FAO au Burundi

Le pôle sud du Pro-ACT I et II mis en œuvre par la FAO et financé par l’UE en pleine moisson

02/06/2017

Pour les populations rurales en générale et celles du Burundi en particulier, les mois de mai et juin sont cruciales. Lorsque le ciel a été clément, c’est la période de récolte. Au Burundi, la saison B2017 était très attendue car celle de A2017 a été marquée par divers aléas climatiques ayant entrainé une baisse notable de la production dans plusieurs coins du pays. Au pôle sud, les activités visitées du 22 au 26 mai 2017 en lien avec la Caisse de Résilience (CdR) battent leur plein. Les bénéficiaires du Pro-ACT, mis en œuvre par la FAO et financé par l’UE commencent à récolter les premiers dividendes. Ce projet met en avant la synergie des approches phares promues par la FAO.

Les revenus HIMO renforcent la Caisse de Résilience  

‘J’ai acheté un porc d’une valeur de 200 000fbu grâce au crédit contracté au sein de notre VSLA et aux revenus HIMO. Ce porc a déjà mis bas 4 petits, produit du fumier et je projette acheter une vache… ‘. C’est en ces termes que s’exprime Georges Nikiza, leader de l’association ‘Garukirabakenyezi’. Cette dernière met en œuvre les approches VSLA (Village Savings and Loans Associations ou association villageoise d’épargne et crédit – AVEC en français), CEP (Champs Ecoles Paysans) et CEC (Clubs d’Ecoute Communautaires) à la colline Muzye de la commune Giharo en province de Rutana. Nikiza a jouté que l’élevage des porcs est en entrain de contribuer à l’augmentation de la production agricole dans ses plantations. Lors de la mission sur terrain, il a été remarqué que les caisses des VSLA ont été renflouées par les revenus des membres ayant participés aux travaux HIMO. A cela s’ajoute les cotisations habituelles. Les fonds déjà collectés oscillent souvent entre 2 et 3 millions de fbu (entre 1 197 et 1 796 dollars américains).

Les populations rurales appuyées par le Pro-ACT au pôle sud ont salué unanimement les travaux HIMO, initiés par le Pro-ACT financé par l’UE. En plus de l’accès aux revenus consistant, ces travaux ont notamment contribué à désenclaver les populations rurales bénéficiaires du projet.

Pour chaque participant, ces travaux ont rapporté l’équivalent de 180 000fbu. Au pôle sud, les travaux HIMO ont porté sur la réfection des pistes dont certains étaient impraticables. C’est le cas notamment de la piste Rangi-Misurura de 6,5 km, en commune Nyanza-Lac. ‘Même les vélos avaient du mal à passer par cette piste, pourtant importante pour l’écoulement du produit de la récolte’, a fait noter Jérémie Hakizimana, membre de la communauté environnante, rencontré sur place. De son côté Mathieu Kabura, leader de l’OP ‘Turwize umwimbu’ de la sous-colline Misurura indique que la piste réfectionné  aide désormais à évacuer rapidement les malades alors que ce n’était pas évident avant.     

CEP et CEC en action

Les retombées positives se remarquent également dans la mise en œuvre de l’approche CEP. Les bonnes pratiques agricoles commencent à s’améliorer. ‘Grâce au projet, nous sommes devenus des agronomes à cause de la participation aux activités des CEP. Par exemple, le semis à la volé a laissé la place au semi en  ligne’, a fait remarquer Hariyundi Térence de la colline Muyombwe, en zone Butare en commune Bukemba de la province de Rutana et membre du VSLA/CEP/CEC ‘Maragarita Mweranda’.  

Les échanges autour des thèmes sociaux se poursuivent au sein des CEC et contribuent à renforcer les liens entre les bénéficiaires du projet, membres également des VSLA et CEP. ‘Les échanges portant sur la bonne gestion du produit de la récolte au sein des ménages et la résolution pacifique des conflits se poursuivent au sein de notre CEC’, affirme Jacquelyne Niyonizigiye de la colline Rangi, en commune Nyanza-Lac. Des changements de comportements dans le bon sens se remarquent grâce aux interventions des membres des CEC.

Silence, on récolte …

Au pôle sud (provinces de Rutana et Makamba), de Giharo à Nyanza-Lac, en passant par Bukemba et Kayogoro, il se remarque des activités intenses de récolte au sein des plantations initiées par les OP multiplicateurs de semences, appuyées dans le cadre du Pro-ACT. La récolte en cours porte principalement sur le soja, haricot, maïs et arachide.

Une bonne partie sera achetée par le projet qui a fourni également les semences et l’appui technique en vue de l’accélération de la recapitalisation des VSLA au sein des CdR’s. Une autre partie sera consommée et/ou investi par les bénéficiaires.  L’association ‘Twungubumwe mu kuziganya iswa’ de la colline Sampeke, en zone Bigina de la commune Kayogoro de la province Nyanza-Lac a, selon ses membres, semé 100 kg d’arachides sur 3 ha et récolté 600 kg. Une autre dénommée ‘Twigishanye’ de la colline Ruranga, en zone Butare de la commune Bukemba, en province de Rutana vient de récolter l’équivalent de 700kg de soja, 600 kg de haricot dénommé dorothée ainsi que 300kg de haricot jaune.  Ntamahungiro Firmin, membre de cette OP salue ce projet qui est en train de les sortir de la pauvreté. Ndayirore Jeanine vice-présidente de l’OP ‘Rukundo’ ne veut plus qu’on l’associe à une personne vulnérable, car dit-elle, elle en est sortie grâce à ce projet financé par l’UE. 

Jardins de case pour l’accès aux légumes en toute saison

Dans le cadre du Pro-ACT, la promotion des jardins de case se poursuit au pôle sud. Ces outils phares de la FAO contribuent à améliorer la nutrition des ménages des populations rurales appuyées par le projet. L’apprentissage de leur aménagement se fait au sein des CEP qui disposent souvent des modèles de démonstration.  Il a été constaté que les membres des CEP ont commencé à appliquer les leçons apprises dans leurs ménages. Ceux qui les ont déjà aménagés sont désormais approvisionnés en produits maraichers, principalement les plantes amarante.

Des poules de race locales pour améliorer la nutrition et les revenus des bénéficiaires

Dans toute la zone cible du Pro-ACT, des poules de race locale sont en cours de distribution parmi les familles individuelles retournées/déplacées et locales vulnérables. En zone Muzye, de la commune Giharo 125 ménages ciblés, ont reçu chacun 5 poules dont 1 coq (les poulettes avaient 6 mois et les coqs 5 mois) ainsi qu’une fiche technique en kirundi. Avant leur distribution, les vétérinaires vérifiaient les certificats zoo-sanitaires et de vaccination, leur état sanitaire.   

L’appui en volaille a été bien accueilli. ‘Les poules reçus vont me permettre de nourrir correctement mes enfants et d’avoir accès au fumier de qualité’ a précisé Antoinette Nicayenzi de la colline Muzye. A noter que dans l’ensemble de la zone d’intervention du Pro-ACT, c’est 6250 poulettes dont 1250 coqs qui sont en pleine distribution. 

Les jeunes qualifiés chômeurs bientôt des micro-entrepreneurs grâce au Pro-ACT

Avec l’appui de BBIN, le Pro-ACT 2 a entamé les activités d’appui à 400 jeunes qualifiés (A2 et lauréats des universités) dans le domaine de la transformation et de la commercialisation des produits agricoles. Ces derniers ont déjà été recrutés après des tests de sélection organisés dans les 5 provinces, cibles du projet en l’occurrence Kirundo, Muyinga, Karuzi, Rutana et Makamba.  Pour une bonne mise en œuvre de cet appui par les jeunes sélectionnés, BBIN débute avec le mois de juin 2017 des formations de 12 jours portant notamment sur comment trouver une idée d’entreprise, comment créer une entreprise et sur la conception d’un plan d’affaire.  

Yvonne Nshimirimana, encadreuse de proximité des jeunes retenus en province de Makamba, loue ce projet qui vient au secours de filles et fils qualifiés chômeurs. Selon elle, les jus et les farines en provenance des pays limitrophes qui inondent les marchés locaux peuvent être produits par des jeunes burundais, une fois formés. A noter qu’en plus de la formation, le Pro-ACT a prévu des moyens financiers pour le démarrage des micro-entreprises des jeunes sélectionnées après avoir vérifié leurs viabilités.   

 Déjà appropriée par les bénéficiaires du PRO-ACT I, les CdR’s sont désormais connus en Kirundi comme « Agaseke Naguramuryango », littéralement en Français « le panier qui rétablit la famille », avec pour slogan de ralliement « Ubumenyi, Amikoro, Gufashanya » soit « Connaissances, Avoirs, Entraide » qui  correspondent aux produits des 3 piliers de la CdR.

Rappelons enfin que le PRO-ACT1  mis en œuvre par la FAO pour une durée de 3 ans (2016-2018) est désormais complété d’un PRO-ACT2 également financé par l’Union Européenne pour une durée de 3 ans (2017-2019) portant ainsi au cours de cette période le volume d’assistance déployée à 30 000 ménages vulnérables et 400 jeunes diplômés sans emplois. Les 2 projets interviennent dans les provinces de Kirundo (Busoni et Bugabira), Muyinga (Mwakiro et Butihinda), Karuzi (Buhiga et Bugenyuzi), Rutana (Bukemba et Giharo) et Makamba (Kayogoro et Nyanza Lac). Ces communes ont été ciblées sur base de combinaison de résultats IPC critiques, d’indicateurs de malnutrition inquiétants et de taux de migration parmi les plus intenses.