FAO au Burundi

Lancement des campagnes régionales de sensibilisation sur la Charte sur la gestion durable des pêches sur le Lac Tanganyika

Sensibilisation des pêcheurs à Rumonge
31/05/2022

Le Ministère de L’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage en collaboration avec la FAO, le Secrétariat Exécutif de l’Autorité du Lac Tanganyika et le Gouverneur de la province Rumonge a procédé en date du 20 mai 2022 au lancement de la campagne de sensibilisation sur la mise en œuvre des dispositions de la Charte régionale portant sur les mesures de gestion durable de la pêche sur le Lac Tanganyika. La cérémonie a également vu la présence du Coordinateur Technique   d’ECOFISH dans la région des Grands Lacs en mission au Burundi, des experts de la FAO pour le projet LATAFIMA financé par l’Union Européenne ainsi que d’autres autorités et les communautés des pêcheurs.

Le Burundi a donc eu l’honneur de procéder en premier à cette cérémonie de lancement de la campagne organisée au Port de Rumonge. Cette campagne suit la formation des formateurs ayant été organisée deux jours avant en faveur des cadres et autres acteurs du secteur de la pêche.   

Une occasion pour la FAO, l’ALT et le Gouvernement de commencer eux-mêmes la sensibilisation  

En donnant le ton à la sensibilisation des pêcheurs, les autorités de l’ALT et du Gouvernement burundais ont déploré la situation de dégradation des ressources halieutiques du lac Tanganyika.

Le Secrétaire Exécutif de l’ALT, M. Sylvain Tusanga a indiqué que la pêche est un secteur moteur de l’économie. Cependant, cette dernière est constamment menacée par la surpêche et l’utilisation des engins de pêche illégaux, ce qui conduit à une diminution drastique des stocks de poissons. Pour lui, une concertation permanente des pays de la région permettra d’éviter cet épuisement. « Par conséquent, la pêche attirera les investisseurs et l’économie des ménages et du pays croitra », a-t-il souligné.

Il a été on ne peut plus strict sur l’application unilatérale des mesures contenues dans la charte. « Les mesures seront indistinctement appliquées dans tous les quatre pays qui ont approuvé cette charte », a souligné M. Sylvain Tusanga.

La charte a été motivée par les doléances et les plaintes des pêcheurs qui ont notamment fait 15, 20 ans et plus dans ce métier et qui ont témoigné de la chute de la production des pêches sur le Lac. « Il y a longtemps en allant à la pêche l’on amenait 15 kilos de poisson. Maintenant, ils amènent très peu de poissons, certains rentrant main bredouille bien qu’ayant pêché toute la nuit. Un pécheur disait à sa femme, chauffe l’eau pour la patte, moi je vais à la pêche.  En si peu de temps, il venait avec du poisson servant pour trois jours. Cela n’existe plus ! », affirme M. Tusanga avec regret.

Comme les dirigeants ne pouvaient pas rester indifférents à de telles plaintes, les autorités gouvernementales, les pêcheurs, l’ALT et la FAO se sont réunis pour voir ensemble les mesures à prendre pour que la pêche redevienne comme avant.

« La Charte n’est pas pour vous affliger car nous voulons répondre à vos préoccupations », indique M. Tusanga s’adressant aux pêcheurs. Il les a appelés à mettre en pratique des mesures contenues dans la charte même si elles leur semblent douloureuses.

« Le médecin peut vous prescrire des comprimés pour une maladie. Quand il vous prescrit une injection, cela fait mal on le sait. Mais c’est juste après que vous allez remarquer que l’injection vous a remis en bonne santé », a souligné M. Tusanga. Expliquant cette symbolique de l’injection, il a indiqué aux pêcheurs que la Charte a été mise sur pied pour leur permettre de gagner beaucoup dans leur activité de pêche.Pour lui, la population a besoin du poisson ; il faut donc en produire beaucoup. Tout le monde a l’obligation de vulgariser la charte et de s’en approprier.

Lors du lancement de la campagne de sensibilisation des pêcheurs, le Gouvernement lui aussi n’a pas manqué de mentionner les causes de la réduction de la production du poisson du lac Tanganyika : le nombre élevé et croissant des pêcheurs, les engins illégaux de pêche tels que les filets mono-filaments, les sennes de plage), la pêche dans les zones de fraie et la non protection des bassins versants. Parlant au nom du Ministre qui a la gestion des pêches parmi d’autres attributions, le Directeur des Ressources Halieutiques, M. Déogratias Nduwayezu a indiqué que deux études ont été réalisées sur la connaissance des pertes de la production et les limites relatives à la taille du poisson à pêcher. Les pertes occasionnées par cette pêche illégale entraînent, chaque année, un manque à gagner de plus de 200 millions de dollars américains.

Continuant à renseigner les pêcheurs, il a souligné que la Charte de 25 articles précise que la pêche sera conditionnée par un permis de pêche. Il a indiqué qu’il y a des limites en termes de la taille du poisson à pêcher et des outils de pêche prohibés notamment ceux qui pêchent les alevins. L’autorité a évoqué d’autres mesures concernant la profondeur, la période de fermeture de la pêche et le contrôle et suivi de l’activité de pêche.

La cérémonie a aussi été l’occasion d’informer le public de la récente formation de 23 cadres de l’Etat et autres acteurs de la filière pêche. Ceux-ci devront, à leur tour, aller former et sensibiliser les communautés des pêcheurs sur la Charte.

De telles formations-sensibilisation des pêcheurs seront prochainement organisées dans les trois autres pays riverains du Lac Tanganyika.

Soulignons qu’à l’occasion du lancement de la campagne de sensibilisation, une visite du lac Tanganyika a été effectuée.