FAO au Burundi

Présentation des données de l'IPC 2020B et échange sur les leçons apprises de l'IPC 2020A

Vue de salle de l'atelier
14/08/2020

Récolter les données, mais savoir aussi les utiliser

Organisé le 13 août 2020 à Bujumbura  par le Programme Alimentaire (PAM) et l’Organisation Mondiale pour l’Alimentation et l’agriculture(FAO), l’atelier s'inscrit dans le cadre des protocoles d'accord signés entre le Ministère de l’Environnement, de l’ Agriculture et de l’Elevage(MINEAGRIE) , le Programme Alimentaire Mondial (PAM ) et la FAO relatifs à la collecte le traitement, l'analyse et la diffusion des informations sur la sécurité alimentaire au Burundi.

Ouvert par le Directeur Général en charge de la Planification agricole, M. Prosper Dodiko, l'atelier visait à échanger sur les données déjà disponibles et sur le processus d'analyse IPC dans toutes ses étapes. Les participants ont aussi échangé sur les solutions à des contraintes éventuelles. Spécifiquement, les participants ont débattu autour du processus organisationnel de l'analyse IPC, les sources de données, le processus de la validation, la dissémination et l'utilisation des données IPC.  Organisé par le PAM et la FAO, l’atelier a vu la participation des cadres techniques du domaine de la sécurité alimentaire. L’équipe de la FAO ayant participé à l’atelier était représentée par l’Assistant du Représentant au Programme, M. Apollinaire Masuguru.

Pour le Gouvernement il ne suffit pas de produire des données mais il faut savoir les valoriser.  « Même au cas où les données sont produites, leur utilisation importe beaucoup surtout dans la prise des décisions appropriées de nature à résoudre la problématique d’insécurité alimentaire chronique très prononcée au Burundi », a indiqué Dodiko à l’ouverture de l’atelier. Il a remercié la FAO et le PAM pour leur appui dans la collecte et l'analyse des données IPC.

Ayant parlé au nom du PAM, Mme Patrizia Papinutti, a reconnu qu’il y a actuellement une nouvelle impulsion au niveau de l’analyse IPC dans la mesure où la collecte des données est effectuée d’une façon transparente et participative. Elle a remercié le MINEAGRIE d’avoir organisé l’atelier d’harmonisation des approches de collecte et d’analyse de données de la sécurité alimentaire à Gitega en octobre dernier. Pour elle, l’analyse IPC peut orienter les bailleurs de fonds dans l’affectation de leurs ressources devenues limitées dans le contexte du COVID-19.

Ce que c’est l’IPC

 L’IPC est un cadre de classification mondial pour les insécurités alimentaires aiguë et chronique ainsi que la malnutrition aiguë. « L’outil IPC est venu pour résoudre le problème de divergence au niveau de l’appréciation du niveau de la sécurité alimentaire dans le pays et  permettre une comparabilité dans le temps et dans l’espace », a souligné Jean Mahwane, expert du PAM.  Selon cet expert du PAM, l’IPC est développé autour de quatre valeurs fondamentales. En effet, Il est réalisé par le biais d'un consensus technique entre des acteurs-clés . C’est une approche combinant un large éventail de preuves pour classer le niveau de sévérité d'une situation et son ampleur et identifier les facteurs déterminants. l’IPC fournit des connaissances exploitables pour une prise de décisions stratégique. Cet outil favorise une analyse rigoureuse et neutre.  

« L’IPC a les fonctions d’établir un consensus technique, classer le niveau de sévérité de la situation et en identifier les facteurs déterminants. Il a aussi la fonction de communiquer pour agir, et de garantir l’assurance-qualité », a ajouté M Mahwane.

Processus de mise en œuvre de l’IPC

Le processus de mise en œuvre commence par la préparation constante en des aspects logistiques et la collecte des données. Une formation et un recyclage sont organisés avant la conduite de l’analyse suivie par la validation par les Groupes techniques.

Une validation par le MINEAGRIE et ses partenaires est dans la suite organisée. La dernière phase du processus est l’utilisation par tous les intervenants notamment les ONGs, les Agences des Nations Unies, les bailleurs et d’autres.

L’IPC est axée sur une analyse situationnelle étroitement liée à l’analyse de l’intervention. Dans son analyse, l’IPC considère les critères « aigu » et « chronique » qui ne s’excluent pas mutuellement de par leurs relations bidirectionnelles.

« Pour le cas du Burundi, une vue d’ensemble de tous les résultats, révèle que 8%  et 13%sont en insécurité alimentaire aigue en période des récoltes et de soudure, respectivement.  En outre, 50% de personnes sont en insécurité alimentaire chronique.  13% des enfants de 6 à 59 mois sont malnutris dans les provinces les plus affectées », a souligné Méthode Niyongendako, Expert de FEWS-NET.

Des contraintes pour l’Analyse IPC

N’étant pas une formule mathématique pour mesurer le niveau de sécurité alimentaire, l’IPC connaît certaines contraintes pour sortir des résultats totalement précis. Ce sont notamment, la variabilité de la composition de Groupe Technique de Travail, la disponibilité parfois tardive des données  ; les enquêtes non régulières notamment les enquêtes nutritionnelles et celles sur les productions animales pour la production de certaines données très importantes. Certaines données ne sont pas disponibles bien qu’étant importantes pour l’IPC. C’est le cas des données sur les pertes post-récoltes. D’autres données telles que celles sur les importations des denrées alimentaires sont disponibles mais leur accessibilité reste difficile.

L’atelier a remarqué tout de même que pour le cas du Burundi, la production des données par l’Enquête nationale (ENAB) est devenue plus rapide qu’avant.

Planification de la réponse et recommandations pour l’analyse IPC plus efficiente

La planification d’une réponse se fait selon les niveaux d’insécurité alimentaire chronique. En premier temps la planification suggère notamment d’investir dans la réduction des risques de catastrophe et le renforcement des moyens de subsistance, d’l’augmenter la qualité de la consommation alimentaire, de réduire la malnutrition et de la mettre en œuvre des programmes de filets de sécurité pour améliorer la qualité et la quantité de la consommation alimentaire et de réduire sensiblement l’insécurité alimentaire ainsi que de la malnutrition chronique. Les participants à l’atelier se sont accordés que les prochaines analyses IPC aiguë et chronique devront être suivies par une analyse de la réponse intégrée.

Parmi les recommandations majeures de l’atelier, il a été convenu qu’il y ait un programme de sensibilisation sur l’utilisation des aliments et une concertation des intervenants pour décider des actions à entreprendre se basant sur les résultats IPC.  Il faudra aussi collecter des données qui ne sont jusqu’ici pas récoltées, celles-ci peuvent intéresser les donateurs. Ainsi, faut-il protéger la récolte sur base des données sur les pertes post-récolte. Les données toujours manquantes sur la production animale devraient être collectées. A chaque fois qu’il y a une analyse IPC, il faut chercher à couvrir les besoins dans les zones trouvées en déficit alimentaire. Il faut aussi un plan d’action pour atténuer les chocs de la saison qui suit la saison évaluée.

Il faudra aussi, d’après les participants, s’inspirer des analyses antérieures IPC. M. Dodiko Prosper a souligné la nécessité d'une équipe permanente d'analystes, eu égard à la mobilité d’un tel personnel.

Soulignons qu’une analyse IPC aigue est encours à Bujumbura du 17 au 21 aout 2020.