Une charte régit désormais la pêche dans le lac Tanganyika
La Charte Régionale des Etats membres de l'Autorité du Lac Tanganyika portant mesures de gestion durable de la pêche au lac Tanganyika et son bassin est en vigueur depuis le 1er avril 2022 en vertu de la clause 28 qui fixe le début effectif de son application trois mois après sa signature. En effet, la charte a été adoptée lors de la 9ème Conférence des Ministres de l'Autorité du Lac Tanganyika tenue le seize décembre 2021 à Kigoma en Tanzanie.
Le leitmotiv des Etats membres de l'Autorité du Lac Tanganyika, en l’occurrence le Burundi, la Tanzanie, la RDC Tanzanie et la Zambie qui les ont conduits à mettre en place cette loi, est la conservation à long terme et l'utilisation durable des ressources halieutiques du lac Tanganyika ainsi que la protection de I’ écosystème aquatique.
Pour arriver à cet objectif, les Etats se sont convenus de coopérer pour combattre la pêche illégale par l'adoption des mesures de gestion de la pêche au lac Tanganyika et son bassin adapté aux contextes spécifiques de chacune des Parties. Les pays sont aussi résolus à renforcer le suivi, le contrôle et la surveillance des pêches au lac Tanganyika.
Dans un premier temps, la mise en application de la charte s’inscrit dans le cadre de coopération de l’Autorité du Lac Tanganyika (ALT) et la FAO à travers la mise en œuvre du projet « Lake Tanganyika Fisheries Management (LATAFIMA) » financé par l’Union Européenne.
La conduite de la pêche dorénavant balisée
La pêche au lac Tanganyika est désormais conditionnée par l'obtention d’une licence de pêche ou du permis de pêche délivré par chacun des Etats parties.
Pour les espèces de poissons du Lac Tanganyika les plus prisées, notamment le Stolothrisa tanganicae (Ndagala), le Limnothrisa miodon (Lumpu) et le Lates stapersii (Mukeke), qui sont souvent pêchés avant l’âge et la taille de la maturité sexuelle, la charte régule.
Les tailles minimales requises pour la capture de ces espèces de poissons d'importance commerciale sont respectivement 260 millimètres de longueur totale pour le Mukeke, 110 millimètres de longueur totale pour le Lumpu, et 100 millimètres de longueur totale. Capturer ces poissons en dessous des démentions indiquées constitue une infraction punissable en vertu de la charte.
La proportion des poissons de taille inférieure aux tailles minimales établies doit être inférieure à 20 pour cent de la quantité totale de poissons capturés au cours d'une sortie d'un équipage. Au-delà de cette limite, l'ensemble des captures est considéré comme étant illégale.
Les dimensions autorisées pour les mailles de filet diffèrent selon les espèces. Au moins 12 millimètres de maille étirée pour tout filet, y compris la poche, visant la capture des Ndagala et Lumpu. Ceci s'applique en particulier aux filets soulevés (filets carrelets) et aux filets encerclant et au moins 63 millimètres ou 2,5 pouces étirés pour la capture de Mukeke avec les filets maillants.
La charte interdit tous les filets dérivants notamment les filets monofilament, les sennes de plage ou tout engin raclant le substrat physique au fond du lac ou dans les estuaires, tout filet reposant à plat sur le fond du lac, tout filet ou matière tressée dont la maille étirée est inférieure à 6 millimètres et les filets maillants encerclant.
La hauteur maximale autorisée pour un filet maillant est de 2m pour les filets utilisés dans la pêche littorale et ciblant les espèces littorales. La hauteur est majorée à 4m pour un filet maillant visant la capture des Centropomidés dans la zone autorisée pour la pêche au large. Quant à l’équipage opérant au filet maillant, la longueur maximale autorisé est de 1 000 mètres.
La charte va plus loin en fixant la longueur des palangres et taille des hameçons. La longueur d'une palangre ou une ligne à hameçons ne doit pas excéder 300 mètres, avec un nombre maximum d'hameçons fixé à 150 pièces. Cependant, une unité de pêche peut disposer de trois lignes opérationnelles en même temps, dont chacune doit respecter les critères précédents. Pour ce qui est d’hameçon, la taille minimale autorisée est fixée à 7 millimètres d’ouverture dans la partie la plus large de l'anse de l'hameçon, une taille communément dénommée « numéro 10 ».
Des zones et des périodes de pêche interdites
Les zones de reproduction du lac Tanganyika sont prises comme des zones aquatiques protégées où la pêche est interdite. La distance minimale à partir du rivage pour l’utilisation des filets encerclants ou soulevés utilisant la lumière et visant la capture des espèces littorales (Ndagala, Lumpu, Mukeke) est fixée à 2 kilomètres. La même distance est retenue pour des filets maillants visant la capture des Centropomidés.
La charte ordonne qu’une période de repos biologique pour la reconstitution du stock halieutique soit observée chaque année dans les 4 pays riverains du lac Tanganyika du 15 mai au 15 août.
Les violations des dispositions de la charte sont des infractions sanctionnées par la législation nationale de chaque Etat membre de l’ALT pour non-respect des normes en vigueur.