FAO au Burundi

Visite d’échange d’expériences entre les Champs Ecoles Paysans de Ngozi, de Gitega et Mwaro.

11/03/2016

Le Projet « Lutte contre la malnutrition chronique dans le district sanitaire de KIREMBA en province de NGOZI  à travers la mise en place des kitchen gardens (Scaling Up Nutrition-NGOZI), volet « Sécurité alimentaire et nutrition », vient d’organiser une visite  d’échange d’expériences entre les Champs Ecoles Paysans(CEP) de Ngozi, de Gitega et Mwaro. « A travers la visite, les CEP de Ngozi voulaient particulièrement capitaliser leurs expériences avec les CEP bénéficiaires du projet Tamp Kagera  des provinces de Gitega et  Mwaro », a indiqué Isidore SINDABARIRA, responsable de ce volet suivi par la FAO. Les CEP de Ngozi  étaient guidés par les gestionnaires et  les encadreurs de ces CEP dans les communes bénéficiaires. Tous les CEP convergent à affirmer que la formation qu’ils ont eue leur a permis d’augmenter la production à travers la recherche-action sur les plantes. Certains ont formé des coopératives et vont même commencer à conserver et transformer leurs récoltes. Tous les CEP témoignent de l’appui  de la FAO en intrants agricoles et d’élevage. Notons que  Les effectifs des CEP sont allés croissant avec les années pour toutes ces provinces.

L’Approche coopérative, pilier de l’action des CEP

Les CEP de Gitega ont particulièrement venté le fait qu’ils ont bien évolué jusqu’à’ former des coopératives. Les Coopératives "Inagure" et "Shiruka ubute Rugoti" doivent leur succès à la pratique de la multiplication des semences sur un terrain leur offert par la Direction Provinciale de l'Agriculture er de l'Elevage(DPAE). Ils ont un bureau équipé et ont progressé sur base des contributions des membres et du souci de règlementation. « Nous avons commencé avec 700 000 Fbu de capital, chaque membre devrait contribuer 30 000 Fbu. Nous avons des textes règlementaires et un numéro d’identification fiscale-NIF obtenu de l’Office Burundais des Recettes(OBR) en avril 2015 », a indiqué Mme Magnifique NIYONKURU de Gitega. Les CEP de Gitega veulent même dépasser le stade de coopérative. « Chaque CEP a initié sa coopérative, maintenant nous allons former un réseau appelée "Tsinda amapfa », a indiqué NIYONKURU. Et d’ajouter : « Notre objectif est de pratiquer l’agriculture, l’élevage et faire la vente des produits vétérinaires, mais actuellement, nous nous occupons encore de l’agriculture ». Les CEP de Gitega ont informé ceux de Ngozi qu’une coopérative doit avoir un président, un secrétaire et un trésorier. Leur coopérative a été formée après la sensibilisation de la communauté.

Expérience de Ngozi

Les CEP de Ngozi ont décrit les actions entreprises pour contribuer à la lutte contre la malnutrition. « Dans la commune de Kiremba, l’on on a commencé par la conduite d’une enquête qui a établi que 7 sur 10 enfants souffraient de la malnutrition. Avec le projet SUN, nous avons commencé à constituer des CEP auxquels les membres adhèrent volontairement », a indiqué M.Jean SINAMENYE, Agronome communal de  la Commune Kiremba en province Ngozi.  Son collègue Evariste NKEZABAHIZI, Agronome de la commune Marangara a ajouté que la FAO  leur octroie  des semences maraichères, des fertilisants dont l’urée et le DAP, en plus des produits phytosanitaires, les chèvres et les poules. Les animaux reçus nous aident à avoir du fumier et contribuent au développement de l’élevage dans la communauté. «  Les voisins font le saillie  grâce aux boucs reçus. Les poules pondent en moyenne sept œufs par jour. Nous en donnons  une partie aux enfants des centres nutritionnels fréquentent les Foyers d’Apprentissage pour la Réhabilitation Nutritionnelle (FARN)»,  a indiqué NKEZABAHIZI. Chaque CEP  a constitué une petite caisse, l’objectif étant que si les bailleurs partent, les CEP soient autonomes. Il a également été créé des centres nutritionnels (FARN). « Les enfants admis dans ces centres y passent douze jours, après lesquels ils rentrent guéris. Nous pensons que la malnutrition aurait été réduite de plus de la moitié », a souligné  SINAMENYE.  Selon l’agronome  de Marangara,  à Ngozi,  les activités des CEP réussissent, car ils travaillent en synergie. « L’agronome s’occupe de la production ;  les administratifs appuient dans la mobilisation pour les travaux de développement communautaire, le personnel médical s’occupe des aspects sanitaires des enfants mal nourris », a-t-il- souligné, ajoutant que les membres des CEP ont compris qu’ici au Burundi, l’on peut  avoir des repas équilibrés sans faire appel aux aliments importés, mais à partir des plantes locales. Il a témoigné que les membres des  CEP de Ngozi savent comment  combiner ces aliments. Il a souligné que les jardins potagers appelés  ‘kitchen gardens’ sont également « une réalité dans les ménages et peuvent  avoir les légumes à consommer pendant toute l’année.  ». La visite a été bénéfique pour les visiteurs de Ngozi. «  Nous venons de découvrir un hic avec notre visite ici à Gitega : comment fonder une coopérative à  partir des CEP. Chez nous, nous n’avons pas de bureau ; nous venons d’ouvrir nos yeux pour que nous en possédions nous aussi »,  a souligné l’Agronome de MARANGARA.

Quid de la visite à Mwaro

La visite à Mwaro a d’abord été effectuée sur la colline  Kabanga -Nyamitore en Commune Nyabihanga, province Mwaro. A Mwaro, l’apprentissage de l’analyse de l‘agroécosystème appliquée aux cultures leur a été bénéfique. Selon Richard Mbonyingingo, Agronome de zone à Nyamitore, leurs CEP découvrent facilement des cultures plus performantes d’autres. L’application de leurs connaissances leur permet, par exemple, pour le haricot volubile, de récolter au moins 3.5 tonnes sur un hectare de champ. Nous avons essayé différentes variétés de haricots : volubile et nain,  et nous avons découvert les variétés plus productives que d’autres », a précisé MBONYINGINGO. « Pour le maïs, nous respectons les écartements pour avoir une bonne production. Nous  avons essayé un écartement de 30cmx75cm, 60cm x 80cm, 80cm x100cm et 100x120cm et nous avons trouvé que celui de 60cmx 80cm génère plus de production que pour les autres écartements », a ajouté MBONYONGINGO.  Normalement, l’on ne plante pas de maïs en novembre dans cette province. Mais les CEP de Mwaro sont en train d’essayer cela. « Nous allons aussi voir si pendant la saison B on peut planter cette culture. Si ça marche, le reste de la population va le dupliquer », a indiqué MBONYINGINGO. Les CEP de Mwaro contribuent énormément à la protection des sols et à leur enrichissement. Ils participent à la fertilisation et la protection des sols à travers la lutte contre l’érosion par le creusement des courbes de niveau,  la  plantation des herbes fixatrices, notamment le grevilea  et le calliandra. Ils ont tracé 131 km de courbes de niveau, notamment sur les bassins versants et  dans les champs ».

Ces CEP  cultivent des champignons  et vont même élever du poisson dans les aquariums qu’ils ont déjà aménagés. Ils attendent juste le règlement du problème d’eau. C’est une pratique qui a attiré beaucoup la curiosité des visiteurs venus de Ngozi. Répondant à une question des CEP de Ngozi de savoir s’ils consomment tout ou s’ils les mettent sur le marché aussi,  MBONYINGINGO a indiqué qu’ils ne consomment pas toute la production. Ils conservent un tiers des récoltes et consomment les deux tiers restants. « Notre production est vendue sur le marché local. Un kilo est vendu à 1000 Fbu », a-t-il souligné. Les visiteurs de Ngozi ont profité de la visite pour acheter quelques quantités d’aubergines, car le champ en avait suffisamment qui étaient prêtes à récolter. Certains ont même pu avoir des semences. 

Les FFS de Nyakibari dans la commune Kayokwe en province de Mwaro, quant à eux,  affirment servir de modèles pour le reste de la communauté » a indiqué Marc NDAYISENGA ayant représenté les CEP de Nyakibari. Ces CEP travaillent sur cinq collines. Ils avaient commencé avec  deux CEP « Twitezimbere » et  « Umuco », mais ils en ont ajouté trois autres ». Ces FFS progressent tellement bien qu’ils pensent à allonger leur chaîne de production. « A côté de la recherche sur chaque plante, nous enseignons nos membres comment faire le stockage. Bientôt nous allons commencer à pratiquer la transformation », a précisé NDAYISENGA.

Les CEP de Kayokwe participent à la protection de l’environnement. Ils ont protégé les rivières Kayokwe et Waga, grâce aux bambous. « Nous sommes en train de protéger les forêts pour éviter qu’il y ait désertification », a souligné NDAYISENGA. Au niveau agricole, ces CEP cultivent en contre-saisons. Quand certaines de leurs cultures sont en maturité,  d’autres sont plantées. « Nous avons 6.5 ha, nous  sommes en train de quitter progressivement l’étape de la recherche car nous sommes allés jusqu’à former une coopérative : la coopérative « Ubuzima bwacu ». Celle-ci nous permettra de conserver et de transformer nos récoltes, comme le  soja en une farine complète », a indiqué NDAYISENGA. Les membres de cette coopérative projettent installer des cultures que d’autres personnes ne pratiquent pas dans le voisinage. La Coopérative est  en train de multiplier le maïs, le sorgho et le blé. Elle va, sous peu,  essayer l’arachide.