FAO au Burundi

La FAO et les bénéficiaires satisfaits des réalisations du projet sur les Produits Forestiers Non Ligneux.

15/08/2016

Dans le cadre d’une mission conduite par le Représentant de la FAO, M. Mohamed Hama Garba au sein du projet  Renforcement de la contribution des Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) à la sécurité alimentaire en Afrique centrale(GCP/RAF/479/AFB) il a été l’occasion de visiter certaines réalisations et d’entendre les bénéficiaires de la commune de Rumonge témoigner des bénéfices tirés de la mise en œuvre de ce projet. L’administration et les représentants gouvernementaux au sein de ce projet sont autant satisfaits que les membres de la population bénéficiaire. La population comprend déjà que les réserves naturelles autour d’elle sont les siennes à travers notamment la convection entre les apicultures et le Gouvernement (Office Burundais de Protection de l’Environnement) leurs permettant de mettre les ruches à la lisière des réserves forestières. Cette collaboration leur  a permis d’améliorer leur revenu tirés du miel et des champignons domestiqués, contribuant ainsi à leur sécurité alimentaire. L’administration locale et la partie gouvernementale Office Burundais de Protection de l’Environnement(OBPE)  ont émis le souhait  de voir ce projet s’étende dans d’autres localités et se pérennise.

Un projet bénéfique et qui met fin au conflit avec les réserves naturelles

« Avant la venue de ce projet, nous récoltions les champignons dans la forêt. Maintenant, nous les cultivons dans notre village et les forêts sont protégées. Nous récoltons constamment les champignons domestiqués contrairement à ceux des forêts qui ne sont que saisonniers.  Nous avons dernièrement investi 30 kilos de semences de champignon et nous avons récolté 240 kilos ; nous les avons vendus à 200 000 fbu, soit environ 120 dollars. Chacun des membres de notre association a prélevé une petite quantité pour la consommation en famille. Nous avons acheté des chèvres et nous sommes en train de travailler pour que chacun des 28 membres de notre association ait une chèvre. Nous avons besoin d’un bouc de race améliorée pour la multiplication de nos chèvres », a souligné  Ngendagezwa Obède  des bénéficiaires de Mutambara II (Rumonge).

« Le champignon domestiqué est très délicieux. On nous a informés qu’il peut guérir certaines de nos maladies. Nous luttons contre la faim et pour une bonne santé avec ces champignons en gagnant même de l’argent. A partir de la somme de 200 000fbu obtenue des champignons vendus,  nous avons, par exemple, pu construire la maisonnette pour la myciculture. La chèvre achetée à partir de ces champions a commencé à mettre bas. », a indiqué Mme Yollande Ndoricimpa, un autre bénéficiaire de Mutambara II.

L’achat des semences n’est plus un problème pour certains bénéficiaires. « Actuellement nous commençons à nous nous acheter nous même les semences depuis la création de notre association il y a neuf mois. Nous avons acheté des chèvres et nous projetons, dans l’avenir, acheter des vaches. Nous venons même de prêter de l’argent à un membre qui a eu des problèmes. Longue vie à la FAO qui fait que ce projet soit chez nous et nous fait vivre,  a souligné Obède Ngendangenzwa.

« Nous avons cultivé des amarantes et des aubergines grâce à l’argent tiré de la vente des champignons. Nous avons récolté 30 kilos et les avons vendus à environ 1500 le kilo. Un petit tas d’amarante se vend à 100 francs. En plus de cela, la FAO nous a appris à nous organiser et nous donnés d’autres connaissances que nous ne possédions pas », a souligné Nahimana Triphonie, bénéficiaire de Mutambara II.

« En apiculture, le projet a pu briser la mauvaise perception selon laquelle si une femme touchait une ruche, les abeilles ne produisaient pas. Maintenant les femmes participent activement dans la pratique de l’apiculture. Dans le temps, nous étions parmi les destructeurs de la réserve (à Karonda), maintenant nous avons compris que la réserve est très importante pour notre métier d’apiculteur et nous pouvons la protéger. Dans le temps on ne récoltait qu’autour de trois kilo. Pour le moment  par exemple, nous avons déjà récolté 210 kilos, a indiqué Jérémie Minani, responsable du Réseau des apiculteurs de Rumonge. Nous comptons faire une récolte d’ici septembre.

Appréciation des responsables des réserves naturelles

Avec les leçons tirées de l’introduction du rotin dans les exploitations familiale,  cette culture a été planté le long des rivières pour créer un corridor écologique reliant la réserve de Kigwena et celle de Vyanda (Province Bururi).  « C’est une activité qu’il faut  étendre et pérenniser » a indiqué, Leonidas Nzigiyimpa, Responsables des Réserves naturelles du  Sud du Burundi, précisant que la domestication du rotin est, en effet, la première expérience en Afrique Centrale en  au Burundi en particulier . Avec le protocole signé entre la FAO et l’OBPE,  5000 plants ont été planté dans la réserve de Kigwena et  une centaine  100 dans les exploitations familiales en guise d’expérience. Il faut rappeler que la plante pousse dans un écosystème humide et ombrageux.

De l’avis des responsables des Aires protégés du Sud du Burundi, le projet est venu réduire les conflits avec les populations riveraines de ces aires protégés.  Maintenant il y a, selon lui, une surveillance conjointe entre les Eco gardes et la population. « Avec l’appui de la FAO nous avons pu nous rapprocher de la population riveraine pour montrer que ces ressources ont une importance directe aux communautés. Nous avons donné un espace pour la pratique de l’apiculture près des réserves. En guise d’exemple, la réserve de Rumonge abrite déjà 84 ruches à Mutambara II et 25 ruches à Kigwena», a indiqué Nzigiyimpa.

 Puisant tout près de ces réserves naturelles dépourvues d’espèces exotiques, les abeilles récoltent du nectar non pollué mais bien pure. Selon Nzigiyimpa la récolte est aujourd’hui multipliée par trois avec les ruches à cadre mobile (ruches modernes) offerts par le projet. « Une ruche peut générer 15 kilos de miel. La récolte se fait sans tuer les abeilles. Avant, on faisait le feu en enlevant tout de la ruche. Avec le nouveau type de ruche, on ne déplace que les cadres ou il y a suffisamment du miel à récolter et ce miel n’a pas d’odeur de fumée. Une ruche moderne est suivie régulièrement. On peut regarder à l’intérieur pour notamment voir l’état de santé des abeilles contrairement aux ruches traditionnelles qui ne possèdent qu’un seul trou, le reste étant hermétiquement fermé », a indiqué Nzigiyimpa.

M. Nzigiyimpa a apprécié la mission du Représentant de la FAO au sein du Projet. Il indiqué que l’on a souvent oublié que les forêts constituent un moteur du développement et par voie de conséquence de l’insécurité alimentaire. Il a néanmoins regretté  l’existence de 300 ménages encore installés illégalement dans la réserve de Kigwena, une réserve qui en 1994 était la plus visitée.

A Bururi M. Nzigiyimpa a présenté à la mission de la FAO la situation des aires protégées et les efforts en cours pour  concilier le développement et la conservation. Les perspectives décrites se focalisent sur le renforcement de l’intégrité physique de ces Aires Protégés à travers l’amélioration des conditions de vie des populations riveraines notamment à travers la valorisation des ressources écosystémiques, le développement des Activités génératrices de revenus, le renforcement des capacités de gestion et de conservation.

L’administration ravie des actions du projet, mais demande plus de soutien

Dans un entretien avec la mission de la FAO au Burundi, le Gouverneur de la province de Rumonge, M. Juvénal Bigirimana, apprécie les réalisations du projet PFNL,  indiquant que maintenant, il n’y a plus de feu de brousse en ce moment où la population participe à la protection des réserves forestières de la localité. « C’est vraiment louable qu’on a réussi à domestiquer le champignon. C’est un travail que nous avons aimé car, cela protège nos forêts, a indiqué l’autorité provinciale, précisant néanmoins que le projet couvre encore peu de bénéficiaires par rapport aux nécessiteux.  « Nous avons remarqué que c’est comme un exemple. On aimerait avoir un projet de grande envergure qui est profité par beaucoup de gens », a souligné cette autorité.

M.  Bigirimana a profité de l’entrevue avec le Representant de la FAO pour exprimer le besoin d’un appui dans la création d’une petite usine de transformation du mandarine, celle existant ne peut pas répondre à toute la demande compte tenu  de la  capacité de production de la zone . Il a aussi demandé à la FAO d’aider à multiplier de nouvelles variétés et plants de ce  fruit. « L’usine pourrait aider à développer la population et le pays notamment  à travers le payement des taxes. Le jus serait également moins cher », a indiqué le Gouverneur.

Dans un autre entretien avec la représentation de la FAO et l’autorité provinciale de la province Bururi, il est apparu que la province regorge des opportunités, notamment les réserves de Vyanda et de Bururi. En plus de la pluie qui tombe entre 8 mois et 9 mois par an, la protection de ces réserves peut apporter une plus-value en matière de sécurité alimentaire. La province fait également face à un certain nombre de défis notamment le manque de variétés de semences résistantes aux maladies des cultures, le besoin en repeuplement du cheptel et le faible niveau de pratique de’ stabulation permanente.

Alternatives de la FAO

Pour le Representant de la FAO au Burundi, M. Mohamed Hama Garba, il faut à tout prix restaurer la situation de prospérité d’antan au Burundi. « Ce fut un pays de lait et de miel ; cela a disparu. On doit tout faire pour que le lait et le miel reviennent », a-t-il ajouté, précisant en même temps que l’apiculture, la myciculture et la restauration du rotin pourront grandement y contribuer pour le cas de Rumonge. Selon Hama Garba, comme les ressources naturelles aujourd’hui apportent beaucoup à la population, il faut donc les appuyer pour qu’ils en tirent plus de profit.

M. Hama Garba  a exprimé sa satisfaction que les autorités administratives comprennent la quintessence de ce projet. « Je suis ravis que vous comprenez que c’est un projet pilote. Si vous voyez que le projet travaille encore à petite échelle mais apporte une valeur ajoutée, nous pourrions regarder comment étendre ailleurs ce qui a bien marché», a souligné Hama Garba, réagissant à l’intervention du Gouverneur de Rumonge sur le besoin d’étendre le nombre de bénéficiaires du projet. L’autorité de la FAO a promis de réfléchir sur la requête concernant le besoin d’une usine de transformation du mandarine, exprimant par cette occasion que l’organisation apprécie beaucoup des requêtes qui viennent du terrain.

Par rapport aux problèmes posés par les bénéficiaires (transport des habitations vers les rucheries,  insuffisance des kits de protection contre les abeilles, etc.). Le Representant de la FAO a indiqué que l’Organisation va évaluer les besoins exprimés pour une action éventuelle. Il a souligné, par exemple, que la FAO va continuer à appuyer la formation des apiculteurs.

Par rapport au besoin de soutien continu à la préservation des Aires protégées, M. Hama Garba a précisé déjà que l’environnement est partie intégrante du mandat de la FAO et que le Burundi doit rester « un pays vert, un pays de forêts ».

Concernant la requête d’appui par l’autorité provinciale de Bururi, le Representant de la FAO a indiqué que sur base des recherches déjà faites et dont les résultats doivent encore être vulgarisés, l’Organisation va interroger le programme du gouvernement en matière d’agri élevage pour voir ce qu'il faut prendre comme action par rapport à ces besoins.

Dans le cadre de sa promesse que la  Représentation de la FAO au Burundi va continuer à donner son appui au secteur de l’environnement, Hama Garba a  indiqué que, comme le projet PFNL était un projet pilote, il y a nécessité d’évaluer ce qui a été réalisé et décider de ce qu’il faut faire pour la suite.

C’est pour cette raison qu’il a demandé au Responsable du projet et au Responsables des Aires protèges du Sud du pays de s’asseoir ensemble et donner une proposition sur le type d’actions pouvant être réalisées en guise de continuité de ce projet. C’est une requête qui a inspiré beaucoup d’espoirs vers une conservation plus soutenue de ces réserves naturelles.

Le projet  sur le PFNL rentre dans le cadre de la mise en œuvre du Plan de Convergence de la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC) qui met un accent particulier sur les PFNL et leur importance dans la lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire.

Rappelons enfin que le projet est financé par la Banque Africaine de Développement à travers le Fonds pour les Forêts du Bassin du Congo.