FAO au Burundi

BURUNDI : Célébration de la JMA à Ruyigi

Le Représentant de la FAO Burundi prononçant son discours
24/10/2016

« L’alimentation et l’agriculture doivent s’adapter au changement climatique si l’on veut nourrir, de manière durable, la population mondiale qui ne cesse de croître » indique la FAO.

 

En date du 18 octobre 2016, le Burundi s’est, associé à d’autres nations du monde pour célébrer la trente-septième édition de la Journée Mondiale de l’Alimentation. Célébrée à la veille de la prochaine Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP 22), qui aura lieu du 7 au 18 novembre 2016 à Marrakech au Maroc, cette Journée a été célébrée au chef-lieu de la  province de Ruyigi (nord-est du pays) sous le thème «Le climat change, l’alimentation et l’agriculture aussi ».  Les cérémonies ont été rehaussées par le Premier Vice-Président de la République du Burundi, Gaston SINDIMWO, le Ministre de l’Agriculture et de l’Elevage, Déo Guide RUREMA, le Représentant de la FAO au Burundi, Mohamed HAMA GARBA et d’autres autorités de marque.  L’ambiance était de taille : les danseurs et danseuses traditionnels, les tambourinaires, tels sont certains des groupes ayant agrémenté les festivités.

 Les messages du jour ont, notamment, été grandement ponctués par celui du Directeur Général de la FAO José GRAZIANO DA SILVA à Rome, lu par le Représentant de cette organisation au Burundi. Mohamed HAMA GARBA. Il a indiqué que, dorénavant « L’alimentation et l’agriculture doivent s’adapter au changement climatique si l’on veut nourrir, de manière durable, la population mondiale qui ne cesse de croître ». Il a souligné que le changement climatique fait aussi partie intégrante du Programme de développement durable à l’horizon 2030, comportant les 17 objectifs mondiaux, que les pays ont adoptés, en vue d’éradiquer la pauvreté et la faim, de protéger la planète et de garantir la prospérité pour tous.

 Selon le Représentant de la FAO au Burundi, l’adaptation de l’agriculture aux effets du changement climatique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre  exige une   gestion des ressources naturelles dans une optique durable, en réduisant par exemple les pertes et le gaspillage alimentaire, et en évitant  la déforestation et la surpêche.  Il faut  améliorer la gestion et la fertilité des sols, développer les pratiques qui augmentent la séquestration du CO2 dans les forêts et réduire l’utilisation de combustibles fossiles et améliorer la gestion de l’eau. « Aussi, faut-il transformer les déchets d’origine animale en biogaz pour en faire une source d’énergie alternative et renouvelable. La prévention et la préparation aux chocs liés au climat s’avèrent également primordiales. Il y a aussi nécessité de créer une pêche et une aquaculture résilientes face au climat grâce à des cages et étangs à poissons résistants aux tempêtes, et à une gestion adaptive de la pêche », a indiqué HAMA GARBA.

 Il est important de souligner qu’après la signature de l’accord de Paris sur le climat par   177 nations. L’année 2016 est prise comme celle de l’action climatique, l’échéance mondiale du défi Faim Zéro étant fixée à 2030 et ne pouvant être atteinte qu’avec l’affrontement du changement Climatique.

 Un contexte de sécurité alimentaire difficile au Burundi, mais des actions alternatives possibles

 Au Burundi, certains faits parlent d’eux-mêmes. Selon le Representant de la FAO au Burundi, les provinces les plus densément peuplées, et celles qui font face aux déficits hydriques récurrents, sont les plus plongées dans l'insécurité alimentaire chronique. « En somme, 21% de la population se trouve au niveau 4 de l’insécurité alimentaire chronique selon la classification  IPC, 29% au niveau 3, 25% au niveau 2 tandis que 25% au niveau 1. Les provinces de Bubanza, Cankuzo, Karusi, Kirundo, Kayanza, Muramvya, Muyinga, Ngozi, Rutana et Ruyigi sont au niveau 4, le reste étant au niveau 3 », a souligné M. HAMA GARBA.

 Pour faire face à ces défis, certaines actions interpellent la conscience de tout un chacun. « Il faut renforcer la gestion de l’eau et la résilience aux aléas climatiques, améliorer la gestion intégrée et l’aménagement du patrimoine foncier visant la protection et le rendement des terres, promouvoir et renforcement l’encadrement des agriculteurs et éleveurs. Il est aussi nécessaire de promouvoir l’éducation nutritionnelle des ménages afin de stimuler les bonnes pratiques et le changement des habitudes alimentaires, diversifier les sources de revenus afin d’améliorer l’accès aux aliments », [BN(1] a indiqué HAMA GARBA. L’Autorité de la FAO au Burundi insiste aussi sur le besoin de promouvoir la recherche et la disponibilité des intrants agricoles  de qualité, de renforcer le partenariat public-privé dans l’augmentation de la production agricole et d’élevage, de promouvoir l’accès des populations agricoles aux micro-crédits  ruraux et de renforcer les chaînes de valeur et promouvoir l’accès aux marchés. L’espoir de mise en œuvre de ces propositions de solution est, selon le Représentant de la FAO, fondé sur l’expertise et les ressources de l’organisation. Il indiqué que la FAO est bien placée et prête à soutenir le Burundi d’autant plus que quatorze sur dix-sept objectifs du développement durable sont liés aux activités de la FAO ». Au Burundi et ailleurs, l’appui de notre Organisation a produit un impact qui a positivement transformé la vie du monde rural, épaulant ainsi les activités du gouvernement et d’autres partenaires à travers des actions liées à son mandat qui est d’améliorer les niveaux de nutrition, de productivité agricole et de qualité de vie des populations rurales,  particulièrement, celles vulnérables, a-t-il poursuivi.

 Les efforts de lutte contre  les changements climatiques et de promotion agricole et alimentaire demandent, sans cesse, un partenariat soutenu tel que celui reflété dans le cadre de Programmation Pays 2012-2016, fondé sur la Professionnalisation et intensification du secteur agricole, la Gestion durable des ressources naturelles, la Gestion et l’utilisation de l’information et des statistiques agricoles pour la prise de décision  des acteurs du secteur ainsi que l’Appui à la Planification stratégique et la coordination du secteur.

Des perspectives  de résilience contre les changements climatique, et  mention spéciale à la FAO

 De l’avis du Premier Vice-Président, M. Gaston SINDIMWO, le Gouvernement est conscient que les changements climatiques affectent l’agriculture. « S’il pleut avec excès, ou s’il ne pleut pas suffisamment, la production diminue; les maladies liées à la malnutrition et la pauvreté frappent à la porte. En l’absence des changements climatiques, la production augmente et il y a même un surplus », a-t-il souligné. Il a indiqué qu’au Burundi, si le ciel reste clément, il y’aura une bonne production. Il a indiqué que le Gouvernement continuera à sensibiliser les agriculteurs pour la pratique des cultures résistant à la sècheresse et à l’excès des pluies notamment dans les milieux marécageux. Il faudra aussi adapter les plantes aux zones agro écologiques appropriées et pratiquer la culture des légumes dans les kitchen-gardens. Cette Autorité a également indiqué que le Gouvernement s’attèlera davantage à la protection des sols par le traçage des courbes de niveau et la plantation des herbes fixatrices, à la sensibilisation pour la constitution des stocks de sécurité pour notamment éviter le gaspillage et à l’adoption des stratégies de conservation et de transformation des aliments. L’intégration de l’agriculture à l’élevage et la disponibilité des intrants de qualité et à bas prix et la recherche sur les semences plus productives résistantes à la maladie  restent dans le programme du Gouvernement.  C’est pour le Gouvernement le moment d’aller aux champs. « Maintenant que nous venons de lancer l’année agricole 2016-2017, nous demandons à la population de commencer le labour et le semis, maintenant que les engrais ont été données à temps. Je profite de l’occasion pour remercier les organisation telles que la FAO et le PAM qui ont beaucoup contribué pour qu’il  n’y ait pas de famine dans le pays, qu’elles continuent à nous donner leur appui », a indiqué le Premier Vice-Président

  Notons que la JMA 2016 a coïncidé avec l’année internationale des légumineuses, une année qui en appelle à la conscientisation du public sur la contribution des légumineuses à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la réduction des effets des changements climatiques, l’augmentation des moyens d’existence et des revenus, la génération des richesses, le réseautage en matière sécurité sociale, particulièrement en milieu rural africain.

 La célébration de la JMA 2016 a été l’occasion de décerner des prix aux meilleures associations d’agri-éleveurs au niveau de la province de célébration et pour le reste des provinces du pays à raison d’une association par commune. Les prix variaient d’une vache octroyée à la meilleure association au matériel agricole et d’élevage.

 Avant de rejoindre le stade pour la célébration proprement dite, la délégation avait visité une porcherie, une étable et des champs d’oignons et d’arbres fruitiers. C’est lors de la visite de terrain qu’a été lancé l’année agricole  sur la colline Kigamba en commune Ruyigi par le labour et la plantation des plançons de pomme de terre.

 La semaine dédiée à l’alimentation avait été lancée le 11 octobre 2016 en commune Matana dans la province Bururi (sud du pays) et était notamment rehaussée par le Ministre de l’Agriculture et de l’Elevage et le Representant de la FAO au Burundi. Ces autorités ont visité des exploitations agricoles de Mugano à qui ils ont octroyé une aide en matériels agricoles et en semences maraichères. Au centre semencier de la colline Bitezi, la délégation a signé dans un livre d’Or de l’association Dutabarane.