FAO au Burundi

Les plateaux secs de l’Est et les plateaux humides, excepté la province de NGOZI, classés en phase III de crise alimentaire selon le rapport l'IPC, saison 2016 a

21/06/2016

Le Ministère de l’Agriculture et de l’Élevage, avec l’appui de la FAO au Burundi vient de publier le rapport d’analyse de l’insécurité alimentaire, saison 2016A.  Cette analyse de l’insécurité alimentaire aiguë était menée du 2 au 6 mai 2016. Elle est la 18 ème faite suivant les outils du Cadre Intégré de Classification de la Sécurité alimentaire (IPC). Les participants à l’analyse comprenaient des experts de la FAO, du PAM, des représentants des services gouvernementaux et des ONGs locales et internationales. L’atelier avait aussi connu la participation des experts de Fewsnet et IPC/GSU régional.

 Dans son mot préludant la présentation du rapport, le Ministre Déo Guide Rurema a souligné que son Ministère est en train de s’approprier de l’outil IPC. Il  Le Représentant de la FAOau Burundi Mohamed Hama Garba a souligné que la malnutrition n’est pas une maladie chronique, mais que c’est une question de disponibilité alimentaire. « L’outil IPC nous aide à nous détacher de toutes les considérations notamment d’ordre politique. C’est un outil technique de prise des décisions », a-t-il indiqué. M. Hama Garba a précisé qu’il y a des zones en besoin de réhabilitation, d’urgence et de programmes de développement et a interpellé le MINAGRIE de considérer cela dans son rôle de coordinateur des actions de promotion de la sécurité alimentaire.

 Principaux résultats

Les plateaux secs de l’Est et les plateaux humides, excepté la province de NGOZI, sont classés en phase III de crise alimentaire, de mai à juin 2016. Quelques communes situées autour de la Mairie de Bujumbura, les communes de Nyanza-Lac et Giharo sont aussi classées dans cette phase. La consommation alimentaire pauvre, la malnutrition très élevée, la dégradation progressive des moyens d’existence ainsi que les faibles disponibilités alimentaires liées à la faible performance de la saison agricole sont les principales causes de cette situation de crise.

 Les  déplacements des populations et la restriction du mouvement des biens et des personnes et les  catastrophes naturelles ont  fragilisé les ménages, au niveau de la sécurité alimentaire en. Certaines localités ont été profondément touchées par  la limitation de mouvement  ayant réduit les opportunités de vente de main d’œuvre, ainsi que d’autres mécanismes d’adaptation dégradant les moyens d’existence des ménages.  Les effets de la crise sont particulièrement ressentis dans la plupart des régions en insécurité alimentaire chronique prononcée. 

 Le score de consommation dans les Plateaux Secs de l’Est  varie entre 15 et 20%,  alors que le score de consommation limité varie entre 30 et 45%. La diversité alimentaire dans ces zones tourne au tour de 40%. Le rapport enregistre un taux de malnutrition aiguë globale de 12% dans les Plateaux Secs de l’Es.,

Entre 10% et 25% des ménages ont adopté des stratégies de détresse. La crise politico-sécuritaire  et l’économie en berne  subséquente ainsi que les chutes de production agricole due aux catastrophes naturelles entretiennent la fragilité des ménages. Les  moyens d’existence ont été affectés par les effets de l’insécurité et de la psychose de guerre, particulièrement pour couvrir les dépenses liées aux déplacements. Certaines habitudes alimentaires adoptées comme stratégies d’adaptation contribuent à l’augmentation de la malnutrition par une alimentation pauvre caractérisée par une faible diversité alimentaire. En effet,  12% des ménages enquêtés ont adopté des mécanismes d’adaptation sévères dont le  déstockage d’animaux d’élevage  à plus de 15% dans les Plateaux Secs de L’Est et la Crête Congo Nil. Les causes structurelles telles que la dégradation des sols, la perte de fertilité, la forte pression démographique, la paupérisation, la forte prévalence des maladies et  la dégradation de l’environnement, alimentent à long terme  la vulnérabilité des ménages à faible  capacité de résilience. Cette situation est exacerbée par des conditions conjoncturelles sévères comme la montée des prix des denrées de base, les faibles productions liées aux contraintes d’accès économique aux intrants agricoles  occasionnant des crises alimentaires répétitives et rampantes.

L’accès à l’alimentation est de plus en plus problématique dans les provinces des Plateaux Secs. En effet, plus de la moitié des ménages ont recours aux aliments non préférés à plus de 60% et au marché comme principale source de vivres. Les prix des différentes denrées alimentaires restent très élevés par rapport aux années antérieures (augmentation de 25 à 45%) par rapport à la moyenne des 10 ans), limitant l’accès à une alimentation adéquate.

La situation nutritionnelle s’est dégradée. En effet, les statistiques d’EFSA d’avril 2016 estiment le taux de malnutrition aiguë globale à 12%, alors qu’elle était de moins de 10% en 2014. Cependant, grâce aux interventions en faveur de l’amélioration alimentaire et nutritionnelle, la province de Ngozi connaît une amélioration, passant de la phase III depuis plusieurs années à la phase II. Cette amélioration est aussi prouvée par un bon statut nutritionnel. Cela a été  possible grâce à certains programmes d’appui intervenant dans l’amélioration de la nutrition dans cette province qui était chroniquement soumise à une insécurité alimentaire depuis certaines années. De bonnes récoltes de la saison 2016A couplées aux interventions diverses ont été à la base de l’amélioration relevée dans les dépressions du Nord et de l’Est. D’autres programmes de développement tels que l’aménagement des marais, et le repeuplement du cheptel, l’extension et l’intensification de la riziculture ont sensiblement réduit l’impact du choc hydrique sur la production de la saison 2016A.

 

La production agricole, qui est à la fois source d’alimentation et de revenus des ménages, accuse graduellement une chute progressive au cours des saisons et celle de 2016A, a été globalement diminuée de 2,1% par rapport à celle de la même saison de l’année précédente, elle-même qui n’était pas bonne. Les légumineuses sont les plus touchées par cette diminution alors qu’elles constituent la principale source de protéines dans l’alimentation des ménages. La réduction de l’accès alimentaire causée par cette chute production agricole est aggravée par la réduction du potentiel d’importation agricole et la hausse des prix des denrées alimentaires, alors que les sources des revenus sont très faibles.

 D’ après le rapport, les cultures de rente, particulièrement le thé des zones de haute altitude, jouent un rôle considérable dans l’amortissement des chocs alimentaires.

Les populations les plus fragilisés par cette situation, devraient être prioritaires dans l’accompagnement des ménages à retrouver et stabiliser leurs moyens d’existence. Les programmes recommandés seraient de nature à promouvoir les sources de revenus et l’accès à l’alimentation équilibrée. La situation de l’insécurité alimentaire aiguë étant persistante, la solution durable devrait beaucoup inclure les initiatives de développement pour rompre le cercle vicieux de la pauvreté rurale, promouvoir la résilience aux chocs et l’éducation nutritionnelle des communautés. Les interventions des partenaires nécessitent une grande coordination pour mutualiser les ressources et asseoir une gestion axée sur les résultats qui mènent à une grande recevabilité par rapport aux communautés bénéficiaires.

 Les participants à l’atelier de présentation et la validation du rapport IPC du 3 juin 2016  ont  demandé qu’il y ait une restitution du rapport au niveau provincial, des bailleurs et même  du Gouvernement. Le Ministre Rurema a accepté de présenter prochainement au Conseil des Ministre une note sur ce rapport.