FAO au Burundi

Les Clubs Dimitra de la province de Ngozi : une contribution intégrée dans le recul de la malnutrition et la promotion du genre.

09/10/2015

C’est vers la fin de l’année 2014 que le programme Dimitra de la FAO a décidé d’initier les Clubs Dimitra (CD) dans les communes Kiremba, Tangara et Marangara de la province de Ngozi. Cette dernière, étant la plus touchée par la malnutrition chronique (71% contre 58% pour le reste du pays), par rapport au reste du pays, a interpellé la conjugaison d’efforts des différents intervenants (surtout le SUN)  dans cette zone. Les communes cibles étaient également caractérisées par une marginalisation des femmes, particulièrement dans les activités associatives et d’autres projets de développement.

Même si les 15 Clubs Dimitra des communes cibles sont jeunes,  lesdits  Clubs ont inscrit à leurs actifs des réalisations plus qu’encourageantes. La plupart de CD ont fait de la lutte contre la malnutrition, une priorité. La promotion des jardins de cuisine, comme outil phare de la FAO dans la lutte contre la malnutrition, a été vite adoptée au sein des ménages des membres des CD et la communauté environnante. Cette technologie novatrice apporte un apport en nutriments qu’on retrouve dans les plantes maraîchères telles que les amarantes, les choux, les oignons, les betteraves, les tomates pour ne citer que celles-là. Comme conséquence, la malnutrition est en recul dans les localités où sont installés les CD.

Pour en arriver là, la méthode Dimitra qui met en avant notamment le partage d’informations, les actions (issues d’un consensus) et la promotion du genre a joué un rôle prépondérant. Il est à préciser également que les interventions des CD ont été faites en synergie avec les autres approches de la FAO et de l’Unicef telles que les CEP, les Foyers d’Apprentissage et de Réhabilitation Nutritionnelle (FARN).

Au sein des CD, on retrouve des membres des CEP et parfois des « Mamans Lumières », (formées au sein des FARN, une approche de l’Unicef). Cette approche est indispensable  dans la pérennisation des acquis et leur ouvre un cadre d’échange idéal qui embrasse plusieurs thématiques (pratiques agricoles, nutrition, santé, promotion du genre etc).

En matière de promotion du genre et de l’égalité hommes et femmes, les avancées sont remarquables. Lors de la formation initiale, dispensée par Dimitra au mois de mars 2015 en province de Ngozi, un exercice sur l’horloge journalier avait montré qu’au Burundi, les inégalités sont criantes en matière de partage des tâches, en défaveur des femmes. A leur retour, les membres des CD ont ramené la question au sein des Clubs. Et le changement est là et tend à se généraliser.

Yusuf Ndacayisaba, membre du CDTuzamuke, en commune Tangara (province de Ngozi) a déclaré : ‘Je suis un démobilisé et membre du Club Dimitra Tuzamuke. Avant, j’étais très colérique et me bagarrais souvent. Cela m’avait même poussé à chasser ma première femme. Grâce à l’échange et la sensibilisation, j’ai changé de comportement et me suis assagi. Je suis même un modèle dans la promotion des jardins de case car j’ai été classé premier dans toute la commune. Des voisins viennent souvent s’approvisionner en cultures maraîchères chez moi ’.

« Je sais ce que notre Club Dimitra a changé en moi », a lancé Mme Jeanine Muhimpundu du CD Dusabikanye, de la commune Kiremba (province de Ngozi). Elle précise qu’avant d’adhérer au Club Dimitra, elle ne savait pas prendre la parole en public et qu’actuellement, elle commence à s’affirmer dans la communauté.

A noter  également que l’administration, surtout à la base ne tarit pas d’éloges pour cette approche. «Le Club Dimitra Turemeshanye, de notre localité appui l’administration dans les actions de sensibilisation et surtout dans la résolution de nombreux conflits sociaux », a martelé  Mr Manariyo Salvator, chef de la zone Giheta (commune Marangara).

Rappelons enfin que La FAO a décidé de promouvoir l’approche Dimitra, en vue de contribuer à la lutte contre la malnutrition chronique dans les communes Kiremba, Tangara et Marangara de la province de Ngozi. A cause des interventions multisectorielles, utilisant plusieurs approches et œuvrant en synergie, la malnutrition en province de Ngozi est en net recul.