FAO au Burundi

Les Champs Ecoles Producteurs sur l’élan de professionnalisation des acteurs au Burundi

Les Maîtres formateurs en pleine séance de recyclage
01/07/2022

La FAO, à travers le « Projet de Restauration et de Résilience du Paysage du Burundi (PRRPB) », a animé à Bujumbura du 20 au 25 juin 2022 un atelier de formation de recyclage des maîtres formateurs des Champs Ecoles Producteurs et de validation du Guide national de conduite des CEP au Burundi.

Dans cette session, les capacités de 25 Maîtres Formateurs issus des organisations publiques de l’Etat, les Partenaires de Mise en Œuvre (PMO) des activités sur terrain de la FAO, des projets du FIDA et des consultants indépendants ont été renforcés sur des thèmes techniques transversaux. Il s’agit, entre autres, de l’intégration des mesures d’adaptation au changement climatique dans les curricula des CEP, l’outil SHARP/ Schéma Holistique pour l’Auto-évaluation Paysanne de la Résilience Climatique et l’approche Caisse de résilience (CdR).

L’atelier a également porté sur des thématiques comme la réflexion sur l’implémentation harmonieuse des CdR (CD-CEP-AVEC) à travers la création et le fonctionnement des Clubs Dimitra (CD) et des associations villageoises d’épargne et de crédit (AVEC), l’intégration de la nutrition dans les curricula des CEP, la notion d’approche « paysage », les bonnes pratiques de gestion durable des terres/ressources naturelles (GDT/RN) ainsi que le partage d’expériences sur le lien CEP – marché et chaînes de valeurs, pour ne citer que celles-là.

Selon M. Nabor Barancira, Coordonnateur du projet PRRPB au sein de la FAO, le recyclage des cadres et agents des services déconcentrés du Ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage (MINEAGRIE) est organisé pour une mise à niveau des Maîtres Formateurs CEP nationaux sur les thématiques transversales. Ces dernières sont liées non seulement à l’adaptation au changement climatique mais aussi à la nutrition.  Lesdites thématiques doivent être intégrées dans les curricula des CEP pour une bonne atteinte des résultats escomptés.  Selon lui, le projet a beaucoup investi dans la mise en place des outils de travail des Maîtres formateurs et les facilitateurs des CEP en l’occurrence le Guide national de conduite des CEP qui a été validé lors de l’atelier.

« Avant de prendre part à cet atelier de formation, je n’avais pas une bonne compréhension du changement climatique, encore moins les attitudes à adopter face à ses effets. Désormais, les leçons apprises vont me permettre de bien suivre et d’orienter les activités des CEP en tenant compte des évolutions climatiques », rassure Mme Nicelate Zakana, Chef de Service de Protection Végétale au Bureau Provinciale de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage dans la province de Rutana. D’autres participants à la formation témoignent que les connaissances acquises vont leur permettre d’améliorer l’encadrement qu’ils font au bénéfice des facilitateurs et des membres des groupes CEP.

En effet, l’action de la FAO vise essentiellement à soutenir le renforcement des capacités institutionnelles et techniques par l'intégration des mesures d’adaptation au changement climatique et l’adoption de bonnes pratiques de gestion durable des agroécosystèmes. Elle vise aussi l’adoption et la vulgarisation, par les petits producteurs, de bonnes pratiques agricoles et des technologies liées à la restauration et la résilience des bassins versants dégradés à travers la mise en place des champs écoles producteurs via une approche « paysage ». 

 De l’agriculture intelligente comme solution au changement climatique

Le Burundi, autant que l’ensemble des pays du monde, doit adopter au plus tôt les stratégies de résilience face au changement climatique imminent.

« Les thèmes en rapport avec le changement climatique sont des sujets d’actualité en cette période où nous observons des phénomènes extrêmes tels le déficit hydrique, les températures élevées, les inondations et les glissements de terrain », fait remarquer M. Nabor Barancira. Il précise que l’intégration de ces thématiques dans la conduite des Champs Ecoles Producteurs constituent un début de réponse à cette préoccupation.

Selon M. Tiko Hema, Expert international en Suivi & Evaluation et coaching CEP, à l’horizon 2050 au Burundi les prévisions montrent que la température augmentera en moyenne de 1 à 3°C entraînant une hausse de la pluviométrie à l’ordre de 10%. Il ajoute que la perturbation pluviométrique sera forte qu’il y aura risque de deux grandes saisons de 6 mois chacune, la saison pluvieuse de novembre à avril et la saison sèche de mai à octobre. Les experts redoutent également la diminution des productions agricoles et halieutiques, la perturbation de l’énergie et la détérioration de la santé de la population.

« Avec le changement climatique aux conséquences très sévères, il faut s’adapter avec une agriculture intelligente », déclare Stefano Mondovi, Expert international en apprentissage communautaire CEP. D’après lui, l’agriculture intelligente réagit mieux aux effets du changement climatique en s’appuyant sur 3 piliers qui sont l’amélioration de la productivité, l’adaptation et le renforcement de la résilience au changement climatique, et limitation des gaz à effet de serre.

« Le Burundi devrait penser déjà à mener des actions d’atténuation du changement climatique comme la construction des barrages hydrauliques, le renforcement des systèmes d’alimentation en eau, le renforcement de la météorologie et d’alerte rapide » estime M. Tiko.  Cet expert indique qu’un appui du programme d’afforestation en cours privilégiant la protection des bassins versants et la fourniture de combustibles alternatifs au bois aux populations est plus qu’une nécessité. D’après lui, les acteurs doivent miser sur le changement de comportement de la population pour améliorer l’efficacité des actions à mener.