FAO au Burundi

Que de changements positifs des vies des populations rurales appuyées par le PRO-ACT 1

Une vache achetée par Denise Niyibigira de la colline Shembe, zone Muzye (commune Giharo) grâce au crédit VSLA
07/02/2019

 « Le PRO-ACT est en train de nous tirer de la misère et nous entraine vers l’auto-développement ». C’est la réaction d’Innocent Nkezabahizi, membre de l’Organisation de Producteur (OP) Tujijuke de la zone Butarugera, de la commune Butihinda en province de Muyinga. Trois ans après le démarrage du projet « appui à l’amélioration des capacités de résilience des populations vulnérables les plus affectées par les effets de la crise multifactorielle au Burundi » (PRO-ACT1) financés par l’Union européenne et mis en œuvre par la FAO, les conditions de vie des populations rurales appuyées par ce projet se sont améliorées. Tel est le constat remarqué sur terrain, durant la saison 2019 A, aussi bien dans la partie nord du projet, en l’occurrence en communes Busoni et Bugabira de la province de Kirundo, communes Mwakiro et Butihinda de la province de Muyinga, communes Buhiga et Bugenyuzi de la province de Karuzi ainsi que dans la partie sud constituée par les communes Giharo et Bukemba de la province de Rutana, Kayogoro et Nyanza-Lac de la province de Makamba.

Dans la mise en œuvre de ce projet, l’approche Caisse de Résilience (CdR) est promue par la FAO. Elle repose sur trois piliers. Il s’agit du pilier technique à travers l’approche Champs Ecoles Paysans (CEP), du pilier économique à travers l’approche Village Savings and Loans Associations ou Association Villageoise d’Epargne et Crédit – AVEC en français (VSLA) ainsi que le pilier social à travers notamment l’approche Clubs d’Ecoute Communautaire (CEC).

« Avant de bénéficier des formations sur l’approche Champs Ecoles Paysans (CEP), je pratiquais le semis à la volée suivi par une maigre production ; actuellement, la production a augmenté grâce au semis à la ligne et au mélange de la fumure organique avec des engrais minéraux », a affirmé Médiatrice Mukaremera, membre de l’Organisation de Producteur (OP) Turwizumwimbu de la colline et zone Murore, de la commune Busoni en province de Kirundo, appuyée par le PRO-ACT1. De son côté, Denise Niyibigira de l’OP Twiyunge de la colline Shembe, en zone Muzye (commune Giharo) a assuré que les leçons apprises à travers l’approche CEP l’ont amené à utiliser uniquement des semences sélectionnées pour ses champs, alors qu’auparavant, elle ne savait pas faire le tri. Et d’ajouter que cela a impacté positivement sur la production. Bref, l’amélioration des bonnes pratiques agricoles grâce aux leçons apprises lors de la mise en œuvre de l’approcheCEP est de plus en plus une réalité dans toute la zone d’intervention du projet. Le changement se remarque dans le semis à la ligne, les techniques de compostage, la combinaison des engrais minéraux et organiques, l’installation des jardins  de case dans les ménages  ainsi que les bonnes pratiques en matière d’élevage. 

Aussi, l’approche VSLA a également été vite adoptée par ses bénéficiaires, selon les témoignages recueillis sur terrain. Plusieurs actions en rapport avec l’épargne, l’accès au crédit et surtout les investissements issus de la mise en œuvre de cette approche sont remarquables. Elles concernent  aussi bien le domaine en rapport avec l’agriculture et l’élevage (achat de petit et gros bétail, achat de lopins de terres, commerce de produits agricoles, fumage de poisson, pisciculture etc) que celui des Activités Génératrice de Revenu (AGR). C’est le cas notamment de boutiques de vente de produits alimentaires, services de restauration, construction et/ou réfection de l’habitat, atelier de couture, éclairage avec des plaques solaires etc.  

Les activités à Haute Intensité de Main d’œuvre (HIMO) ont contribué à booster les revenus des ménages et surtout à accroître la capitalisation, à travers les VSLA. « Grâce aux revenus issu des HIMO ainsi que l’argent partagé à la fin du cycle de notre VSLA, j’ai acheté une vache d’une valeur de 350 000fbu. Elle me donne du fumier à l’origine de l’augmentation de la production agricole dans mes champs», a reconnu Innocent Nkezabahizi de la colline Tangara, zone Butarugera, commune Butihinda (province de Muyinga). Précisons que chaque participant aux travaux HIMO a perçu l’équivalent de 180 000fbu (plus ou moins 100 Euros) pour les soixante jours de prestation prévus. Pour ceux qui sont membres des OP, la moitié de ce montant leur permet d’accroître leur capital au sein des VSLA et l’autre moitié sert à satisfaire les besoins quotidiens.

De son côté, Olélie Cimpaye de l’OP Twigishanye de la colline Ruranga, en commune Bukemba (province de Rutana) a indiqué que grâce aux crédits contractés dans son VSLA, elle s’est lancée dans la culture et commerce de haricot. « Grâce à ce commerce, j’ai produit 1,449 tonnes de haricots, ce qui m’a permis de  participer à une foire aux semences organisées par la FAO, en tant que commerçante », a souligné  Mme Cimpaye. Elle a ajouté avoir eu un bénéfice de 834 000fbu lors de cette foire, et ce montant a servi à l’achat d’une maisonnette d’une valeur de 750 000fbu, servant actuellement à la vente et stockage du produit de la récolte …   

L’approche CEC etpilier social de la Caisse de Résilience, enregistre aussi des succès remarquables. Pour rappel, cette approche promeut notamment l’accès et le partage de l’information, les actions choisies et menées selon les priorités de chaque localité, la pris en compte du genre et l’autonomisation de ses membres. Des témoignages collectés lors de la descente, montre que cette approche a été adoptée, et complète efficacement les deux autres piliers de la Caisse de Résilience, que sont les approche CEP et VSLA. « Mon mari gaspillait le produit de notre récolte et notre ménage était menacé de dislocation. Grâce à l’intervention des membres de notre CEC, il a abandonné son mauvais comportement », a indiqué Cimpaye Joséphine de l’ OP ‘Twiyungunganye’ appuyée par le PRO ACT1, de la colline Rwimbogo, zone Masabo, (commune Bugenyuzi de la province Karuzi). A noter que grâce aux échanges à travers l’approche CEC, les membres de cette OP effectue le travail champêtre en groupe et à tour de rôle, payé 500 fbu à chaque participant au lieu de 1 000fbu, comme c’est le cas pour le reste de la communauté.

Denise Niyibigira, membre de l’OP Twiyunge de la colline Shembe, en zone Muzye (commune Giharo de la province Rutana), a fait noter que grâce aux leçons CEC, elle est devenue une référence et est souvent sollicitée par la communauté environnante, pour la résolution de cas sociaux (sensibilisation des hommes qui empêchent leurs épouses à participer aux activités associatives, mauvaise gestion de la récolte). Elle a précisé que contrairement aux juridictions à la base, les interventions des membres de leur OP se font gratuitement.  A noter qu’au sein des localités où sont implantées les CEC, une tendance à la baisse de petits conflits sociaux est remarquée. L’autonomisation promue par l’approche CEC et marquée par des activités initiées de leurs propres initiatives et avec les ressources propres, est en train de renforcer la cohésion sociale.  

Dans le cadre du PRO-ACT 1, d’autres activités en lien avec la Caisse de Résilience battent leurs pleins également et en saison 2019A. C’est le cas notamment de la promotion de la myciculture et de l’apiculture, les jardins de case, ainsi que des activités de surveillance nutritionnelle communautaire à travers les Mamans Lumières.

Signalons que le PRO-ACT1 mis en œuvre par le Bureau de la FAO au Burundi pour une durée de 3 ans (2016-2018) a été complété d’un PRO-ACT2 également financé par l’Union Européenne pour une durée de 3 ans (2017-2019) portant ainsi au cours de cette période le volume d’assistance déployée à 30 000 ménages vulnérables et 400 jeunes diplômés sans emplois. Les 2 projets interviennent dans les provinces de Kirundo (Busoni et Bugabira), Muyinga (Mwakiro et Butihinda), Karuzi (Buhiga et Bugenyuzi), Rutana (Bukemba et Giharo) et Makamba (Kayogoro et Nyanza Lac). Ces communes ont été ciblées sur base de combinaison de résultats IPC critiques, d’indicateurs de malnutrition inquiétants et de taux de migration parmi les plus intenses.

 Signalons enfin que le PRO-ACT 1 qui devrait être clôturé à la fin de 2018 a été prolongé jusqu’à juin 2019.  De manière globale, ce projet a déjà enregistré de très bons résultats en faveur des populations rurales, cibles de ce projet. Avec l’extension de 6 mois, ce projet financé par l’Union européenne compte améliorer davantage ses bons résultats, en augmentant notamment ses cibles.