FAO au Burundi

Le ravageur dit « cochenille farineuse du manguier » dans nos murs !

23/09/2021

Connu sous le nom scientifique de « Rastrococcus invadens » la « cochenille farineuse du manguier » qui faisait des ravages dans les pays de l’Afrique de l’Ouest vers les années 1980, et a depuis peu envahi l’Afrique centrale. Sur sa présence au Burundi, les résultats du Laboratoire de la Biosystématique de Londres sont concluants, l’existence du ravageur sur le sol burundais est réelle. Des échantillons avaient été envoyés par la FAO Bureau du Burundi dans le cadre du Projet régional TCP/SFE/3801.

Pour le suivi de sa propagation dans le pays, des techniciens ont été déployés dans 14 provinces du pays du 31 août au 3 septembre 2021. C’était au terme d’un atelier d’échanges d’informations sur les techniques d’échantillonnage de la cochenille tenue à Bujumbura le 30 aout dernier.

Les experts avaient pour mission prélever des échantillons et de décrire les niveaux d’infestations, les plantes hôtes, la circonscription des zones infestées ainsi que les ennemis naturels locaux. « Cette enquête est un prélude au démarrage d’un programme de lutte biologique par l’introduction des ennemis naturels exotiques dont l’efficacité est déjà prouvée dans les pays de la sous-région », a souligné Alain Gilbert Ndakoze lors de l’ouverture, au nom de la FAO, de l’atelier précité. Il a aussi indiqué que le soutien de la FAO au Gouvernement burundais dans la lutte contre le ravageur est sans équivoque.

Des résultats provisoires de la mission

Une des équipes déployées sur terrain a travaillé dans la province de Kirundo. Elle a arpenté quatre collines de la commune Kirundo: Rupfunda, Nyange, Bushaza et Murama. Comme résultat, quatre plantes hôtes ont été identifiées à savoir le manguier, le goyavier, les agrumes et le frangipanier.

Pour le manguier et le franjipanier, les enquêteurs ont remarqué beaucoup de cochenilles farineuses du manguier sur les faces inférieure et supérieure des feuilles. « Le niveau d’infestation est plus de 80%, presque toutes les feuilles récoltées étaient attaquées par les femelles et quelques mâles », ont-ils précisé dans leur rapport. La cochenille a été identifiée aussi à Rumonge sur le manguier, le citronnier et le goyavier.

Des dégâts causés par la cochenille farineuse du manguier 

La « Cochenille farineuse du manguier » est un insecte piqueur suceur de sève. Elle infecte les feuilles, les fleurs et les fruits et les parties jeunes de la tige. Sur le manguier, elle peut causer jusqu'à 90 % de pertes de fruits et les agrumes peuvent également être considérablement affectés avec des pertes de rendement en fruits de 53 %. Les insectes infestent les feuilles, principalement la face inferieure mais aussi les fruits. Lors de fortes attaques, les feuilles sont couvertes de couches noirâtres appelées fumagine.

Dès l’arrivée du ravageur au Ghana, des pertes de production atteignant 80% ont été rapportées dans les vergers infestés.

Des moyens de luttes contre le ravageur

La lutte contre la Cochenille farineuse du manguier intègre différentes stratégies de contrôle pour obtenir les meilleurs résultats. Cependant, il n’y a que la lutte biologique qui est efficace et durable contre ce ravageur.

  1. La lutte chimique : utilisation des insecticides. Ce moyen pose un certain nombre de problématiques : Le cout est très élevé et le ravageur développe rapidement une résistance aux pesticides.
  2. La lutte biologique : l’utilisation des parasitoïdes. Il existe deux espèces de parasitoïdes qui ont été utilisé contre la Cochenille farineuse du manguier depuis plus de trois décennies. Il s’agit de l’Anagyrus mangicola et le Gyranusoidea tebygi. Ils ont été est utilisés en Afrique de l'Ouest contre la cochenille et ont donnés des résultats spectaculaires.

Selon l’expérience des pays de l’Afrique de l’Ouest comme le Togo, le Bénin, … qui ont été victimes   du ravageur dès son arrivée sur le continent africain, la lutte biologique est la plus efficace. Elle a permis aux petits producteurs de reprendre la production du manguier, alors que les résultats de la lutte chimique étaient mitigés.