du Couffo, le lac Ahémé, le chenal Aho et la lagune côtière, inscrits depuis le 24 janvier 2000, avec le numéro 1017, sur la Liste Ramsar des zones humides d’importance internationale. Le complexe constitue le quatrième site protégé par la Convention Ramsar au Bénin après le site Ramsar du W et la Zone humide de la Pendjari, dans le nord du pays, et la Basse Vallée de l'Ouémé, la lagune de Porto-Novo et le lac Nokoué, dans le Sud-est.  Pour la préservation du site Ramsar 1017, la mangrove, formation végétale caractéristique des milieux estuariens d'Afrique de l'Ouest, joue un rôle de pilier, selon les responsables du projet. Elle se rencontre en bordure de la lagune côtière (depuis Grand-Popo jusqu'à Abomey-Calavi en passant par Ouidah) et du lac Ahémé. Il s'agit d'un habitat naturel important dans la mesure où les racines échasses du palétuvier rouge (Rhizophora racemosa) servent de refuges et de frayères pour un nombre élevé d'espèces de poissons. La mangrove constitue également un habitat pour les huîtres et la faune aviaire. De plus, la basse vallée du Mono, la lagune côtière, la Bouche du Roy et la lagune Gbaga se prolongent à l'ouest au Togo pour confluer avec la lagune d'Anèho où se jettent le Sio et le Haho qui constituent ensemble un système fluvio-lacustre commun au Bénin et au Togo. «Ce système offre non seulement des circuits de migration pour les espèces animales marines et continentales, mais également un habitat d'hivernage pour des espèces d'oiseaux paléarctiques dont les Sternes», mentionne le projet lancé depuis Avril 2015 par la FAO et la Direction générale des Eaux, Forêts et Chasses du Bénin. 

Accroître la participation communautaire et offrir des alternatives aux femmes pour préserver les mangroves

Tout en se félicitant de l’implication effective des communautés locales vivant sur les côtes du lac Ahémé et de la lagune de Grand-Popo dans les activités de reboisement et de restauration des mangroves, le Représentant Résident de la FAO a souligné qu’à travers les différentes plantations d’acacia, d’eucalyptus et de palétuviers réalisées déjà sur une superficie totale de 147 ha, l’engagement des populations riveraines s’apprécie et démontre qu’une prise de conscience est en train d’émerger au niveau des communautés pour préserver les écosystèmes de mangroves au profit du climat et des hommes. «Tout ceci nous encourage à envisager une phase à plus grande échelle du projet de préservation des mangroves du site Ramsar 1017 au Bénin», a souligné Dr Tiémoko YO. Il a par ailleurs exprimé sa satisfaction après avoir visité les sites d’activités de quelques groupements féminins à Kpomassè et Bopa qui ont bénéficié de la réalisation de foyers améliorés servant à faire la cuisine et conçus pour réduire la consommation de bois de chauffage utilisé avec les fours traditionnels. L’objectif visé in fine à travers cette composante du projet est de faire la promotion d’autres alternatives en faveur des femmes et de sensibiliser celles qui se servent encore des bois de mangroves pour sécher le sel ou fumer le poisson à abandonner ces mauvaises pratiques qui détruisent les écosystèmes de mangroves. Au total, 30 foyers améliorés ont été réalisés en faveur des groupements de femmes mareyeuses de la zone d’intervention du projet afin de promouvoir les technologies à faible utilisation de bois énergie.