FAO au Burundi

Le projet sur les produits forestiers non ligneux apprécié par ses bénéficiaires à Rumonge

Des chèvres obtenues à partir de la vente des champigons à Mutambara II dans la commune de Rumonge
29/07/2016

Les bénéficiaires du projet « Renforcement de la contribution des produits forestiers non ligneux à la sécurité alimentaire en Afrique centrale»- GCP/RAF/479/AFB se réjouissent des bénéfices déjà tirés de la mise en œuvre des actions de ce projet. Lors d’une descente organisée au mois de juin 2016 au sein de ce projet, la Coordination des Opérations de la FAO au Burundi a constaté que le projet appuie avec succès les moyens d’existence de ses bénéficiaires à travers la pratique de la myciculture et l’apiculture. Le projet a aussi enregistré des progrès dans la réhabilitation d’une espèce de plante forestière en disparition, pourtant très prisée par le secteur l’artisanat et, partant, pour l’économie des ménages. Il s’agit essentiellement du rotin(urugage en kirundi). Soulignons que le projet rentre dans le cadre de la mise en œuvre du Plan de Convergence de la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC) qui met un accent particulier sur les PFNL et leur importance dans la lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire.  Son objectif est de contribuer à l’amélioration des conditions de vie et la sécurité alimentaire des ménages dépendants des forêts, en particulier des groupes les plus vulnérables. Le projet vise aussi à conserver et gérer durablement les produits forestiers non ligneux d’Afrique Centrale et,  plus spécifiquement,  dans les cinq pays du projet.

 La myciculture vole en éclat aux bénéficiaires

Le champignon a toujours été très prisé par la population de la région de l’Imbo à laquelle la commune de Rumonge appartient. Il est malheureusement  resté très rare. La population de Rumonge témoigne qu’avec ce projet, elle a commencé à  le domestiquer après être formée et sensibilisée sur la  nécessité de protéger les ressources forestières. Les associations de culture des champignons  voient une valeur ajoutée du projet dans leur vie, car la culture du champignon lui a permis de se procurer du petit bétail. « Nous avons déjà acheté cinq chèvres à partir de la vente des champignons », a affirmé un membre d’une association du Village Rural Intégré de Buzimba.  Une autre association a seulement, en l’espace de deux mois, mai et juin 2016, obtenu une somme de 600 000 francs à partir de la vente des champignons. « Le projet nous est très utile. Nous cultivons maintenant les champignons, alors qu’auparavant nous les récoltions dans les forêts. Nous les mangeons et les vendons aussi. Nous vendons environs 30 kilos de champignons par mois », a indiqué Domitien Ndabarushimana,  président de l’association « Tugwizibikorwa, Twitewimbere » de Buzimba.

Le rotin revenu au bercail

Le projet fait la domestication du rotin dans les réserves de son ressort, notamment la réserve de Kigwena. Selon le Responsable des réserves forestières  de Kigwena, Vyanda et Rumonge, M.  Melchior Munama, cette espèce constitue une ressource en voie de disparation au Burundi et dans la région. « Il y en avait dans la réserve de Kigwena, mais cette ressource s’est vite épuisée suite à une exploitation anarchique et l’absence de mesures permettant de maintenir le stock disponible et de déterminer comment le prélever », a indiqué Munama. Le rotin est devenu si rare qu’il est essentiellement importé (du Congo et de la Tanzanie).  La réhabilitation de cette plante est née de l’idée de la préserver et de la protéger. C’est dans cette ligne que des pépinières ont été données à la communauté.

Les rotins plantés dans la réserve ou près d’elles sont ceux qui ont pu bien réussir dans ce processus d’expérimentation.  Pour précision, le rotin pousse dans un microclimat caractérisé par l’ombre et  inféodé à l’eau. «  Ça nous a permis d’appréhender la technique de multiplication de cette plante; nous pouvons maintenant la multiplier. Quant aux problèmes rencontrés par la communauté suite au manque dudit microclimat, ils vont nous servir de leçon et nous permettre de tout faire pour que la plante ne disparaisse plus », a indiqué Munama, ajoutant qu’il est même prévu de faire le regarnissage dans la communauté. Il a indiqué que plus de 80% des plants de rotins reçus étaient plantés dans la réserve, le reste revenant à la communauté. « C’était une grande réussite;  nous allons même apprendre aux autres comment  multiplier ce rotin », a-t-il précisé. L’autorité du Ministère en charge des forêts a indiqué qu’il faut accroître le niveau de sensibilisation à la plantation de ce rotin.

La plantation du rotin a été étendue vers d’autres réserves à partir de la réserve de Kigwena. Il a, en effet, été planté sur le corridor écologique reliant la réserve de Kigwena à la réserve de  Vyanda via la rivière Kamangu.  Ce type de corridor assure principalement  la connectivité des aires protégées.  Sur ce corridor, il y a été planté des arbres et/ou essences  tels que le Mesopsis, l’Acasia et le rotin lui-même.

Selon Munama, un kilo de rotins coûte plus de 2000 fbu (environ 1,5 USD).  Une tonne de rotins génèrerait 2 000 000 de franc Bu dans des conditions normales. « Même si c’est un début, la population peut contribuer en même temps à la conservation dans la mesure où le rotin peut générer des bénéfices directes", a indiqué le responsable des réserves forestières de Rumonge et Vyanda.   Notons que la réserve de Kigwena a toujours été un centre d’apprentissage et d’éducation.

Apiculture, un métier qui se développe.

L’apiculture est l’une des volets appuyés par le projet PFNL. Les bénéficiaires saluent l’appui de la FAO en renforcement des capacités techniques et matérielles de pratique de ce métier.  "Nous remercions la FAO pour nous avoir donné des connaissances nous permettant d'augmenter la production du miel, a indiqué un bénéficiare". L’association « Dufatane munda » de Mutambara II créée en 2011 possède 134 ruches plein d’abeilles.  « Nous avons appris beaucoup de choses. Nous possédons cinq  sites pour abeilles.   L’an passé, nos membres ont récolté 87 kilos de miel tandis  que cette année, l’association attend deux tonnes», a indiqué M. Jérémie MINANI, Chef de l’association « Dufatane munda.

Les bénéficiaires  de cette association remercient la FAO pour les avoir aidé à obtenir auprès de l’administration un espace situé près du lac Tanganyika où les abeilles peuvent trouver de l’eau et du nectar.

L’apiculture est, pour eux, un métier porteur. « La FA0 nous a donné des ruches et des masques contre les piqûres. Nous avons actuellement 134 ruches. Auparavant, nous obtenions de 3 à 5 kilos de miel seulement. Maintenant nous obtenons une grande quantité que nous vendons à 5000fbu le kilo. Nous projetons acheter d'autres chèvres et commencer un système de solidarité communautaire », a indiqué  Jérémie Minani de l’association « Dufatane munda » et président du Réseau des apiculteurs du Sud. L’association « Abavumbi b’inzuki » de Mutambara II possède 38 ruches qu’elle a aussi déplacées près du lac Tanganyika. Ces associations résolvent les problèmes de couverture des ruches grâce à des crédits et des contributions des membres. Ils cherchent encore à résoudre le problème de termites qui viennent parasiter leurs ruchers  et à généraliser les capacités acquises « Il ya une association qui nous a appris comment faire l’apiculture. Nous sommes en train de la maîtriser »,  a souligné Hussein Berahino de l’association « Twijukire gukingira ibidukikije ». Le projet est devenu un point d’attraction pour les chercheurs, notamment les étudiants.  « J’ai eu la chance d’écrire mon travail de fin d’études dans ce projet. C’est un projet qui peut même avoir plus d’impacts s’il est vulgarisé dans le pays entier », a indiqué un étudiant qui y a mené des recherches et rencontré sur place.

La FAO se réjouit effectivement de voir les bénéficiaires transmettre les connaissances acquises en matière de  techniques en rapport avec les champignons et pratique de l’apiculture.  «  Vous n’êtes pas très nombreux à avoir la chance d’être formés. C’est pour cela que nous vous demandons de les  apprendre aux autres. Je suis contente d’entendre quelqu’un déjà formé par une personne ayant déjà acquis les connaissances que notre organisation lui a données », a indiqué M. Diomède Manirakiza, Coordonnateur National du projet "Renforcement de la contribution des produits forestiers non ligneux à la sécurité alimentaire en Afrique centrale". Il a demandé aux l’association appuyées par le projet de partager le matériel donné en cas de nécessité. Il a aussi a indiqué que des extracteurs ont déjà été commandés et qu’ils seront donnés au réseau et non aux associations prises individuellement.  Selon lui, le projet a permis la création de Très Petites et Moyennes Entreprises Forestières (TPMEF) dont 50 % sont dirigées par les femmes. Le réseau créé  par les apiculteurs est destiné à faciliter des ventes groupées du miel à Rumonge.  Selon cet expert,  une série de formations ont été organisées, sur les techniques modernes de valorisation des PFNL,  les techniques de culture des champignons comestibles,  les  techniques apicoles modernes et la  valorisation d’une légume appelé isogo (Solanum nigra),  la domestication des champignons, la  transformation des champignons en Samboussa et en farine et la formation sur et la  Production et transformation du miel.

 Le Coordinateur des Opérations de la FAO, Mme Evelyne Nduwimana,  a apprécié le fait que les résidents des Villages Ruraux Intégrés de Rumonge unissent leurs forces et se soutiennent mutuellement. « Ce qui est plus important, c’est de  vous développer en étant ensemble », a indiqué Nduwimana, soulignant en même temps le besoin de recyclage pour ceux qui ne sont pas au même niveau que les autres.  Par rapport aux besoins exprimés par certains bénéficiaires, la Chargé des Opérations a indiqué qu’il peut y avoir « possibilité de créer des synergies avec les autres projets de l’organisation pour appuyer les myciculteurs qui sont très performants et plus avancés que les autres ». Mme Nduwimana, à chaque fois lancé un appel aux bénéficiaires de s’approprier des acquis du projet, notamment en apprenant à résoudre les problèmes  surgissant au cours de la mise en application des connaissances acquises, étant donné que le projet devra finir un jour.