FAO au Burundi

Le Burundi, pionnier de la lutte biologique contre la cochenille farineuse du manguier en Afrique de l’Est

inspection d'un manguier à Kirundo avant le lâcher des ennemis naturels de la cochenille farineuse du manguier à la colline Bishisha
10/05/2022

La FAO, en collaboration avec le Ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage, poursuit son programme de lutte biologique contre la cochenille farineuse du manguier afin de limiter ses dégâts En début de ce programme, les efforts sont concentrés dans la région du nord où l’infestation des cultures est plus marquée qu’ailleurs dans le pays.

Le 2ème lâcher des insectes ennemis naturels de la cochenille farineuse du manguier, après celui du 02 au du 03 avril dernier, a été fait le 06 mai 2022 sur la colline Cakagori de la zone Masaka dans la  commune de Giteranyi en province de Muyinga. Le lendemain, samedi le 7 mai, la même activité a été effectuée sur la colline Bishisha de la zone Gisenyi en commune Busoni de la province Kirundo, frontalière avec le Rwanda.

Ayant déjà démontrés leur efficacité contre le ravageur en Afrique de l’Ouest, le Gyranusoidea tebygi et Anagyrus mangicola sont les deux espèces de parasitoïdes lâchés dans ces localités. Selon Dr Georg Goergen, chercheur de l’International Institute of Tropical Agriculture (IITA) – institution qui a fourni les parasitoïdes basée au Bénin -  les deux parasitoïdes vont contenir le ravageur. « Ils sont spécifiques et ne s’attaquent qu’aux cochenilles et les insectes du même genre. Un parasitoïde tue entre 70 et 140 cochenilles. Son grand avantage est qu’il se multiplie très vite et peut gagner le pas sur le ravageur en une courte période », indique, cet expert de l’IITA qui a fait un déplacement du Bénin au Burundi pour apporter un appui technique aux activités de lâcher desdits ennemis naturels.

Selon le même expert, depuis plus de 35 ans, les cochenilles ne causent plus de problèmes en Afrique de l’Ouest grâce aux ennemis naturels de ce ravageur. « La FAO et l’IITA ont voulu capitaliser cette expérience au Burundi », a-t-il précisé.

En effet, les parasitoïdes sont de minuscules guêpes de moins de 1 mm de long qui ne présentent aucun risque humain, animal ou environnemental. Ils se nourrissent exclusivement de cochenilles farineuses du manguier. Ce dernier s’attaque à plusieurs plantes dont le manguier, le citrus, le bananier, les goyaviers, avec comme corolaires des dégâts énormes. Sur le manguier, la cochenille peut causer jusqu'à 90 % de pertes de fruits.

Contrairement à la lutte chimique par usage des pesticides qui s’est révélée inefficace, la lutte biologique par les insectes ennemis de la cochenille permet de rétablir l’équilibre de l’écosystème. Pour y arriver, les producteurs sont appelés à contribution « La contribution des agriculteurs est passive. Ils doivent s’abstenir de pulvériser des insecticides qui par nature causeraient la résistance du ravageur et élimineraient les agents bénéfiques de la lutte biologique contre la cochenille. Il faut laisser le parasitoïde faire son travail. Au bout d’un moment, le ravageur va diminuer jusqu’à ce qu’il soit non offensif », indique Dr Georg Goergen.

L’administration se réjouit qu’après des pertes de récoltes enregistrées ces dernières années, la solution arrive enfin. « Je remercie le gouvernement du Burundi qui, à travers ses partenaires, vient en aide à la population de Kirundo qui n’avait pas quoi faire face aux ravageurs. Je suis satisfait de cette innovation qui vient d’être apporté à la population », indique Albert Hatungimana, Gouverneur de la province Kirundo. Celui-ci espère revoir la bonne récolte dans un proche avenir.

Même sentiment de satisfaction de la part du Ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage. Le ministère espère voir dans un proche avenir l’augmentation de la production. « Le gouvernement est satisfait des efforts de la FAO et de l’IITA depuis l’identification du ravageur jusqu’à ce jour où nous lâchons les ennemis naturels du ravageur. Nous espérons revoir la production s’améliorer jusqu’à atteindre le niveau des performances d’avant l’apparition de cet organisme nuisible », a fait savoir, Mme Goreth Itangishaka, Directrice de la protection des végétaux au Ministère de l’Environnement, l’Agricultures et de l’Elevage.

Mr Sosa Orlando, chargé de l'agriculture au Bureau Sous Régional de la FAO pour l’Afrique de l’Est qui a supervisé les lâchers rassure que les agents bénéfiques de lutte biologiques lâchés vont permettre de rétablir l’équilibre écologique. « Nous nous attendons à un lent et progressif impact de l’introduction des parasitoïdes dans cette région. Nous avons maitrisé ce ravageur dans les pays de l’Afrique de l’ouest à travers des années en utilisant ces parasitoïdes qui sont introduits au Burundi. Nous sommes fiers que cette technologie était déjà disponible en Afrique, et nous ne faisons que transférer cette méthode au Burundi », indique-t-il. Mr Orlando espère que les résultats seront les mêmes que ceux obtenu en Afrique de l’ouest.

Le Burundi devient le premier pays de l’Afrique de l’Est à adopter cette approche agroécologique pour rétablir l'équilibre de la nature en introduisant les ennemis naturels de la cochenille du manguier. Dans la région, le ravageur est aussi présent au Rwanda et en Ouganda.