FAO au Burundi

Les pêcheurs de Muhuta ont désormais leurs capacités de transformation et de conservation du poisson renforcées.

Des bénéficiaires pratiquant le fumage du gros poisson Mukeke
17/08/2017

« Le bien-être de ma famille et de moi-même sera amélioré avec cet appui de la FAO », a souligné une femme bénéficiaire de la formation.

Les  pêcheurs et vendeurs de poissons victimes des intempéries ayant frappé en 2015 la localité de Rutumo, en commune Muhuta de la province Rumonge  viennent d’être formés en techniques de gestion, transformation et conservation du poisson grâce à l’appui de la FAO. Dispensée du 09 au 11 août 2017 avec le soutien du projet ‘Appui d’urgence à la reconstruction des moyens d’existence des ménages vivant de la pêche affectés par les dommages causés par les inondations et éboulements’ (TCP/BDI/3602), la formation a visé un groupement de 30 bénéficiaires qui vont relayer leurs connaissances à 270  autres personnes ayant été  victimes de ces intempéries.

La formation a d’abord consisté en l’apprentissage des notions théoriques, suivi par des démonstrations pratiques.   Elle a essentiellement été basée sur le processus de  learning by doing.  L’apprentissage pratique a notamment consisté au fumage, une technique de conservation par voie chaude. Pour réaliser ce processus, un four à deux compartiments a été utilisé: celui destiné a la cuisson du poisson à fumer et celui de fumage lui-même.  Le dispositif de fumage comporte des pièces maîtresses telles que celles destinés au soutien du charbon et de poisson, une cheminée, des couvercles pour maintenir la chaleur dans le four, etc.  Les participants ont appris que le processus de fumage dure environ quatre heures. Il faut signaler que le fumage enseigné par la FAO vient remplacer le fumage traditionnel qui utilisait essentiellement la fumée issue de la combustion du bois. « Le fumage traditionnel libère des Hydrocarbures aromatiques polycycliques libérant des substances nocifs pour la santé connues sous le cigle HAP », a indiqué  M. Evariste, Rumbete, formateur. Il a souligné que le poisson fumé d’une façon moderne « donne du poisson de belle couleur, de bonne odeur et délicieux, dépourvu également de toute caractéristique dangereuse ».

Après le fumage, les bénéficiaires de la formation ont appris la conservation du poisson par voie froide centrée sur l’utilisation de la glace. A ce niveau, les participants ont appris comment disposer le poisson dans la glace pour bien réussir le refroidissement. En effet, le poisson doit être disposé sur une première couche de glace et en position semblable à celle qu’il prend lorsqu’il nage. Ensuite, une autre couche de glace est placée au dessus de ce poisson, et le processus reprend.  « Il faut un kilo de glace pour un kilo de poisson », a indiqué le formateur.

Satisfaction des bénéficiaires

Les bénéficiaires de la formation sont satisfaits d’avoir eu la chance de suivre cette formation qui, pour eux, leur aidera à construire un avenir reluisant.

« Je suis très content d’avoir suivi la formation. Nous avons appris en quoi consistent une pêche durable et une pêche non durable par rapport à l’utilisation des filets de pêche. Je remercie la FAO de m’avoir désigné parmi nombreux autres personnes pour apprendre des connaissances sur la pêche. Je vais transmettre ces connaissances aux autres en insistant, par exemple qu’il ne faut pas pêcher en période de fermeture du lac et pas utiliser le filet maillant mono filament (Kamusipi). J’ai beaucoup apprécié la technique de fumage. Auparavant, j’utilisais un simple matériel et  le poisson était abimé par la fumée et la poussière. Nous consommions le poisson sans nous soucier de l’hygiène et de la santé.  La nouvelle technique de fumage utilise beaucoup de soins de part l’utilisation des poubelles, du savon, etc. Elle donne du poisson délicieux. Le poisson ne touche pas le charbon. Il est cuit et fumé avec la chaleur seulement. Les petites nattes utilisées pour le séchage ont été remplacées par des claies métalliques inoxydables.  La FAO est en train de faire de mon avenir un avenir radieux et plein d’espoir », a indiqué M. Thacien Manirakiza, bénéficiaire de la formation.

Mme Denise Kwizera a terminé la formation étant consciente qu’il y a prolifération de filets maillants mono filaments réduisant la production du lac Tanganyika. Elle est déterminé à sensibiliser les autres pécheurs et vendeurs de poissons à utiliser des filets remplissant les normes. «  Ceux qui pêchent à la lisière du lac dérangent la productivité du poisson. Nous allons les convaincre d’utiliser du matériel adéquat, faute de quoi nous serons obligés de saisir les instances habilités pour des mesures correctives. Je leur dirai que les mauvaises pratiques de pêche peuvent les conduire en prison. La Formation m’a été utile, car j’utilisais moi-même du matériel inadéquat et je fumais parfois du poisson avarié, ce qui était dangereux pour le consommateur. Maintenant, que la FAO nous a donné du bon matériel, nous allons l’utiliser efficacement. Le bien-être de ma famille et de moi-même sera amélioré avec cet appui de la FAO », a souligné Mme Kwizera.

Rappelons qu’en novembre et décembre 2015, les populations riveraines du Lac Tanganyika, particulièrement sur l’axe Bujumbura-Rumonge, ont été victimes des inondations et glissements de terrain, consécutivement au phénomène El Niño. Des infrastructures socio-économiques, des parcelles agricoles et des biens alimentaires ou non stockés par ces populations ont été détruits, y compris leur matériel de pêche.  Un kit en matériel de pêche d’une valeur de 202 450 dollars américains vient de lui être remis en juillet dernier pour leur  permettre de réhabiliter leurs capacités en matière de pêche. Soulignons aussi  que les bénéficiaires de la formation ont été retenus sur des critères clairs. D’après M.Rumbete, il fallait être, soit commerçant du poisson, soit transformateur du poisson, soit pêcheur. Il fallait aussi être déplacé des intempéries ayant frappé la localité de Muhuta.