FAO au Burundi

Formation des formateurs en prélude de la sensibilisation des populations sur la Charte pour la gestion durable des pêches au lac Tanganyika

Formation des formateurs à Rumonge
31/05/2022

La FAO et l’Autorité du Lac Tanganyika viennent de démarrer une campagne de renforcement des capacités des formateurs chargés de sensibiliser les pêcheurs et autres acteurs de la filière poisson sur le contenu de la Charte régionale portant mesures de gestion durable du lac Tanganyika. Le coup d’envoi des campagnes régionales de formation et sensibilisation a été donné le 18 et 19 mai 2020 au chef-lieu de la province Rumonge au Burundi.

Les cadres et agents de l’Etat en charge de la pêche ont pris part à cette formation qui inaugure les formations similaires de leurs pairs dans chacun des pays riverains du lac Tanganyika en l’occurrence le Burundi, la République Démocratique du Congo, la République Unie de Tanzanie et la Zambie en vue de la mise en œuvre de différentes dispositions de la Charte.

La formation de Rumonge a été conduite par Prosper KIYUKU, cadre scientifique au projet LATAFIMA. Les cadres formés vont, à leur tour et au nom de leurs gouvernements, participer à la mise en œuvre de ladite Charte. « Toute sensibilisation commence par les leaders qui répercutent à leur tour les messages ou les connaissances apprises. Vous êtes les premiers à motiver les pêcheurs pour une pêche adéquate. Vous êtes comme les bergers des pêcheurs. Vous devez tout faire pour que notre Lac ne soit pas comme un simple marécage », a insisté l’Administrateur communal Rumonge en s’adressant aux participants.

Dispensé dans le cadre projet « Lake Tanganyika Fisheries Management (LATAFIMA) » mis en œuvre conjointement par la FAO et l’Autorité du Lac Tanganyika et financé par l’Union Européenne, la formation, aussi bien que d’autres actions à venir, vise aider les quatre états à stopper la chute vertigineuse de la production de poisson du lac. « Cette diminution est imputable pour l’essentiel aux engins de pêche illégaux qui capturent les poissons trop jeunes, avant qu’ils n’aient pu se reproduire et donner le stock de l’année suivante, a souligné le Directeur Exécutif de l’ALT, M.Sylvain TUSANGA.

Ces formations qui se verront suivies de la sensibilisation des populations, sont organisées dans le but de permettre que toutes les parties prenantes de la pêche maîtrisent parfaitement le contenu de la Charte et soient aptes à le transmettre. La charte est un document technique qui actualise toutes les règles à observer lorsqu’on veut pêcher au lac Tanganyika. Toutes les règles régulent les eaux du Tanganyika, de Mpulungu en Zambie jusqu’à Bujumbura au Burundi, séparé de 776 kilomètres et s’appliquent à l’ensemble des Etats membres de l’ALT.

Plusieurs personnalités ont pris part aux activités marquant le début d’un périple de conscientisation des populations sur le gain de gestion durable des pêches.  C’est notamment Monsieur Déogratias Nduwayezu, Directeur de la Promotion des Filières Halieutiques au Ministère de l’Agriculture et de l’élevage et de l’environnement (MINEAGRIE), qui procédé à l’ouverture de cette formation, l’Administrateur Communal de Rumonge, le Directeur Exécutif de l‘Autorité du Lac Tanganyika (ALT), la Directrice de la Pêche et de l’Aquaculture à l’ALT et les cadres du projet LATAFIMA pour ne citer que ceux-là.

En effet, les pays membres de l’Autorité du Lac Tanganyika se sont doté d’une charte lors de la 9ème Conférence des Ministres de l'Autorité du Lac Tanganyika tenue le seize décembre 2021 à Kigoma en Tanzanie.

Le Lac Tanganyika, une riche ressource dont l’écologie est menacée

Malgré la richesse du lac Tanganyika qu’on pourrait croire inépuisable, ses ressources au contraire sont en danger. « Le stock de poisson est menacé par la surpêche qui utilise des engins et pratiques tellement destructeurs qu’ils peuvent amener à l’épuisement de cette ressource », a souligné le Directeur Exécutif de l’ALT, en faisant référence aux conclusions des études réalisées en 2021 sous l’égide de LATAFIMA, par les scientifiques des quatre pays.

Il y a les mauvaises pêches, c’est sûr, mais ce n’est pas tout, révèle Monsieur Sylvain TUSANGA. Il dénonce la destruction des zones de frayères à cause de l’érosion des bassins versants, les constructions anarchiques et polluantes sur les bords du lac, l’extraction des matériaux de construction tels que le sable et le moellon alors qu’ils sont les habitats des poissons, ou encore toutes les pollutions par les activités humaines et les rejets de déchets toxiques dans l’eau.

Selon les résultats des études, le lac produit désormais chaque année environ 100 000 tonnes de poisson ; dans les années 1990, la production atteignait 200 000 tonnes. « Il n’est pas rare qu’un pêcheur rentre avec un ou deux poissons pour toute une nuit de pêche alors que dans le temps, il revenait avec d’importantes quantités en peu de temps », a souligné le Directeur Exécutif de l’ALT en citant les déclarations des pêcheurs eux-mêmes. Pour l’Autorité du Lac Tanganyika, il est urgent que les gestionnaires des pêches, les autorités locales et les pêcheurs fassent front commun pour la préservation du stock de poissons, afin de restaurer les productions, d’attirer les investissements et contribuer à l’amélioration de la sécurité alimentaire et des conditions de vie des populations.

La Charte harmonise les règles de gestion de la pêche pour tout le lac les

Les poissons du large se déplacent sur de longues distances et les pêcheurs qui détruisent les stocks en un endroit vont causer la misère aussi à des centaines de kilomètres. Selon le Directeur Exécutif de l’ALT, cette situation a motivé la mise sur pied des règles applicables sur tout le lac Tanganyika, sans exception. « La Charte est basée sur les doléances et les plaintes des acteurs de la pêche, dont les réponses à ces requêtes sont dans les différentes dispositions de la charte ; elles contribueront à la protection du métier de pêcheur et ainsi à l’augmentation de la production de poisson », a souligné Sylvain Tusanga à l’ouverture de l’atelier de formation des formateurs.

Les premiers bénéficiaires de la Charte, seront les pêcheurs eux-mêmes. La Charte ne doit pas être considérée comme une contrainte, mais le sauvetage du métier de pêcheur, a martelé Mr Tusanga.

Après le Burundi, les formations et campagnes similaires vont commencer en RDC, Tanzanie et Zambie.