FAO au Burundi

Les bénéficiaires du projet d’amélioration de l’alimentation du bétail savent maintenant fabriquer des blocs nutritionnels.

Des blocs à lecher fabriqués lors de la formation pratique
19/09/2017

 

Cette nouvelle connaissance a été obtenue à travers une formation ayant réuni trente-cinq animateurs Champ Ecole Paysan- Elevage, dispensée par l’Institut des Sciences Agronomiques du Burundi(ISABU), partenaire de la FAO dans les trois provinces pilotes du projet (Bururi, Gitega et Ngozi).

La formation fait suite à une autre déjà dispensée par la FAO sur l’approche CEP Elevage et a été organisée dans le cadre du renforcement des capacités, un des volets du Projet « Contribution à l’augmentation de la productivité animale à travers l’amélioration de l’alimentation du bétail auprès des ménages » (TCP/BDI/3601) qui, entre autres volets, prévoit la formation sur la fabrication des blocs nutritionnels, la conservation des fourrages tels que le foin et l’ensilage, la mise en place des unités de fabrication d’aliments bétail (aliments de production), etc. La formation a été organisée en août 2017 à  Matana, en province de Bururi et à Bugendana en province de Gitega ainsi qu’à Gashikanwa en province Ngozi.

Selon M. Elias Minani, formateur et chercheur à l’ISABU, les participants à cette formation ont appris une série de notions, spécifiquement les concepts théoriques de l’usage des sels minéraux en alimentation animale : « Une alimentation correcte des ruminants exige un apport adéquat en sels minéraux. Certains de ces éléments, sont nécessaires en quantités plus importantes que d’autres ; ce sont les macroéléments. D’autres éléments  par contre, les oligoéléments,  sont indispensables toute en étant en quantités mineures », a souligné M. Minani.

Compte tenu des disponibilités en matière première, les ingrédients proposés pour  la fabrication des blocs nutritionnels sont : la mélasse, la farine de Calliandra, le son de riz, le premix, la farine d’os, l’urée, le ciment, le sel iodé, le calcaire (et l’eau). Les éléments constitutifs du bloc à lécher concourent pour apporter notamment à l’animal de l’énergie, des protéines, des vitamines et surtout les minéraux et autres nutriments. La mélasse, à côté d’être une source énergétique et de Potassium, donne le goût et l’odeur qui rendent le boc appétissant. La farine de Calliandra est source de protéines à environ 16%. Le son de riz qui est riche Phosphore et en oligoéléments, absorbe l’humidité de la mélasse et donne la structure au bloc. Le premix constitue  une source de vitamines, de macro et oligo-éléments. La farine d’os procure au bloc des  minéraux comme le Calcium et  Phosphore. L’Urée  apporte aux ruminants de l’azote indispensable au développement de la flore du rumen. Le ciment est un liant dans ce processus.  Le sel iodé procure des minéraux comme le Sodium, le Chlore et les oligoéléments. Le Calcaire est, comme le ciment, un liant, mais constitue aussi une  source de minéraux, en particulier le Calcium. L’eau est aussi un important intrant dans la fabrication des blocs à lécher car elle permet de faire le mélange et l’obtention de la pâte.

En général, les proportions des éléments constitutifs des blocs à lécher sont proches   aussi bien pour les ruminants que pour les porcs sauf que pour ces derniers les blocs ne contiennent ni la mélasse, ni l’urée.

 Une formation basée sur la démonstration

Une des grandes étapes de la formation était aussi une démonstration pratique sur la fabrication de ces blocs nutritionnels. En effet, les bénéficiaires ont appris que le pesage des ingrédients (proportion) est une étape importante. La fabrication comprend les étapes  telles que la préparation des ingrédients (le pesage, le tamisage pour la farine d’os, le calcaire pour enlever les impuretés), le mélange et le malaxage, le moulage et le séchage. L’ordre des mélanges est ici aussi important ; l' on commence par les ingrédients à même d’être mélangés.

Après le mélange, il faut faire une pâte à mettre dans une moule en compressant. Dans le processus de moulage, le mélange pâteux est fortement tassé dans la moule pour assurer une bonne cohésion du bloc.  L’émoulage, se fait juste après le moulage à l’instar de la fabrication des briques en argile. Souvent, un trou au milieu du bloc est fait  pour permettre le passage du fil permettant de suspendre le bloc au niveau de l’étable. Le séchage du bloc se fait sur un plan horizontal, non exposé directement au soleil pour éviter la fluidification de la mélasse et les fissures. Il faut attendre environ un mois pour qu’il soit prêt à l’utilisation.

Selon le formateur Minani,  les blocs « urée-mélasse » doivent être utilisés pour les  ruminants tels que les vaches, les chèvres et les moutons, et non pour les monogastriques  (tels que  les poules, les porcs et les lapins), les veaux, chevreaux, et agneaux.

Pour les blocs  «  porcs », comme il n’y a ni mélasse ni urée, la période de séchage est courte, environ une semaine.

Une perception positive de la formation

 « Venez m’apprendre comment  fabriquer les blocs à lécher et je les ferai moi-même par après pour les donner à mon bétail. Je ne manquerais pas aussi à vous chercher des clients », a indiqué M. NSAGUYE Lazarre, Directeur Provinciale de l’Agriculture et de l’  Elevage (DPAE) dans la Province  Ngozi, très  Intéressé par cette formation.  

 « Les commerçants de Ngozi m’ont pris treize mille huit cent FBu pour un bloc, vraiment, c’est la dernière somme que je leur ai payée », a indiqué madame Nkurunziza Gloriose de la Colline Kivumu, bénéficiaire de la formation, maintenant déterminée à  fabriquer, elle-même des blocs à lécher. 

 Prochaines étapes 

Une certaine quantité de matières premières a été laissée aux facilitateurs, comme fonds de roulement afin de continuer l’apprentissage et la fabrication des blocs à lécher. Chaque facilitateur va inviter les membres de son Champ-Ecole Paysan pour faire une démonstration/formation sous la supervision du vétérinaire communal, facilitateur principal.

 Comme cette fabrication utilise, entre autres matières premières, le Calliandra, c’est aussi une opportunité de continuer la vulgarisation  et la valorisation de cette  culture non seulement importante pour l’alimentation du bétail, mais aussi pour l’agriculture et la sauvegarde de l’environnement.

 Soulignons enfin que les blocs fabriqués(environ 500 par site) vont servir de fonds de roulement. Les facilitateurs se sont engagés à rendre disponibles des blocs nutritionnels dans la commune mais aussi pour les autres communautés avoisinantes. Le DPAE Ngozi a, de son côté, souhaité que cette formation soit étendue à d’autres localités.