FAO au Burundi

Par leur impact, les activités du projet de promotion de l’alimentation du bétail méritent d'être capitalisées à grande échelle

Le Directeur Général Lazarre Ndaguye ouvrant l'atelier de capitalisation du TCP
10/05/2019

Cette idée est ressortie d’un atelier organisé en province Gitega au lendemain de la clôture du projet de Coopération technique (TCP) «Contribution à l’augmentation de la productivité animale à travers l’amélioration de l’alimentation du bétail auprès des ménages ». L’atelier consistait en des journées de capitalisation des acquis de ce projet et de réflexion sur la problématique de l’alimentation du bétail au Burundi organisées du 23 au 25 avril 2019 dans la province de Gitega , au centre du Burundi.

Cet évènement a été rehaussé par le Directeur Général en charge des Ressources au Ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage (MINEAGRIE), M. Lazare Nsaguye et de M. Apollinaire Masuguru, Assistant/Programme du Représentant de la FAO, organisation ayant financé ce projet à travers ses fonds propres. Le Chef d’Equipe pour la mise en œuvre du Projet, M. Fallou Guèye, les cadres et délégués des Organisations nationales et internationales intéressées par le domaine de l’élevage, les ONG et les opérateurs privés du domaine ainsi que les agri-éleveurs ont également participé à l’atelier.

La rencontre était une opportunité d’évaluer les actions, les résultats et les défis enregistrés au cours de la mise en œuvre de ce projet. Il était également question de réfléchir sur les stratégies à adopter pour rendre pérennes ses résultats et impacts.

Les gestionnaires du projet se disent avoir atteint les objectifs initialement fixés, notamment l’intensification et la valorisation du potentiel existant en rapport avec les cultures fourragères, l’utilisation rationnelle des aliments disponibles, l’installation des unités de fabrication des blocs à lécher multi-nutritionnels pour le bétail. C’est dans cette optique que, lors de l’évaluation des résultats de ce projet, le Coordinateur national du projet, M. Emmanuel Nyandwi a indiqué que ses actions ont été satisfaisantes car ayant atteint un taux de réalisation d’au moins 80%. 

Lors de sa mise en œuvre, le projet a pu installer des unités de fabrication d’aliments pour bétail à Bugendana (Gitega), à Gashikanwa (Ngozi au Nord du Burundi) et à Matana (Bururi au Sud du pays). Les capacités des éleveurs ont également été renforcées à travers diverses formations pour accroître leur productivité notamment via l’approche «Champs écoles-producteurs (CEP) ». Beaucoup de fiches techniques sur la valorisation du potentiel existant ont également été produites.

Le projet a été réalisé au moment où le Gouvernement a initié une politique de repeuplement du cheptel par l’importation et la distribution à travers la chaîne de solidarité communautaire, la réhabilitation des stations de recherche, la promotion de l’insémination artificielle, la lutte contre les épizooties notamment à travers la vaccination. A ce sujet, M. Lazare Nsaguye a rappelé qu’une loi sur la stabulation permanente du bétail a été promulguée en octobre 2018. Une ordonnance sur les conditions de production, de collecte, de transformation et de commercialisation du lait et ses dérivés destinés à la consommation humaine a également été élaborée, pendant qu’une plate-forme laitière a été mise en place.

Les bénéficiaires témoignent

Le Gouvernement, à travers le MINEAGRIE, salue la contribution du projet dans l’amélioration animale. 

Les bénéficiaires témoignent que le projet a changé leurs vies.  «Nous avons beaucoup appris, notamment les techniques de plantation des cultures fourragères, la conservation du fourrage, le traitement des maladies et la nutrition adéquate du bétail. Grâce à ces formations, nous avons augmenté notre production de lait de 4 à 8 litres par jour. La pauvreté a progressivement été réduite dans nos ménages », a indiqué, Mme Renilde Buhembe, bénéficiaire de la Commune Bugendana dans la province de Gitega.

« Nous apprécions la mise à notre disposition du capital de démarrage à côté des équipements de production des aliments bétail. Nous produisons des blobs à lécher de qualité supérieure à celle des blocs importés. Nos blocs à lécher sont trois fois moins chers que ceux-là venant de l’étranger », a ajouté Mme Buhembe.

Un bénéficiaire indirect de Ngozi, M. Cassien Dondogori, se dit satisfait d’acheter les blocs à lécher à cinq mille francs bu alors qu’il dépensait 15 000 par bloc auparavant. « Je n’utilise plus les blocs importés. Mais, comme les blocs fabriqués dans le cadre de ce projet ne durent qu’une semaine de par leur appétibilité par le bétail, il faut voir comment les rendre plus durables. Ces blocs à lécher ont apporté un grand changement dans mon élevage », a souligné M. Dondongori.

Défis et recommandations

Au Burundi, l’élevage est l’un des secteurs clés de la vie nationale. Selon la FAO, il contribue à 14% du PIB national et à 29% du PIB agricole. Malgré cela, les performances zootechniques sont faibles par rapport au potentiel génétique des animaux qui sont élevés dans le pays. D’après l’Assistant du Représentant de la FAO,  M. Apollinaire Masuguru, les consommations annuelles des produits de l’élevage par habitant restent faibles : 12.8 kg (environ 3.4 kg de viande, 9.4 l de lait et 2 œufs), alors que les besoins sont estimés à 18 g de protéines animales/jour/personne (environ 91,25 g de viande).

« Les faibles performances du bétail élevé au Burundi sont dues à l’insuffisance alimentaire tant sur le plan quantitatif que qualitatif », a indiqué M. Masuguru. Et, M. Lazare Nsaguye du MINEAGRIE y ajoute «une faible maîtrise des autres facteurs de production dont l’hygiène et la santé ». Concernant les contraintes rencontrées lors de l’exécution du projet, la Coordination du projet, signale l’approvisionnement en courant électrique qui a été problématique suite au manque de compteurs électriques, ce qui s’est traduit par un retard dans le fonctionnement des machines dont l’installation avait été terminée depuis environ quatre mois.

Parmi les recommandations, les participants à l’atelier ont souhaité qu’il soit créé de petites usines de fabrication de blocs à lécher multi-nutritionnels et une grande usine de grande envergure permettant la production à large échelle des aliments pour bétail. Les agriculteurs demandent aussi la mise à disposition des terres suffisantes pour la culture des fourragères sans oublier de vulgariser les acquis de ce projet au-delà de sa zone d’intervention.

De l’avis des participants, les acquis de ce projet devraient se répercuter dans les autres contrées du pays via un vaste programme national. Aussi faut-il créer des comptoirs de vente d’aliments pour bétail, réglementer l’exportation des sous-produits de la riziculture de première qualité servant dans la fabrication des aliments du bétail au niveau local. Les participants ont aussi recommandé la contribution de l’Institut des Sciences Agronomiques du Burundi(ISABU) dans la multiplication des plantes fourragères. Ils ont aussi demandé le renforcement des capacités institutionnelles de suivi et d’encadrement des éleveurs. L’espèce, l’état physiologique et l’âge du bétail devraient, selon les participants, également être pris en compte dans la fabrication des aliments pour bétail.

L’atelier a été l’occasion pour le représentant des éleveurs qui fournissent à la capitale Bujumbura plus de 20,000 litres de lait par jour de demander d’être pris en compte dans les programmes d’alimentation du bétail.