FAO au Burundi

Capitalisation des bonnes pratiques dans le cadre du projet PRRPB : Satisfecit tous azimuts

Culture de haricot bio fortifié à Isare
13/06/2023

Visages radieux, pistes soigneusement réhabilitées pour les besoins de la cause, chansons dithyrambiques dédiées, triées sur le volet, tel fut le décor allègrement planté pour la circonstance, de Isare à Matongo, en passant par Buhinyuza, pour accueillir les délégations de la FAO et des services techniques communaux (agronomes et vétérinaires) qui avaient fait le déplacement dans les communes précitées, respectivement des Provinces Bujumbura, Muyinga et Kayanza en dates du 05 au 08 juin 2023. Objectif : S’enquérir, à quelques encablures de la fin du projet, des bonnes pratiques enregistrées par les bénéficiaires regroupés au sein des Champs Ecoles Producteurs (CEP) aux fins de leur capitalisation.

Les facilitateurs et les administratifs furent aussi les témoins privilégiés des bonnes pratiques à capitaliser et ont positivement apprécié les réalisations du projet

Une école sans murs à effet tache d’huile.

Dans les trois communes visitées, tous les membres des CEP, par le truchement de leurs représentants interviewés qu’ils ont eux-mêmes désignés, ont reconnu de vive voix, que le projet est venu à point nommé. Comme un deus ex machina, il a changé substantiellement la vie des bénéficiaires sur le plan économique, social et nutritionnel. Des nouvelles semences sélectionnées et la fumure organique leur ont été octroyées. Haricot bio fortifié, maïs, patate douce à chair orange, pomme de terre, blé, légumes ont été fournis.

Partout, ils ont tous reconnu que, avant le projet, ils plantaient une bonne quantité de semences sur une grande étendue, mais récoltaient très peu. «Kujaganya » comme ils l’ont martelé en langue nationale. La raison est toute simple : ignorance des techniques modernes d’agriculture et d’élevage.

Pour juguler cette insuffisance, le projet a enseigné ses bénéficiaires bien de bonnes pratiques agricoles. Les analyses de l’agroécosystème (AAES), sont un forum d’apprentissage et d’échanges sur lesdites techniques. Une journée CEP par semaine est dédiée à cette activité. Une pédagogie active basée sur deux principes clés : la première « l’apprenant n’est pas un vase à remplir, mais une source à faire jaillir », et la deuxième est l’apprentissage par l’action : « Ce que l’adulte entend, il l’oubli. Ce qu’il voit, il s’en souvient. Ce qu’il touche/ manipule, il en fait sien ».  Les connaissances acquises sont mises en pratique illico, d’abord dans les petites parcelles d’expérimentation ensuite dans les grands champs communautaires mais surtout dans leurs propres exploitations. Elles sont ensuite disséminées, comme une traînée de poudre, auprès des populations environnantes par imitation. Une école sans murs en effet, à effet boule de neige. Sans résipiscence.

« Le projet m’a dessillé les yeux. C’est comme un paradis qui m’a été ouvert. Avant le projet, je semais 19 kg de haricot, variété dite « Kinure » sur une superficie de 24mx11m et je récoltais seulement 50 kg. Quand j’ai mis en application les techniques apprises au sein du CEP, sur la même superficie, j’ai planté 4 kg seulement et j’ai récolté 200kg », s’extasie Monsieur Thomas NTUNGICIMPAYE, de l’association TUGWIZUMWIMBU. Même aveu dans tous les CEP visités.

 Un projet éminemment innovateur

Depuis longtemps, il est de notoriété publique que le café burundais a toujours été une culture solitaire, tel chez l’homme le ténia dont la tête se terre et s’entête à téter Béthel. Aucune autre culture ne pouvait cohabiter avec lui. Dans les années 80, cultiver la tomate dans un caféier, était comme un crime de lèse-majesté.

Avec l’implantation du projet, le café à Matongo par exemple n’est plus l’ombre de lui-même, comme c’est le cas dans beaucoup de localités du pays. Sur la colline Muganza, dans les caféiers, le café est en odeur de sainteté avec une myriade d’autres cultures comme le bananier, l’oranger, l’avocatier, la tomate, le soja, le haricot, la pomme de terre, le chou, le ficus, le Calliandra, pour ne citer que celles-là.

« En attendant la cueillette du café, les autres cultures associées m’aident à subvenir à mes besoins. Le Café d’Ombre dont il s’agit ici, est une innovation de haute volée », concède Monsieur Vincent KUBWIMANA, de la colline Muganza à Matongo.

Protéger sa lagune: aux grands maux les grands remèdes

L’on ne peut passer à l’as le phénomène de dérèglement climatique qui est un des facteurs qui vient déglinguer l’étape déjà franchie par le projet. Dans cette optique, Monsieur Nabor BARANCIRA, Coordonnateur FAO du projet, n’y va pas par le dos de la cuiller. « Nous vous avons bien formés et bien outillés en vue de faire face à ce genre de défi. Avec tout l’arsenal de connaissances acquises, vous êtes à même, et mieux, vous devez tenir la dragée haute à cet ennemi qui frappe impitoyablement et imprévisiblement fort maintenant sur toute la planète. Ne baissez donc pas pavillon. Ne tuez pas la poule aux œufs d’or ». Il les a exhortés à franchir le Rubicon en passant de simples associations aux coopératives. Tel sera le pompon, et la fierté du Gouvernement dont le leitmotiv est « A chaque bouche de la nourriture suffisante ; à chaque poche de l’argent ».

Les bénéficiaires du projet, financé par la Banque Mondiale et exécuté par la FAO, rappelons-le, ont à leur tour promis ostensiblement, sans sourciller, de faire feu de tout bois pour suivre les conseils leur sont prodigués. Ils ont émis le vœu que la FAO continue à les assister, à ne pas les abandonner au milieu du gué. A Dieu ne plaise !  Certes le brouillard s’est désépaissi, mais la tempête sur l’océan est toujours imprévisible ». Et comme le dit si bien un proverbe mahorais, (Ile Mayotte) « Tant qu’on n’a pas encore accosté, on n’arrête point de pagayer ».