FAO au Burundi

La récolte de la saison culturale 2023B, un regain d’espoir mitigé de craintes pour les victimes des aléas climatiques

Un bénéficiaire de l'appui en intrants agricoles accordés par la FAO en commune Bugabira
13/06/2023

Les bénéficiaires d’appui en intrants agricoles pendant la saison 2023B offerts par la FAO, en collaboration avec OCHA qui ont mobilisé le financement du fond CERF (Central Emergency Response Fund), se réjouissent de la récolte du haricot obtenue.  Cependant, ils indiquent que les risques de retour à la situation de pénurie alimentaire d’avant la saison dues notamment à la carence des stocks vivriers habituellement consommés ensemble avec le haricot dans le plat quotidien sont grands.

« La saison s’est bien déroulée, les 19kg de semences de haricot reçue de la FAO ont été cultivées sur une parcelle de 100m sur 42m. J’ai récolté environ 240kg. Au début, je m’attendais à récolter environ 280 Kg mais nous avons eu quelques semaines sans pluie, ce qui a fait baisser un peu la récolte escomptée ». Indique Jean Pierre Rugengamanzi, un bénéficiaire de la colline Gatunda en commune Bugabira.

Aussi bien que M. Rugengamanzi, Mme Evelyne Miburo de la colline Nyabikenke, dans la même circonscription de Bugabira, témoigne que l’enveloppe pour la ration alimentaire octroyée par le PAM, dans le même cadre du « Projet d’appui en intrants agricoles aux ménages affectés par les aléas climatiques et autres chocs » a permis aux enfants des familles victimes des dérèglements climatiques qui avaient abandonnés l’écoles, en l’occurrence les siens, d’y retourner.

Autant que dans la commune de Bugabira, la récolte du haricot a été bonne dans les communes de Busoni et Giteranyi. Seules quelques collines de la commune Vumbi de la province Kirundo ont enregistré une faible production estimée à 60kg suite à une forte pluviosité mêlée de grêles.

Les prouesses enregistrées au cours de cette saison sont le résultat d’un suivi rapproché des Bureaux Provinciaux de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage (BPEAE) depuis les semailles jusqu’à la récolte. « Sur chaque colline de recensement, nous avons un moniteur agricole collinaire qui est chargé d’accompagner et de conseiller les cultivateurs en temps réel pour relever les défis qui surviennent au courant de la saison », indique M. Léonidas Rivuzimana, Directeur de la BPEAE en province de Kirundo, partenaire de mise en œuvre.

En février dernier, la FAO avait décaissé plus d’un milliard de francs burundais pour appuyer en intrants agricoles 7730 ménages plus affectés par les aléas climatiques en l’occurrence le retard des pluies et les pluies torrentielles dans les communes Busoni, Bugabira et Vumbi de la province Kirundo et Giteranyi de la province Muyinga.  Chaque ménage avait reçu 19kg de semences de haricot, un fagot de 1000 boutures en cordes de patate douce à chair orange et les fertilisants d’une valeur de 130 mille francs burundais.

 La menace de famine et le manque de semences pas définitivement écartés

La bonne récolte généralement enregistrée dans les 4 communes d’intervention du « Projet d’appui en intrants agricoles aux ménages affectés par les aléas climatiques et autres chocs » crée un regain d’espoir chez les ménages assistés qui représentaient 15 % des personnes dans le besoin au niveau national. Cependant, les menaces de famine et de manque de semences pour les prochaines saisons restent d’actualité. 

Jean Pièrre Rugengamanzi, un bénéficiaire de la colline Gatunda en commune Bugabira témoigne que bien de familles mangent exclusivement le haricot suite à la carence des cultures vivrières d’accompagnement comme le manioc et le maïs lesquels ont été attaqués par des maladies. Il souligne qu’à certains endroits, le rythme accéléré de consommation du haricot récolté va vite vider les stocks familiaux.

Pour se préparer à cette éventualité de manque de semences, les bénéficiaires estiment que l’appui en intrants agricoles pour la saison 2023C est plus qu’une nécessité. Cela rejoint la préoccupation du Directeur de la BPEAE Kirundo qui estime que la FAO et OCHA ne devraient pas se limiter seulement à l’appui déjà octroyé mais plutôt chercher les moyens d’octroyer les semences de maïs aux populations assistées pour la saison 2023C.

Autant que les services techniques de l’agriculture et de l’élevage provinciaux, les administrations communales sont préoccupées par la gestion de la récolte obtenue au cours de cette saison culturale 2023B. En effet, les administratifs interpellent leurs administrés de faire preuve de bonne gestion de la récolte obtenue surtout pour les vivres secs comme le haricot. Ils conseillent plutôt à la population d’aller conserver la récolte des vivres secs dans les hangars communautaires pour non seulement une bonne conservation mais aussi éviter le gaspillage familial qui s’observe parfois dans les premiers jours de récolte.

Les jardins de case et la culture de champignons comme alternative de réponse au déficit alimentaire

Dans la zone d’intervention du « projet d’appui en intrants agricoles aux ménages affectés par les aléas climatiques et autres chocs », la FAO promeut les jardins de case et la culture de champignons comme réponse au déficit alimentaire enregistré depuis un certain temps suite au dérèglement climatique.

Au stade actuel, les jardins de cases et les maisons d’abri pour la culture de champignon sont dans la phase de finalisation d’installation et de construction. Les bénéficiaires attendent le matériel et les semences que la FAO s’apprête à leur livrer.

« La culture de champignons est une nouvelle expérience ici.  Nous avions déjà entendu cela ailleurs mais jamais ici.  Les premières récoltes seront destinées à la consommation et après, nous verrons comment mettre le surplus sur le marché », indique Melchior Ntawonereka, Président du groupement Twiyungunganye engagé dans la culture de champignons à la colline Kijumbura de la commune Giteranyi de la province Muyinga.  C’est pour se mettre en phase avec la devise de son excellence le Président de la République selon laquelle « chaque bouche doit avoir de quoi manger et chaque poche avoir de l’argent », renchérit-il.