FAO au Burundi

Le Projet IAP-FS financé par le Fond Mondial pour l’Environnement –GEF enregistre d’importants succès

Membres des CEP montrant les résultats de l'expérimentation sur le haricot
05/09/2019

Après une année d’existence, le projet « Support for sustainable food production and enchancement of food security and climate résilience in Burundi's highlands » (GCP/BDI/040/GFF) mis en œuvre par la FAO dans les provinces de Mwaro, Muramvya et Gitega fait déjà un pas de géant. Les bénéficiaires englobant les membres des Champs-école de Producteurs ont commencé à rentabiliser les capacités de production leur octroyées par la FAO.

La formation à travers la recherche-action, fondement de la réussite du projet.

Comme point de départ, la FAO a appuyé la constitution des « Champs Ecoles de Producteurs(CEP). Ces écoles dites « sans murs » où les élèves apprennent notamment en pratiquant dans leurs propres champs et à travers la recherche-action. Elles sont bien structurées et mènent leurs activités sur des terrains leurs prêtés par certains de leurs membres. Ces terrains sont loués si aucun membre n’en a pas.

Les intrants d’expérimentation sont octroyés par la FAO. Ce sont notamment l’engrais chimique, les outils agricoles et les semences. « La FAO nous a donné 43 houes et 43 pelles et 43 pics, une pompe, cinq arrosoirs, 1400 kilos de semences, 50 kilos d’urée. Ces outils nous permettent de bien travailler », a indiqué Sophie Irakoze, Présidente du CEP Tujehamwe de la colline Kibenga Migende en commune Kayokwe de la province Mwaro, lors de ses journées portes ouvertes.

En CEP ils ont appris à installer les compostières et les ont adoptés chez eux. « Auparavant, je ne savais pas qu’une compostière avait de l’importance. Nous n’en avions pas chez nous en famille. Avec la venue des CEP, nous en possédons maintenant », a indiqué Mme Godeliève Nizigiyimana, présidente du CEP Terimbereburundi de la colline Iteka, en commune Nyabihanga de la province Mwaro. Elle souligne que le CEP chaque membre dispose d’au moins deux compostieres.  

 Notons que lors de l’apprentissage, les CEP utilisent des dynamiques de groupe notamment à travers les chants, la prière, les exercices, les jeux théâtraux,  pour renforcer l’esprit d’équipe, briser la glace, rafraichir l’esprit, renforcer la participation des membres CEP lors des séances d’apprentissage, etc. 

 Les membres des CEP devenus d’intéressants découvreurs

Les CEP du projet ont trouvé que la combinaison de différents types de fumier est plus rentable que l’utilisation d’une seule sorte. « Nous avons fait des essais sur la pomme de terre, les légumes, le blé et le haricot.  Nous avons trouvé que le fumier, combiné à l’engrais chimique, donne une bonne production », affirme Mme Hakizimana Elizabeth, présidente du CEP « Dukingirisiyacu » de la colline Kibogoye en commune et province Muramvya.

Les expérimentations ont permis aux CEP de découvrir les variétés de cultures plus productives que d’autres. Le CEP Tezimberuburumyi de Gisitye a fait des essais sur quatre variétés de haricot dit ‘jaune’,’ kinure’, ‘ nokia’ et ‘mukutsa’. « En semant toutes ces variétés et en appliquant les mêmes types et quantités de fumier ainsi que les mêmes modes de culture et sur les mêmes superficies, nous avons découvert que la variété dite nokia a donné une production plus grande que celles des autres variétés. Si nous voulons accroître notre production, nous allons la cultiver à grande échelle. Kinure a été classée deuxième et est très aimée par les acheteurs au marché. La variété Mukutsa a été rangée troisième en terme de production. Cette variété est moins chère pour les acheteurs. Le haricot jaune a donné la plus petite production par rapport aux autres variétés. Après l’expérimentation, nous avons conclu qu’il faut insister sur les variétés Kinure et Mukutsa lors du semis », a indiqué le Président du CEP Tezimberuburimyi de la colline Gisitye en commune Nyabihanga de la province Mwaro.

Le CEP Terimbereburndi de la colline Iteka en commune Nyabihanga a, quant à lui, fait ses expérimentations sur quatre variétés de haricot : urwetengwe, mukutsa, kinure et masera. « Nous avons trouvé que Masera porte plus de régimes que les autres variétés. Kinure occupe la deuxième position, mukutsa la troisième et Urwetengwe dernière. Nous allons donc nous focaliser sur masera qui produit plus que les autres », a indiqué Godeliève Nizigiyimana Présidente de ce CEP, précisant que les facteurs tels que la capacité de résister aux pluies abondantes, la sècheresse et les maladies sont également pris en compte.

Ce CEP a également fait une recherche sur l’hybride de maïs dit « longue 10 », la variété sélectionné dite « isega rirobanuye » et sur les variétés locales de maïs. « Nous avons trouvé que l’hybride (longue 10) est plus productif que les autres variétés », a indiqué Mme Godeliève Nizigiyimana.

Et, au bout du compte, l’accroissement de la production

Avec la formation qu’ils ont reçue, les membres des CEP ont changé les anciennes habitudes de semis qu’ils appellent « jujuta » qui se traduit par « -ignorance » et où ils pratiquaient la culture en association avec plusieurs cultures et plantaient en désordre. Avec les techniques culturales modernes, leur production augmente significativement et la quantité de semences semées est réduite. « Dans le temps, quand je semais, la semence ne suffisait pas. J’allais même en demander chez mes voisins. Maintenant, puisque je plante sur les lignes, j’utilise peu de semences mais récolte beaucoup. Là où je semais l’ibakure (cuvette de 6 kilos), j’y sème seulement 4 kilos et j’obtiens une grande production », a souligné Mme Philomène Bandyambona, membre du CEP Gurumwete de Gisubi dans la province de Gitega.  « Nous n’avons pas de problèmes de conservation des semences. Pour le blé, nous conservons juste 10 kilos de blé tandis que pour le haricot, nous conservons juste un seul sac », a souligné Madame Hakizimana Elizabeth, présidente du CEP   Dukingirisiyacu à Muramvya.

 « Depuis l’avènement des CEP et la formation nous donnée par la FAO, même si je sème sur un tout petit espace, en plantant sur les lignes, en séparant les cultures et en mélangeant trois types de fumières dont l’engrais, l’urée, et le fumier de ma compostière, j’obtiens une bonne production. Maintenant, je ne me plains vraiment pas », souligne Mme Apollonie Ntakirutimana du CEP Terimbereburundi. Mme Jacqueline Hakizimana membre et présidente du CEP Gurumwete de Gisubi se souvient même des quantités récoltées après l’application des méthodes apprises. « Avant mon adhésion au CEP, je plantais 50kilos de haricot et j’en récoltais 120 », a-t-elle indiqué

Rentabiliser les récoltes et promouvoir la nutrition des ménages par la consommation des légumes

Certains CEP sont tellement organisés qu’ils ont même commencé à rentabiliser leur production. Avec les revenus issus des récoltes prochaines de pomme de terre, le CEP Tezimberuburimyi de la Colline Gisitye envisage d’acheter cinq vaches. A la première année de mise en œuvre du projet, ces bénéficiaires ont déjà acheté une vache qu’ils entretiennent avec beaucoup de soins.

Afin d’assurer la protection de leurs récoltes, les CEP ont adopté des méthodes de conservation. Le CEP Duterimbere de Muyebe a stocké 4 tonnes de semences de pomme de terre dans un hangar en matériaux locaux. Elle entend vendre une partie de ces semences et cultiver du maïs au moins sur deux hectares la saison prochaine.

Les CEP constituent un cadre privilégié de promotion nutritionnelle notamment à travers la consommation des légumes. La majorité des membres des CEP ont installé chez eux des jardins de cuisine afin d’avoir des légumes pour toutes les saisons. « Nous n’allons plus acheter les aubergines, les tomates, les amarantes, les poivrons, les oignons, les céleris et autres légumes au marché. La FAO nous a donné des semences et nous les produisons nous-mêmes. Nous n’achetons que de l’huile, du sel et de la farine pour la pâte », indique Mme Concilie Ndikiminwe du CEP Girumwete de Gisuru dans la province Gitega. « Voyez-vous, nous avons une bonne santé parce nous consommons régulièrement des légumes », ajoute Mme Philomène Bandyambona du CEP Girumwete de Gisuru.. Les voisins sont si interéssés par la plantation des legumes qu’ils essaient de dupliquer l’approche de jardins de cuisine « Beaucoup de voisins non membres des CEP nous y imitent dans la plantation des légumes. Nous les vendons également pour générer des revenus », a indiqué, Mme Marguerite Maniragumije, présidente du CEP Duterimbere de Muyebe. Ce CEP gère une pépinière de légumes régulièrement renouvelée et dont les plants sont soit utilisés par les membres, soit vendus au reste de la communauté.  

La FAO salut l’adhésion de l’administration aux activités du projet et demande aux bénéficiaires de continuer à s’en approprier. « Nous aimerions que ces réalisations ne soient pas attribuées à la FAO, mais à vous les bénéficiaires. Un CEP très actif facilite le travail de l’administration car il constitue un pont en matière de développement. », a indiqué M. Donatien Karumbete, Expert Chargé du suivi et de l’encadrement des CEP au sein de ce projet appuyé par la FAO.